« Que trouverez-vous en Suède et en Norvège sinon l’obscurité et la noirceur ; tous [sont] hérétiques, idolâtres, sorciers, pauvres, misérables, sans ordre ni usage de la raison humaine, [ils vivent sur] des terres stériles et dans les collines telles des bêtes sauvages1. »
Juan Palafox y Mendoza, Diálogo político del estado de Alemania (1632?)
La Suède, le Nord, le Septentrion ; froids, éloignés, sombres : pour beaucoup d’Espagnols et de Portugais du début de l’ère moderne, les pays scandinaves étaient un monde lointain, hérétique et ennemi. En même temps, la politique et le commerce avaient permis l’éclosion d’une autre vision de cette étrange Europe. En 1653, après la paix de Westphalie qui avait mis fin à la guerre de Trente Ans, Philippe IV, roi d’Espagne, écrivit à Antonio Pimentel del Prado, son envoyé spécial à Stockholm, pour lui rappeler que l’Espagne, comme la Suède, avait été colonisée et gouvernée par les Goths et qu’en dépit de leurs différences religieuses, les deux monarchies avaient un héritage commun. Il lui faisait part de sa volonté de garantir une alliance solide avec Christine, reine de Suède,
« dont l’amitié sera toujours une priorité. Je considère que cette alliance est la plus fiable et la plus sûre, non seulement à cause de la bonté et de la sincérité de la reine actuelle, mais à cause de l’amitié et des relations anciennes entre les deux royaumes de Suède et d’Espagne qui appartiennent à la même nation [peuple], et sont désormais liés par la paix de l’Allemagne2. »
Antonio Pimentel del Prado, par Michealina Wautier, 1646.
Rappeler les liens dûs à des origines gothiques communes avait beau être une forme de propagande utile du point de vue politique et diplomatique, au milieu du XVIIe siècle, les relations entre la Suède et la monarchie ibérique catholique étaient compliquées, difficiles et pas toujours très amicales3. Même s’il s’agissait de deux États fiscaux-militaires naissants ayant des points communs, la Suède était luthérienne et opposée au très européen empire des Habsbourg, donc opposée à son allié dynastique et religieux, la monarchie ibérique des Habsbourg, catholique ; c’était un État hostile, qui avait des intérêts opposés4. Les lignes qui suivent mettront en avant plusieurs aspects de cette relation changeante, ainsi que le rôle diplomatique et commercial de la Suède lors de la rébellion du Portugal en 1640, quand ce royaume chercha à se séparer de la monarchie ibérique, à une époque où le contexte religieux et les attentes millénaristes influaient sur les relations diplomatiques, commerciales et politiques.
À première vue, même s’ils avaient des origines gothiques qui les rapprochaient, la Suède luthérienne avait peu à voir avec les royaumes ibériques de la monarchie catholique des Habsbourg, encore moins avec le Portugal qu’avec la Castille5. Pour autant le Portugal et la Suède avaient plusieurs points communs et plusieurs liens inattendus. Au début de la période moderne, les deux pays avaient le même nombre d’habitants : le Portugal en comptait environ 1 million : la Suède, qui comprenait la Finlande, environ 1 200 000. Le Portugal avait fondé un empire aux XVe et XVIe siècles ; la Suède, au XVIIe siècle, en s’emparant de la Finlande, de certaines régions de la Norvège, de la Livonie, de l’Ingrie, de la Carélie, du Danemark et du Nord de l’Allemagne6. À cela, il faut ajouter les tentatives suédoises d’établir des colonies ou des comptoirs hors d’Europe, que ce soit en Amérique du Nord avec la Nouvelle Suède (Delaware 1638-1655), les velléités d’acquisition d’une île des Caraïbes et la création d’avant-postes commerciaux sur la côte de l’Or d’Afrique de l’Ouest7. Les deux pays avaient également « subi » une période de domination « étrangère » : la Suède avait été sous le contrôle du Danemark ; le Portugal, sous le contrôle de la Castille. Les deux royaumes avaient aussi connu une crise dynastique à la fin du XVIe siècle : 1578-1580 pour le Portugal et 1593-1604 pour la Suède. Enfin, au début du XVIIIe siècle, ces deux pays relativement petits étaient marginalisés par l’essor de la France, de l’Angleterre et de la Hollande, et contraints d’adopter une diplomatie de petit État pour faire face à des acteurs plus importants et plus puissants.
Autre parallèle surprenant entre l’histoire de la Suède et celle du Portugal : les deux royaumes ont été marqués par la mort d’un roi au combat et par la politique dynastique qui a suivi. Dans les deux cas, la disparition du monarque régnant sur un champ de bataille fut un événement exceptionnel, et les deux images – un trône vacant et un corps politique sans tête – pesèrent sur l’histoire du pays. En 1578, animé par une réelle ferveur religieuse et des ambitions impériales, Sébastien Ier (Dom Sebastião), roi du Portugal et neveu du roi d’Espagne, Philippe II, prit la tête d’une expédition au Maroc au cours de laquelle il perdit la vie, disparaissant en pleine bataille. Sa mort provoqua une crise dynastique qui s’acheva en 1581, date à laquelle Philippe II accéda au trône du Portugal. Suivirent soixante années où le Portugal fut un des royaumes de la monarchie catholique des Habsbourg, en dépit de rumeurs affirmant que Sébastien Ier était vivant, rumeurs qui finirent par donner naissance à un mythe à la fois millénariste et nationaliste.
L’union avec l’Espagne avait beau avoir des bénéfices militaires et commerciaux pour certains secteurs de la société portugaise, à partir de 1621, cet arrangement fut de plus en plus souvent perçu par différentes franges de cette même société, non seulement comme un préjudice, mais comme une catastrophe. Dans les années 1630, sous le gouvernement de Philippe II et de son principal conseiller, le comte-duc d’Olivares, les doléances portugaises visant les nouvelles taxes, le recrutement de l’armée et la politique commerciale mercantile jugée nuisible, tous imposés par Madrid, finirent par provoquer un coup d’État organisé par une partie de la noblesse, lequel mena à une rébellion, puis à l’indépendance8.
À la même époque, en Suède, le roi Gustave-Adolphe (Gustavus Adolphus), fervent luthérien et dirigeant énergique et puissant, menait une politique expansionniste visant à prendre le contrôle des points stratégiques du pourtour de la Baltique pour en faire une mer suédoise9. Dans les années 1620, la puissance militaire de la Suède augmenta rapidement grâce à sa politique étrangère, la réforme de l’armée, une croissance industrielle liée à l’exploitation minière et l’exportation de cuivre et de fer10. Non seulement le pays devint autonome en matière d’armement, mais il fournissait des armes à l’Europe. Fortes de ces réformes, et de nouvelles tactiques militaires tirant parti de l’artillerie légère, les troupes suédoises étaient les troupes les plus redoutées de la Baltique, et la Suède fut un acteur majeur de la guerre de Trente Ans11. Là aussi, son accession au statut d’empire et d’État fiscal et militaire s’accompagnait d’attentes millénaristes fondées sur l’idée que les rois de la Bible était luthériens dans l’âme12.
Cette montée en puissance a eu un prix. Les taxes sur les terres et le commerce dans la mer Baltique, destinées à financer l’expansion territoriale, ainsi que les dépenses militaires croissantes et la conscription, ont beaucoup pesé sur la population suédoise. Elles ont aussi modifié les relations de la Suède avec l’Angleterre et la Hollande, deux pays qui faisaient commerce dans la mer Baltique. Gustave-Adolphe avait besoin des revenus commerciaux de la Baltique parce que la Suède était un pays pauvre et il fallait qu’il finance sa politique d’expansion – une contrainte qui explique aussi sa diplomatie. En 1631, le traité de Barwalde, signé avec la France de Richelieu, rapporta à la Suède plus d’un million de livres-tournois par an en échange du maintien de troupes suédoises en Allemagne pour faire face aux Habsbourg. Mais le coût pour la Suède a aussi été humain. Le recrutement et le taux de mortalité élevé des troupes ont provoqué un déclin démographique et le recours croissant, et onéreux, à des mercenaires. L’exportation de fer et de cuivre, lequel servait aussi de monnaie d’échange, est devenue essentielle pour couvrir ces frais – au fond, c’est même ce qui a financé l’expansion de la Suède au XVIIe siècle13.
Le roi Gustave-Adolphe à Breitenfeld en 1631, par Johann Walter, Musée de Strasbourg.
À l’origine, la stratégie suédoise était défensive mais, à partir de 1630, les victoires remportées par la Suède en Allemagne incitèrent Gustave-Adolphe et son chancelier, Axel Oxenstierna, à envisager la formation d’une ligue protestante qui réunirait les princes suédois et germaniques et leur garantirait des avantages politiques et militaires. Or cette idée, qui consistait à centraliser le pouvoir sous l’égide de la Suède pour contrebalancer l’empire catholique des Habsbourg, n’a jamais abouti14. La mort de Gustave-Adolphe au cours de la bataille de Lützen (16 novembre 1632), qui s’acheva par une victoire suédoise, mit un frein à ces projets d’expansion qui ont pourtant essaimé jusqu’aux années 165015. La cause protestante souffrait de problèmes militaires et politiques, et la défaite de la Suède à la bataille de Nördlingen (septembre 1634) marqua le début d’une nouvelle phase du conflit et le déclin de la puissance militaire suédoise, en dépit des victoires de 1636 et de 1639 qui ont redoré le blason de l’armée, ainsi que la défaite du Danemark en 1643-1645.
En 1648, année du traité de Westphalie qui mit fin à la Guerre de Trente ans, la Suède était encore une puissance influente, mais la succession de Gustave-Adolphe était revenue à sa fille, Christine, qui avait six ans à peine à sa mort en 1632. Suivit une période de régence, dont le chef du Conseil était Axel Oxenstierna, qui gouverna jusqu’en 1644, quand la jeune, mais très déterminée, Christine, surnommée « la Sémiramis du Nord », put régner en son nom propre16. Comme au Portugal après la mort de Sébastien Ier (1578-1581) et avant l’accession au trône de Philippe II d’Espagne, la régence suédoise fut une période instable : les grands propriétaires terriens se plaignaient du contrôle monarchique, les régions contestaient le gouvernement central, et la noblesse œuvrait pour avoir davantage de mainmise sur l’État.
De son côté, la France était en guerre contre l’Espagne depuis 1635, et elle essayait de s’allier au Portugal rebelle et de coopérer avec la Catalogne pour affaiblir son ennemi en se concentrant sur ses frontières. En 1648, l’année du traité de Westphalie, la France ne renonça pas à ses ambitions, mais elle avait désormais moins de possibilités pour affronter l’Espagne17.
C’est dans ce contexte international politique et militaire qu’eut lieu la rébellion portugaise de 1640, suivie par la guerre que le Portugal mena pour obtenir son indépendance, qui ne prit fin qu’en 1668. Du point de vue de l’Espagne, le but de cette guerre était de ne pas perdre le Portugal, mais le conflit ne suscita ni comportements héroïques, ni exploits, ni beaucoup de victoires. L’Espagne, déjà pauvre en ressources, en sortit exsangue18. Il n’empêche, même si l’Espagne dut reconnaître l’indépendance du Portugal, les Habsbourg en profitèrent pour mener une campagne politique et militaire efficace destinée à isoler ce royaume indocile. Finalement, les relations changeantes entre les deux royaumes ibériques et la Suède, chacun rivalisant pour l’emporter sur le plan diplomatique et commercial, eurent d’importantes répercussions sur l’issue de la guerre, notamment à cause du rôle de la Suède, fournisseur essentiel de bois, d’armes et de fer, et premier fournisseur européen de cuivre19. Ces relations mettent aussi en évidence le rôle du commerce de l’Atlantique Nord et de la Baltique dans l’expansion impériale ibérique ainsi que l’essor des échanges à l’échelle mondiale20.
Carte de la Suède et de la Baltique en 1650, par Abraham Goos.
