Hashtags de protestations contre le programme du gouvernement sur la révision de la loi anti-corruption. « Save KPK » signifie « Sauvez l’organisme anti-corruption ».
À partir de 1998, date de la démission forcée du président Suharto, l’Indonésie a connu une révolution politique. Pendant plus de trente ans, de 1966 à 1998, le pays avait été dirigé par un régime autoritaire baptisé « Ordre nouveau ». Suivit alors un processus de démocratisation rapide qui se manifesta dans plusieurs domaines de la vie politique. Du point de vue institutionnel, des élections régulières, libres et équitables furent garanties, et le gouvernement ne fut plus en mesure de censurer la presse. Par ailleurs, la Constitution fut modifiée pour garantir explicitement la protection des droits de l’Homme. Aujourd’hui, les chercheurs estiment que ce processus de démocratisation a encouragé les citoyens à devenir de vrais acteurs politiques. Ces derniers ont pris conscience de leurs droits, n’hésitant plus à affirmer leur identité (de classe, de sexe et de race) et participant plus activement à la vie politique du pays : ces trois paramètres les situent aux antipodes de la citoyenneté limitée qui prévalait sous l’Ordre nouveau, lequel mettait l’accent sur les devoirs des citoyens vis-à-vis de l’État (Berenschot et Klinken 2019). Comment et dans quelle mesure cette montée en puissance de la citoyenneté et de la libéralisation a-t-elle été assimilée par les citoyens indonésiens ? Nous avons peu de recherches sur la question, mais une chose est certaine, la conscience de cette tendance libérale se reflète dans les échanges qui circulent dans les réseaux sociaux.
Rappelons que l’Indonésie est le quatrième utilisateur mondial d’Internet et figure parmi les six premiers utilisateurs de réseaux sociaux. Le pays est la troisième plus grande démocratie du monde, et le troisième utilisateur mondial de Facebook, le quatrième d’Instagram et le sixième de Twitter (statista.com). Il est donc logique qu’Internet et les réseaux sociaux aient eu un impact sur de nombreux aspects de la politique indonésienne, y compris sur la démocratie du pays. Le phénomène a donné lieu à une abondante littérature que l’on pourrait classer en deux écoles de pensée. La première estime que le Net joue en faveur de la démocratie parce qu’il donne du pouvoir aux mouvements de la société civile qui luttent contre la corruption (Lim, 2013 ; Suwana, 2019), qu’il permet l’émergence de leaders alternatifs issus de la base (Tapsell 2017) et sert les campagnes contre la destruction de l’environnement (Kurniawan et Rye 2014 ; Wijayanto et al. 2020 ; Suwana 2021). La seconde école explique qu’Internet favoriserait la régression démocratique en cours à cause de plusieurs éléments : la montée de formes sectaires de nationalisme (Lim 2017), la diffusion de la désinformation (Saraswati 2021), la manipulation de l’opinion publique destinée à défendre des politiques gouvernementales problématiques (Wijayanto et Berenschot 2021), la surveillance et le contrôle des citoyens (Juniarto 202), et enfin l’affaiblissement de l’opposition politique (Wijayanto 2021).
Cette littérature a beau être importante, nous avons peu d’études analysant précisément la façon dont Internet influence l’idée et la pratique de la citoyenneté en Indonésie. Nous nous référons ici à la fois aux études digitales et aux études sur la citoyenneté en Indonésie. Comme le montrent Isin et Ruppert (2020) à l’échelle mondiale, la figure du citoyen est absente de la littérature des études digitales ; inversement, le cyberespace est absent de la littérature des études de la citoyenneté. L’Indonésie ne fait pas exception. C’est pourquoi il nous semblait essentiel de documenter la façon dont les réseaux sociaux favorisent l’essor de la citoyenneté numérique.
