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Retour sur l’état de la droite républicaine
professeure en science politique

(Sciences Po - Centre d’études européennes et de politique comparée)

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La campagne présidentielle a vu s’effondrer progressivement les chances de la candidate des Républicains, Valérie Pécresse, prise en tenailles entre LREM et les deux candidats de l’extrême droite, Marine Le Pen et Éric Zemmour. La politiste Florence Haegel, spécialiste des partis politiques et tout particulièrement de la droite partisane, revient dans cet entretien sur l’histoire récente des Républicains depuis 2012. Elle montre notamment que l’UMP (aujourd’hui LR) est une institution faible, fragilisée par les rivalités et les divisions. Elle souligne également les effets sur l’appareil partisan de sa « droitisation » idéologique récente (sécurité, identité nationale, ordre moral). Elle rappelle enfin le poids des implantations locales que ce soit en terme d’élus ou d’adhérents pour leur financement et sa survie.

Notes

 

Éric Ciotti né à Nice, a obtenu depuis le début de sa carrière politique tous ses mandats électifs dans les Alpes-Maritimes (1er adjoint au maire de Nice, Christian Estrosi dont il a été l’attaché parlementaire au début des années 1990, Président du Conseil général, Député…). Secrétaire national de l’UMP chargé de la sécurité en mars 1989, il défend continûment depuis une ligne répressive et se montre parfois même, sur certains sujets, proche de l’extrême droite (préférence pour une nationalité fondée sur le droit du sang, insistance sur les origines chrétiennes de la France, opposition au mariage pour tous et à l’homoparentalité). Candidat à la primaire des Républicains en 2021, il a été battu par Valérie Pécresse, mais une partie de ses thématiques semblent avoir irrigué les discours de campagne de cette dernière.

 

Jean-François Copé, élu député dès 1995, il a été plusieurs fois ministre pendant les deux mandats de Jacques Chirac. Secrétaire général de l’UMP (quand la présidence est vacante, entre 2010 et 2012), il en remporte la présidence en 2012, à l’issue d’une élection très serrée face à François Fillon dont les partisans contestent longuement les résultats. En mars 2014, il est pris dans l’affaire de la société Bygmalion (un système de surfacturation pendant la campagne de 2012). S’il n’a été entendu que comme « témoin assisté », quelques-uns de ses proches, à commencer par son bras droit Jérôme Lavrilleux ont été mis en examen et reconnus coupables (Nicolas Sarkozy a lui-même été condamné mais a fait appel). Il semble avoir renoncé à une carrière nationale pour se replier sur le local (Maire de Meaux et président de la communauté d’agglomération du Pays de Meaux).

 

Charles Pasqua a rejoint le Rassemblement pour le Peuple Français (RPF) fondé par le général de Gaulle dès 1947. Il a sans doute été l’un des fondateurs du Service d’Action Civique (SAC), service d’ordre gaulliste créé pendant la guerre d’Algérie et souvent considéré comme une officine chargée de basses besognes d’intimidation des adversaires politiques. Proche de Jacques Chirac, il devient pour la première fois ministre de l’Intérieur pendant la première cohabitation de la 5ème République (1986-1988) et le redevient lors de la seconde cohabitation où Édouard Balladur est premier ministre (1993-1995). Répressif, il est ministre pendant les grandes manifestations étudiantes de décembre 1986 (et donc lors de la mort de Malik Oussekine à la suite d’une charge policière, en marge d’une manifestation). Il est également à l’origine de projets qui restreignent l’automaticité de l’accession à la nationalité française. Souverainiste, il s’oppose à Jacques Chirac, puis finit par quitter le RPR pour fonder son propre mouvement, « Demain la France » (1991) puis le Mouvement pour la France avec Philippe de Villiers. Après ses passages au gouvernement, sa carrière est ensuite élective (il est sénateur, député européen, et président du conseil général des Hauts-de-Seine). Enfin, plusieurs fois mis en cause dans des affaires politico-financières, il a été condamné deux fois à de la prison avec sursis.

 

Guillaume Peltier a commencé sa carrière politique au Front national de la jeunesse, avant de passer au Mouvement national républicain de Bruno Mégret (dissident du Front National) puis au Mouvement pour la France de Philippe de Villiers. Il s’est rallié en 2009 à l’UMP (devenu LR) où il a représenté une des fractions de l’aile droite jusqu’à son ralliement à Éric Zemmour en janvier 2022.