Sur le terrain diplomatique : la connexion de la Baltique
1er décembre 1640, une bande de fidalgos portugais pénétra dans le palais royal de Lisbonne et assassina le gouverneur du Portugal, Miguel de Vasconcelos. Aussitôt, les conjurés déclarèrent l’indépendance du Portugal et confièrent le pays au duc de Bragance, proclamé roi Jean IV de Portugal (Dom João IV). Une fois neutralisées les troupes espagnoles de plusieurs garnisons, le principal objectif du nouveau souverain fut d’avoir des alliés pour lutter contre l’Espagne21. L’historiographie portugaise et les travaux de l’historien britannique, Edgar Prestage (1869-1951) ont tendance à glorifier la politique diplomatique du duc de Bragance, alors qu’il faudrait nuancer puisque ses succès diplomatiques variaient suivant les objectifs et la situation de ses éventuels alliés : l’Angleterre, la France, la Hollande et la Suède. Cela dit, il est vrai que ces pays cherchaient souvent à s’en prendre à la monarchie espagnole en apportant leur soutien au rebelle Portugal. Et tous attendaient une faveur ou une concession de la part de ce dernier en échange de leur aide ou de leur alliance. Les avantages les plus convoités étaient d’ordre commercial : il s’agissait d’avoir le droit de vendre des matières premières, des armes et des produits manufacturés ; d’acheter du sel portugais et, si possible, de pouvoir commercer directement avec les colonies portugaises de l’océan Indien qui étaient une source de poivre et d’épices, et celles de l’Atlantique, une source de sucre et de bois de teinture22.
En Europe la campagne diplomatique du duc de Bragance dépendait largement du commerce et les aléas de la situation politique, des alliances et des hostilités. Compte tenu de ces circonstances, pourtant, la réaction espagnole à la rébellion et à la campagne diplomatique du Portugal ont fini par isoler celui-ci en l’empêchant de participer au traité de Westphalie et en permettant aux Habsbourg d’user de leur influence à Rome pour que celle-ci ne reconnaisse pas la légalité du nouveau régime, ni, par conséquent, la nomination d’évêques dans ce royaume rebelle23. Nous n’entrerons pas dans le détail de ces événements, mais c’est dans ce contexte international qu’il convient d’analyser les relations entre l’Espagne, le Portugal et la Suède. Les victoires diplomatiques du Portugal antérieures à la fin de la guerre de Trente Ans (1648) et les concessions commerciales auxquelles le pays a consenti après reflètent sa vulnérabilité de petite puissance, mais de petite puissance sachant exploiter ses atouts24. En outre, ces succès donnent raison à la « nouvelle histoire diplomatique » des débuts de l’ère moderne qui met l’accent sur le rôle des agents informels ou intermittents secondant ou finançant les diplomates attitrés afin que les objectifs politiques du pays soient atteints.
Peu après son acclamation, Jean IV de Portugal dépêcha des émissaires en France, en Hollande, en Angleterre et dans les États baltes de Suède et du Danemark, tous ennemis potentiels de l’Espagne25. La délégation de la Baltique avait été confiée à Francisco de Sousa Coutinho, conseiller et homme de confiance qui avait déjà représenté le duc de Bragance à Madrid, où il avait négocié le mariage du duc avec doña Luisa de Guzmán, sœur du duc de Medina Sidonia, grand aristocrate andalou. Sousa Coutinho quitta Lisbonne à bord d’un navire danois en mars 1641 et arriva au Danemark en avril. Nous en savons beaucoup sur sa mission grâce au juge (desembargador) António Moniz de Carvalho, qui accompagna la délégation en tant que secrétaire et publia un récit détaillé du voyage26.
À Copenhague, le Danemark eut beau accueillir l’ambassade avec les honneurs requis, de somptueuses réceptions et des banquets spectaculaires, le roi refusa de reconnaître officiellement la délégation car le Danemark entendait jour le rôle de modérateur pour asseoir la paix en Europe. Il ne pouvait donc se permettre d’offenser ni l’empereur des Habsbourg, ni Philippe d’Espagne qui considérait le monarque portugais comme « un tyran, un usurpateur et un rebelle ». Le Danemark avait d’ailleurs un ambassadeur à Madrid, chargé de négocier un traité commercial avec l’Espagne. Tout ce que l’émissaire portugais obtint fut une rencontre clandestine « non officielle » avec le roi Christian IV au château de Fredericksburg. Finalement, en dépit d’un dîner cordial et de témoignages de sympathie, la délégation portugaise quitta le Danemark les mains vides et sans aucun engagement de la part de ce dernier, avant de poursuivre en Suède.
L’accueil des Suédois fut beaucoup plus encourageant. Le royaume vivait sous la régence mise en place après la mort de Gustave-Adolphe car la reine Christine avait à peine quinze ans à cette date. Axel Oxenstierna était un régent puissant et doué d’une vraie vision de la situation politique, qui n’avait pas hésité à rapprocher la Suède de la France afin de limiter le pouvoir de l’empire des Habsbourg. Comme nous l’avons vu, la France était en guerre avec l’Espagne depuis 1635 et avait conclu des alliances avec la Hollande et la Suède. Le cardinal de Richelieu estimait que la France avait intérêt à associer le Portugal rebelle à cette alliance, en même temps, il voulait éviter de signer un pacte officiel qui limiterait sa marge de négociation avec l’Espagne quand il jugerait opportun de faire la paix27. Dès 1637, quand on avait annoncé des émeutes anti-espagnoles à Evora, Hugo Grotius, ambassadeur de Suède à Paris, avait discrètement expliqué à Richelieu que soutenir le duc de Bragance, prétendant au trône portugais, était un moyen d’affaiblir la monarchie espagnole28. L’accueil que la Suède réserva au Portugal, considéré comme un allié informel, servait donc les intérêts de la France, et l’arrivée de Sousa Coutinho à la cour de Suède fut facilitée par un diplomate français chargé de dérouler le tapis rouge à la délégation qu’il présidait. Ainsi, l’arrivée de l’ambassade portugaise à Stockholm fut spectaculaire et la cérémonie de réception fut si parfaite que la Suède se passa de l’assistance de l’ambassadeur français. Les Suédois avaient parfaitement compris l’avantage qu’ils avaient à tirer de l’alliance avec le Portugal. L’audience officielle se déroula en latin et Sousa Coutinho eut tôt fait de comprendre que ses hôtes étaient impatients de conclure un accord qui nuirait au roi d’Espagne.
Un traité fut donc signé le 29 juillet 164129. Il rappelait l’ancienne amitié qui liait les souverains et les peuples des deux royaumes et mentionnait l’usurpation de la couronne portugaise par le roi d’Espagne. Puis il instituait, au fil de vingt-huit articles, la liberté de commerce entre les deux pays, notamment celui des armes, du bois et des mâts fabriqués en Suède en échange de produits portugais tels que le sel, essentiel pour les pêcheries des pays du Nord. Le traité stipulait également que les marins et les marchands de chaque royaume étaient autorisés à s’installer dans le pays ami où tous bénéficieraient d’une entière « liberté de conscience » et de religion. Le Portugal était surtout intéressé par le matériel militaire et naval, les matières premières comme le fer et le cuivre, et la possibilité de lever des troupes et des officiers auprès de son nouvel allié. La Suède, comme l’Angleterre et la Hollande, visait surtout à avoir le droit de commercer directement avec les colonies portugaises, mais Jean IV avait expressément demandé aux ambassades portugaises de n’accepter sous aucune condition le moindre commerce maritime direct avec les colonies de son royaume30. Quelques années plus tard, en 1648, quand le Portugal créa la Compagnie générale de commerce du Brésil qui prévoyait l’envoi d’un convoi au Brésil deux fois par an, le représentant suédois entama des négociations pour que des investisseurs et des navires suédois puissent y participer, mais elles achoppèrent en 1650, sans doute, en partie, parce que l’Angleterre se montra plus apte à fournir aux Portugais les investissements et les services de transport dont ils avaient besoin31.
Notons que le commerce entre la péninsule ibérique et la Baltique était ancien et qu’il était particulièrement important pour le Portugal32. Même quand la monarchie Habsbourg imposait des embargos, certains ports de la Baltique négociaient avec le Portugal pour pouvoir commercer avec le pays et avec ses colonies. En 1636, le commandant polonais du Galgo Branco (« Lévrier blanc »), un des deux navires transportant du blé de Dantzig (Gdansk) à Lisbonne alors qu’y sévissait la famine, envoya plusieurs lettres au roi et à la princesse Margarida, vice-reine du Portugal : en tant que sujet loyal du roi de Pologne ayant convoyé des céréales en temps de disette, disait-il, il devait être autorisé à aller au Brésil, en dépit de l’embargo. Les membres du Conseil du Portugal chargés du Trésor étaient prêts à lui accorder ce droit, sachant que le roi de Pologne serait motivé pour dépêcher plus de navires et de biens, et que les taxes bénéficieraient à la couronne. Mais son appel resta lettre morte33. Le nouveau roi de Bragance n’était pas plus désireux que les Habsbourg espagnols de permettre à d’autres de commercer avec les colonies portugaises, en revanche il était prêt à favoriser les échanges avec les pays de la Baltique. Sur les 96 034 navires traversant le détroit de la Baltique direction Est, enregistrés entre 1557 et 1657, 19 % (8 700) venaient du Portugal et 78 % de ces navires transportaient du sel de Setúbal34. La Suède, elle, consommait 70 à 80 000 barils de sel par an, en majorité achalandés par des navires néerlandais, sauf pendant les embargos de 1598 à 1607 et de 1621 à 1647, quand les marchands néerlandais furent remplacés par des marchands anglais, danois et hambourgeois35. Ces chiffres prouvent que la nationalité des marchands, des capitaines, des navires et du pavillon qu’ils affichaient n’avait plus autant d’importance ; il existait des réseaux et des types de négoce destinés à contourner les restrictions imposées par les États, dont les embargos36.
Pour en revenir à Sousa Coutinho, il rentra à Lisbonne avec l’équipement militaire dont le Portugal avait besoin en cas de conflit et fut largement applaudi37. En outre, il était accompagné par Lars Skytte, diplomate et aristocrate suédois, qui représenterait la Suède à Lisbonne38. Sousa Coutinho, lui, fut nommé ambassadeur aux Pays-Bas et remplacé par Rodrigo Botelho de Morais, un homme cultivé et patient, choisi personnellement par Jean IV de Portugal. À Stockholm, la jeune reine Christine accueillit à bras ouvert ce personnage qui avait des manières d’homme du monde et s’exprimait aussi bien en latin et en français.
Le traité que le Portugal signa avec la Suède, comme celui qu’il signa avec l’Angleterre de Cromwell en 1654, avait un certain nombre de limites, néanmoins il était important parce qu’il légitimait le nouveau régime portugais tout en lui permettant de contourner son isolement diplomatique39. Les nouveaux représentants portugais en Suède pensaient trouver un allié prêt à œuvrer pour que le Portugal soit à la table des négociations de la paix de Westphalie en 1648, hélas ils furent bientôt déçus, de même qu’ils comprirent que la Suède ne ferait rien pour favoriser le retour de Dom Duarte, frère de Jean IV, retenu en otage par le saint-Empire romain germanique, qui finit par mourir en captivité40. Il n’empêche, l’accès à des matières premières aussi précieuses que le fer et le cuivre et à des armes d’excellente qualité était un atout dont le monarque portugais pouvait être fier. Du point de vue de l’Angleterre, de la Hollande, de la France et des autres puissances européennes, un accord avec le Portugal permettait non seulement d’avoir avec soi un voisin hostile à l’Espagne côté ouest, mais d’avoir accès à des produits aussi essentiels que le sel exceptionnel de la côte portugaise et la possibilité de commercer de façon indirecte avec les provinces portugaises d’outre-mer. Ces pays ne souhaitaient en fait qu’une chose, obtenir le droit de négocier directement avec les colonies portugaises. Hélas, dans les années 1640, le Portugal fut inflexible et maintint un contrôle exclusif sur le commerce avec ses colonies41. Le traité signé par le Portugal et la Suède permit cependant de lier entre eux trois marchandises – le cuivre, le sel et le sucre – essentielles aux deux pays et à la colonie portugaise au Brésil. Ce lien montre que les filières de produits de base dépendent toujours de l’évolution des contextes politiques et sociaux.
