Que sont devenus les monuments aux morts soviétiques depuis 1989-1991 ?  

De Hanovre au Kamtchatka et de Mudanjiang, en Mandchourie, à Batina, en Croatie, plusieurs dizaines de milliers de monuments rendent hommage aux soldats de l’Armée rouge qui ont perdu ou risqué leur vie pendant la Seconde Guerre mondiale. Ces monuments peuvent être de simples pierres tombales, des statues de héros, des chars ou d’impressionnants complexes mémoriaux. Une première vague iconoclaste a déferlé sur ce paysage commémoratif après les bouleversements de 1989-1891, puis une seconde, qui a commencé en 2015. À chaque fois, certains ouvrages ont été déplacés, tandis que d’autres ont été détruits. On note également des modifications d’anciens monuments et l’édification de nouveaux. Certains ont souffert de négligence et de dégradation, mais beaucoup ont été inventoriés et quelques-uns ont été restaurés. Tantôt ils sont ignorés, tantôt ils sont l’occasion de nouvelles célébrations mémorielles, tandis que certains font l’objet d’interventions politiques ou artistiques. Le sort de ces monuments dépend moins de ce qu’ils représentent ou de leur style, que du fait qu’il s’agit ou non d’un lieu de sépulture, ce qui n’empêche cependant pas toujours qu’on les déplace.

En Europe centrale, les monuments aux morts soviétiques ont tendance à être marginalisés, plus souvent par mépris ou à cause de la perte de leur statut symbolique que parce qu’ils ont été déplacés physiquement. En revanche, dans les principales républiques de l’ex-Union soviétique, les nouveaux monuments ont essaimé et les anciens ont été réinterprétés, ce qui ne les a pas empêchés d’été déplacés, abîmés ou vandalisés.

En réalité, cette dichotomie territoriale est un peu grossière. En y regardant de plus près, les exceptions et les parallèles inattendus sont légion. Le contexte local est souvent plus important que la politique de commémoration nationale. Par ailleurs, les mémoriaux soviétiques ne se limitent pas à ces deux régions. C’est pourquoi le texte qui suit tient moins compte de leur emplacement géographique que du traitement qui leur est réservé dans l’ancienne sphère de contrôle et d’influence de l’URSS.1

Le contexte historique

Les observateurs étrangers ont tendance à penser que ces monuments étaient un instrument de propagande communiste. L’idée n’est pas totalement fausse, mais ces mémoriaux n’avaient pas le même statut que les statues de dirigeants et de travailleurs que l’on voyait partout. Ce n’était pas une question de style. Que ce soit à Karl-Marx-Stadt (aujourd’hui Chemnitz), Frounzé ou Sofia, les obélisques, les reliefs en bronze, et les silhouettes de héros de guerre et de mères éplorées venaient souvent des mêmes planches à dessin, des mêmes fonderies et des mêmes catalogues que les statues de Lénine et les œuvres célébrant la Révolution. Formes classiques, motifs figuratifs et symbolisme sans ambiguïté étaient la norme ; l’abstraction et l’ambivalence étaient rares. Les monuments qui commémoraient la Seconde Guerre mondiale (plus précisément la Grande Guerre patriotique de 1941-1945) visaient beaucoup plus directement l’expérience vécue par les gens ou par la génération de leurs parents. Pour certains, les chars, les statues de soldats ou les pierres tombales signifiaient la victoire et la libération ; pour d’autres, la perte et le deuil ; pour d’autres encore, l’occupation, la tyrannie et la domination étrangère. Mais ils dénotaient aussi des liens et des événements locaux plus complexes, qui cadraient mal avec les grands récits d’histoire collective. Le contexte dans lequel ces ouvrages étaient édifiés était donc très varié. Toutes les statues de Lénine ou de Staline n’ont pas été construites sur ordre de Moscou ; certaines étaient commanditées par les comités locaux du Parti, voire par les ouvriers d’une usine. Les commanditaires et les promoteurs étaient encore plus variés pour les monuments édifiés à la mémoire de héros ou de victimes de guerre. Cela pouvait être des compagnons d’armes ayant survécu ou des parents de prisonniers de guerre libérés, des unités de l’armée ou des directeurs d’usine, des secrétaires du Parti à l’échelle du district ou les membres d’un politburo, celui de Moscou ou propre à telle république. En outre, les monuments glorifiant les soldats de l’Armée rouge ne se limitaient pas à l’Union soviétique ni aux pays où l’armée soviétique était présente (de la Chine à la Bulgarie en passant par la Corée du Nord). Certains ont été construits dans des pays où des unités militaires soviétiques ou des citoyens soviétiques se sont battus, notamment en Norvège, en France, en Italie et, surtout jusqu’en 1947, en Yougoslavie2.

Ces circonstances sont déterminantes pour comprendre le sort réservé à ces mémoriaux après la disparition de l’URSS. Commençons par rappeler ce qui explique qu’ils aient été beaucoup moins souvent détruits ou éliminés que d’autres types de monuments : la plupart se trouvaient sur des tombes de guerre parce qu’ils avaient été construits pour mettre en valeur un lieu de sépulture existant ou accompagner une seconde inhumation. Celle-ci était en général une question de logistique, d’hygiène ou de respect, mais pouvait aussi obéir à des considérations idéologiques et géopolitiques. Un mausolée situé sur la grand-place d’une ville est une image de sacrifice militaire plus impressionnante et plus facile à exploiter pour des cérémonies d’hommage politiques qu’un cimetière éloigné ou une « simple » sculpture. Dans l’immédiat après-guerre, même les lieux de sépulture de soldats dont les noms étaient connus étaient souvent anonymisés ; au mieux signalait-on le nom de quelques héros exemplaires. Ces vastes mémoriaux effaçaient les vies individuelles pour les intégrer à l’exploit collectif du peuple soviétique et on a utilisé les restes humains comme un matériau de construction pour transformer le monument en un lieu sacré3.

Avec le temps, la frontière entre les monuments et les complexes mémoriaux qui étaient des lieux de sépulture et ceux qui ne l’étaient pas (surtout ceux qui furent construits à partir des années 1960) s’est estompée dans l’esprit du public. Il n’empêche, elle s’est révélée déterminante après 1989-1991, ne serait-ce que pour des raisons juridiques. Je commencerai donc par me pencher sur la question du droit.

Contexte juridique, institutions, inventaires

Les normes juridiques les plus simples sont celles qui ont trait aux tombes de guerre. Le protocole additionnel de la Convention de Genève daté de 1977 exige d’« assurer en permanence la protection et l’entretien de ces sépultures »4. Autrement dit, les tombes de guerre ont un statut privilégié dans les pays où les lieux de sépulture civils sont supprimés quand le bail arrive à expiration. C’est le cas en Allemagne, où le droit funéraire stipule que les tombes de guerre doivent être entretenues à perpétuité, mais exempte explicitement le budget fédéral des « dépenses liées à l’érection et à l’entretien de monuments, de salles commémoratives, de bosquets du souvenir, de sanctuaires de noms, de terrains commémoratifs et de tombes symboliques »5. Le même droit transfère aux États toute la responsabilité en matière de réinhumation et de modification : après tout, les conventions de Genève exigent que les tombes soient entretenues, mais pas qu’elles demeurent inchangées.

En outre, en 1989, l’Union soviétique et, depuis 1992, la Russie en tant que successeur légal, ont signé des accords bilatéraux qui réglementent ou du moins évoquent la gestion des lieux de sépultures et, dans certains cas, des monuments aux morts en général.

Un exemple : dans le traité de coopération germano-soviétique de novembre 1991, le gouvernement fédéral allemand affirme que « les monuments érigés sur le sol allemand à la mémoire des victimes de guerre et du régime totalitaire soviétiques seront respectés et placés sous la protection de la loi allemande »6. La Russie a également signé des accords bilatéraux sur la protection mutuelle des tombes de guerre avec la Finlande et l’Allemagne en 1992, la Pologne en 1994, la Hongrie en 1995, l’Italie en 1996, la République tchèque en 1999, la Mongolie en 2000, la Chine en 2006, la Lettonie en 2007 et la Turquie en 20127. Il existe des accords comparables qui distinguent les monuments de guerre des tombes (l’accord signé avec Slovaquie en 1995, avec la Roumanie en 2005, avec la Slovénie et la Serbie en 2013). S’il n’y a pas de traité, les autorités compétentes peuvent s’entendre avec la Russie suivant leur législation nationale. C’est le cas de la Lituanie, dont le patrimoine culturel, jugé « important pour les autres États », bénéficie d’une protection juridique adaptée8.

Notons que les pays signataires ne comprennent aucune des ex-républiques soviétiques, la Lettonie étant l’exception. Ses voisins baltes, l’Estonie et la Lituanie, n’ont pas cherché à conclure ce type d’accord avec la Russie. Quant aux autres États successeurs, ils sont partis du principe que les tombes des soldats de leur ancienne armée commune et les monuments qui leur sont consacrés n’avaient pas besoin de parrainage extérieur9. Certains traités de partenariat ne font donc que vaguement référence à la protection mutuelle des « monuments historiques » (traité signé avec le Kazakhstan en 1994 et avec le Kirghizstan en 1994). Il a fallu un certain temps pour comprendre que l’attitude à l’égard des monuments de guerre soviétiques est très différente en Ukraine, en Géorgie et en Ouzbékistan, et qu’elle peut changer très brusquement.