 

Laurent Wauquiez. Président du conseil régional Rhône-Alpes, plusieurs fois ministre ou secrétaire d’État, il a brièvement présidé le parti LR. Bien qu’il ait été « parrainé » en politique par l’ancien ministre et membre du Conseil constitutionnel Jacques Barrot qui représentait une aile plutôt « sociale » de la droite, Laurent Wauquiez met en avant des positions très droitières comme la critique des aides sociales (il a dénoncé « le cancer de l’assistanat ») ou l’opposition au mariage pour tous.

 

Discours de Grenoble. Il s’agit d’un discours prononcé par Nicolas Sarkozy en juillet 2010, après une série de faits divers, et à l’occasion de l’installation du nouveau préfet de l’Isère. Le Président de la République s’en prend aux délinquants d’origine étrangère, prévoit d’élargir les motifs de déchéance de nationalité et remet en cause la possibilité qu’un mineur délinquant né en France de parents étrangers puisse obtenir automatiquement la nationalité française à sa majorité.

 

Fédération. Les partis politiques de masse (par opposition aux partis de cadres) ont une organisation qui est à la fois hiérarchique et territorialisée. Ainsi les partis ont des organisations locales (sections, cellules, etc), départementales (fédérations) et nationales (comité national, comité central, bureau politique, bureau national, selon les différentes appellations des partis). 

 

LR. Le parti Les Républicains est, depuis mai 2015, le nouveau nom de l’UMP (Union pour un mouvement populaire), créé en avril 2002. L’UMP était issu de la fusion de plusieurs partis de droite (dont le Rassemblement pour la République et Démocratie Libérale). Le RPR est le parti de droite issu du gaullisme qui a porté les noms successifs d’UNR fondé en 1958 pour soutenir le Général de Gaulle, UD-Vè en 1967, UDR en 1968, RPR en 1976, lors de la prise de contrôle du parti par Jacques Chirac. Sous la IVème République, Charles de Gaulle avait créé le RPF (Rassemblement du peuple français), en activité entre 1947 et 1955.

 

Émilien Houard-Vial est doctorant à Science-Po Paris, il travaille sous la direction de Florence Haegel sur l’idéologie de la droite française et notamment de LR.

 

Angelo Panebianco (né en 1948). Politiste italien de renommée internationale et spécialiste des partis politiques. Parmi ses ouvrages importants : Political Parties: Organization and Power, New York, Cambridge University Press, 1988.

À propos de Florence Haegel

Florence Haegel est professeure en science politique, directrice de recherche de la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP) et actuellement directrice du Centre d’études européennes et de politique comparée de Sciences Po. Ses recherches portent notamment sur l’étude des partis politiques et des processus de politisation – socialisation et participation politiques. Ses travaux sur les partis politiques ont porté spécifiquement sur la droite partisane française. Parmi ses publications : Florence Haegel, Les droites en fusion. Transformations de l’UMP, Paris Presses de Sciences Po, 2012 ; avec Marie-Claire Lavabre, Destins ordinaires : Identité singulière et mémoire partagée, Paris, Presses de Sciences Po, 2010 ; avec Gérard Grunberg, La France vers le bipartisme ? La présidentialisation du PS et de l’UMP, Paris, Presses de Sciences Po, 2007.

    Bibliographie de Florence Haegel

     

    Les droites en fusion. Transformations de l’UMP, Paris, Presses de Sciences Po, 2012.

     

    avec Marie-Claire Lavabre, Destins ordinaires : Identité singulière et mémoire partagée, Paris, Presses de Sciences Po, 2010.

     

    avec Gérard Grunberg, La France vers le bipartisme ? La présidentialisation du PS et de l’UMP, Paris, Presses de Sciences Po, 2007.

    Pour citer cette publication

    Florence Haegel, « Retour sur l’état de la droite républicaine » Dans FrédériqueMatonti et Laurent Jeanpierre (dir.), « Élections », Politika, mis en ligne le 06/04/2022, consulté le 26/10/2022 ;

    URL : https://www.politika.io/index.php/fr/article/retour-letat-droite-republicaine