Rêves de cuivre
Outre les avantages diplomatiques que le Portugal tira de la reconnaissance officielle de la Suède, son lien avec celle-ci avait des avantages économiques. Au XVIIe siècle, la Suède était en effet le principal fournisseur de cuivre de l’Europe occidentale. Or le cuivre était un métal essentiel pour l’armement, surtout pour l’artillerie, dont le Portugal avait besoin pour se défendre contre l’Espagne des Habsbourg, mais il servait aussi à frapper les pièces de monnaie bon marché dont les économies des deux empires ibériques (ainsi que celle de la Suède) avaient besoin et ce, avant même leur séparation42.
La monarchie catholique ibérique, notamment le Portugal, dépendait depuis longtemps de l’importation du cuivre, mais au XVIIe siècle, elle était confrontée à une pénurie. Jusqu’ici, le Portugal comptait sur le cuivre importé de la Méditerranée et de l’Europe centrale et septentrionale. Au XVIe siècle, les sociétés marchandes d’Augsbourg et de Nuremberg qui cherchaient à avoir accès aux épices et autres produits de luxe que les Portugais rapportaient de l’océan Indien et à l’or qui venait d’Afrique de l’Ouest, étaient devenues les principaux fournisseurs d’argent et de cuivre. Allié à l’étain, le cuivre servait à fabriquer du bronze, et allié au zinc, il servait à fabriquer du laiton. Au Portugal, les pièces de cuivre étaient couramment utilisées comme de la petite monnaie, mais la couronne portugaise avait aussi besoin de cuivre pour négocier en Asie, et elle l’utilisait sous forme de manilhas, des manilles, soit des bracelets ou des anneaux échangés contre des esclaves en Afrique de l’Ouest43. Cela explique la dépendance du Portugal vis-à-vis des grands marchands d’Allemagne du Sud (y compris la famille Fugger) dont certains avaient des représentants à Lisbonne, tandis que d’autres géraient leur commerce en passant par une « fabrique » portugaise à Anvers44. En tout, la première moitié du XVIe siècle a vu un « torrent » de cuivre annuel de 10 000 quintaux environ, dont une grande partie était extraite en Hongrie, en Bohême et ailleurs en Europe centrale, s’écouler jusqu’au Portugal en passant par Anvers ou Bruges45. Plus de la moitié de ce cuivre importé était utilisée par les Portugais pour négocier dans l’océan Indien46. Mais à la fin du XVIe siècle, le contrôle allemand sur l’approvisionnement en cuivre avait diminué, et le métal venait surtout de Suède, même s’il était souvent transporté par des Néerlandais47. Ce fut le cas pendant la Trêve de douze ans (1609-1621) qui mit fin aux embargos que la monarchie catholique avait imposés à la République néerlandaise. À l’époque de cette trêve, les Néerlandais, qui proposaient des frais de transport moins élevés, convoyèrent deux tiers de la totalité des produits de la Baltique destinés à la péninsule ibérique48.
Bronze du Bénin représentant un soldat portugais avec manilles en arrière-plan.
Le Portugal avait toujours été un client important pour le cuivre. En 1618, le début de la guerre de Trente Ans avait provoqué une demande croissante d’armes, donnant lieu à un marché qui pouvait être extrêmement rentable. La carrière du marchand d’armes néerlandais Louis de Geer et celle de son beau-frère, Jacobus Trip, qui gérait le monopole de la couronne suédoise sur les achats de cuivre, sont exemplaires de cette manne liée à la rentabilité du cuivre et d’autres métaux49. Basé à Amsterdam, De Geer avait créé un immense réseau de sociétés qui non seulement assuraient le transit de céréales, de laine, de tissu, de bois, de fer et de cuivre de la mer du Nord à la Méditerranée, mais investissaient dans les exploitations minières suédoises et la fabrication d’armements qui se développa surtout dans les années 1620, et s’occupaient de l’expédition de ces diverses marchandises. Les Pays-Bas ont donc joué un rôle essentiel dans le commerce de la Baltique qui a pourtant subi des aléas militaires et politiques, que ce soient les embargos de la monarchie catholique sur le commerce avec les provinces rebelles des Pays-Bas (1598-1607, 1621-47) ou les conflits entre le Danemark, la Suède et les ports hanséatiques50. Quant au Portugal, qui dépendait depuis longtemps de l’importation de métaux, il est devenu encore plus dépendant à partir de 1641, le cuivre étant essentiel à la fabrication du bronze, donc essentiel à son artillerie et à l’armement de ses forces terrestres et navales.
La valeur du cuivre tenait aussi au fait que ce métal servait à frapper de la petite monnaie. Dans la monarchie catholique, il servait notamment à fabriquer du vellón, ce qu’on appelait du billon, qui était soit un alliage d’argent et de cuivre, soit, plus rarement, du simple cuivre51.
De 1599 à 1626, la demande espagnole de cuivre destiné à fabriquer de la monnaie augmenta et fit grimper le prix du métal, si bien que le Portugal, qui faisait partie de la monarchie catholique et dépendait du cuivre pour son commerce, y fut sensible. Dès 1622, la câmara (conseil municipal) de Lisbonne fit remarquer que le manque de pièces de cuivre avait entraîné une hausse des prix. Elle proposa alors de frapper l’équivalent de 20 à 30 000 cruzados en pièces de cuivre en profitant de ce que rapportait le droit d’accise (real d’água). Deux ans plus tard, en 1624, la câmara évoqua cette fois une situation désespérée et un manque d’argent, un des « pires problèmes dont nous souffrons qui s’aggrave de jour en jour ». La valeur nominale des pièces était si faible par rapport au prix du cuivre, expliquait-elle, que les chaudronniers les recyclaient pour fabriquer des cuves, ce qui aggravait la crise52. Il est vrai que la pénurie de pièces de cuivre affectait les ventes de produits quotidiens, mais ce que le gouvernement redoutait, était non seulement la circulation de pièces de cuivre étrangères et de fausse monnaie, mais la perte de confiance dans les pièces existantes. Ce qu’on appellera la « loi de Gresham » (qui veut que la mauvaise monnaie chasse la bonne) se vérifiait donc déjà puisque les pièces d’or et d’argent étaient thésaurisées en vertu de leur valeur intrinsèque ou utilisées pour les échanges internationaux, alors que les pièces de cuivre, déjà rares, devinrent plus chères à fabriquer pour le gouvernement, donc encore plus rares53. Du temps de l’union ibérique, la situation était encore pire pour la monarchie : le coût croissant de ses expéditions militaires aux Pays-Bas et ailleurs en Europe, l’accumulation de crises agricoles et la diminution de sa part d’argent en provenance d’Amérique, finirent par obliger la couronne à modifier la valeur de la monnaie existante, seul moyen pour elle d’alléger ses charges financières. Modifier la valeur de la monnaie, que ce soit en diminuant la quantité de métal précieux qu’elle comprend ou en intervenant sur sa valeur nominale, faisait pourtant l’objet de débats théoriques et théologiques. Mais dans les années 1620, la situation était telle que la couronne eut recours à ce type de mesure pour soulager le gouvernement. La solution avait un revers : non seulement elle sapait la confiance du public vis-à-vis de l’autorité royale, mais elle contribuait à l’inflation et au mécontentement de ceux qui avaient un revenu fixe et de ceux qui pâtissaient de ces politiques monétaires bricolées par l’État54.
Depuis 1641, date de sa séparation d’avec l’Espagne, le Portugal n’avait plus accès à l’argent espagnol ; par ailleurs son accès à l’or était moins évident puisqu’il ne pouvait plus s’en procurer dans le Monomotapa, au Mozambique, et qu’il était coupé des sources d’Afrique de l’Ouest depuis que les Hollandais s’étaient emparés de ses avant-postes d’Arguim en Mauritanie (1633) et d’El Mina sur la Côte de l’Or (1637). Le pays avait donc un besoin pressant de pièces de cuivre pour ses transactions quotidiennes55. Par ailleurs, le jeune régime de Bragance, qui venait de se séparer de l’Espagne, fut obligé de dévaluer sa monnaie en Europe et dans ses colonies pour remplir ses obligations fiscales, acheter des armes pour sa défense et payer ses troupes étrangères et portugaises, ce qui l’incita très vite à adopter une politique monétaire réduisant ses charges. Sous le règne des Habsbourg, de 1580 à 1640, le taux de change d’un marco de plata (un marc d’argent) était évalué à 2 800 réaux environ. En 1641, Jean IV de Portugal augmenta le taux de change à 3 400 réaux, puis à 4 000 réaux en 1643, toujours pour alléger ses charges56. En 1688, les souverains de Bragance qui lui avaient succédé l’avaient augmenté à 6 400 réaux pour un marc d’argent, ce qui correspond à une dépréciation de près de 75 %57. En 1653, ces variations donnèrent lieu à une critique parfaitement argumentée de la câmara de Lisbonne qui avertit le roi que « tout changement et toute nouveauté affectant la monnaie sont risqués et préjudiciables au bien commun » et que, dans une société bien gouvernée, le souverain a le droit de procéder à de tels changements mais uniquement avec l’accord du peuple. La câmara poursuivait par l’histoire des dévaluations monétaires dans la péninsule ibérique en rappelant que les bénéfices immédiats se révélaient souvent éphémères et, à long terme, coûteux58, mais ses recommandations n’eurent pas beaucoup d’effet.
La pénurie d’argent portugaise, déjà exacerbée par la rupture des relations et du commerce officiel avec l’Espagne en 1641, fut aggravée par la disparition de l’argent qui circulait. Le fait est que les ajustements que le gouvernement de Bragance jugeait financièrement nécessaires ont contribué à faire disparaître l’argent comme monnaie d’échange. Le Portugal était donc de plus en plus dépendant du cuivre pour pouvoir frapper de la monnaie et se fournir en armement (rappelons que le bronze était le principal matériau de fabrication de l’artillerie).
Par ailleurs, la production et le commerce de sucre brésilien pesaient de plus en plus dans l’économie portugaise, ce qui créait une dépendance supplémentaire au cuivre, sachant que les revenus du commerce des épices et du poivre de l’océan Indien diminuaient à mesure que ceux du sucre de la colonie brésilienne augmentaient59. En 1624, par exemple, le comte de Salinas, gouverneur du Portugal, estimait que le revenu annuel de la couronne lié à ce commerce s’élevait à 250 000 cruzados60. Comme c’est un excellent conducteur de chaleur, le cuivre était un composant essentiel des ustensiles des confiseurs et des producteurs de sucre. Le besoin de cuivre était donc particulièrement fort au Portugal puisque le pays dépendait de plus en plus des taxes provenant de l’industrie sucrière florissante du Brésil, industrie qui avait besoin de cuivre pour fabriquer des cuves, des grandes bouilloires, des marmites et des chaudrons nécessaires à la cuisson du jus de canne qui finissait par donner du sucre cristallisé61.
Ustensiles en cuivre dans les cuisines du palais royal de Mafra.