Dans la plupart des cas, le cadre juridique national et international reste assez flou. C’est ainsi que l’accord russo-serbe stipule que la construction de nouveaux mémoriaux doit être financée par l’État à l’origine du projet, tandis que l’entretien est à la charge de l’État hôte. Mais il n’exclut pas la ré-inhumation ni le déplacement à condition que la région prenne en charge les coûts et n’intervienne pas sur le fond ni la forme de l’ouvrage. Cela peut être interprété très différemment. En Pologne, par exemple, les municipalités avaient l’habitude de demander à l’ambassade de Russie son accord pour le moindre déplacement. Or, en 2015 – au moment de la crise liée à l’annexion de la Crimée –, le Conseil de la protection des Mémoriaux de la Lutte et du Martyre, qui s’appuyait sur l’accord bilatéral signé avec la Russie pour justifier son rôle d’intermédiaire, annonça qu’il ne considérait plus cette coordination comme légalement requise pour les monuments qui n’étaient pas des tombes10. En Lituanie, la même année, un conflit juridique a eu lieu parce que plusieurs statues répertoriées, érigées en 1952 sur le Pont-Vert, au centre de Vilnius (dont deux statues de soldats), ont été déboulonnées. Les opposants au déboulonnage s’appuyaient sur le droit protégeant le patrimoine culturel, tandis que les partisans faisaient référence à une loi de 2008 interdisant les symboles communistes, dont la faucille et le marteau11.

Sur le plan intérieur, en janvier 1993, la Russie a adopté une loi ambitieuse, intitulée « Pour perpétuer la mémoire de ceux qui sont morts en défendant la patrie ». Outre l’entretien des tombes, cette loi inclut les monuments publics et les mémoriaux des champs de bataille, entre autres, parmi les objets de perpétuation de la mémoire soutenue par l’État. « Les pierres tombales, les monuments, les stèles, les obélisques et autres structures et objets qui perpétuent la mémoire des défunts » sont explicitement cités. La loi répartit la responsabilité des célébrations mémorielles entre sept organismes existants et une agence fédérale à créer. Plus précisément, l’établissement des inventaires, ainsi que le marquage et l’entretien des tombes de guerre du territoire russe devaient être du ressort des collectivités locales, tandis que les tombes situées à l’étranger devaient être à la charge des missions diplomatiques russes. La loi ne disait rien sur le financement ni le personnel, pas plus qu’une nouvelle loi de perpétuation datée d’avril 1995. Sous-financées et sans aucune autonomie politique, de nombreuses municipalités étaient incapables de remplir leurs obligations en matière d’entretien, et les monuments isolés ont souvent été abandonnés. C’est à la fin des années 1990 qu’est né le Bureau des monuments commémoratifs militaires du ministère de la Défense : une agence centrale dynamique, qui coordonne également le « travail de commémoration militaire » des ambassades russes dans huit pays12. Néanmoins, le vandalisme et les dégradations ont continué.

La majorité des États successeurs ont vécu une situation comparable. Certains monuments, y compris les plus récents, étaient défigurés par des casseurs ou des voleurs de métaux, d’autres étaient la proie d’entrepreneurs en bâtiment peu scrupuleux ou de maires indifférents13. Chaque monument dépendait de la volonté des autorités ou des habitants de le protéger et de l’entretenir. La Biélorussie fait exception : l’entretien des tombes et des monuments a toujours été confié à l’État, et aujourd’hui il est très précisément réglementé par une série de lois adoptées à partir de 199214. En Ukraine, le vandalisme de (certaines) tombes de guerre et de monuments afférents fut un des points litigieux des débats parlementaires sur les lois mémorielles : fallait-il prévoir à cet effet des sanctions précises ?15 Plusieurs mesures évoquant les notions relativement vagues d’« insulte » ou de « profanation » (naruha), ont été adoptées entre 2009 et 2014. De nombreuses condamnations ont suivi, fermes ou avec sursis. Certaines sanctionnaient des gestes politiques (ainsi un groupe de femmes qui avaient fait frire des œufs sur une flamme éternelle à Kiev, en 201016) ; d’autres témoignaient de l’absence de mesures de protection efficaces, au-delà des déclarations idéologiques officielles. En Crimée, par exemple, pendant deux ans, de 2010 à 2012, un gang de cambrioleurs a exhumé un charnier de victimes du nazisme ; le charnier a été de nouveau exhumé en 2015, après le début de l’occupation russe17.

L’activité législative s’est accompagnée d’une nouvelle politique d’inventaire. Comme seule une partie des monuments de guerre, notamment funéraires, avaient été construits sur ordre de Moscou, le début de l’après-guerre a vu divers organismes d’État lancer des enquêtes systématiques sur les monuments existants. Au début, ces enquêtes venaient surtout d’institutions militaires et se concentraient sur le territoire de l’URSS. Puis, au milieu des années 1960, le mouvement préservationniste a commencé à s’intéresser à la question. Grâce aux musées d’histoire locale et à de nombreux passionnés, des inventaires détaillés et illustrés du patrimoine ont été établis pour un certain nombre de républiques et de régions soviétiques. Ces relevés étaient censés tenir compte des monuments de guerre, quelle que fût leur valeur artistique18. Plusieurs États socialistes ont lancé des entreprises comparables19, mais, paradoxalement, il a fallu attendre la fin de la Guerre Froide pour que la demande d’inventaires transfrontaliers plus détaillés s’impose. La liberté de déplacement a incité les anciens citoyens soviétiques à organiser des pèlerinages vers les monuments situés à l’étranger et à partir à la recherche des tombes de leurs proches. L’individualisation croissante de la commémoration de la guerre justifiait que l’on s’intéresse à des morts choisis, et la disparition progressive des tabous sur les prisonniers de guerre permettait de découvrir les (rares) monuments qui leur rendaient hommage. À ce titre, les nouvelles technologies et la coopération avec les instituts de recherche et les agences d’État à l’étranger ont aussi facilité les choses.

Si l’on compare avec l’époque soviétique tardive, le principal moteur de ces efforts d’inventaire ne fut pas le souci de préservation20. La valeur artistique et l’histoire de la construction des monuments n’ont guère compté. La majorité des intervenants se préoccupaient de morts de guerre individuels et de leur lieu de sépulture, tandis que d’autres se concentraient sur l’objet commémoré et l’état des monuments. Le premier cas de figure est évident pour qui analyse la base de données du ministère de la Défense russe, appelée OBD Memorial21. C’est la première fois qu’ont été rassemblées les données archivistiques sur plusieurs millions de soldats soviétiques et que celles-ci sont rendues publiques. Cette entreprise a donné naissance à un répertoire des lieux de sépulture, mais ce fut presque un hasard. C’est ce qui s’est passé pour un répertoire imprimé des morts de guerre soviétiques en Autriche, qui comprend des photos des lieux de sépulture22. Il existe aussi des catalogues qui rassemblent des photos et des informations sur les sépultures de guerre et sur l’état actuel des sites, notamment un volume sur la Pologne, daté de 200323, ainsi qu’une base de données en ligne sur les sites funéraires soviétiques en Allemagne24. La France bénéficie d’un répertoire hybride puisque son auteur dresse la liste des cimetières et des monuments suivant les régions, tout en incluant les noms des personnes qui y sont enterrées25.

Ces inventaires sont établis par des agences d’État, des établissements scientifiques ou des chercheurs individuels. La diffusion sur Internet a également donné lieu à des répertoires de monuments aux morts transnationaux bénéficiant de crowdfunding. Les participants sont animés par des intérêts très différents, ce qui explique que les informations et les sources historiques de chaque répertoire varient. La plus importante base de données de ce type a été créée en 2006 par un employé de banque et historien amateur de Voronej, âgé de vingt-neuf ans à peine26. En avril 2018, elle recensait environ 14 000 monuments aux morts et comprenait près de 50 000 photos fournies par plus de 1 000 participants, mais la plupart des entrées ne comprennent que le lieu et une brève description, elles n’indiquent ni la date de construction ni la moindre information sur l’histoire du monument. Il existe aussi un portail sur les monuments aux morts intitulé Memory Map27. Fondé en 2015 par un éditeur de fascicules pédagogiques basé à Moscou, ses principaux contributeurs sont des enseignants et des élèves. Un portail ouvert en 2012 réunit des listes de noms photographiées sur des monuments aux morts pour permettre aux familles de comparer ces listes aux listes publiées et archivées28. Enfin, un site web dont le siège est au Tatarstan recueille les données soumises par les unités de recherche bénévoles qui non seulement signalent les découvertes de restes et les réinhumations qui s’ensuivent, mais documentent les mémoriaux29. Sans oublier les nombreux portails et bases de données régionaux dont les entrées thématiques varient30.

Nouvelles constructions et réinterprétations

Ces entreprises d’inventaire ont lieu surtout en Russie et témoignent de l’importance de la commémoration de la guerre. En 1995, année anniversaire, l’État russe a décidé de lui accorder une attention renouvelée : alors que le souvenir de la Révolution et du socialisme pouvait être source de discorde, le souvenir de la guerre – détaché, pour ainsi dire, de l’idéologie communiste – pouvait servir de ciment social. En Russie comme ailleurs, la génération des petits-enfants avait soif d’en savoir plus sur la période. Cet intérêt s’est notamment traduit par l’édification de nouveaux mémoriaux. Si l’on compare avec d’autres pays, en termes de chiffres absolus, l’ère postsoviétique se distingue moins par une vague iconoclaste que par une déferlante de nouvelles constructions. Les commanditaires et les constructeurs n’ont pas hésité à ajouter des éléments nationalistes et religieux à l’iconographie soviétique et à honorer de nouvelles catégories de héros et de victimes de guerre, mais le répertoire conventionnel n’a pas été remis en question.

Musée national de la Grande guerre patriotique à Minsk

Le nouveau bâtiment (2014) du Musée national de la Grande guerre patriotique à Minsk.

De gigantesques complexes commémoratifs sont apparus en Russie et en Biélorussie. Les plus impressionnants sont le parc de la Victoire de Moscou, achevé en 1995 après des décennies de discussions et de planification, et le nouveau bâtiment du musée de la Guerre de Minsk, inauguré en 2014. Ces deux complexes comprennent d’immenses stèles commémoratives. Par ailleurs, prolongeant un courant soviétique tardif, des agences d’État et des mécènes privés ont commandé des monuments aux morts originaires de certaines régions, certaines villes ou entreprises. Dans les régions provinciales et rurales, on a construit plus spécifiquement des monuments (souvent à l’initiative de particuliers) commémorant des catégories de victimes supprimées, ignorées ou négligées par les politiques commémoratives officielles : prisonniers de guerre, travailleurs forcés, victimes de la Shoah, enfants et autres victimes civiles. En même temps, les mémoriaux existants, célébrant les victimes de la Grande Guerre patriotique, ont été agrandis. On y a ajouté des monuments aux morts de la guerre soviétique en Afghanistan et aux liquidateurs de Tchernobyl irradiés.

