Quand la guerre électrise nos vies modernes
  • Entretien avec Déborah V. Brosteaux — Philosophe — Université libre de Bruxelles - FNRS ( Centre de recherche de philosophie)
« Nous sommes en guerre », souvenons-nous de ce discours du président de la république française qui en mars 2020 martèle pas moins de six fois cette sentence alors que le pays entre en confinement. Nous avions en effet pu oublier que l’Europe était en guerre, puisque depuis 1945, l’Union européenne est présentée comme garante de la paix, la paix sur son sol, alors que la guerre se déroule un peu plus « loin ». La guerre est bien présente dans notre vie et elle fascine, intrigue et permet à certain·es de se sentir exister. Déborah V. Brosteaux, philosophe, revient pour Politika sur cette « authenticité de l’expérience guerrière » que cultive notre société moderne. Dans son ouvrage, Les Désirs guerriers de la modernité (Seuil, 2025), l’autrice explique comment la guerre n’a d’une part jamais quitté nos vies et d’autre part comment nous la réifions pour en faire une expérience de l’intense, de l’authentique et du sensible dans nos vies trop souvent considérées comme faciles ou « aseptisées ». L’autrice nous entraine vers une réflexion sur la guerre d’un genre nouveau, qui nous permet de réfléchir à l’actuelle montée du fascisme comme puissance désirante par une partie de notre société.  
Résumé
« Nous sommes en guerre », souvenons-nous de ce discours du président de la république française qui en mars 2020 martèle pas moins de six fois cette sentence alors que le pays entre en confinement. Nous avions en effet pu oublier que l’Europe était en guerre, puisque depuis 1945, l’Union européenne est présentée comme garante de la paix, la paix sur son sol, alors que la guerre se déroule un peu plus « loin ». La guerre est bien présente dans notre vie et elle fascine, intrigue et permet à certain·es de se sentir exister. Déborah V. Brosteaux, philosophe, revient pour Politika sur cette « authenticité de l’expérience guerrière » que cultive notre société moderne. Dans son ouvrage, Les Désirs guerriers de la modernité (Seuil, 2025), l’autrice explique comment la guerre n’a d’une part jamais quitté nos vies et d’autre part comment nous la réifions pour en faire une expérience de l’intense, de l’authentique et du sensible dans nos vies trop souvent considérées comme faciles ou « aseptisées ». L’autrice nous entraine vers une réflexion sur la guerre d’un genre nouveau, qui nous permet de réfléchir à l’actuelle montée du fascisme comme puissance désirante par une partie de notre société.
Interview published on 30-04-2025
Last modified on 06-05-2025
Langue originale : French
  • Biographie
  • Bibliographie de Déborah V. Brosteaux
  • Bibliographie thématique

Déborah V. Brosteaux est collaboratrice scientifique au FNRS, chercheuse en philosophie à l’Université Libre de Bruxelles (ULB), membre du Centre de Recherche sur l’Expérience de Guerre (CREG, MSH-ULB) et chercheuse associée au Centre Marc Bloch à Berlin. Elle enseigne à l’ULB, à Sciences Po Lille et au Nouveau Collège d’Études Politiques (Paris 8/Nanterre). Elle est également éditrice aux éditions Météores.

Articles scientifiques :

« Perdre l’expérience de guerre : une nostalgie très moderne », Astérion. Philosophie, histoire des idées, pensée politique, n°30 , 2024, [en ligne] DOI : https://doi.org/10.4000/12b0w

« L’art de mettre à part : autour d’un affect guerrier », Aisthesis. Pratiche, Linguaggi E Saperi dell’estetico, vol° 16, n° 2, 2023, p. 15-27, DOI : https://doi.org/10.36253/Aisthesis-15141

« Intériorité profonde, immédiateté de la transparence et pauvreté de l’expérience : trois prismes sur la guerre moderne », Rue Descartes, n° 98, 2020, p. 42-63.

Coordination d’ouvrages :

(coordination avec Christophe Lucchese) : Klaus Theweleit et al., La Possibilité d’une vie non-fasciste. Chroniques d’une Allemagne hantée, traduction de l’allemand par C. Lucchese, Bruxelles, Météores, 2024.

(coordination avec Renaud-Selim Sanli) : Brian Massumi et al., Agitations. Capitalisme et plus-value de vie, traduction de l’anglais par Thierry Drumm, Bruxelles, Météores, 2024.

Thomas Berns et Déborah V. Brosteaux (dir.), Traces de guerre, Dijon, Les Presses du réel, 2023.

 

Revues et presse :

« Penser la guerre, c'est aussi penser les désirs et les affects qu'elle mobilise », entretien avec Simon Brunfaut, L’Écho, avril 2025 [en ligne].

« “Plus jamais ça”. Autour des actualités d’un cri », Permanences critiques, octobre 2023 [en ligne].

« Les pentes glissantes de la guerre », Agir par la Culture, janvier 2023 [en ligne].

« Résister à la rhétorique guerrière au temps du coronavirus », co-écrit avec Juliette Lafosse, Le Soir, mars 2020 [en ligne].

James Balwin, La Prochaine fois le feu (1962-1963), traduit de l'anglais par M. Sciama, Paris, Gallimard, 2018.

Walter Benjamin, « Sur quelques thèmes baudelairiens » (1940), Œuvres iii, traduit de l’allemand par M. de Gandillac et P. Rusch, Paris, Gallimard, 2000.

Marshall Berman, Tout ce qui est solide se volatilise. L’expérience de la modernité [1982], traduit de l’anglais par J. Guazzini, Genève/Paris, Entremonde, 2018.

Houria Bouteldja, Les Blancs, les Juifs et nous. Vers une politique de l’amour révolutionnaire, Paris, La Fabrique, 2016.

Aimé Césaire, Discours sur le colonialisme [1950], Paris, Présence Africaine, 2004.

Grégoire Chamayou, Théorie du drone, Paris, La Fabrique, 2013.

Alice Cook  et Gwyn Kirk, Des femmes contre des missiles. Rêves, idées et actions à Greenham Common [1983], traduit de l’anglais par C. Potier, Paris, Cambourakis, 2016.

Gilles Deleuze et Claire Parnet, « D comme désir », L'Abécédaire de Gilles Deleuze, Arte, 1995.

Ernst Jünger, Feu et sang (première parution en 1925 – ici d’après la version révisée par Jünger pour la réédition de 1978 chez Klett-Cotta), traduit de l’allemand par J. Hervier, Paris, Bourgois, 2003.

Hartmut Rosa, Accélération. Une critique sociale du temps [2005], traduit de l’allemand par D. Renault, Paris, La Découverte, 2013.

Klaus Theweleit, Fantasmâlgories (1977), traduit de l’allemand par C. Lucchese, Paris, L’Arche, 2015.

Simone Weil, La Pesanteur et la grâce [1947], Paris, Plon, 1988.

Louisa Yousfi, Rester barbare, Paris, La Fabrique, 2022.

Benedikte Zitouni, « Ruses et ténacité (1981-2001). Comment récupérer les terres », in Alice Cook et Gwyn Kirk, Des femmes contre des missiles. Rêves, idées et actions à Greenham Common [1983], Paris, Cambourakis, 2016.

Pour citer cette publication

« Entretien avec Brosteaux, Déborah V., Quand la guerre électrise nos vies modernes », Politika, mis en ligne le 30/04/2025, consulté le 06/05/2025 ;

URL : https://www.politika.io/index.php/fr/entretien/quand-guerre-electrise-nos-vies-modernes