C’était un vrai problème. Une grande raffinerie de sucre (engenho) contenait environ 175 arrobas (2,2 tonnes) de cuivre, réparties dans des cuves et des marmites, alors que les raffineries plus modestes en contenaient la moitié. Pour être correctement équipé, le Brésil portugais, qui comptait quelque 350 raffineries en 1630, aurait eu besoin de 460 à 500 tonnes de cuivre, et 25 tonnes environ par an pour leur entretien. Les propriétaires de raffineries avaient en effet calculé que chaque année, il leur fallait remplacer ou réparer 30 % de leurs chaudrons, si bien que le besoin annuel en cuivre des raffineries existantes devait être d’au moins 165 tonnes, sans compter les nouvelles constructions et les agrandissements62. Une partie du cuivre arrivait au Brésil sous forme de feuilles (pastas) ou de barres avec lesquelles les artisans locaux fabriquaient ou réparaient les chaudrons, mais les actes notariés d’Amsterdam qui correspondent à l’expédition du cuivre montrent que certains de ces chaudrons étaient fabriqués à Porto puis réexpédiés63. Au début du XVIIe siècle, par exemple, des caravelles allant de Lisbonne à Bahia transportaient des feuilles de cuivre, des fonds (fundos) et du fer jusqu’à une grande sucrerie de Sergipe do Conde puis en revenaient avec des caisses de sucre64. Ces cuves étaient un poste important des investissements des planteurs, sans compter leur réparation, qui était aussi coûteuse65. En 1634, le jésuite qui dirigeait l’engenho Santana, à Ilhéus, se plaignait en disant que le manque de cuivre était son principal problème66. Autre exemple, le testament d’Antonio de Sá Doria, qui légua tous ses biens à la Misericordia de Salvador en 1662, énumère en détail les marmites et les différents ustensiles en cuivre de sa petite raffinerie67. Un an plus tard, son matériel fut vendu aux enchères à 300 réis la livre, pour un total de plus de 600 milréis. En 1697, Luís do Couto, lui, dépensa 492 milréis pour les chaudrons de l’engenho qu’il fit construire sur l’île d’Itaparica, dans la baie de Tous les Saints68. La réparation des ustensiles de cuivre était donc souvent le poste le plus important des dépenses annuelles d’une raffinerie. Les rares livres de comptes des sucreries de cette période que nous possédons contiennent souvent des entrées consignant l’achat de feuilles ou de barres de cuivre, ou indiquant :
« Destiné au caldereiro de la maison de Dinis Bravo pour la fabrication d’un chaudron et d’une autre qu’il vient de refaire à neuf ; il a également élargi son écumoire (parol de escumas) et réparé les instruments de cuivre plus petits nécessaires à son engenho. 58 520 réaux69 ».
« Comment le sucre est-il fabriqué ? » Dans le Brésil colonial, étapes pour faire bouillir le jus de canne à sucre dans des chaudrons en cuivre.
Source : Source: Léandro Vilar, « O engenho e o fabrico do açúcar no Brasil colonial », seguindopassoshistoria.blogspot.com, 3 décembre 2013.
À la fin du XVIIe siècle, le Conseil d’outre-mer portugais reconnut que l’augmentation du prix du cuivre et du fer importés d’Europe obligeait les planteurs de sucre à acheter ces produits filés (fiados) à crédit et à un prix supérieur de 20 à 30 % à celui qu’avaient payé les marchands ; qui plus est, ces mêmes planteurs avaient du mal à régler leurs comptes car ils recevaient bien moins pour leur sucre que le prix qui avait été officiellement fixé. Or ils n’avaient pas le choix puisque « la nécessité n’a pas de loi70 ». Ces réparations et ces achats représentaient évidemment un investissement permanent indispensable ; comme ils n’avaient pas accès aux gisements de cuivre ni à l’industrie métropolitaine qui assurait la fonderie du métal ainsi que ses applications industrielles, l’approvisionnement en cuivre des planteurs de la colonie brésilienne était une dépense qui ne favorisait pas le développement industriel au Portugal, contrairement à ce qui se passa en Grande-Bretagne avec l’exploitation du sucre dans les Antilles britanniques71.
La monarchie catholique pensait pourtant trouver de nouvelles sources de cuivre. En 1616, Philippe III avait écrit au gouverneur du Portugal en lui affirmant qu’à en croire les rapports sur le cuivre du Maranhão, ils auraient de quoi satisfaire le besoin d’armes en bronze de son empire, mais ses espoirs avaient été déçus72. À cause de la présence d’avant-postes portugais en Afrique de l’Ouest, où le cuivre affluait sous forme de pièces et était souvent un symbole rituel de puissance, des rumeurs faisant état de mines d’argent et de cuivre circulaient depuis le début du XVIe siècle73. La couronne portugaise avait même envoyé des dinandiers pour vérifier, jusqu’au jour où, en 1536, le manikongo était intervenu pour dire que son pouvoir sur le royaume du Kongo serait menacé si on lui réduisait son accès au cuivre74. Plusieurs Portugais ambitieux avaient compris que signaler l’existence de mines de cuivre ou d’argent et les bénéfices que celles-ci représentaient pour leur roi était un moyen judicieux d’essayer d’obtenir son soutien pour leurs projets en Afrique centrale de l’Ouest75. En 1611, le regimento (décret royal) destiné au gouverneur de l’Angola faisait spécifiquement référence à l’abondance de cuivre au Benguela qui pourrait rapporter de 300 à 350 000 cruzados par an pour la « fabrication d’artillerie, pour mon service et pour l’État du Brésil » ; le roi proposait en outre que le cuivre soit expédié sans frais au Brésil où il pourrait servir de lest pour les négriers76. En 1618, Manuel Cerveira Pereira, premier gouverneur du Benguela, ainsi que l’évêque du Kongo, Frei Manuel Batista, en 1621, notaient tous deux la présence de mines de cuivre à l’intérieur du pays77. En Angola, le rêve de gisements essaima en même temps que l’expansion de l’esclavage, et il est possible que la désillusion ait accéléré l’essor du trafic d’êtres humains. Les mines d’argent qui ont fini par être découvertes à Cambembe étaient en fait un faux espoir, et même si les Portugais avaient découvert du cuivre au Kongo et en Angola qu’ils avaient commencé à rapporter du gisement angolais à Lisbonne à la fin du XVe siècle, il a fallu attendre le XIXe siècle pour qu’ils rentabilisent des mines78. La vraie ceinture de cuivre se trouvait plus à l’est, au sud de l’Afrique centrale, au Katanga et dans l’actuelle Zambie, mais les échanges qui avaient débuté au IXe siècle l’avaient peu à peu déportée vers l’ouest79. Qu’importe, le rêve portugais se poursuivait, comme en témoignent plusieurs rapports un peu démesurés, dont celui de Manuel Pereira qui, en 1622, racontait au comte-duc d’Olivares qu’avec soixante vétérans, sur ordre du roi, il avait réussi à découvrir des mines « chez le peuple le plus belliqueux d’Éthiopie », protégé par son exceptionnelle réputation militaire. Comme il sollicitait le patronage d’Olivares, il se vantait d’avoir extrait, avec ses propres esclaves, « le cuivre le plus fin de vos royaumes, qui manque tant pour la facture de notre artillerie80 ». Le butin dont il parlait était manifestement exagéré ou très précaire.
Le rêve portugais fut malheureusement mis à mal par les Pays-Bas qui, quoiqu’alliés à celui-ci contre l’Espagne des Habsbourg depuis 1641, refusèrent de consolider cette alliance, que ce soit en rendant plusieurs territoires d’outre-mer conquis plus tôt par le Portugal, ou en s’interdisant de l’attaquer hors du continent européen. Après s’être emparée du château d’El Mina sur la Côte de l’Or en 1637, la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales s’était emparée du port de Luanda, en Angola, en 1641, afin d’être sûre de pouvoir s’approvisionner en esclaves pour le territoire qu’elle possédait au Brésil. Sept ans plus tard, en 1648, elle se fit damer le pion par une expédition portugaise, organisée au Brésil, qui reprit Luanda, alors que le fort d’El Mina était toujours sous contrôle néerlandais81.
Le château d’El Mina sur la Côte de l’Or, planche tirée du Blaeu-Van der Hem Atlas. Bibliothèque nationale autrichienne (années 1660).
En Angola, la recherche de mines de cuivre se poursuivit au fil de presque tout le XVIIe siècle. Mais en 1663, le roi portugais Afonso VI demanda au gouverneur du pays, Andre Vidal de Negreiros, un ancien planteur de sucre du Pernambuc, propriétaire de cinq engenhos (raffineries), d’essayer d’en savoir plus sur les mines du royaume de Kongo. Son regimento fait spécifiquement référence aux « mines abondantes de cuivre d’excellente qualité » que l’on y trouvait, qui pourraient rapporter tous les ans, disait-il, « un revenu important aux maisons de ma clientèle, et être nécessaire pour l’artillerie et de nombreux services du royaume [le Portugal] et de l’État du Brésil82 ». Un traité antérieur à 1663, daté de 1649, mentionne l’existence de mines, lesquelles ne figurent plus dans un traité de 1651. Le souverain du Kongo eut beau répondre que son territoire n’avait pas les mines dont il rêvait, Andre Vidal de Negreiros, qui avait compris l’intérêt que la couronne avait à découvrir des gisements et subissait la pression du conseil municipal de Luanda qui voulait créer une monnaie de cuivre spécifique à la colonie du Kongo afin de rémunérer ses troupes et d’éliminer la monnaie locale en raphia (libongo), exploita l’éventualité de ces gisements pour justifier l’invasion du royaume africain voisin chrétien83. La défaite du royaume du Kongo à la bataille de Mbwila (1665), suivie par l’essor de la traite d’esclaves destinés au Brésil, profitèrent à Negreiros à titre personnel84. Mais il a fallu attendre 1694 pour que circule une monnaie de cuivre en Angola85.
Au fond, le fantasme du Portugal, espérant trouver un gisement de cuivre africain, revenait à inverser la réalité puisque c’est l’approvisionnement en cuivre de l’Afrique de l’Ouest qui avait été le moteur de l’essentiel des échanges commerciaux du Portugal au cours du siècle précédent86. Le pays avait beau rêver de cuivre angolais, l’Espagne des Habsbourg et le Portugal des Bragance comptaient toujours sur leurs fournisseurs européens et japonais, dépendant de fait des aléas de la diplomatie, de la politique, des intérêts de chacun et du commerce international. Cette dépendance devint particulièrement évidente en 1635, après la déclaration de guerre de la France contre la monarchie catholique ibérique, quand Philippe IV riposta en imposant un embargo sur tout le commerce avec la France et ses alliés, qui, à l’époque, comprenaient la Suède et les Provinces-Unies des Pays-Bas dont les navires transportaient régulièrement des produits de la Baltique vers la péninsule ibérique, notamment des matériaux destinés à la construction navale, du bois et du cuivre. En 1638, à la suite de cet embargo, qui vit Olivares interdire l’importation de cuivre venu de nations hostiles à la monarchie catholique, son agent à Lisbonne, le secrétaire d’État Miguel de Vasconcelos, exhorta le Conseil judiciaire (Desembargo do Paço) de Lisbonne à aborder le problème d’approvisionnement en cuivre qui menaçaient les raffineries du Brésil87. Inquiets, les marchands portugais cherchaient déjà des alternatives. La même année, à Porto, Gaspar Pacheco voulut expédier du matériel, notamment des chaudrons de bronze, aux engenhos de São Tomé, au Brésil, mais on lui refusa l’autorisation parce que son navire étant modeste et dépourvu de canons, il risquait d’être perdu au profit des Néerlandais88.
Abréviations
ACA: Archivo de Condes de Alba (Madrid)
AHU: Arquivo Histórico Ultramarino (Lisbonne)
ANTT: Arquivo Nacional da Torre do Tombo (Lisbonne)
BL: British Library (Londres)
BNL: Biblioteca Nacional (Lisbonne)
BNM: Biblioteca Nacional (Madrid)
Notes
1
Juan de Palafox y Mendoza, Dialogo político del estado de Alemania y comparación de España con las demás naciones, Madrid, More Than Books, 2015.
2
Nils Berencreutz, Don Antonio Pimentel despecher från drotting Christinas hov 1652-1656, Stockholm, Kungl, Boktryckeriet P. A. Nordstet & Söner, 1961, p. 52. Les Wisigoths avaient envahi la péninsule ibérique romaine en 405 avant notre ère, puis occupé et gouverné une grande partie de cette péninsule jusqu’à l’invasion musulmane au VIIIe siècle.
3
Diego Saavedra Fajardo, Corona góthica, castellana y austriaca, politicamente ilustrada (Amsterdam, 1646) : écrit au moment où l’Espagne espérait une alliance avec la reine de Suède, Christine, l’ouvrage est un bon exemple de la mise en avant d’un passé gothique commun. Voir également Enrique Corredera Nilsson, Todos somos godos. Las relaciones hispano-suecas desde la década de 1640 hasta la paz de Oliva, Madrid, éd. Complutense, 2009 ; Enrique Adrián Sáez, Godos de papel. Identidad nacional y reescritura en el siglo de oro, Madrid, Cátedra, 2019, à propos de la manipulation de ce passé gothique par l’Espagne des débuts de la modernité.