Trois tendances se distinguent dans cette nouvelle vague de construction. La première est l’individualisation : les descendants apposent spontanément le nom de leurs proches dans les fosses communes dépourvues d’identification ; des dizaines de milliers de personnes participent à des unités de bénévoles qui cherchent les restes des soldats dans les forêts et les marécages afin de les réinhumer et de leur rendre hommage, en général avec une nouvelle pierre tombale ou une stèle. La seconde est la dimension religieuse : la plupart de ces monuments affichent des symboles orthodoxes, ou, çà et là, islamiques, juifs ou catholiques ; les grands mausolées comprennent souvent une chapelle ou une église. Les centaines de mémoriaux de la Shoah, dont la plupart émanent d’initiatives populaires, construits sur les sites d’extermination ou à proximité pendant la période soviétique, ont souvent été remplacés par des monuments désoviétisés et conformes au canon occidental et israélien de la commémoration, ce qui conforte l’idée, fausse mais très répandue, que la période soviétique n’aurait jamais vu ce type de monuments31. La troisième tendance est la nationalisation : les héros de guerre ont tendance à être identifiés suivant leur origine ethnique ou nationale, et leurs faits de guerre sont liés aux faits antérieurs de la nation. À Moscou, le monument des défenseurs de la patrie, daté de 1995, et le cimetière national ouvert en 2013 sont des exemples frappants. Dans les deux cas, des soldats de bronze représentent différentes époques historiques et sont placés côte à côte. Par ailleurs, depuis 2007, des dizaines de villes baptisées « Ville de la gloire militaire » se parent de stèles dont le modèle vient de l’atelier du sculpteur moscovite Salavat Chtcherbakov : toutes mettent en scène plusieurs siècles d’histoire militaire locale. Au Kazakhstan, des entreprises et des agences d’État financent des monuments à la gloire des héros militaires kazakhs, sur place et en Russie. En Ukraine et en Estonie, de nouveaux monuments honorent les morts de la nation, quel que soit le camp dans lequel ils se sont battus. En Pologne, la nationalité des soldats représentés est aussi un enjeu : les personnes opposées au retrait des statues célébrant les frères d’armes rappellent qu’elles montrent des soldats polonais côte à côte avec des soldats soviétiques32. On note un cas au moins où la statue a été peinte aux couleurs du drapeau polonais pour lui éviter d’être démolie ou éliminée33.

L’édification de nouveaux monuments ne se limite pas à l’ex-URSS. Soit elle a lieu dans le cadre de la rénovation ou de la découverte d’un site funéraire ; outre les institutions officielles, ces chantiers sont parfois ouverts par des associations de commémoration ou de préservation, l’association Obelisk à Berlin, par exemple, ou Koursk en Pologne. Soit ce sont des immigrants d’origine soviétique qui reproduisent la tradition, par exemple à West Hollywood en 2015. Enfin, la construction de ces mémoriaux est aussi un moyen de cultiver ses relations avec la Russie. Dans le cadre du rapprochement russo-israélien, un mémorial à l’Armée rouge a été construit en 2012 à Netanya ; dans le Nord-Est de la Chine, des mémoriaux ont été rénovés ou édifiés par les municipalités désireuses d'attirer les investissements et les touristes du pays voisin : notamment dans les villes frontalières de Mudanjiang et Suifenhe34. En revanche, le démantèlement de monuments aux morts en Europe de l’Est, région politiquement sensible, a suscité les réactions indignées de la Russie, beaucoup plus que les démantèlements en Ouzbékistan, pays plus neutre35.

De façon générale, la Russie a compris que la mémoire de la guerre était un instrument géopolitique et une source de pouvoir non seulement vis-à-vis des groupes russophones mais vis-à-vis des minorités qui considèrent toujours l’Union soviétique comme le sauveur de l’Europe et le symbole de l’amitié entre les peuples36. De la Lituanie à Israël, les financements qui permettent l’entretien et la construction de monuments funéraires ou des mémoriaux les plus imposants viennent de Russie.

Par ailleurs, le pays a tenté de profiter de la vitalité renouvelée de la mémoire de la guerre. L’après-URSS a vu des initiatives populaires reprendre et adapter des célébrations mémorielles jadis obligatoires. Dans la tradition de l'Europe occidentale, l’« action collective », suivant la formule de Manfred Hettling parlant de l’Allemagne, se limite en général à la « planification et à la construction (souvent conflictuelle) d’un mémorial, et non à son exploitation ultérieure »37. En Russie, les monuments ont droit à un traitement très différent : à chaque anniversaire, les gens les décorent de fleurs, de rubans, de photos et de poèmes, ils s’organisent pour pouvoir les rénover, ils en font un lieu de pèlerinage, de défilé et de manifestations politiques et ils les affublent de surnoms populaires. La majorité de ces pratiques naissent spontanément, même si, depuis le milieu des années 2000, la Russie aime à se présenter comme le grand ordonnateur de ces événements38.

Les agences d’État soulignent la dimension unificatrice et supranationale de la mémoire de la guerre, mais elles s’en servent aussi pour justifier les politiques actuelles de la Fédération de Russie. Cela apporte de l’eau au moulin de tous ceux qui considèrent les monuments soviétiques comme des symboles de l’occupation russe et plaident pour leur élimination ou leur démantèlement.

Destruction, déplacement, modification

La destruction la plus spectaculaire et la plus tragique a eu lieu le 19 décembre 2009 en Géorgie. Un nouveau parlement devait être construit à Koutaïssi, deuxième ville du pays, dans le cadre de la décentralisation. Pour lui céder la place, et pour en faire un symbole de désoviétisation, le président Mikheil Saakachvili a exigé que l’on dynamite le « Mémorial de la Gloire » de la ville. L’opération a été bâclée, si bien que des débris de la structure en acier renforcé de 40 mètres de long ont fusé à des centaines de mètres, tuant une femme et sa fille de huit ans et blessant plusieurs personnes, dont certaines gravement39.

Interpréter ce monument comme un symbole de l’occupation soviétique était un peu abusif puisqu’il s’agissait de l’œuvre de deux artistes de Tbilissi (Otar Kalandarishvili et Merab Berdzenishvili) qui avaient repris des motifs du folklore géorgien pour commémorer les morts de la République géorgienne. Si le mémorial a pu être détruit, c’est parce ce n’était pas un lieu de sépulture et ce genre d’opération a longtemps été une exception.

En réalité, l’Union soviétique a connu des explosions et des démolitions isolées de monuments aux morts, notamment les gigantesques statues de Staline symbolisant la victoire de 1945, dès la fin des années 1950 et le début des années 1960. Le monument de la Victoire d’Erevan, capitale de l’Arménie, est un exemple : la statue de 16,5 mètres de haut, qui toisait la Turquie du haut d’un piédestal de 33 mètres, a été démantelée en 1962 et remplacée par une statue de la Mère Arménie. Dans les années 1960, d’innombrables monuments aux morts – souvent de simples obélisques de béton entourés de dalles de granit – ont été détruits pour être remplacés par des œuvres plus élaborées. Par ailleurs, notamment en Estonie, en Pologne ou en Allemagne de l’Est, les particuliers s’en sont régulièrement pris à cette statuaire, symbole de l’occupation russe40.

Depuis 1989, ces assauts et ces actes de vandalisme se multiplient, mais les monuments aux morts sont rarement déplacés ou détruits par les États. Que ce soit à Riga ou à Lviv, à Budapest ou à Brno, les statues de Dzerjinski et de Lénine ont souvent été déboulonnées, mais les mémoriaux ont peu été déplacés et très rarement démolis (dans certains cas, la décision a pu être prise contre la volonté de l’armée et des résidents russes, comme à Klaipėda en Lituanie41). Les ouvrages que l’on décide de déplacer sont en général des statues de personnages issus du panthéon des héros de guerre soviétiques ou des chars d’assaut.

La principale exception à la règle est la Pologne, où de nombreux monuments à la gloire de l’Armée rouge ont été érigés sur des lieux de sépulture. Les dépouilles des soldats ont été transférées dans des cimetières, mais les monuments sont souvent restés sur place, et on en a construit de nouveaux42. En 1993, sur les 500 monuments de ce type, 130 ont été retirés des espaces publics et souvent remplacés par des allégories de la liberté, mais il s’agissait d’initiatives locales plus que de directives venues de Varsovie. Les politiques relatives à ces monuments et l’attitude des habitants varient donc suivant les régions et les localités43.

La Hongrie, souvent citée comme un exemple de décommunisation rapide de l’espace public, est un cas de figure à part. En 1993, après un débat controversé, l’Assemblée municipale de Budapest a décidé de créer un parc de statues à la périphérie de la ville. Le parc a accueilli, entre autres, plusieurs monuments à la gloire de l’Armée rouge, dont le plus remarquable est sans doute le soldat soviétique debout au pied de la statue de la Liberté, sur la colline Gellért. Mais la décision de l’Assemblée ne concernait que Budapest. Et même là, le monument à la gloire de l’Armée rouge, place de la Liberté, a survécu au vandalisme et aux voix qui demandaient son retrait ainsi que des contre-monuments. Quant au mémorial à la gloire de l’Armée rouge hongroise (formée en 1919), toujours à Budapest, un référendum a été organisé et les habitants ont voté contre son déplacement44. Hors de la capitale, les déboulonnages sont loin d’avoir été systématiques, comme en témoigne le char soviétique d’Hortobágy, à l’est de la Hongrie.