Cet article vise à combler cette lacune en analysant deux cas précis de contestation civile en ligne à propos de deux réglementations sujettes à caution : la révision de la loi dont dépend la Commission pour l’éradication de la corruption indonésienne (KPK) en 2019, et l’adoption de la loi sur le travail, dite loi Omnibus, en 2020. En combinant l’analyse des réseaux sociaux et l’ethnographie numérique, nous expliquerons deux choses. D’abord, une immense vague de sensibilisation à la chose juridique a eu lieu en Indonésie, ce dont témoignent les échanges des citoyens à propos des deux mesures mentionnées ci-dessus. Ensuite, les manifestations citoyennes en ligne se sont multipliées grâce à la révolution numérique et à l’émergence des réseaux sociaux, ce dont témoignent les réactions des citoyens à ces mêmes mesures. Cet article est donc la première tentative visant à cerner l’émergence de nouvelles formes de citoyenneté, à savoir ce qu’on appelle la « citoyenneté numérique », depuis l’effondrement du régime de l’Ordre nouveau en 1998.
Définition de la citoyenneté numérique
Notre analyse s’appuie sur les travaux d’Isin et Ruppert (2020), qui définissent la citoyenneté numérique comme un ensemble d’actes accomplis dans le cyberespace, grâce auxquels un sujet politique expérimente différents processus de subjectivation qui lui permettent de devenir citoyen. C’est au fil de ces processus de subjectivation qu’il prend conscience de ses droits et s’autorise à les revendiquer. Pour reprendre les termes d’Isin et Ruppert (2020, 61) :
« Devenir un citoyen numérique du cyberespace implique de revendiquer des droits numériques. C’est à la fois à travers des actes numériques et la revendication de droits que les sujets citoyens numériques voient le jour. »
Les auteurs font du concept de citoyenneté un concept opérationnel puisqu’ils le définissent comme le fait d’accomplir des actes numériques qui se manifestent sous la forme d’actes de parole ou ce qu’ils appellent « agir avec des mots » (p. 3). Ils répartissent plus spécifiquement les actes numériques en trois catégories : les appels, les ouvertures et les fermetures. Les appels sont les actes qui consistent à convoquer les sujets citoyens ; ils s’expriment sous forme de participation, de connexion et de partage. Les ouvertures peuvent être considérées comme des possibilités donnant lieu à de nouvelles façons de formuler et d’appliquer des droits, c’est-à-dire d’être des sujets citoyens : il s’agit de témoigner, de pirater et de faire communauté. Les fermetures, en revanche, contractent et réduisent les possibilités de devenir des sujets citoyens ; elles prennent la forme, par exemple, du filtrage, du suivi et de la normalisation. Les cas de figure évoqués dans les lignes qui suivent gagnent à être envisagés au filtre des processus mis en avant par Isin et Ruppert.
Manifestation civile sur Twitter contre l’affaiblissement de la Commission pour l’éradication de la corruption (KPK)
L’un des événements les plus révélateurs de la régression démocratique de l’Indonésie a eu lieu le 17 septembre 2019 : il s’agissait de la révision du projet de loi sur la Commission pour l’éradication de la corruption (KPK). Avant même que le gouvernement avalise le projet de loi, celui-ci a suscité de vives réactions parmi de nombreux groupes de la société civile : universitaires, étudiants, organisations non gouvernementales et membres de la KPK eux-mêmes. Le projet de loi était perçu comme un moyen radical de réduire l’autonomie et la mission de cet organe chargé de lutter contre la corruption. Il a suscité des critiques publiques dès la première fois où il a été soumis à la Chambre des représentants, le 5 septembre 2019, peu après l’annonce officielle du résultat des élections de 2019 par la commission électorale indonésienne. Le bruit courut que la discussion n’avait duré que vingt minutes, éveillant aussitôt les soupçons du public. En outre, ces vingt minutes avaient été jugées suffisantes pour que les représentants l’introduisent officiellement dans l’agenda législatif. Le projet de loi stipulait que la KPK ne serait plus une institution indépendante, mais serait placée sous l’autorité du pouvoir exécutif. Par ailleurs, elle serait contrôlée par un conseil de surveillance, dont l’autorisation serait nécessaire pour mener des enquêtes secrètes sur des suspects, alors que la méthode avait permis à la KPK d’arrêter et d’emprisonner de nombreux individus corrompus.