4
Sur les parallèles de l’organisation et de la gouvernance, voir Jan Glete, War and the State in Early Modern Europe. Spain, the Dutch Republic and Sweden as fiscal-military States, Londres, Routledge, 2004. Sur leur développement et leurs relations au cours de cette période, voir Emilia Salvador Esteban, « Sweden and Spain in the context of the international relations of the Baroque period », in Enrique Martínez Ruiz et Magdalena de Pazzis Pi Corales (dir.), Spain and Sweden in the Baroque Era (1600-1660), Madrid, Fondation Berndt Wistedt, 2000, p. 195-214.
5
Enrique Johan Corredera Nilsson, « Dealing with the North : Spanish Ambassadors in the Scandinavian Kingdoms 1648-1660 », universidad Complutense de Madrid (2015), thèse de doctorat portant sur la diplomatie espagnole vis-à-vis de la Scandinavie pendant la guerre avec le Portugal. La thèse est aussi un excellent panorama de l’historiographie des relations diplomatiques hispano-scandinaves. Le rappel de la connexion gothique n’avait pas bonne presse chez les humanistes portugais de la Renaissance qui pensaient que c’était un mythe pro-castillan vantant l’unification. Voir Ana Maria S. Tarrío, « Del antigoticismo en la peninsula ibérica. Los godos en la cultura portuguesa », in Carmen Codoñer et Paulo Farmhouse Alberto (dir.), Wisigothica after M.C. Díaz y Díaz, Florence, Sismel, Edicioni del Galluzzo, 2014, p. 653-685.
6
Lennart Andersson Palm, Sweden’s 17th century – a period of expansion or stagnation ?, Göteborg, Göteborg University, 2016 ; Michael Roberts, The Swedish Imperial Experience 1560-1718, Cambridge, Cambridge University Press, 1979.
7
La Nouvelle-Suède a été perdue au profit des Néerlandais en 1655. La Suède n’a pas réussi à acquérir Tobago, dans les Caraïbes, alors qu’on compte de nombreux Suédois parmi les Courlandais qui y ont créé une colonie ; en revanche elle a fini par obtenir Saint-Barthélemy de la part de la France (en 1784) en échange d’un de ses avant-postes de la Côte de l’Or. Voir Gunlög Fur, « Colonialism and Swedish History », in Magdalena Naum et Jonas M. Nordin (dir.), Scandinavian Colonialism and the Rise of Modernity. Small Time Agents in a Global Arena, New York, Springer, 2013, p. 17-36.
8
Jean-Fédéric Schaub, Portugal na monarquia hispánica (1580-1640), Lisbonne, Livros Horizonte, 2001, propose un excellent résumé de l’historiographie révisionniste de l’Union ibérique.
9
Pour une bonne vue d’ensemble, voir Michael Roberts, The Swedish Imperial Experience, 1560-1718, Cambridge, Cambridge University Press, 1979, p. 1-42.
10
Kristine Burland et Keith Smith, « The Global Context of the Scandinavian Copper Industry », in Kristin Ranestad, Kristine Bruland (dir.), Skandinavisk kobber. Lokale forhold og global sammenhenger i det lange 1700-tallet, Oslo, Cappelen Damm Akademisk/NOASP, 2020, p. 210-223.
11
Claude J. Nordmann, « L’armée suédoise au XVIIe siècle », Revue du Nord, vol. 54, no. 21, 1972, p. 133-147 ; Jan Glete, « Empire building with limited resources : Sweden and the development of military organisation », in Enrique Martínez Ruiz et Magdalena de Pazzis Pi Corrales (dir.), Spain and Sweden in the Baroque Era (1600-1660), Madrid, Fondation Berndt Wistedt, 2000, p. 307-337. Voir également Geoffrey Parker, The Military Revolution. Military Innovation and the Rise of the West, 1500-1800, Cambridge, Cambridge University Press, 1996.
12
Susanna Åkerman, Queen Christina of Sweden and Her Circle, Leyde, Brill, 1991, p. 166-168.
13
Les exportations de cuivre et de fer ont permis à Gustave-Adolphe de participer à la guerre de Trente Ans en y emportant des victoires. Voir Chris Evans et Göran Rydén, Baltic Iron in the Atlantic World in the Eighteenth Century, Leyde, Brill, 2007, p. 32.
14
On trouvera un résumé un peu daté mais utile de l’histoire politique et militaire de la Suède au milieu du XVIIe siècle dans Michael Roberts, « Sweden and the Baltic, 1611-54 », in J. P. Cooper (dir.), The New Cambridge Modern History. IV. The Decline of Spain and the Thirty Years War, 1609-48/59, Cambridge, Cambridge University Press, 1970, p. 385-410. Jan Lindgren présente une mise à jour et une critique de Roberts. « Si cela continue encore deux ou trois ans, nous pourrons dire que nous aurons gagné des terres appartenant à d’autres et ainsi perdu les nôtres », « The Politics of Expansion in 17th Century Sweden », in Martínez Ruiz et Pi Corrales (dir.), Spain and Sweden in the Baroque Era, Madrid, Fondation Berndt Wistedt, 2000, p. 169-193.
15
On trouvera une évaluation favorable et utile du règne de Gustave-Adolphe, de sa direction de l’alliance protestante et du « silence d’un chagrin inexprimable » que suscita sa mort à Lützen dans C. V. Wedgwood, The Thirty Years War, Londres, Jonathan Cape, 1938.
16
Les légendes et les débats sur la personnalité, l’identité sexuelle et l’intelligence de la reine Christine sont légion. Pour une synthèse d’un point de vue hispanique, lire Ursula de Allende Salazar, La reina Cristina de Suecia, Madrid, Marcial Pons, 2009.
17
I. S. Révah, Le Cardinal de Richelieu et la Restauration du Portugal, Lisbonne, Institut français du Portugal, 1950.
18
R. A. Stradling, Philip IV and the Government of Spain, 1621-1665, Cambridge, Cambridge University Press, 1988. L’historien espagnol Rafael Valladares qualifie la rébellion portugaise de 1640 de « dernière phase de la décadence, désormais irréversible, de l’empire Habsbourg ». Voir « Inglaterra, Portugal y la monarquia hispanica. Felipe IV y la alianza Anglo-Portuguesa (1640-1670) », thèse de doctorat, Université Complutense de Madrid, 1992, p. 679. Voir aussi son « Portugal y el fin de la hegemonía hispánica », in “Por toda la tierra”, España y Portugal : globalización y ruptura (1580-1700), Lisbonne, CHAM, 2016, p. 299-322.
19
Pour une excellente analyse de la guerre et de la diplomatie afférente qui met en valeur le rôle de l’Angleterre et de la Hollande, voir Rafael Valladares, La Rebelión de Portugal, 1640-1680, Madrid, Junta de Castilla y León, 1998. Sur le rôle précoce de la France, voir Edgar Prestage, As relações diplomáticas de Portugal com a França, Inglaterra, e Holanda de 1640-1668, Coimbra, Imprenta da Universidade, 1928, p. 1-108, et Carlos Roma de Bocage et Edgar Prestage (dir.), Relaçāo da embaixada a França em 1641 por João Franco Barreto, Coimbra, Imprenta da Universidade, 1918.
20
Jason W, Moore, « “Amsterdam is Standing on Norway”, Part I : The Alchemy of Capital, Empire and Nature in the Diaspora of Silver, 1545-1648 », Journal of Agrarian Change, vol. 10, no. 1, 2010, p. 33-68 ; Part II, vol. 10, no. 2, 2010, p. 188-227.
21
Leonor Freire Costa et Mafalda Soares da Cunha, Dom João IV, Lisbonne, Círculo de Leitores, 2006, propose une très bonne analyse du règne du monarque.
22
Voir, par exemple, Edgar Prestage, As relações diplomáticas de Portugal com a França, Inglaterra, e Holanda de 1640-1668, Coimbra, Imprenta da Universidade, 1928. Pour un point de vue nationaliste plus récent, voir Abílio Pires Lousada, A restauração portuguesa de 1640. Diplomacia e guerra na Europa no século XVII, Lisbonne, Fronteira do Caos, 2012.
23
Sur la victoire espagnole et l’échec diplomatique portugais à Westphalie, voir Pedro Cardim, « “Portuguese Rebels” at Munster. The Diplomatic Self-Fashioning in mid-17th century European Politics », Historische Zeitschrift, vol. 16, 1998, p. 293-333.
24
Sur le corps diplomatique portugais au XVIIe, lire Pedro Cardim, « Embaixadores e representantes diplomáticos da coroa portuguesa no século XVII », Cultura, vol. 15, 2002, p. 47-86.
25
On peut lire une introduction perspicace sur le contexte politique et diplomatique de la rébellion portugaise dans Evaldo Cabral de Mello, O negócio do Brasil. Portugal, os países baixos e o nordeste, 1641-1669, São Paulo, Companhia das Letras, 2011, p. 20-49.
26
António Moniz de Carvalho, Memoria da jornada e sucessos que houve nas duas embaixadas que Sua Magestade mandou aos reinos de Suécia e Dinamarca, Lisbonne, Domingos Lopes Rosa, 1642. Sur la pensée politique de Moniz de Carvalho, voir José María Iñurritegui Rodríguez et David Martín Marcos, « Literatura política portuguesa do século XVII : António Moniz de Carvalho e a soberania do interesse », Ler História, vol. 77, 2020, p. 61-81. Ainsi que Duval Pires de Lima, Temas do Brasil colonial : As relações de Portugal com a Suécia durante a restauração, Lisbonne, Academia da História, 1942, p. 349-360. Pedro Manuel Guedes de Passos Canavarro, Portugal e Dinamarca durante a Restauração (Relações diplomáticas: 1640-1668), Lisbonne, Instituto de Alta Cultura, 1967 ; Karl Mellander et Edgar Prestage, The Diplomatic and Commercial Relations of Sweden and Portugal from 1641-1670, Watford, Voss & Michael, 1926.
27
Edgar Prestage, As relações diplomáticas de Portugal com a França, Inglaterra e Holanda de 1640-1668, Coimbra, Imprensa da Universidade, 1928, p. 3-4. Voir aussi Eduardo Brazão, A Restauração. Relações diplomáticas de Portugal de 1640 a 1668, Lisbonne, Bertrand, 1939, p. 378-448.
28
I. S. Révah, Le Cardinal de Richelieu et la Restauration du Portugal, Lisbonne, Institut français du Portugal, 1950.
29
Le traité fut suivi dès le lendemain par des lettres de la reine Christine adressés à Jean IV, ainsi qu’une lettre à son épouse, la reine doña Luisa de Gusmão ; la souveraine suédoise apportait son soutien aux nouveaux monarques portugais et leur avouait le plaisir qu’elle aurait à recevoir l’ambassadeur portugais en espérant, disait-elle, que « les fruits de l’amitié s’épanouiront de nouveau entre nous. » Ces lettres, rédigées par Oxenstierna et le conseil de la régence, furent publiées en portugais à Lisbonne pour montrer que le nouveau régime était bien accueilli. Beinecke Library (Yale University), publications sur la révolution portugaise de 1640, boîte 1, « Copia da Carta que a rayinha de Suecia escreveo à raynha nossa Senhora » (30 juillet 1641).
30
Les alliés du Portugal avaient hâte de pouvoir commercer avec ses colonies. En février 1643, l’ambassadeur de France à Lisbonne, qui attendait l’arrivée des cinq navires suédois promis par le traité, souhaitait en envoyer au moins un navire à Macao, et un autre au Brésil et en Afrique de l’Ouest. Voir « Correspondance diplomatique de François Lanier, résident de France à Lisbonne », Arquivos do Centro Cultural Calouste Gulbenkian, vol. 35, 1996, p. 719-737 dont p. 734. Charles R. Boxer, The English and the Portuguese Brazil trade, 1660-1780 : some problems and personalities, Bundoora, La Trobe University Press, 1981, p. 2-4 : l’auteur note que même quand le Portugal autorisait, par traité, les marchands étrangers à résider dans ses ports, c’était à contrecœur et en essayant de limiter ou d’entraver leurs activités.