En Lituanie, la plupart des statues commémorant la guerre (hors d’un lieu de sépulture) ont été victimes d’une vague d’iconoclasme en 1990-1991. Là encore, il ne s’agissait pas d’une politique gouvernementale mais d’un mouvement spontané. De nombreuses sculptures ont fini par être déplacées dans le parc Grūtas, ouvert en 2001. On note plusieurs statues de la partisane lituanienne Marytė Melnikaitė et de commandants militaires de la période qui précède 1941. Le parc comprend également des stèles qui viennent de tombes de guerre soviétiques45.

« La mère de Kryžkalnis »

« La mère de Kryžkalnis », par le sculpteur lithuanien Bronius Vyšniauskas (1972).

Ce monument initialement dédié aux libérateurs soviétiques a été déplacé sur un site

volontairement incongru du parc d’attraction Grūtas.

Dans plusieurs pays, les statues que l’on cherche à retirer représentent des personnalités qui étaient à la fois des militaires et des dirigeants politiques. C’est le cas du buste de trois quarts du général soviéto-polonais Rokossowski, exposé à l’origine à Legnica, en Basse-Silésie, qui a fini dans le jardin d’un musée privé de l’Armée rouge, dans le village voisin d’Uniejowice. Quant aux chars d’assaut, la question décisive était de savoir s’ils faisaient partie d’un ensemble protégé – comme le mémorial de Tiergarten à Berlin – ou non. Ainsi, dans la ville est-allemande de Wittenberg, un char a été érigé en 1973 devant la célèbre église de la Toussaint associée à Martin Luther, mais à l’initiative des dirigeants locaux du Parti de l’unité socialiste, non pas de l’armée soviétique. Le char était placé à côté d’un cimetière militaire soviétique, pas à l’intérieur, ce qui a facilité son retrait en janvier 1990. En Europe centrale, les chars d’assaut et autres statues de guerre ont souvent été détachés de leur socle par les forces soviétiques qui se retiraient, soit pour leur éviter d’être vandalisés, soit parce que ces monuments s’adressaient aux soldats soviétiques plutôt qu’à la population locale et faisaient partie de l’inventaire des casernes.

Ces mouvements sont caractéristiques de toute la période postsoviétique. En général, ils ont été initiés par des acteurs locaux et justifiés par les circonstances locales bien précises. Souvent, il s’agissait de trouver un site plus approprié. Les monuments funéraires ont été déplacés hors des centres-villes et accompagnés de réinhumations, et même les statues n'ayant pas de telles fonctions ont été transférées vers les cimetières : par exemple, la statue du héros de guerre soviétique Alexandre Matrosov, dans la ville est-allemande de Halle. Certains monuments ont été retirés de leur emplacement d’origine et placés devant un musée militaire : c’est ce qui est arrivé à un mémorial de Dresde, érigé à l’origine sur une grande place, qui avait été brièvement rebaptisée place de l’Armée rouge46. En Russie et en Biélorussie, on a vu l’évolution inverse puisque de nouveaux monuments ont été érigés au cours de la période postsoviétique sur des sites plus centraux et plus faciles d’accès.

Quand les mémoriaux étaient simplement des lieux où les gens venaient déposer des couronnes, leur éloignement suscitait peu de controverses. Les conflits étaient en revanche inévitables quand il s’agissait de sites plus animés, devenus l’objet de nouveaux rituels politiques ou mémoriels ou encore réinterprétés et exploités comme une ressource touristique, un repère géographique ou un skate-park improvisé.

Le conflit politique le plus connu est celui qui est né à l’occasion du déplacement du Soldat de bronze de Tallinn de son emplacement original dans le centre-ville à un cimetière militaire, en avril 2007. En prenant cette décision, le gouvernement estonien est intervenu dans une controverse déjà existante. De fait, la célébration du jour de la Victoire (9 mai) était de plus en plus populaire car les habitants russophones avaient fait de ce monument un symbole de leur identité. À l’inverse, les nationalistes estoniens y voyaient un symbole d’occupation et organisaient des contre-manifestations au pied du soldat. L’intervention technocratique du gouvernement, qui avait cru résoudre le conflit en déplaçant le monument, a jeté de l’huile sur le feu et entraîné plusieurs jours d’affrontements qui ont fait un mort47. Le conflit estonien a relancé les débats sur les monuments dans les pays est-européens48.

En Pologne, de nombreuses controverses ont eu lieu, mais pour une raison inverse : des responsables politiques de Varsovie ont voulu déloger des monuments célébrant la fraternité d’armes et l’Armée rouge mais ils se sont heurtés à la résistance des administrations et des habitants locaux. La ville de Legnica, qui avait abrité le quartier général de l’armée soviétique, avait un monument à la gloire de l’Armée rouge et se faisait appeler « la petite Moscou », encouragée par le succès d’un film du même nom49 – une raison suffisante pour résister à l’intervention de Varsovie50. À Sofia, la capitale bulgare, on vit la même réaction : les défenseurs du mémorial de guerre soviétique comprenaient non seulement des fonctionnaires de l’ambassade russe et des groupes de gauche, mais aussi des patineurs51.

En Ukraine, les lois de décommunisation de 2015-2016 ont surtout insisté sur les statues des dirigeants communistes, plus faciles à interpréter comme des symboles de l’occupation, plutôt que sur les hommages rendus à une armée dans laquelle s’étaient battus des millions d’Ukrainiens. Certains monuments aux morts ont été réinterprétés et intégrés à de nouvelles pratiques commémoratives sans être démantelés. Seuls ont fait exception les commandants militaires qui avaient joué un rôle politique important, et encore, ce critère n’a  pas été sans équivoque. Ce fut le cas du très respecté chef des partisans soviétique ukrainien, Sidor Kovpak : les auteurs de la loi ont avoué ne pas avoir d’avis tranché52. En revanche, l’administration de la ville de Kharkiv a exclu une statue du maréchal Guéorguiy Joukov de la liste de décommunisation en soulignant sa valeur artistique53. À l’heure où nous écrivons, le mémorial à la gloire militaire de Lviv, qui célèbre à la fois la victoire de 1945 et l’armée soviétique de l’après-guerre, est menacé de démolition – il avait été délibérément érigé près de la frontière extérieure de l’Union soviétique après l’intervention des forces armées contre le Printemps de Prague. Une fois de plus, la campagne plaidant pour l’élimination de cet ouvrage n’est pas liée à la décommunisation officielle : elle a été lancée par des militants locaux. Ses opposants les plus actifs sont des défenseurs du patrimoine architectural et des historiens de la ville54.

Monument du village de Stoianiv, 2018

Monument du village de Stoianiv, dans l’Ouest de l’Ukraine.

Le mot « soviétique » a été effacé de l’inscription : « Les citoyens du village seront éternellement reconnaissants à vous, qui êtes tombés pour la patrie soviétique ». Une croix latine a été ajoutée, mais l’étoile rouge sur le casque du soldat a été préservée.

En dépit des antécédents ukrainiens et autres, il a fallu attendre octobre 2017 pour qu’un plan systématique et centralisé d’élimination des monuments aux morts soviétiques soit mis en œuvre dans un ancien satellite de l’URSS, avec la campagne de décommunisation lancée par le gouvernement national-conservateur polonais. Un amendement à la loi de 2016 interdisant la propagande communiste mentionne explicitement les monuments de guerre et de reconnaissance. Des exceptions sont possibles au cas par cas, mais la loi accorde aux voïvodes nommés par le gouvernement et à l’Institut de la mémoire nationale qui lui est affilié des pouvoirs d’interprétation et de décision très étendus55. Il arrive que l’intervention du gouvernement se heurte à la résistance et à l’inventivité des administrations locales et des habitants, mais leurs contre-mesures ne sont pas toujours couronnées de succès56.

Outre les tentatives de démolitions, les démolitions effectives et les retraits en bonne et due forme, on note des cas de dommages ciblés. Il faut cependant distinguer trois choses : le vandalisme pur, les gestes politiques et les interventions artistiques, même si la frontière entre les trois est souvent difficile à établir avec précision et dépend du regard de l’observateur.

Les graffitis de la droite extrême, les pierres tombales descellées et le vol d’objets significatifs provoquent systématiquement l’indignation. À Berlin, par exemple, on peut citer les tags découverts sur le mémorial du Treptower Park en décembre 1990 ou les violations répétées d’un mémorial plus modeste du quartier de Buch. À chaque fois, il s’en est suivi des manifestations antifascistes. Mais le fait que ces actes surviennent le plus souvent en des lieux à valeur symbolique et qu’ils affectent des monuments particulièrement remarquables les fait apparaître plus fréquents qu’ils ne le sont en réalité57. Qui plus est, des comportements inappropriés sont régulièrement commentés par les médias et dans les salles d’audience, notamment en Russie, en Ukraine et au Kazakhstan, et ils sont souvent publiquement qualifiés de profanation alors qu’ils n’impliquent aucune altération réelle du monument. Je pense aux manifestants qui cuisent des aliments sur une flamme éternelle, qui urinent ou qui crachent58, aux adolescents qui caressent les seins d’une statue d’héroïne de guerre59 ou qui dansent au pied d’un mémorial dans un style jugé offensif60. En 2016, un journal en ligne de Syktyvkar, une ville du Nord de la Russie, a été condamné à une amende parce qu’il avait mentionné le surnom populaire d’une statue représentant trois femmes tendant une couronne vers la flamme éternelle : « Femmes faisant frire un crocodile »61.

Certaines modifications sont liées à un conflit historique. À Brno, en République tchèque, l’étoile rouge, le marteau et la faucille, retirés d’un monument aux morts en 1990, ont été remis en place lorsque le monument a été restauré. Le maire-adjoint a pris sur lui de les faire retirer ; face aux protestations de l’ambassade de Russie et de représentants du gouvernement tchèque, les symboles ont été de nouveau remis en place, mais sous une forme modifiée62. Le maire-adjoint a estimé qu’il fallait distinguer l’hommage aux soldats morts au combat des symboles d’un État totalitaire ; l’ambassade a répondu qu’il ne s’agissait pas de symboles communistes mais des insignes avec lesquels les soldats avaient combattu. De nombreuses controverses de ce type ont eu lieu63. Dans les républiques post-URSS, les symboles soviétiques ont souvent été remplacés ou complétés par des symboles orthodoxes – un geste toléré, voire encouragé par les autorités64.

