Femmes au travail
  • Entretien avec Catherine Marry — Directrice de recherche — CNRS (CMH)
Sophie Pochic — Directrice de recherche — CNRS
Comment les inégalités de genre s’exercent-elles dans les catégories professionnelles dominantes ? Quelle position particulière occupent les femmes qui réussissent leur carrière, au sein de leur fratrie ? Quels sont les privilèges accordés aux hommes dans des milieux tels que les professions de l’enseignement supérieur et de la recherche ? Catherine Marry, directrice de recherche au CNRS, est l’une des pionnières des études de genre en France. Elle nous livre une auto-analyse lumineuse mêlant son parcours de recherche et son histoire personnelle.
Résumé
Une vie, un parcours de recherche.
Interview published on 04-04-2018
Last modified on 25-10-2022
Langue originale : French Lire la version English
  • Biographie
  • Bibliographie de Catherine Marry
  • Bibliographie de l'entretien

Née en 1948, Catherine Marry est sociologue, directrice de recherches au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), au Centre Maurice Halbwachs. Elle travaille sur les inégalités de carrières entre hommes et femmes dans les catégories socio-professionnelles dominantes, que ce soit du secteur privé (ingénieur.e.s, cadres) ou académique (universitaires et chercheurs ou chercheuses). Formée en économie, elle débute sa carrière en tant qu’ingénieure d’étude au CNRS en 1972 au Laboratoire d’économie et de sociologie du travail (LEST) à Aix-en-Provence : les membres de ce projet collectif fondateur sur l'analyse sociétale comparant les hiérarchies salariales entre France et Allemagne ont limité leur approche à l’étude du travail masculin. C’est dans un second temps que Catherine Marry se penche sur la question du travail féminin, à travers une recherche sur les transfuges de sexe, à propos des femmes s’orientant vers des formations techniques et des métiers masculins, avec Anne-Marie Daune-Richard. En 1986, elle poursuit ses recherches à Paris sur les ingénieur.es et les normalien.nes scientifiques au Laboratoire d'analyse secondaire et de méthodes appliquées en sociologie (Lasmas-Iresco), à l’Institut Pouchet du CNRS. Elle travaille notamment avec Alain Degenne, André Grelon, Lise Mounier et Françoise Chamozzi. Elle réussit le concours de chargée de recherche au CNRS en 1991 et poursuit ses recherches sur la « révolution respectueuse » représente la réussite scolaire des filles en sciences, à l’encontre des stéréotypes sur les filles « scolaires » et « dociles ». Elle devient une des pionnières du thème « femmes et sciences » en France, et s’investit dans la Mission pour la place des femmes au CNRS dans les années 2000. En 1995, elle participe à la création du réseau pluridisciplinaire de recherche européen Marché du travail et genre (MAGE) avec Margaret Maruani et Jacqueline Laufer. Elle contribue à la revue Travail, Genre et Société. Elle a également enseigné par la suite, notamment à l’étranger (Brésil, Russie, Québec), et dans le master Genre, politique et sexualités de l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS). Elle a récemment travaillé sur le « plafond de verre » auquel se heurtent les femmes dans les ministères.

(avec Laure Bereni, Alban Jacquemart, Sophie Pochic, Anne Revillard), Le Plafond de verre et l’État : la construction des inégalités de genre dans la fonction publique, Malakoff, Armand Colin, 2017.

(avec Alain Degenne, Stéphane Moulin), Les Catégories sociales et leurs frontières, Québec, Presses de l’Université Laval, 2011.

(avec Laure Bereni, Sophie Pochic, Anne Revillard), « Le Plafond de verre dans les ministères : regards croisés de la sociologie du travail et de la science politique », Politique et Management Public, vol. 28, n° 2, 2011, p. 139-155.

(avec Irène Jonas), « Chercheuses entre deux passions : l'exemple des biologistes », Travail, genre et sociétés, n° 14, 2005, p. 69-88.