31
Edgar Pereira, « An Instrumental Connection. Economic Diplomacy, International Arms Trade and Overseas Aspirations Between Portugal and Sweden, 1640-80 », Legatio, vol. 5, 2021, p. 105-132, notamment, p. 123-127 ; Leonor Freire da Costa, Transporte no Atlântico e a Companhia Geral do Comércio do Brasil (1580-1663), Lisbonne, Esfera dos Livros, 2011. Sur la représentation diplomatique du Portugal en Suède, voir Marques de Lima, « João de Guimarães Golias ». Le meilleur résumé des relations luso-suédoises de la période est Pedro Cardim, « O embaixador seiscentista Segundo António de Silva e Sousa, autor de Instruicçam política de legados (Hamburgo, 1656) », in Zília Osório de Castro (dir.), Diplomatas e diplomacia. Retratos cerimónias e práticas, Lisbonne, Libros Horizonte, 2004, p. 155-199.
32
Gabriela Majewska, « Spain and the Trade of Gdańsk in the Seventeenth and Eighteenth Centuries », in Enrique García Hernán et Ryzard Skowron (dir.), From Ireland to Poland. Northern Europe and Spain in the Early Modern World, Valencia, Albatros ediciones, 2015, p. 171-182. Ana Crespo Solana, « Dutch Trade and Spatial Integration between the Baltic and Spain, 1700-1778 », in Jan Willem Veluwenkamp et Werner Scheltjens (dir.), Early Modern Shipping and Trade. Novel Approaches Using Sound Toll Registers Online, Leyde, Brill, 2022, p. 79-90, comprend une analyse du rôle des transporteurs néerlandais dans ces échanges.
33
AHU, Code 41 (11 avril 1636), fs. 101v.-102.
34
Magnus Mörner, « Swedish Trade and Shipping with the Iberian Peninsula : From the C16 to the early C19 », in Enrique Martínez Ruiz et Magdalena de Pazzis Pi Corales (dir.), Commerce and Navigation between Spain and Sweden throughout History. III Spain and Sweden, Encounters throughout History, Puertollano, Fondation Berndt Wistedt, 2000, p. 103-127. Kaarle Wirta, Early Modern Overseas Trade and Entrepreneurship. Nordic trading Companies in the Seventeenth Century, Londres, Routledge, 2021, sur l’essor d’entreprises de transport privées.
35
Jonathan I. Israel, The Dutch Republic and the Hispanic World, 1606-1661, Oxford, Clarendon Press, 1982, p. 209-211 ; Virginia Rau, Estudos sobre a história do sal português, Lisbonne, Editorial Presença, 1984 et A exploração e o comércio do sal de Setúbal, Lisbonne, Instituto para a Alta Cultura, 1951, qui couvre la période antérieure à 1640. Sur le rôle essentiel des transporteurs néerlandais pour le commerce de la Suède avec le Portugal, lire Leos Müller « The Dutch entrepreneurial networks and Sweden in the Age of Greatness », in Hanno Brand (dir.), Trade, Diplomacy and Cultural Exchange, Hilversum, Veloren, 2005, p. 58-74 ; sur les conséquences de ce lien, Cátia Antunes, Susana Münch Miranda et João Paulo Salvado, « The Resources of Others: Dutch Exploitation of European Expansion and Empires, 1570-1800 », Tijdschrift voor Geschiedenis, vol. 131, no. 3, 2018, p. 501-521.
36
Jason W, Moore, « “Amsterdam is Standing on Norway”, Part I : The Alchemy of Capital, Empire and Nature in the Diaspora of Silver, 1545-1648 », Journal of Agrarian Change, vol. 10, no. 1, 2010, p. 33-68 ; Part II, vol. 10, no. 2, 2010, p. 188-227. Les parties I et II souligne le rôle des intermédiaires néerlandais pour que les ressources scandinaves accèdent au commerce mondial.
37
La Gazeta em que se relatam as novas todas, Lisbonne, Lourenço de Anveres, 1641, affirme qu’outre de la poudre à canon, des mâts, des chevaux, de l’armement et des cadeaux, Sousa Coutinho rapporta trente canons de bronze, dont chacun était accompagné par un aristocrate suédois qui s’installerait à la cour portugaise. Eurico Gomes Dias, Gazetas da Restauração (1641-1648), Lisbonne, Ministério de Negocios Estrangeiros, 2006, p. 8.
38
Skytte repartit avec la délégation portugaise et s’installa à Lisbonne où, en 1647, il se convertit au catholicisme et devint franciscain, ce qui provoqua un scandale et fut un problème pour la cour suédoise. João de Guimarães, ambassadeur du Portugal en Suède, dira plus tard que Skytte et les luthériens qui s’étaient convertis ne pouvaient trouver le salut dans aucune des deux religions puisqu’ils étaient désormais des « mulâtres de la foi, à la peau blanche et aux cheveux crépus ». Karl Mellander et Edgar Prestage, The Diplomatic and Commercial Relations of Sweden and Portugal from 1641-1670, Watford, Voss & Michael, 1926, p. 46. Sa remarque sera attribuée à tort à la reine Christine. Voir Susana Åkerman, Queen Christina of Sweden and her Circle, Leyde, Brill, 1991, p. 25. Skytte s’est vu offrir une mitre de cardinal par le pape Clément IX mais la refusa, devenant finalement confesseur de Christine à Rome en 1668-76. Voir Oskar Garstein, Rome and the Counter-Reformation in Scandinavia. The Age of Gustavus Adolphus and Queen Christina of Sweden, 1622-1656, Leyde, Brill, 1992, p. 626. Les archives diplomatiques de Skytte sont accessibles à la bibliothèque de l’université d’Uppsala ; ms. 388d. Ses motivations et ses écrits religieux sont l’objet de la thèse de Karl Gustel Wärnberg, « The Sacred Pilgrimage. The Concept of Truth in the Life and Work of Lars Skytte », mémoire de maîtrise, université d’Uppsala, 2017. Sur Guimarães, voir Rafael Marques de Lima, « João de Guimarães Golias, o Homem e o diplomata (1599-1653) », thèse de doctorat, universidade de Minho, 2016.
39
Dans les traités que le régime de Bragance signa avec l’Angleterre et la République néerlandaise, le Portugal fit des concessions s’agissant du commerce avec ses colonies atlantiques.
40
La Suède a beaucoup insisté pour que la libération de Dom Duarte fasse l’objet de discussions. Voir Pedro Cardim, « “Portuguese Rebels” at Munster. The Diplomatic Self-Fashioning in mid-17th century European Politics », Historische Zeitschrift, vol. 16, 1998, p. 304 ; Eurico Gomes Dias, Gazetas da Restauração (1641-1648), Lisbonne, Ministério de Negocios Estrangeiros, 2006, p. 328 et 383.
41
Exemple : les instructions secrètes données à Sir Richard Farnsworth, (23 août 1661) pour ses négociations avec le Portugal avant le mariage de Catherine de Bragance au roi Charles II exigeaient qu’il évoque la possibilité d’avoir accès au sucre brésilien. Voir Edgar Prestage, As relações diplomáticas de Portugal com a França, Inglaterra e Holanda de 1640 a 1668, Coimbra, Universidade de Coimbra, 1928, 166. Sur les concessions portugaises limitées s’agissant du commerce avec ses colonies passant par Lisbonne, concessions accordées à l’Angleterre et la Hollande, pendant sa guerre de séparation, voir Rodrigo Ricupero, « O exclusive metropolitano no Brasil e os tratados diplomáticos de Portugal com a Inglaterra (1642-1661) », Revista de História, vol. 176, 2017, p. 1-33.
42
Lawrence Paul Stryker, « The Swedish Monarchy and the Copper Trade : The Copper Company. The Deposit System and the Problems of Free Trade, 1600-1640 », thèse de doctorat, Université de Virginie, 2012, p. 108-175. Voir aussi M. de Jong, « Dutch entrepreneurs and the Swedish Crown trade in copper and iron », in Hanno Brand (dir.), Trade, Diplomacy and Cultural Exchange, Hilversum, Verloren, 2005, p. 36-57.
43
Vitorino Magalhães Godinho, Os descobrimentos e a economia mundial, vol. II, Lisbonne, Editorial Presença, 1983, p. 7-50 ; Toby Green, A Fistful of Shells. West Africa from the Rise of the Slave Trade to the Age of Revolution, Chicago, University of Chicago Press, 2019, p. 58, 129 et 265-266. Green explique que beaucoup de ces manilhas étaient transformées en bronze et servaient à fabriquer des objets décoratifs et des armes. Voir aussi Eugenia W. Herbert, Red Gold of Africa : Copper in Precolonial History and Culture, Madison, University of Wisconsin Press, 1984 ; Alberto da Costa e Silva, Da manilha e o libambo. A África e a escravidão, Rio de Janeiro, Nova Fronteira, 2011. La demande de manilhas était énorme. En deux ans et demi (1504-07) le fabriquant de São Jorge da Mina reçut presque 288 000 manilhas, plus des pots en cuivre et en bronze destinées à être échangés. Voir Eugenia W. Herbert, « The West-African Copper Trade in the 15th and 16th Centuries », in Hermann Kellenbenz (dir.), Precious Metals in the Age of Expansion, Stuttgart, Klett-Cotta, 1981, p. 119-130.
44
Jürgen Pohle, « “Sem cobre e prata nada de especerias” : notas sobre a importação de metais alemães em Portugal no início do século XVI », in Paulo Catarino Lopes (dir.), Portugal e Europa nos séculos XV e XVI. Olhares, relações, identidades, Lisbonne, CHAM, 2019, p. 109-126. Sur le commerce flamand avec le Portugal et le Brésil au XVIe, voir Eddy Stols, « Os mercadores flamengos em Portugal e no Brasil antes das conquistas holandesas », Anais de História, vol. 5, 1973, p. 9-53. Erasmo Schetz, un Allemand qui fit fortune en rapportant du cuivre et des objets en laiton à Anvers où il finit par s’installer, acheta une des plus importantes sucreries du Brésil. Les Allemands étaient aussi intéressés par le commerce du cuivre de l’Amérique espagnole à cette époque. Les Welser, de Nuremberg, envoyèrent à Cuba un agent qui signa un contrat, en 1546, pour l’exploitation de gisements de cuivre près de Santiago de Cuba. 1599. Voir Luis D. Soto González, Apuntes sobre la historia de la mineria cubana, Santiago de Cuba, Editorial Oriente, 1981, p. 20-23.
45
Ekkehard Westermann, « Tendencies of the European Copper Market in the 15th and 16th Centuries », in Hermann Kellenbenz (dir.), Precious Metals in the Age of Expansion, Stuttgart, Klett-Cotta, 1981, p. 71-77.
46
Ekkehard Westermann, « Tendencies of the European Copper Market in the 15th and 16th Centuries », in Hermann Kellenbenz (dir.), Precious Metals in the Age of Expansion, Stuttgart, Klett-Cotta, 1981, p. 116-117. Voir aussi Kristof Glamann, Dutch Asiatic Trade 1620-1740, Copenhague, Danish Scientific Press, 1958, p. 167-182 ; E. Westermann, Silberrausch und kanonenendonner. Deutsches silber und kupfer na der wiege der europäaischen weltherschaft, Lübeck, Schmidt-Römhild, 2001, p. 32-36 ; et Hermann Kellenbenz, « Europäisches kupfer, ende 15 bis mitte 17 jahrhundert ergebnisse eines kolloquiums », in Hermann Kellenbenz (dir.), Schwerpunkte der kupferproduktion und des kuperhandels in Europa, 1500-1650, Cologne, Böhlau, 1977, p. 290-351.
47
Leos Müller, « The Dutch entrepreneurial networks and Sweden in the Age of Greatness », in Hanno Brand (dir.), Trade, Diplomacy and Cultural Exchange. Continuity and Change in the North Sea and the Baltic, c. 1350-1750, Hilversum, Veloren, 2005, p. 58-74. Voir aussi Cátia Antunes, Lisboa e Amsterdão, 1640-1705. Um caso de globalização na história moderna, Lisbonne, Livros Horizonte, 2009. Sur l’importance du cuivre pour l’économie suédoise, voir Erik MacDonald Thomson, « Chancellor Oxenstierna, Cardinal Richelieu, and Commerce : The problems and possibilities of governance in early-seventeenth century France and Sweden », thèse de doctorat, Université Johns-Hopkins, 2004.