Les interventions artistiques

Les interventions artistiques sont aussi un moyen de s’emparer des mémoriaux, pour en faire des contre-monuments. Il s’agit là d’une catégorie difficile à circonscrire puisque la frontière entre intervention politique et geste artistique est très fluide65. Une première approche consiste à ranger la moindre intervention non avalisée par les autorités dans la catégorie du vandalisme. C’est ce que font les agences d’État russes, néanmoins prêtes à donner leur blanc-seing aux dépôts de fleurs, de portraits ou de symboles mémoriels. Une autre approche consisterait à distinguer les actes porteurs d’un message politique sans équivoque de ceux qui se prêtent à plusieurs interprétations. Aux premiers correspondrait le geste de Jerzy Bohdan Szumczyk à Gdańsk, en octobre 2013 : cet étudiant des Beaux-arts avait érigé la statue d’un soldat soviétique violant une femme à côté d’un char d’assaut66. Cette dernière catégorisation amène aussi à distinguer parmi différents types de décisions individuelles de repeindre le monument, comme on en découvre régulièrement à Sofia, car ces décisions vont de la disruption pleine d’inventivité au tag univoque (« Purification », « Hors d’Ukraine »). Enfin, on pourrait distinguer les interventions d’artistes professionnels de celles de profanes et de militants politiques.

Une chose est indiscutable : depuis 1991, artistes de rue, performers, professionnels adeptes de l’art public et vidéastes entreprennent souvent de travestir temporairement les mémoriaux soviétiques ou de travailler à partir d’images ou de répliques de ces monuments. Notons qu’ils sont très peu à considérer les chars et les statues soviétiques comme des symboles universels de la guerre et du militarisme, et à les utiliser pour prendre position contre la violence armée en tant que telle. Depuis les années 1980, Krzysztof Wodiczko, artiste d’origine polonaise qui a émigré au Canada puis aux États-Unis, projette des images fixes et animées sur les monuments aux morts de New York, Hiroshima ou Londres pour attirer l’attention sur l’exaltation de la guerre. Dans le cadre de sa recherche sur la notion de « non-guerre », il a récemment proposé d'encastrer l’Arc de triomphe de l’Étoile à Paris dans une structure qui figurait un « Institut mondial pour l’abolition de la guerre »67. Ce type d’intervention est étonnamment rare s’agissant des monuments aux morts soviétiques. Une des seules performances qui s’en approche fut une production intitulée 20 Danseurs pour le XXe siècle, signée par le chorégraphe français Boris Charmatz et exécutée au pied du mémorial du Treptower Park à Berlin, deux jours durant, en juin 2014. Des danseurs répartis en vingt points différents – non reliés – exécutaient des mouvements qui s’inspiraient de l’histoire de la danse et de la politique au XXe siècle. Les spectateurs et les visiteurs intrigués découvraient l’espace du mémorial sous un nouveau jour : alors qu’à chaque commémoration, le parcours tourne autour de la statue centrale du soldat, ce jour-là, son attraction magnétique avait disparu. Qui plus est, c’était sans doute la première fois que le mémorial échappait à l’histoire germano-soviétique pour devenir le théâtre d’une réflexion plus large, tandis qu’un nouveau public découvrait le site68. Une démarche comparable avait eu lieu en mai 2007, initiée par le collectif argentin Doma. La performance, intitulée Stupid Elephant Tank, figurait la « trompe » d’un char gonflable jaune enroulée autour du canon d’un des deux chars T-34 du mémorial de Tiergarten.

Tout se passe comme si les artistes occidentaux, qui ont une certaine distance par rapport aux événements historiques, étaient les seuls à interpréter les monuments aux morts soviétiques comme des symboles universels de militarisme. Leurs collègues d’Europe de l’Est ont tendance à se concentrer sur la libération ou l’occupation de leur pays par l’Armée rouge, ou sur l’état actuel de leur société (ce n’est pas un hasard si les tentatives de Krzysztof Wodiczko visant à réaliser ses projets anti-guerre dans sa Pologne natale n’ont jamais abouti).

À l’Est, les premières interventions artistiques portaient sur des monuments qui commémoraient ostensiblement 1945. Ces œuvres étaient réinterprétés comme des symboles de la présence militaire soviétique de l’après-guerre et on essayait de les rendre moins menaçantes. L’intervention la plus connue est celle de l’étudiant des Beaux-arts pragois David Černý, réalisée en avril 1991, peu avant l’anniversaire de la libération de Prague. Le jeune artiste avait choisi un char IS-2 monté sur un piédestal au centre de la place Kinský, dans la capitale tchécoslovaque ; du jour au lendemain, il l’a peint en rose et a déposé au-dessus un énorme doigt d’honneur. Son idée a été reprise et adaptée ailleurs : ainsi, en mars 1992, l’artiste ouest-allemand Eckhart Haisch a ridiculisé le char situé sur l’ancien poste-frontière du quartier de Dreilinden à Berlin en le remplaçant par un chasse-neige soviétique rose. Les forces armées soviétiques ont retiré le char parce que des quidams ne cessaient de tourner son canon vers le bas, sans doute pour signifier la victoire de la révolution pacifique allemande69.

Ces premières interventions mettaient en lumière l’occupation soviétique passée ou présente, alors que les performances plus récentes ont tendance à cibler l’exploitation politique de la mémoire de la guerre dans la Russie actuelle. Elles ciblent également les dernières campagnes militaires russes, notamment en Ukraine, souvent présentées comme un prolongement de la Seconde Guerre mondiale. Citons les performances réalisées en 2014-2015 par le collectif berlinois russophone In Progress, emmené par Ilia Ryvkin. Le 9 mai 2014, Ryvkin s’est fait déshabillé et attaché avec des rubans de Saint-Georges – symbole patriotique et mémoriel russe très populaire – pour une séance de photos dont la toile de fond était la statue du soldat-libérateur du Treptower Park. Un an plus tard, le collectif a enroulé un immense drapeau arc-en-ciel autour d’un des chars du mémorial de Tiergarten. Les artistes ont mis en ligne des photos de leur performance, ainsi qu’un manifeste qui reconnaissait le rôle libérateur de l’Armée rouge mais rappelait l’occupation soviétique de l’Europe de l’Est, les interventions militaires telles que l’écrasement du soulèvement berlinois du 17 juin 1953 et la guerre actuelle en Ukraine orientale, ainsi que l’homophobie et le militarisme de la Russie d’aujourd’hui70. À l’inverse, certains projets artistiques abordent les problèmes posés par les faits de guerre d’autres pays et leur statut dans la mémoire collective contemporaine. Exemple notable : le projet du collectif tchèque Pode Bal visant un monument à la gloire de la 6ème armée de la Wehrmacht, installé, non sans controverses, à l’initiative des Autrichiens à Volgograd en 1996. En 2004, le groupe a proposé de le déplacer à Vienne et de l’installer sur la Schwarzenbergplatz, près de l’imposant mémorial soviétique, pour servir de commentaire au débat historique autrichien. Finalement, le projet n’a eu lieu qu’en ligne et dans des galeries de Vienne et Berlin. Une production réalisée en 2014 par le collectif de Saint-Pétersbourg Chto Delat visait le même emplacement à Vienne. Le but était de présenter le mémorial soviétique comme une caricature de monumentalité officielle anachronique : le groupe comptait le recouvrir d’échafaudages et de la version grandeur nature d’une tour conçue par Vladimir Tatlin en 1920, appelée « Monument la Troisième Internationale », afin que les spectateurs y voient un « fantôme du passé ». L’ambassade russe n’ayant pas donné son accord, le collectif a construit une installation de l’autre côté de la place, qui a été utilisée pour des débats et des performances sur la notion de monumentalité71.

Comme le montre cet exemple, les références directes à la Seconde Guerre mondiale ou à des campagnes militaires ultérieures et à leur mémorialisation se déplacent progressivement. Les artistes se penchent de plus en plus sur l’attitude de leurs contemporains vis-à-vis des monuments aux morts.

D’une part, ils y voient une toile de fond urbaine et une collection de points de repère pour le quotidien et la vie affective des générations de l’après-guerre. C’est ainsi qu’en 2002, l’artiste estonienne Kristin Kalamees a réalisé un court-métrage intitulé Eternal Flame, dans lequel une jeune femme tombe amoureuse du Soldat de bronze de Tallinn ; le film souligne à la fois l’omniprésence des monuments soviétiques et un idéal de masculinité héroïque72.

D’autre part, la fixation sur le passé que révèlent les conflits suscités par ces monuments est passée au crible critique par des artistes soucieux de ne pas oublier les problèmes sociaux. L’Estonienne Kristina Norman a réalisé deux œuvres pour réagir à ce qu’elle considérait comme la polarisation de la société estonienne après le retrait du Soldat de bronze en 2007, provoquant plusieurs jours d’émeutes et une victime. Son court-métrage baptisé Monolith (2007) présentait la statue comme un objet extra-terrestre dont l’arrivée provoque une fracture sociale. De son côté, After-War correspondait, dit-elle, à son désir de « réagir à cette situation polarisée à partir d’une troisième perspective, en me positionnant entre les communautés, les collectifs de mémoire et les récits historiques implacables »73. Pour ce faire, le 9 mai 2009, elle a installé une réplique dorée, grandeur nature, du Soldat de bronze sur son emplacement d’origine, au centre de Tallinn. Puis elle a documenté les réactions sur le terrain et dans les médias, mais aussi l’histoire des rituels et des conflits autour du Soldat de bronze. À la Biennale d’art de Venise, elle a présenté son projet comme une critique du gouvernement estonien trop technocratique, qui pensait résoudre un problème social en enlevant un monument74.

