Cet atelier est consacré au Tribunal Ouïghour, tribunal citoyen qui s’est réuni à Londres, entre juin et décembre 2021 afin d’examiner la nature des atrocités commises en Région autonome ouïghoure du Xinjiang depuis plusieurs années. A l’issue d’un an et demi de travail, le Tribunal a conclu au crime de génocide pour entrave aux naissances (article II d. de la Convention de 1948), aux crimes contre l’humanité et à la torture en se fondant sur un corpus juridique large, une très riche documentation et près de 70 heures d’audiences. Celles-ci ont réuni quelque 70 témoins : des témoins des faits dont une quinzaine d’anciens et anciennes détenu·es, des experts-témoins et des témoins de contexte.
Considérés ici comme un objet de sciences sociales, les audiences comme le texte du jugement feront régulièrement l’objet de commentaires par des chercheuses et chercheurs qui viendront éclairer un élément ou un thème particulier, pour les mettre en perspective. Il s’agit, d’une part, de recontextualiser le travail du Tribunal pour le réinscrire dans le temps long de l’histoire des tribunaux citoyens ou internationaux liés à la violence génocide et, d’autre part, de mieux en comprendre la portée, mais aussi les limites et les contraintes du droit, au regard de la nature des violences politiques et sociales touchant les populations musulmanes ouïghoures, kazakhes et turciques de la Région ouïghoure et des pays limitrophes.
La première publication de cet atelier porte sur le texte du jugement lui-même, désormais accessible dans une traduction en français, laquelle a nécessité plusieurs mois de travail et des compétences collectives diverses ; le texte est publié en trois parties sur le site de Politika et le fichier intégral pdf est disponible sur HAL-SHS.
Cet atelier est publié dans le cadre du projet ANR Shatterzone « Violences de guerre et violences exterminatrices : Est de l’Anatolie, Caucase et Asie centrale (1912-1924) » qui inclut depuis 2021 la question du génocide des Ouïghours, Kazakhs et autres populations turciques du Xinjiang (ANR-19-FGEN-0001-01) coordonné par Cloé Drieu (CETOBaC/CNRS-EHESS), et du Réseau international de chercheuses et chercheurs à l’épreuve des violences extrêmes (RICEVE) à la FMSH, coordonné par Richard Rechtman.
Coordonné par Cloé Drieu