48
Jonathan I. Israel, Dutch Primacy in World Trade, 1585-1740, Oxford, Clarendon Press, 1989, p. 90-95.
49
Jan Thomas Lindblad, « Louis de Geer (1587-1652); Dutch entrepreneur and the father of Swedish industry », in Clé Lesger and Leo Noordegraaf (dir.), Entrepreneurs and entrepreneurship in early modern times. Merchants and industrialists within the orbit of the Dutch staple market, La Haye, Hollanse Historiche Reeks, 1995, p. 77-84. Voir aussi Lawrence Paul Stryker, « The Swedish Monarchy and the Copper Trade : The Copper Company. The Deposit System and the Problems of Free Trade, 1600-1640 », thèse de doctorat, Université de Virginie, 2012, p. 176-294.
50
Leos Müller, « The Dutch entrepreneurial networks and Sweden in the Age of Greatness », in Hanno Brand (dir.), Trade, Diplomacy and Cultural Exchange. Continuity and Change in the North Sea and the Baltic, c. 1350-1750, Hilversum, Veloren, 2005, p. 62-65 ; Michiel August Gerardus de Jong, « Dutch entrepreneurs in the Swedish Crown trade in copper and iron, 1580-1640 », in Hanno Brand (dir.), Trade and diplomacy and cultural exchange, Hilversum, Verloren, 2005, p. 15-35. Sur la politique et les effets des embargos, voir Jonathan I. Israel, The Dutch Republic and the Hispanic World, 1606-1661, Oxford, Clarendon Press, 1982, p. 93-94, 285-288 et 336-345 ; Ángel Allorza, « La junta del Almirantazgo y la lucha contra el contrabando, 1625-1643 », Espacio, tiempo y forma, série IV, no. 16, 2003, p. 217-254.
51
Philippe III fit frapper du vellón en cuivre intégral en 1599, 1602 et 1603. 27 millions de ducats en pièces de cuivre ont été frappés au cours de son règne, d’après Earl J. Hamilton, American Treasure and the Price Revolution in Spain, 1501-1650, Cambridge, Harvard University Press, 1934, p. 88-93 et 102-103. Voir John Lynch, Spain under the Habsburgs, vol. II, New York, Oxford University Press, 1969, p. 34-5. Sur l’importance de la monnaie de cuivre dans l’empire portugais, voir Roger Lee de Jesus, « A desvalorização do bazaruco de Goa entre 1542 -1545 », in Bruno Lopes et Roger Lee de Jesus (dir.), Finanças, economia e instituições em Portugal moderno, Coimbra, Universidade de Coimbra, 2019.
52
Eduardo Freire de Oliveira, Elementos para a história do municipio de Lisboa, vol. III, Lisbonne, Typographia universal, 1882-1911, Chartes royales du 21 juin 1622 et du 21 juillet 1622, p. 37.
53
Fernando Serrano Mangas, Vellón y metales preciosos en la corte del rey de España (1618-1668), Madrid, Banco de España, 1996, p. 33. À l’époque de l’union, le Portugal avait sa propre monnaie, mais son système monétaire était lié de très près à celui de l’Espagne. Il y avait une abondance d’argent au Portugal due au fait que les marchands étrangers qui vendaient des produits dans le Sud de l’Espagne en profitaient ensuite pour acheter du sel et des produits coloniaux portugais. Les conditions se sont dégradées dans les années 1630. Voir Vitorino Magalhães Godinho, « Portugal and her empire (1648-1720) », New Cambridge Modern History, vol. 5, Cambridge, Cambridge University Press, 1961, p. 388-390.
54
Sur la valeur symbolique de la monnaie et les conséquences culturelles de sa manipulation par les gouvernants, en particulier quand les pièces sont frappées dans des métaux moins « nobles » comme le cuivre, voir Elvira Vilches, « Coins, Value, and Trust. The problematics of vellón in seventeenth-century Spanish culture », in Jason McCloskey et Ignacio López Alemany (dir.), Signs of Power in Habsburg Spain and the New World, Lewisburg, Bucknell University Press, 2013, p. 95-112. Pour une critique classique de l’utilisation de monnaie de cuivre, voir Juan de Mariana, Tratado y discurso sobre la moneda de vellón (1609), Madrid, Instituto de Estudios Fiscales, 1987, un traité qui a valu à son auteur, un Jésuite, d’être arrêté et de se voir inscrit sur la liste des livres interdis par l’Inquisition. Elena María García Guerra (Moneda y arbitrios. Consideraciones del siglo XVII, Madrid, CSIC, 2003) montre que le débat sur le vellón et l’inflation qu’il provoqua se poursuivit pendant tout le XVIIe siècle en Espagne. Sur ces petites monnaies, on peut lire Thomas J. Sargent et François R. Velde, The Big Problem of Small Change, Princeton, Princeton University Press, 2003.
55
Sur le commerce d’or portugais en Afrique de l’Est au XVIIe siècle, voir Manuel Nunes Dias, « Os campos do ouro do Monomotapa no século XVI », Revista de História, vol. 17, no. 35, 1958, p. 107-122. Les différents métaux utilisés pour la monnaie et les taux de change ont donné lieu à des comptabilités complexes, d’où les manuels tel que celui d’Affonso de Villafanhe Guiral e Pacheco, Flor de arismetica necessaria, uso de cambios, e quilatador de ouro e prata, Lisbonne, Geraldo da Vinha, 1624.
56
La question est analysée précisément par Pedro Puntoni dans « A moeda na Restauração: prática e política monetária em Portugal (1640-1656) », Análise Social, vol. 54, no. 230, 2019, p. 34-57; et « Moeda e império. O Sistema monetário português (séculos XVI-XVIII) », Revista de Historia, 2021. Voir aussi, sur la frappe de monnaie au Brésil, Fernando Carlos G. de Cerqueira Lima, « Una análise crítica da literatura sobre a oferta e circulação de moeda metálica no Brasil nos séculos XVI e XVII », Estudos Económicos, vol. 35, no. 1, 2005, p. 169-201.
57
Rafael Valladares, « Inglaterra, Portugal y la monarquia hispanica. Felipe IV y la alianza Anglo-Portuguesa (1640-1670) », thèse de doctorat, Université Complutense de Madrid, 1992, p. 612 ; Rafael Valladares, La Rebelión de Portugal, 1640-1680, Madrid, Junta de Castilla y León, 1998, p. 249-250.
58
Toda a mudança e novidade na moeda é arriscada e prejudicial ao bem comum…, câmara de Lisbonne au roi Jean IV (6 novembre 1653), EHML, V, p. 447-453. L’auteur de ce traité savant est inconnu ; le texte fait part des critiques classiques de la manipulation de la monnaie en recommandant à veiller à l’équivalence entre la valeur intrinsèque de la monnaie et sa valeur extrinsèque (nominale).
59
Stuart Schwartz, « The Economy of the Portuguese empire », in Francisco Bethencourt et Diogo Ramada Curto (dir.), Portuguese Oceanic Expansion, 1400-1800, Cambridge, Cambridge University Press, 2007, p. 19-48.
60
Requête du comte de Salinas à Philippe IV (août 1624), in Trevor J. Dadson (dir.), Diego de Silva y Mendoza, conde de Salinas y marqués de Alenquer. Cartas y memorials (1584-1630), Madrid, Centro de Estudios Europa hispánica, 2015, p. 409-417. Salinas ne prend pas en compte dans ses calculs (p. 410) la taxe de transport (consulado) ni les revenus issus des contrats pour le bois de teinture et les esclaves envoyés au Brésil.
61
Au milieu du XVIe siècle, les jeunes colonies hispano-américaines des Caraïbes, du Mexique et du Pérou qui commençaient à produire du sucre, avaient également besoin de cuivre ; des gisements de ce métal ont été découverts et exploités à Cuba et au Michoacán, ce qui a diminué le besoin d’importations de l’Espagne. Qui plus est, les peuples indigènes du Mexique et du Pérou avaient mis au point des technologies de fonte du cuivre avant d’être en contact avec les Européens. Voir Johan García Zaldúa, « When Worlds Collide : European-Indigenous copper metallurgy during the contact and early colonial period of Michoacán, Mexico, 1521-1607 », thèse de doctorat, University of Kent, Université de Porto, 2007.
62
Je me fonde sur André João Antonil, Cultura e opulência do Brasil por suas drogas e minas (Lisbonne, 1711), Paris, Éditions de l’IHEAL, 1965, chap. IX, p. 206-215. Ces pages proposent une description détaillée des chaudrons et des instruments utilisés dans les chaufferies (casas de caldeiras), ainsi qu’une estimation du poids de chaque chaudron. Le traité a beau avoir été publié en 1711, les parties consacrées au sucre donne l’impression d’avoir été écrites à la fin des années 1680. Les raffineries plus importantes comptaient sans doute pour 20% du total, soit environ 106 engenhos. J’ai calculé qu’environ 700 (697) tonnes de cuivre étaient utilisés pour les chaudrons et qu’il fallait 210 tonnes par an pour les remplacer et les réparer, en particulier les fonds (fundos). Naturellement, pendant l’occupation hollandaise du Pernambouc (1630-54), les quelque 150 engenhos de la région occupée n’ont pas été pris en compte dans ce calcul. Pour une traduction en anglais du classique d’Antonil, voir Timothy Coates (dir.), Brazil at the Dawn of the Eighteenth Century, Dartmouth, Tagus Press, 2012.
63
Strum, Daniel, « The Portuguese Jews and New Christians in the Sugar Trade : Managing Business Overseas – Kinship and Ethnicity Revisited, Amsterdam, Porto and Brazil, 1595-1618 », thèse de doctorat, université hébraïque de Jérusalem, 2009, p. 167. Dans les registres notariaux d’Amsterdam consignant les transactions des Juifs portugais, le cuivre apparaît rarement, mais il existe des exemples, dont la cargaison envoyée en 1612 par Bento Osorio sur le « Orangieboom » en direction de Viana do Castelo. La cargaison comprenait 20 feuilles de cuivre, 3 barils de plats et d’autres marchandises, et 30 lingots de plomb, et le navire devait retourner à Amsterdam avec 150 caisses de sucre brésilien. Voir E. M. Koen et Ruth Lehman, « Notarial Records Relating to the Portuguese Jews of Amsterdam up to 1639 », Studia Rosenthaliana, vol. 6, no. 1, 1972, p. 107-125 (n° 570, p. 114).
64
ANTT, Cartório dos Jesuitas, maço 14.
65
Nous pouvons nous faire une idée de l’équipement d’une grande sucrerie grâce à une description, datée des années 1630, de l’engenho Santo Antonio in Cabo, dans le Pernambuc, qui produisait tous les ans de 6 000 à 8 000 arrobas (87-116 tonnes). Voir Evaldo Cabral de Mello, O bagaço da cana. Os engenhos de açúcar do Brasil holandés, São Paulo, Penguin, Companhia das letras, 2012, p. 111.
66
Père Sebastião Vaz to Colegio de Santo Antão (5 mars 1634), ANTT, Cartório dos Jesuitas, maço 68, n° 7.
67
Arquivo do Santa Casa da Misericôrdia da Bahia, testamento do Antônio de Sá Doria, Livro 1 do Tombo, fs. 147-185.
68
Arquivo Público do Estado da Bahia, Livro de Notas, n° 10, fls. 167-168. Le « cobre » lui a été vendu par João de Matos de Aguiar, le marchand le plus riche de Bahia à l’époque. Je remercie Marcelo Lunardi Carmo qui m’a donné l’information extraite de sa thèse intitulée « Nesta terra qualquer pessoa de qualquer qualidade daquilo que compram e vendem passam escritos : Um estudo sobre a estrutura e dinâmica do mercado creditício baiano (1640-1710) », Université de São Paulo, 2023, chap. 4, p. 3.