Dans la même veine, un détournement du principal monument de Sofia glorifiant l’armée soviétique a eu lieu la nuit en juin 2011. Un groupe de jeunes artistes anonyme a peint les soldats de bronze gravés sur le piédestal comme si c’était des super-héros de la culture pop américaine. Les artistes voulaient souligner que ces personnages avaient remplacé leurs équivalents soviétiques en tant que modèles, tout comme le mémorial avait cessé de glorifier le communisme. Il s’agissait donc, selon leur manifeste, de critiquer la dépendance successive de la politique bulgare vis-à-vis de la Russie, puis vis-à-vis des États-Unis75.

En septembre 2008, le versant récréatif des monuments qui sont aussi des lieux de sociabilité (comme le patinage, à Sofia) a été mis en valeur par l’artiste varsovienne Kamila Szejnoch. Elle a modifié l’immense statue de soldat érigée à la mémoire de l’armée de Berling (formée en Union soviétique en 1943, avec des soldats polonais) en fixant sur son bras une balançoire suspendue par une chaîne de 15 mètres. L’installation entendait à la fois montrer que les hommes sont ballottés par la main de l’histoire et rendre hommage aux soldats dont le sacrifice permet de se balancer avec insouciance. Les affiches accompagnant son projet représentaient un toboggan dévalant du Monument aux héros de l’Armée rouge et un manège tournant autour du Monument de la fraternité d’armes76.

Ces interventions tenaient compte de la symbolique de ces monuments d’époques révolues, mais il existe des performances où ces ouvrages servent de toiles de fond pour souligner les problèmes d’aujourd’hui. En 2012, par exemple, les soldats de bronze du piédestal du monument de Sofia ont été affublés de masques de Guy Fawkes pour protester contre l’accord anti-contrefaçon ACTA, puis de cagoules, en signe de solidarité avec le collectif d’art punk moscovite Pussy Riot.

Ces différents exemples montrent que ce sont souvent les mêmes monuments – très peu nombreux en définitive – qui font l’objet d’interventions artistiques ou politiques, ce qui alimente un cycle incessant de répétition, d’imitation et de citation. Le char de Prague a été repeint en rose plusieurs fois après la performance initiale de David Černý avant d’être déplacé dans un musée militaire au sud de la capitale. En 2011-2012, il a de nouveau été exposé à Prague avec le doigt d’honneur (à bord d’une péniche, sur la Vltava) pour marquer le vingtième anniversaire du retrait des troupes soviétiques. Plus tard, il a été montré pour symboliser les années 1990 dans une exposition sur le XXe siècle à Brno. Entre-temps, des œuvres inspirées par ce char rose avaient été exposées dans différents lieux de Prague, dont une installation conçue par Černý lui-même, qui figurait le quart d’un char rose dépassant du sol. Exposés de Singapour à Chicago, les « chars de la paix » font désormais partie du répertoire artistique et de la culture populaire77. En Europe de l’Est, même les institutions publiques ont adopté la peinture de chars comme un signe de paix. À Elbląg, en Pologne, les élèves sont régulièrement autorisés à peindre un char T-34 érigé pour commémorer la libération de la ville. En 2012, le musée de la Grande Guerre patriotique (désormais rebaptisé) de Kiev, aménagé dans le piédestal de la gigantesque statue de la Mère-Patrie, a fait repeindre les deux chars situés devant l’entrée de différentes couleurs, soit pour former des motifs hétéroclites, soit aux couleurs du drapeau ukrainien. En 2013, le haut-relief du mémorial de l’armée soviétique de Sofia a également été peint en rose (mais de manière anonyme et sans approbation officielle) pour s'excuser de la participation de la Bulgarie à l’anéantissement du printemps de Prague en 1968. Ailleurs, les soldats des reliefs de bronze sont peints aux couleurs des drapeaux bulgare, ukrainien ou polonais pour commémorer les victimes du communisme ou du massacre de Katyń, ou en solidarité avec la révolution ukrainienne. À Gdańsk, le char T-34 (polonais) a souvent été repeint en signe de protestation.

La situation n’est pas la même en Russie, en Biélorussie ni en Ukraine (du moins avant 2014). Dans ces pays, les artistes ont plutôt tendance à tirer parti des nouveaux moyens dont ils disposent pour prolonger le récit officiel de la Grande Guerre patriotique – parfois de façon éblouissante, comme Ksenia Simonova, de Simferopol, qui propose des performances et des œuvres en sable78. L’individualisation de la commémoration de la guerre donne également lieu à des créations spectaculaires, comme celles de l’artiste de rue d’Ekaterinbourg, Timofeï Radia (T-Radya). Son projet intitulé After War (mai 2010) se compose de deux immenses collages réalisés à partir de centaines de photos de guerre. Vu de loin, chacun rappelle des motifs constitutifs du canon de la mémoire de guerre soviétique79. Pour Eternal Flame (juin 2011), T-Radya a fixé plusieurs grandes toiles prétraitées sur les murs d’un hôpital de guerre abandonné et il y a jeté des cocktails Molotov de façon que des portraits de vétérans apparaissent dans les flammes80. Dans le cadre d’une installation intitulée Uman, Leonid Tishkov, un artiste originaire de l’Oural, a sculpté un monument en bronze qui représente un bouton, seul élément ayant subsisté de l’uniforme de son père81.

Quel que soit leur âge (Tishkov est né en 1953, Simonova en 1985 et T-Radya en 1988), ces artistes ont très rarement un regard vraiment critique sur les monuments aux morts. Au mieux, certains remettent prudemment en question le statut sacro-saint de ces monuments. Ainsi, lors d’un festival en septembre 2012, les membres du collectif TanzLaboratorium, basé à Kiev, se sont déguisés en créatures sans tête et ont déposé des fleurs sur plusieurs monuments de Sébastopol, avant de voir leur performance interrompue par des artistes indignés82. En 2017, Viola Androuchtchouk, une photographe de Saint-Pétersbourg, a montré une série de photos qui faisaient référence à des cas de censure en Russie. Reprenant le procès de Syktyvkar, elle a joué avec le surnom de la statue « Femmes faisant frire un crocodile » en mettant en scène trois femmes tenant un crocodile en peluche au-dessus d’un feu83.

En guise de conclusion

Par leur nature même, les monuments aux morts sont des œuvres politiques, ne serait-ce que parce qu’ils présentent ceux qu’ils commémorent sous forme de soldats et les envisagent de ce fait du point de vue de l’État, et non à travers des liens familiaux ou sous d’autres formes. Ce sont donc des ouvrages potentiellement conflictuels, la catégorisation et l’interprétation de l’État étant sujettes aux changements et aux révisions historiques. C’est encore plus vrai pour les mémoriaux soviétiques puisqu’ils n’ont pas seulement été érigés sur le territoire de l’Union soviétique et dans des cimetières militaires éloignés, quasi extraterritoriaux, mais délibérément placés sur des emplacements centraux de presque tous les pays-satellites de l’URSS, pays désormais disparu.

Quel traitement réserver à ces monuments ? Il est impossible de donner une réponse unique à la question. Ils sont trop variés, de même qu’est trop variée l’histoire de leur édification, de leur utilisation et de leur interprétation, ainsi que leur contexte juridique, institutionnel, politique et urbain actuel. Les ouvrages les plus marquants sont souvent les plus contestés parce qu’ils cristallisent des perspectives difficiles à concilier : préservation du patrimoine, politique de l’histoire, relations internationales, histoire familiale et vie quotidienne des habitants. Ces monuments ne feront jamais l’objet d’un consensus universel et il vaut mieux ne pas cherche à en obtenir. Il y aurait beaucoup à gagner, cependant, si chacun des acteurs concernés prenait conscience du point de vue des autres.

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1

Cet article est la traduction légèrement révisée par l’auteur d’un chapitre écrit en allemand et publié dans Jürgen Danyel, Thomas Drachenberg, Irmgard Zündorf (éd.), Kommunismus unter Denkmalschutz ?, Worms, Wernersche Verlagsgesellschaft, 2018, p. 49-64. Il est né d’un projet sur l’histoire des monuments aux morts soviétiques généreusement soutenu par la Fondation de Hambourg pour la promotion de la science et de la culture, et il a bénéficié d’ateliers organisés par les universités de Melbourne et de Manchester grâce au financement de l’Australian Research Council Centre of Excellence for the History of Emotions Research Support Scheme et du Manchester-Melbourne Humanities Consortium Fund. Pour leurs commentaires et leurs suggestions, je tiens à remercier Jörg Hackmann, Ewa Ochman et Nancy Waldmann (sur la Pologne), Ekaterina Makhotina (sur la Lituanie) et Iryna Sklokina (sur l’Ukraine). Les sources en ligne ont été consultées pour la dernière fois le 10 avril 2018.

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2

Pour plus de détails, voir : Mischa Gabowitsch, « Soviet War Memorials from Berlin to Pyongyang: A Chronological and Typological Overview », in Martin Kerby (dir.), The Palgrave Handbook of Artistic and Cultural Responses to War – Vol. 2, Basingstoke, Palgrave Macmillan (à paraître).

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3

En Allemagne de l’Est, c’est ce qui a été fait, par exemple, au cimetière de la commune de Zeithain, dans la Saxe et au mémorial de Treptower Park à Berlin. Autres exemples : la statue de la Libération sur la colline Gellért à Budapest et, presque vingt ans plus tard, la statue de la Mère-Patrie de Volgograd. Voir aussi Frank Kämpfer : « Vom Massengrab zum Heroen-Hügel. Akkulturationsfunktionen sowjetischer Kriegsdenkmäler », in Reinhart Koselleck, Michael Jeismann (éd.), Der politische Totenkult. Kriegerdenkmäler in der Moderne, Munich, Wilhelm Fink, 1994, p. 327-349, p. 331. L’expression « lieux sacrés » n’a rien d’anachronique puisqu’elle était utilisée au moment de la construction. Voir, par exemple, T.G. Malinina, E.V. Ogarkova, Pamiat’ i vremja, Moscou, Galart, 2011.