Comme nous l’avons dit, la sphère publique numérique, notamment Twitter, a connu une déferlante de discussions sur le sujet. Le pic de ces discussions a eu lieu une semaine avant la ratification du projet de loi au Parlement : le nombre de tweets atteignant alors plus d’un demi-million en sept jours à peine.
Figure 1. Discussions en ligne au sujet la révision de la loi sur la KPK, 10-17 septembre 2019,
données fournies par Drone Emprit Academic, 2019.
Comme l’ont montré Wijayanto et Maizar (2021), Internet a permis de faire de la propagande en faveur de la révision du projet de loi, néanmoins, on a également vu des réactions en ligne à cette propagande. Ces réactions sont représentées dans l’image ci-dessous :
Figure 2. Analyse de réseaux sociaux (SNA) des échanges Twitter provoquées par la révision du projet de loi sur la KPK,
données fournies par Drone Emprit Academic, 2019
L’image ci-dessus montre qu’un large groupe de citoyens s’est mobilisé en ligne contre la révision. Le mouvement était orchestré par des comptes de réseaux sociaux organiques, dont ceux de trois activistes de la société civile qui sont également des dirigeants de Nahdlatul Ulama, une des plus importantes organisations islamiques d’Indonésie : @Anita Wahid, @Alissa Wahid et @Saciv Ali.
Manifestation civile sur Twitter contre le projet de loi Omnibus
Autre mesure politique controversée, adoptée par le gouvernement indonésien le 5 octobre 2020 : la loi Omnibus. C’était à l’origine une loi sur le travail, appelée loi Omnibus parce qu’elle compilait plusieurs lois déjà existantes. Elle a déclenché une vague de critiques et de protestations, notamment dans la sphère publique numérique. Les points controversés de la loi Omnibus, en particulier la loi subsidiaire sur la création d’emplois, portaient sur les modifications des revenus minimums locaux et des règles autorisant le licenciement, sur un assouplissement des règles autorisant à employer des travailleurs étrangers, sur des restrictions aggravées de la participation des collectivités locales aux études d’impact sur l’environnement et une diminution des possibilités de contester les permis environnementaux, ainsi que sur le transfert de l’autorité du gouvernement régional au profit du gouvernement central. Outre le contenu de la loi Omnibus, une grande partie des critiques signalaient sa ratification hâtive au Parlement, initialement prévue pour le 8 octobre 2020. Les opposants dénonçaient des irrégularités de processus, voire un abus de pouvoir de la coalition gouvernant le pays, provoquant des manifestations de grande envergure dans tout le pays pendant deux semaines.
Une controverse aussi violente eut lieu sur les réseaux sociaux. Du 1er au 16 octobre 2020, comme le montre la figure 3, les discussions liées à la loi Omnibus et la loi sur la création d’emplois ont atteint le chiffre 2 689 034 interactions, ce qui était beaucoup plus que le volume des discussions sur les comptes des médias grand public. Comme l’expliquent Sastramidjaja et Wijayanto (2022), s’il y a eu de la propagande en ligne en faveur de la révision de la loi, il y a également eu une réaction en ligne à cette propagande. La figure 4 est la visualisation correspondant à l’Analyse de réseaux sociaux (SNA) du fil Twitter le 16 octobre. Elle montre que le volume réel des partisans de la loi l’emportait sur celui de ses opposants. La SNA montre également que les interactions entre opposants sont beaucoup plus ouvertes que celles des partisans, qui semblent s’adresser à eux-mêmes. Les outils d’écoute des réseaux ont permis de retrouver plusieurs militants célèbres, que ce soit des personnes ou des groupes, notamment Andreas Harsono, Laode M Syarif, Susi Pudji Astuti, Ridwan Kamil, Agus Yudhoyono, Rangga Widigda, Said Didu, Hidayat Nur Wahid, Tifatul Sembiring et Green Peace. Tous interagissaient tout en interférant ouvertement avec divers médias mainstream, dont CNN Indonesia, Tempo.co, Tirto.id, detik.com, Matanajwa et KompasTV.