69
Les livres de safra de l’engenho Sergipe do Conde comprennent de nombreuses références à l’achat et la réparation de chaudrons. Dans les années 1620, cette engenho dépendait d’un fabriquant de chaudron qui vivait sur l’Ilha dos Frades dans la Baie de tous les Saints. Voir Safra 1622/23. Documentos para a História do açúcar, vol. II, Rio de Janeiro, Instituto do Açúcar e do Álcool, 1956, p. 20, 160 et 176. Dans une estimation des dépenses annuelles d’une sucrerie moyenne de Bahia en 1751, le conseil municipal de Salvador calcula que les chaudrons, les louches, les écumoires et autres outils de cuivre nécessitaient 90 arrobas (32 livres), ou 1,3 tonne. Les réparations des seuls chaudrons demandaient 5 arrobas de cuivre par an, soit 160 livres par an. AHU, Bahia, papéis avulsos, caixa 63 (1751). Le mot caldereiro qualifiait les esclaves ou les travailleurs indépendants qui s’occupaient des cuves pendant la cuisson du sucre, mais le terme qualifiait aussi les dinandiers ou les chaudronniers, les artisans qui fabriquaient ou réparaient les chaudrons et les ustensiles en cuivre.
70
Consulta Conselho Ultramarino (25 sept.1673), AHU, Bahia, codex 252, fs, 31v.-32v. Le duc de Cadaval estimait que le coût du cuivre au Brésil était passé de 240 réaux par livre à 360 ou 400, soit une augmentation de 50-66%. Il jugeait que cette augmentation était aggravée par l’afflux de monnaie et le manque de capital de la colonie, proposant que l’on frappe 2 millions de réaux pour la colonie. Voir le rapport de Antonio Luis Coutinho, « Papéis do Duke of Cadaval », British Library, ms. supplémentaire 15170, f. 201v.-208 (4 juillet 1692). Le prix a continué à augmenter. Pour la safra de 1712-13, l’engenho Sergipe a acheté 603 livres à 700 réaux par livre.
71
On peut évidemment comparer avec la renaissance des mines de cuivre galloises et cornouaillaises au XVIIIe siècle, et l’essor industriel de la Grande-Bretagne dû à l’extension de la production de sucre dans les Antilles britanniques. Voir Nuala Zahedieh, Eric Williams et William Forbes, « Copper, colonial markets, and commercial capitalism », Economic History Review, vol. 74, no. 3, 2021, p. 784-808. L’historien suédois Eli Heckscher critiquait le monopole royal suédois sur les achats de cuivre et les tentatives visant à contrôler son prix en empêchant sa vente : cela avait limité le développement industriel de la Suède, expliquait-il. Voir Lawrence Paul Stryker, « The Swedish Monarchy and the Copper Trade : The Copper Company. The Deposit System and the Problems of Free Trade, 1600-1640 », thèse de doctorat, Université de Virginie, 2012, p. 10-28, qui revient sur la critique du libre-échange de Herkscher. Voir Eli Herkscher, An Economic History of Sweden, Cambridge, Harvard University Press, 1968.
72
José Manuel Santos Pérez, « La conquista y colonización de Maranhão-Grão Pará : el gran Proyecto de la monarquía hispánica para la Amazonia brasileña (1580-1640) », Revista de Estudios brasileños, vol. 6, no. 11, 2019, p. 33-47. Il y avait aussi des rumeurs de mines de cuivre dans le sud du Brésil. Voir AHU, Conselho Ultramarino, boîte 1, doc. 13 (Câmara de Rio de Janeiro à Philippe III, 23 mars 1619).
73
Joseph C. Miller, Way of Death. Merchant Capitalism and the Angolan Slave Trade 1730-1830, Madison, Wisconsin University Press, 1988, p. 56-60, met l’accent sur l’uniformité et la durabilité des manilhas et des barres de cuivre en forme de croix parce que ce sont les objets que les marchands d’Afrique centrale préféraient quand ils négociaient.
74
Toby Green, A Fistful of Shells. West Africa from the Rise of the Slave Trade to the Age of Revolution, Chicago, University of Chicago Press, 2019, p. 215, cite António Brásio, Monumenta misionaria Africana. Áfrical ocidental, vol. II, Lisbonne, Agência Geral do Ultramar, 1958-2004, p. 59. Eugenia W. Herbert, Red Gold of Africa : Copper in Precolonial History and Culture, Madison, University of Wisconsin Press, 1984, p. 34, relève les premières références portugaises à des mines de cuivre au Kongo et en Angola, mais insiste pour dire que les gisements du Katanga étaient encore ignorés.
75
Un exemple : Domingos de Abreu e Brito, Um inquérito a vida administrative e económica do Angola e do Brasil, Coimbra, Imprensa da Universidade, 1931, p. 6-7. L’auteur suggère lui aussi que le sel et les mines feraient de l’Angola une colonie plus valable que le Pérou, qu’on pourrait y planter du sucre comme au Brésil, et que cela permettrait toujours de se fournir en esclaves. Les rumeurs de mines d’argent et de cuivre étaient courantes. Voir Frédéric Mauro, « Les métaux d’Angola », in Le Portugal, le Brésil et l’Atlantique au XVIIe siècle (1570-1670), Paris, fondation Calouste Gulbenkian, 1983, p. 468-471.
76
Regimento dos governadores de Angola, par. 23 (Lisbonne, 26 avril 1611). Un agent dûment formé devait être envoyé négocier tout le cuivre disponible avec le roi du Benguela et celui d’Angola. Le document est publié sous la forme de l’appendice 26 dans Alfredo de Albuquerque Felner, Angola. Apontamentos sôbre a ocupação e ínicio do estabelecimento dos portugueses no Congo, Angola e Benguela, Coimbra, Imprenta da Universidade, 1933, p. 442-448.
77
Gouverneur Cerveira Pereira à Philippe III, AHU, CU, Angola, boîte 1 doc. 95 (1618), doc.110 (1619) ; l’évêque Manuel Batista à Philippe III (1619), doc. 112. L’idée d’envoyer du cuivre qui servirait de lest revient dans les instructions (regimentos) envoyées aux gouverneurs d’Angola.
78
Joseph Cuvelier et Louis Jadin, L’Ancien Congo d’après les archives romaines (1518-1640), Bruxelles, Académie royale des sciences coloniales, p. 18, 86 et 168, notamment la correspondance du collecteur papal en poste au Portugal, Antonio Albergati, en 1624. Alfredo de Albuquerque Felner, Angola. Apontamentos sôbre a ocupação e início do estabelecimento dos portugueses no Congo, Angola, e Benguela, Coimbra, Imprenta da Universidade, 1933, p. 328-329 insiste sur l’espoir de trouver des mines de cuivre et d’argent au Benguela, ainsi que sur les résultats décevants qui font que la conquête de cette région représentait, d’après un observateur écrivant en 1629, « plus de danger et de dépense que de profit (mayor perigo e despesa que proveito) » (p. 355). Voir aussi, Mariana Candido, An African Slaving Port and the Atlantic World. Benguela and its Hinterland, Cambridge, Cambridge University Press, 2013, p. 40 et 47.
79
Nicolas Nikis et Alexandre Livingstone Smith, « Copper, Trade, and Polities : Exchange Networks in Southern Central Africa in the 2nd Millennium CE », Journal of Southern African Studies, vol. 43, no. 5, 2017, p. 895-911.
80
Manuel Pereira au comte-duc d’Olivares (São Felipe de Angola, 1 octobre 1622), ACA, Correspondance du comte-duc, boîte 118, f. 33. Pereira rapporte que la couronne avait demandé au gouverneur Luis Mendes de Vasconcelos de l’assister mais qu’il avait refusé, c’est une des raisons pour lesquelles le gouverneur avait été arrêté et renvoyé au Portugal. Voir António Oliveira de Cadornega, História geral das guerras angolanas, vol. I, Lisbonne, Agência-Geral do Ultramar, 1972, p. 83-85.
81
John Thornton, « The Kingdom of the Kongo and the Thirty Years War », Journal of World History, vol. 27, no. 2, 2016, p. 189-213. Les Néerlandais attaquèrent l’Angola avant que la nouvelle trêve avec le Portugal soit effective. Ils avaient fait alliance avec le royaume du Kongo pour ce faire. Voir aussi Charles R. Boxer, Salvador Correa de Sá and the Struggle for Brazil and Angola, 1602-1686, Londres, Athlone Press, 1952, p. 240-292.
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Regimento do governador de Angola (4 octobre 1666). Section 20. AHU, codex 169 fls. 18-25. Le roi rappelait une fois de plus que le cuivre pourrait servir à lester les navires partant pour le Brésil, ce qui permettait d’éviter les frais de transport et des coûts considérables pour le trésor royal. (Poderei tirar cada anno grande rendimento para minhas alfandegas, além de ser necessário para a artilharia, e mais serviços do Reyno e do Estado do Brazil, para donde poderá ir por lastro dos navios sem custar frete nenhum, cessando o muito dispêndio que se compra por conta de minha fazenda e ao menos melhorando no preço entre meus vassalos…). Voir António Brásio, Monumenta misionaria africana. África occidental (1666-1885), v. 13, Lisbonne, Academia Portuguesa da História, 1982, p. 17-25.
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Les relations complexes entre cuivre et monnaie en raphia en Afrique de l’Ouest sont étudiées dans John Thornton, A History of West Central Africa, Cambridge, Cambridge University Press, 2020, p. 195-197. Voir aussi Phyllis Martin, The External Trade of the Loango Coast, 1576-1870, Oxford, Clarendon Press, 1972, p. 51 et 65-66.
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Sur le fait que Negreiros exploite l’existence de mines de cuivre pour justifier l’invasion du royaume du Kongo, voir Wesley Dartagnan Salles, « Tempos de crises. O império português, a crise açucareira, o trafico de escravos e a lei de arqueações (1640-1695) », Mémoire de master, Universidade Estado de São Paulo, Assis, 2014, p. 170-173. Sur les abus de Negreiros, voir Luiz Felipe de Alencastro, The Trade of the Living, Albany, State University of New York Press, 2018, p. 284-291.
85
Charles R. Boxer, Portuguese Society in the Tropics. The Municipal Councils of Goa, Macao, Bahia, and Luanda, 1510-1800, Madison, University of Wisconsin Press, 1965, p. 125-127. Pour un récit plus détaillé, lire Leandro Nascimento de Souza, « Entre libongos e moedas de cobre : a batalha de Ambuíla e as minas preciosas no Congo, 1665 », ANPUH-Brasil, 30e Simpósio Nacional de História, Recife, 2019.
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Hermann Kellenbenz, « Final Remarks : Production and Trade of Gold, Silver, Copper, and Lead from 1450-1750 », in Precious Metals in the Age of Expansion, Stuttgart, Klett-Cotta, 1981, p. 307-362.
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ANTT, Desembargo do Paço, livros de correspondência, 18, f. 14 (10/2/ 1638). J’ai résumé ce propos dans « Prata, açúcar e escravos: de como o império restaurou Portugal », Tempo, vol. 12, no. 24, 2008, p. 213-236. L’époque a vu se confirmer plusieurs projets espagnols de mines de cuivre en Amérique hispanique. Voir Allison Margaret Bigelow, « Imperial Projecting in Virginia and Venezuela, Copper, Colonialism, and the Printing of Possibility », Early American Studies, vol. 16, no. 1, 2018, p. 91-123.
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AHU, São Tomé e Príncipe, boîte 2, Gaspar Pacheco au roi Philipe III (11 mars 1638). Étrangement, en 1635, trois navires, le São José naviguant de Madère à Maranhão, le Santo António naviguant de Madère à Pernambuco, et le Nossa Senhora da Penha da França de Lisbonne au Brésil, ont tous effectué des débarquements forcés (non enregistrés) à San Juan, Porto Rico. Leurs cargaisons de textiles, de vin, de tuiles et d’autres marchandises comprenaient également beaucoup de cuivre, notamment des bouilloires et des outils nécessaires à la fabrication du sucre. On ne sait pas si ces outils en cuivre provenaient du Portugal ou de Madère, ou s’ils avaient été acquis au Brésil où les navires avaient fait escale avant de se rendre à Porto Rico. Voir Jennifer Wolff, Isla Atlántica Puerto Rico. Circuitos antillanos de contraband y la formación del mundo Atlántico, Madrid, Doce Calles, 2022, p. 100.