Si les femmes sont plus nombreuses qu’avant dans le monde politique, les représentations à leur égard n’ont guère changé. Les femmes politiques de l’ère paritaire sont de plus en plus renvoyées à leurs rôles sociaux traditionnels (filles, épouses, mères) et aux stéréotypes genrés. Leurs corps, leurs vêtements, leurs vies conjugale et familiale sont ainsi plus largement commentés que leur action. Adossé à une socialisation commune « genrée », co-construit par les médias et les communicants, ce cadrage, que Frédérique Matonti qualifie d’« Harlequin » en ce qu’il impute aux émotions et à la sensiblerie leur volonté d’agir, est structurant : par effet de répétition, il contribue à délégitimer les femmes politiques et, au-delà, à reproduire l’ordre des sexes. De même, les hommes politiques sont soumis eux aussi, de manière accrue, à une exigence genrée : celle de virilité.