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4

Article 34, paragraphe 2b du Protocole additionnel de 1977.

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5

Droit fédéral sur la gestion des tombes, article 10, paragraphe 2, no 2.

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6

Traité entre la République fédérale d’Allemagne et l’Union des républiques socialistes sur les relations de bon voisinage, le partenariat et la coopération (signé le 9 novembre 1990, mis en œuvre à partir du 5 juillet 1991), article 18, paragraphe 1 (voir en ligne pour le texte). Le traité reprenait une formule employée à l’origine dans la « lettre conjointe », signée par les deux ministres des Affaires étrangères allemands, qui accompagnait la signature du Traité Deux Plus Quatre en septembre 1990.

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7

L’accord avec la Mongolie n’a pas été ratifié. Je ne peux pas le citer entièrement mais il est facile à trouver sur le site du ministère des Affaires étrangères russe. Voir aussi en ligne.

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8

Ekaterina Makhotina, Erinnerungen an den Krieg – Krieg der Erinnerungen. Litauen und der Zweite Weltkrieg, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht GmbH & Co, 2017, p. 390. Sur les conséquences concrètes de cette situation juridique, voir Aleksandr Lipovec, « Posol RF, voprosy voinskikh zachoroneniy nuzhno reshat’ tsivilizovano », Sputnik, le 1er février 2017, modifié le 22 mars 2017 [en ligne].

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9

D’autant plus que l’Ukraine et la Biélorussie ont assumé elles-mêmes ce rôle en concluant leur propre accord avec la Pologne sur les tombes de guerre (en 1994 et 1995). Il y a eu au moins un cas où les agences polonaises ont également consulté l’ambassade arménienne. Voir Ewa Ochman, « Soviet war memorials and the reconstruction of national and local identities in post-communist Poland », Nationalities Papers, vol. 38, no 4, 2010, p. 509-530, p. 516, 527.

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10

Ewa Ochman, « Spaces of Nationhood and Contested Soviet War Monuments in Poland, The Warsaw Monument to the Brotherhood in Arms », in Berber Bevernage, Nico Wouters (éd.), The Palgrave Handbook of State-Sponsored History After 1945, Basingstoke, Palgrave Macmillan, 2017, p. 477-493, p. 489.

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11

Voir Ekaterina Makhotina, Between Heritage and (Identity) Politics : Dealing with the Signs of Communism in Post-Soviet Lithuania. Manuscrit non publié.

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12

Voir Mischa Gabowitsch, « Russia’s Arlington ? The Federal Military Memorial Cemetery near Moscow », Journal of Soviet and Post-Soviet Politics and Society, no 2(2), 2016, p. 89-143.

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13

Un exemple en Ukraine : Ivan Kapas’, « Derzhavnyy vandalism », Dzerkalo tyzhnya, 10.3.2018 [en ligne]. Le vol de métaux est aussi un problème en Pologne, voir Ewa Ochman, « Soviet war memorials and the reconstruction of national and local identities in post-communist Poland », Nationalities Papers, vol. 38, no 4, 2010, p. 520. En Lituanie, on volait aussi les croix catholiques plus récemment érigées pour les victimes de l’occupation soviétique, voir Ekaterina Makhotina, Erinnerungen an den Krieg – Krieg der Erinnerungen. Litauen und der Zweite Weltkrieg, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht GmbH & Co, 2017, p. 262.

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14

Voir V.I. Adamushko (éd.), Uvekovechenie pamyati zashchitnikov Otechestva i zhertv voin v Belarusi, Minsk, Natsionalnyi arkhiv Respubliki Belarus', 2008, p. 191-212.

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15

Voir Nikolay Koposov, Memory Laws, Memory Wars, The Politics of the Past in Europe and Russia, Cambridge, Cambridge University Press, 2018, p. 194-195, 199-200.

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16

Voir Ronan Ó Fathaigh et Dirk Voorhoof, IRIS 2018-5:1/3, European Court of Human Rights ; Sinkova v. Ukraine, IRIS Merlin [en ligne].

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17

Voir « Prigovor po ugolovnomu delu o razgrablenii mesta zakhoroneniy zhertv natsizma pod Simferopolem budet ob”yavlen zavtra », 24.1.2013 [en ligne]. « Po faktu razgrableniya bratskoy mogily zhertv Kholokosta v Krymu vozbudili ugolovnoye delo », 1.5.2015 [en ligne].

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18

La tentative la plus aboutie a été publiée sous le titre Zbor pomnіkaŭ hіstoryі і kul’tury Belarusі en 1984-1990.

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19

Voir Andrew Lawler, Taking Stock : the situation of monuments commemorating the People’s Liberation War, Struggle and Movement on the territory of the former SR Bosnia & Herzegovina.

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20

En Russie, l’inventaire officiel du patrimoine protégé peut être consulté sur mkrf.ru/ais-egrkn.ru. Une version plus ancienne avec des scans du catalogue de fiches et des données sur les monuments qui ne sont plus protégés est disponible sur nasledie-archive.ru.

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21

En ligne. Voir aussi la base de données Pamiat’ naroda 1941-1945, également administrée par le ministère de la Défense. La base indique, entre autres, le lieu exact des tombes passées et existantes ainsi que les documents archivistiques afférents, mais elle ne se concentre pas sur les monuments [en ligne].

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22

Peter Sixl (éd.), Sowjetische Tote des Zweiten Weltkriegs in Österreich. Namens- und Grablagenverzeichnis. Ein Gedenkbuch, Graz/Wien, Veröffentlichungen des Ludwig Boltzmann-Instituts für Kriegsfolgen-Forschung, 2010.

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23

I.A. Makarov et al., Katalog zakhoroneniy sovetskikh voinov, voennoplennykh i grazhdanskikh lits, pogibshikh v gody II mirovoi voiny i pogrebennykh na territorii Respubliki Pol’shy, Varsovie/Moscou, 2003.

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24

En ligne. Voir aussi, Arbeitsgemeinschaft ‘Sowjetische Gräberstätten und Ehrenmale in Deutschland’, Sowjetische Gräberstätten und Ehrenmale in Deutschland heute, Berlin, Wostok, 2005.

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25

Sergei Dybov, Rossiyskie i sovetskie voinskie zakhoroneniia vo Francii, t. 1-4, Boulogne-sur-Mer, 2011-2013.

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30

Voir, par exemple, pour la région de Kharkiv à l’Est de l’Ukraine : en ligne.

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31

Voir Arkadi Zeltser, Unwelcome Memory. Holocaust Monuments in the Soviet Union, Jérusalem, Yad Vashem, 2018, p. 329-336. Parmi les initiatives visant à bâtir de nouveaux mémoriaux de la Shoah, celle du Congrès juif russe, « Restaurer la dignité » (voir en ligne).

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32

Voir Ewa Ochman, « Soviet war memorials and the reconstruction of national and local identities in post-communist Poland », Nationalities Papers, vol. 38, no 4, 2010, p. 524.

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33

Voir Nancy Waldmann, « Local memories dismantled : reactions to de-communization in northern and western Poland », Cultures of History Forum, 23 mars 2018 [en ligne].

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34

Keunsik Jung, communication personnelle, 30 mars 2016.

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35

Voir Stanislav Borziakov, Andrei Rezchikov, « V Uzbekistane snesli ocherednoi monument geroiam VOV », 21 mars 2015 [en ligne].

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36

Voir Tatiana Zhurzhenko, The Geopolitics of memory, 10 mars 2007 [en ligne] ; Mischa Gabowitsch, Cordula Gdaniec et Ekaterina Makhotina, Kriegsgedenken als Event. Der 9. Mai 2015 im postsozialistischen Europa, Paderborn, Ferdinand Schöningh, 2017.

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37

Manfred Hettling, « Politische Denkmäler in der Stadt. Einführung », Politische Denkmäler in der Stadt, Halle (Saale), Mitteldeutscher, 2016, p. 7-32, p. 17.

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38

Voir Mischa Gabowitsch, Cordula Gdaniec et Ekaterina Makhotina, Kriegsgedenken als Event. Der 9. Mai 2015 im postsozialistischen Europa, Paderborn, Ferdinand Schöningh, 2017.

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39

Voir « V Kutaisi vzorvan Memorial slavy : pogibli 2 cheloveka », 19.12.2009 [en ligne].

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40

Voir, par exemple, Archives nationales estoniennes, RA, ERAF.129SM.1.30 (Dossier d’enquête de Ageeda Paavel et AIli Jürgenson). Enrico Heitzer, Die Kampfgruppe gegen Unmenschlichkeit (KgU): Widerstand und Spionage im Kalten Krieg, 1948-1959, Köln, Böhlau, 2015, p. 405. Steffi Töpfer, « Das sowjetische Ehrenmal in Berlin-Tiergarten. Zur prekären Lage eines prominenten Erinnerungsortes im geteilten Berlin 1945-1990 », in Jahrbuch für Historische Kommunismusforschung, 2013, p. 273-280, p. 279-280. Julie Fedor, « Attacks on Soviet War Monuments in the Polish People’s Republic, Cases from the Polish Security Archives », communication présentée au World Convention of the Association for the Study of Nationalities, New York, 5 mai 2018.

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41

Voir Ekaterina Makhotina, Erinnerungen an den Krieg – Krieg der Erinnerungen. Litauen und der Zweite Weltkrieg, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht GmbH & Co, 2017, p. 261.

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42

Ewa Ochman, « Soviet war memorials and the reconstruction of national and local identities in post-communist Poland », Nationalities Papers, vol. 38, no 4, 2010, p. 513.