Les Femmes ingénieurs, une révolution respectueuse, Paris, Belin, 2004.

(avec Jacqueline Laufer, Margaret Mariani), Le Travail du genre. Les sciences sociales du travail à l'épreuve de la différence des sexes, Paris, La Découverte, 2003.

(avec Jacqueline Laufer, Margaret Mariani), Masculin-Féminin : questions pour les sciences de l’homme, Paris, PUF, 2001.

(avec Michèle Ferrand, Françoise Imbert), L’Excellence scolaire : une affaire de famille. Le cas des normaliennes et normaliens scientifiques, Paris, L’Harmattan, 1999.

(avec Annick Kieffer, Hildegarde Brauns, Susanne Steinmann), « France-Allemagne : inégales avancées des femmes. Une analyse comparée des évolutions de l’éducation et de l’activité des femmes de 1971 à 1991 », Revue Française de Sociologie, vol. 2, n° 32, 1998, p. 353-389.

(avec Jean-Marie Duprez, André Grelon), « Les ingénieurs des années 90 : mutations professionnelles et identités sociales », Sociétés Contemporaines, n° 6, 1991, p. 41-64.

(avec Anne-Marie Daune-Richard, Catherine Flament, Madeleine Lemaire), L'Insertion des femmes dans des professions de technicien supérieur de l'industrie liée aux nouvelles technologies : étude de cas dans la région PACA, Aix-en-Provence, Laboratoire d'économie et de sociologie du travail, 1990.

(avec Anne-Marie Daune-Richard), « Autres histoires de transfuges ? Le cas de jeunes filles inscrites dans des formations masculines de BTS et de DUT industriels », Formation-Emploi, n° 29, 1990, p. 35-50.

Christian Baudelot, Roger Establet, Allez les filles ! Une révolution silencieuse, Paris, Le Seuil, 1992.

Hélène Cixous, Le Rire de la Méduse, Paris, Galilée, 2010.

Anne-Marie Devreux (dir.), « Les Résistances des hommes au changement », Cahiers du genre, n° 36, 2004.

Marie Duru-Bellat, L'École des filles : quelle formation pour quels rôles sociaux ? [1990], Paris, L'Harmattan, 2004.

André Grelon, Les Ingénieurs de la Crise. Titre et profession entre les deux guerres, Paris, Éditions de l’EHESS, 1986.

Louise Grenier, Filles sans père. L'attente du père dans l'imaginaire féminin, Québec, Québec-Livres, 2007.

Helena Hirata, Femmes et partage du travail, Paris, Syros, 1996.

Irène Jonas, Moi tarzan, toi Jane, Syllepse, 2011.

Danièle Kergoat, Se battre, disent-elles..., Paris, La Dispute, 2012.

Isabelle Lasvergnas-Gremy, « Pratiques réticulaires et inscription de la différence dans l’institution scientifique », Sociologie et Sociétés, vol. 13, n° 2, 1981, p. 83-93.

Isabelle Lasvergnas-Gremy, Le Corps étranger ou la place des femmes dans l'institution scientifique, thèse de Doctorat, Université de Montréal, 1986.

Clotilde Lemarchand, Unique en son genre. Filles et garçons atypiques dans les formations techniques et professionnelles, Paris, PUF, 2017.

Frédérique Matonti, Intellectuels communistes. Essai sur l’obéissance politique. La Nouvelle Critique (1967-1980), Paris, La Découverte, 2013.

Marc Maurice, François Sellier, Jean-Jacques Silvestre, « La production de la hiérarchie dans l'entreprise : recherche d'un effet sociétal. Comparaison France-Allemagne », Revue française de sociologie, vol. 20, n° 2, 1979, p. 331-365.

Juliette Rennes, Le Mérite et la nature. Une controverse républicaine, l’accès des femmes aux professions de prestige, 1880-1940, Paris, Fayard, 2007.

Monique de Saint-Martin, Les Fonctions sociales de l'enseignement scientifique supérieur, Mouton, Paris, La Haye, 1971.