Figure 3. Volume de discussions sur la loi Omnibus,
Drone Emprit Academic, 2020.
Figure 4. Analyse de réseaux sociaux (SNA) au sujet de la loi Omnibus,
Drone Emprit Academic, 2020.
Dès le 5 octobre 2020, date de la ratification de la loi, et pendant cinq jours, le narratif en ligne suscité par la loi Omnibus a été dominé par ses opposants, notamment par deux hashtags : #MosiTidakPercaya et #TolakOminbusLaw. Ces hashtags ont eu une portée immense, largement redevable aux jeunes internautes qui se sont baptisés génération « K-poppers », avant de résumer leur opposition à la loi Omnibus par la formule « K-poppers strike back ». Ces internautes ont uni leurs forces à celles des étudiants et des ouvriers qui manifestaient dans les rues et sur les réseaux sociaux, créant un vaste mouvement en ligne sur Twitter, lequel a atteint un pic le 6 octobre, avec un volume de près d’un demi-million de tweets. Le volume a progressivement diminué, mais il est resté élevé au cours des jours suivants pour arriver à 200 000 tweets environ le 10 octobre. Le principal hashtag contre la loi Omnibus, #MosiTidakPercaya, arrivait à la septième place avec 558 tweets à peine.
Contester : un acte numérique
Si l’on se réfère à Isin et Rupert (2020), ces deux contestations peuvent être interprétéess comme des actes numériques puisqu’elles participent de la citoyenneté numérique qui consiste à s’engager, se connecter, partager et témoigner. C’est particulièrement explicite quand on lit les contenus postés par les citoyens sur Twitter. Le 14 septembre 2019, Anita Wahid écrivait ainsi :
« Ils disent qu’il y a des talibans (extrémistes islamiques) dans la KPK, donc il suffirait d’interdire cette commission anti-corruption… attention, c’est comme ça qu’ils ont affaibli la KPK. »
Le post d’Anita Wahid correspond à la définition de ce que qu’Isin et Rupert (2020) appellent un acte de témoignage : « Revendiquer des droits dans la mesure où il s’agit de mettre en œuvre le droit de témoigner d’une injustice et de la partager (pour que le monde entier soit au courant) comme un acte à la fois politique et éthique » (p. 130). Le fait est qu’Anita Wahid témoignait ouvertement d’une situation qu’elle percevait comme une injustice. Elle avait remarqué une tentative de manipulation de l’opinion publique visant à diminuer la crédibilité de la Commission anti-corruption en présentant celle-ci comme l’avocate de la ligne dure islamique. Une fois sa crédibilité minée, la KPK était automatiquement affaiblie.
Conclusion
À l’occasion de deux dispositifs controversés : le projet de loi sur la révision de la loi KPK en 2019 et la loi Omnibus en 2020, une nouvelle citoyenneté numérique a émergé en Indonésie. L’analyse de millions de tweets et l’ethnographie numérique de comptes Twitter importants montre que les citoyens se sont imposés en tant que sujets politiques accomplissant des actes numériques dans le cyberespace. Ces actes consistent à participer, partager, se connecter et témoigner. Ce phénomène a pris de l’envergure dans le contexte actuel de régression démocratique (Hadiz 2017 ; Warburton et Aspinall 2019 ; Aminuddin 2020) et de « tournant autoritaire » (Wijayanto 2019), dont le pouvoir croissant de l’oligarchie est une cause latente (Warburton et Aspinall 2019 ; Wijayanto et al. 2020). Ainsi, la consolidation du pouvoir oligarchique qui a suivi l’élection de 2019 fait face à de vrais défis. Dans un contexte où les études sur la régression démocratique en Indonésie sont nombreuses, cet article apporte un éclairage différent sur la force et l’étendue des mobilisations sociales citoyennes.
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