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43

Ewa Ochman, « Soviet war memorials and the reconstruction of national and local identities in post-communist Poland », Nationalities Papers, vol. 38, no 4, 2010, p. 524; Ewa Ochman, « Spaces of Nationhood and Contested Soviet War Monuments in Poland, The Warsaw Monument to the Brotherhood in Arms », in Berber Bevernage, Nico Wouters (éd.), The Palgrave Handbook of State-Sponsored History After 1945, Basingstoke, Palgrave Macmillan, 2017, p. 479-480.

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44

Christopher Adam, « History wars : Hungarian radical leftist writes to college classmate, Gábor Vona », Hungarian Free Press, 22 avril 2015 [en ligne].

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45

Sur les parcs de sculpture, voir Beverly James, « Fencing in the past : Budapest’s Statue Park Museum », Media, Culture & Society, vol. 21, no 3, 1999, p. 291-311. Maya Nadkarni, « The Death of Socialism and the Afterlife of Its Monuments : Making and Marketing the Past in Budapest’s Statue Park Museum », in Katharine Hodgkin, Susannah Radstone (éds.), Contested Pasts, The Politics of Memory, Londres, Routledge, 2003, p. 193-207. Gediminas Lankauskas, « Sensuous (Re)Collections : The Sight and Taste of Socialism at Grūtas Statue Park, Lithuania », The Senses and Society, vol. 1, no 1, p. 27-52. Paul Williams, « The Afterlife of Soviet Statuary : Hungary’s Szoborpark and Lithuania’s Grutas Park », Forum for Modern Language Studies, vol. 44, no 2, 2008, p. 185-198. Ekaterina Makhotina, Erinnerungen an den Krieg – Krieg der Erinnerungen. Litauen und der Zweite Weltkrieg, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht GmbH & Co, 2017, p. 263-267.

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46

Elle est de nouveau appelée Albertplatz. Sur le retrait de statues en Allemagne de l’Est, voir la liste in Leonie Beiersdorf, Die doppelte Krise : Ostdeutsche Erinnerungszeichen nach 1989, Berlin/Munich, Deutscher Kunstverlag, 2005, p. 44-45.

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47

Pour une liste détaillée, voir Felix Münch, Diskriminierung durch Geschichte ? Der Deutungsstreit um den « Bronzenen Soldaten » im postsowjetischen Estland, Marburg, Tectum Wissenschaftsverlag, 2008.

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48

Pour la Pologne, voir Ewa Ochman, « Soviet war memorials and the reconstruction of national and local identities in post-communist Poland », Nationalities Papers, vol. 38, no 4, 2010, p. 512.

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49

Voir le guide de voyage, Wojciech Kondusza, Śladami Małej Moskwy, Legnica, 2012, p. 10-12.

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50

Ewa Ochman, « Soviet war memorials and the reconstruction of national and local identities in post-communist Poland », Nationalities Papers, vol. 38, no 4, 2010, p. 523-524.

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51

Daniela Koleva, « Pamiatnik sovetskoj armii v Sofii: pervichnoe i vtorichnoe ispol’zovanie », Neprikosnovennyi zapas, no 101, 2015, p. 184-202, p. 197.

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52

Vitaliy Portnykov, « Dekomunizatsiya: yakymy ye kryteriyi ? », Radio Svoboda, 8 octobre 2015 [en ligne].

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53

« Povalenny byust Zhukova v Khar’kove vosstanovili », Korrespondent.net, 7 mai 2018 [en ligne].

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54

Je remercie Sofia Dyak qui m’a expliqué la situation en mai 2018.

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55

Voir Nancy Waldmann, « Koniec ewolucji. Dekomunizacja przestrzeni publicznej na Ziemiach Zachodnich i Północnych w 2017r. – wybrane przykłady », in Rocznik ziem zachodnich, tome 2, 2018, à paraître. Voir aussi Krzysztof Ruchniewicz, « Der polnische Umgang mit den kommunistischen Hinterlassenschaften », in Jürgen Danyel, Thomas Drachenberg, Irmgard Zündorf (éds.), Kommunismus unter Denkmalschutz ?, Worms, Wernersche Verlagsgesellschaft, 2018, p. 45-48.

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56

Voir Nancy Waldmann, « Local memories dismantled : reactions to de-communization in northern and western Poland », Cultures of History Forum, 23 mars 2018 [en ligne].

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57

Sur l’Allemagne, voir Leonie Beiersdorf, Die doppelte Krise : Ostdeutsche Erinnerungszeichen nach 1989, Berlin/Munich, Deutscher Kunstverlag, 2005, p. 69.

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58

Exemples dans « Zharenye iaitsa i portret Putina — vse intsidenty, sviazannye s Vechnym ognem », 7 novembre 2017 [en ligne].

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59

Voir « Pamiatnik Manshuk Mametovoi oskvernili v gorode, za kotoryi ona umerla », 15 mai 2017 [en ligne].

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60

Pour un compte-rendu précis du débat de Rostov-sur-le-Don (qui a eu lieu en février 2013), voir Evgeniy Krinko, Tat’iana Khlynina, « Prichem zdes’ memorial ?, 9 maja 2013 g. na Teatral’noj ploshchadi v Rostove-na-Donu », in Mikhail Gabovich [Mischa Gabowitsch] (éd.), Pamiatnik i prazdnik, Moscou, Novoe literaturnoe obozrenie, à paraître. On voit parfois des chorégraphies comprenant des éléments suggestifs dans les commémorations officielles, voir Mischa Gabowitsch, Protest in Putin’s Russia, Cambridge, Polity, 2016, p. 160.

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61

L’amende a été annulée plus tard pour vice de procédure. Voir « Verkhovnyi sud Komi otmenil shtraf internet-zhurnalu ‘7x7’ za frazu ‘baby zhariat krokodila’ » [en ligne].

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62

Katerina Prokof’eva, « Serpom po grazhdanskim chuvstvam-2 », Radio Praha, 29.5.2009 [en ligne].

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63

Exemple, suite à une performance de l’activiste slovaque Ľuboš Lorenz à Košice en août 2017. Sur la Pologne, voir Ewa Ochman, « Soviet war memorials and the reconstruction of national and local identities in post-communist Poland », Nationalities Papers, vol. 38, no 4, 2010, p. 520.

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64

Voir le rapport illustré sur les régions rurales autour de Hrodna en Biélorussie : « Hrodzyenskiya historyki khochuts′ stvaryts′ anlayn-kartu spalyenykh fashystami vyosak », 16 août 2017 [en ligne].

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65

Sur le terme « contre-monument », voir James E. Young, « The Counter-Monument : Memory against Itself in Germany Today », Critical Inquiry, vol. 18, no 2, 1992, p. 267-296.

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66

« "Komm Frau" : Oświadczenie Jerzego Szumczyka », 18 octobre 2013 [en ligne].

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67

Voir Krzysztof Wodiczko, The Abolition of War, Londres, Black Dog Publishing, 2012.

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68

Voir Jens Richard Giersdorf, « Is It OK to Dance on Graves ? Modernism and Socialist Realism Revisited », in Rebekah J. Kowal, Gerald Siegmund, Randy Martin (éds.), The Oxford Handbook of Dance and Politics, New York, Oxford University Press, 2017, p. 603-626.

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69

Voir Thomas Drachenberg, « Konversion statt Konservieren ? Der Versuch einer Klärung, ob die aktuelle Denkmalpflege ein schlechtes Gewissen haben muss », in Peter Boeger, Alexander Dowe (éds.), Panzerdenkmal Berlin-Dreilinden. Geschichte und Hintergründe, Berlin, Metropol, 2014, p. 13-17, p. 14-15.

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70

Pour plus de détails, voir Mischa Gabowitsch, Insel Treptow, « Praktische Aneignung und mediale Kartographien sowjetischer Gedenkorte in Berlin und Wittenberg », in Mischa Gabowitsch, Cordula Gdaniec et Ekaterina Makhotina, Kriegsgedenken als Event. Der 9. Mai 2015 im postsozialistischen Europa, Paderborn, Ferdinand Schöningh, 2017, p. 203-278, p. 219-220.

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71

Sur ces deux projets, voir Tatiana Zhurzhenko, « The Soviet war memorial in Vienna : geopolitics of memory and the new Russian diaspora in Cold War Europe », in Patrick Finney (éd.), Remembering the Second World War, Londres, Routledge, 2017, p. 89-114, p. 101-102. Sur le projet Chto Delat, voir aussi Chto Delat no 37 (2014), numéro intitulé « Face to Face with the Monument » [en ligne] et Chto Delat, « Is a New Monumentality Possible Today ? Documents of an Artistic Experience of Chto Delat Collective », Rethinking Marxism, vol. 28, no 2, 2016, p. 238-253.

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72

Eha Komissarov, « Kristin Kalamees : Igavene Tuli / Eternal Flame », in Kumu hits : contemporary art from the collection of the Art Museum of Estonia, Tallinn, Eesti Kunstimuuseum, 2016, p. 34-37.

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73

Kristina Norman, « On the (im)possibility of a third opinion », in Birgit Beumers, Alexander Etkind, Olga Gurova, Sanna Turoma (éds.), Cultural Forms of Protest in Russia, Abingdon, Routledge, 2018, p. 180-199, p. 183.

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74

Kristina Norman, « On the (im)possibility of a third opinion », in Birgit Beumers, Alexander Etkind, Olga Gurova, Sanna Turoma (éds.), Cultural Forms of Protest in Russia, Abingdon, Routledge, 2018, p. 189.

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75

Voir Daniela Koleva, « Pamiatnik sovetskoj armii v Sofii: pervichnoe i vtorichnoe ispol’zovanie », Neprikosnovennyi zapas, no 101, 2015, p. 184-202.

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76

Voir Kamila Szejnoch, « Carousel Slide Swing » [en ligne].

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80

Voir « Vechnyi ogon’ » [en ligne].

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81

Voir Viktor Miziano, « Uman » [en ligne].

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82

Voir Anna Kornilova, « Performans “bezgolovykh” pytalis’ ostanovit’ khudozhniki Sevastopolya », Sevas, 28 septembre 2012 [en ligne].