Seigneurs de la guerre et construction de l’État en Chine : le cas de Chen Jitang (1929-1936) est-il généralisable ?
Maître de conférences

(EHESS - Chine, Corée, Japon - CCJ)

L’historiographie a jusque dans les années 1980 eu tendance à voir la période républicaine (de la chute de l’empire Qing en 1912 à la proclamation de la République Populaire de Chine en 1949) comme autant d’années perdues pour la construction de l’Etat. Les historiens de Chine continentale allaient jusqu’à considérer qu’en la matière, la République populaire partait de zéro ou presque en 1949.

Ce jugement a été radicalement révisé grâce aux nombreux travaux menés à partir des années 1990 qui ont montré qu’une œuvre conséquente avait été accomplie. Ces recherches, cependant,  se sont surtout consacrées à la période 1928-1937 (la décennie de Nankin) et plus particulièrement à l’œuvre accomplie en matière de construction de l’État par le Guomindang 國民黨 en lien avec son entreprise de renforcement du pouvoir central1.

D’autres recherches plus récentes ont montré qu’en dehors de la décennie de Nankin, la construction de l’État n’était pas totalement à l’arrêt pendant la République. Elles ne remettent cependant pas en cause le diagnostic selon lequel cette dernière en constitue le point d’orgue. Dans un numéro spécial de la revue Twentieth century China paru en janvier 20222, David Serfass et moi avons entrepris de dénoncer une des limites actuelles de l’historiographie, à savoir une focalisation trop prononcée sur les seules avancées du gouvernement central. Les acteurs politiques qui s’opposent à lui (et ils sont nombreux sous la République) méritent de voir mieux reconnaître leur contribution au processus de construction de l’État.

Dans la continuité de cette démarche, je vais dans cet article tenter de rendre justice plus particulièrement à une catégorie de ces acteurs : les seigneurs de la guerre (junfa 軍閥). L’idée d’examiner comme nous allons le faire leur action durant la décennie de Nankin peut sembler quelque peu paradoxale. En effet, les seigneurs de la guerre dominaient complètement l’échiquier politique durant la période précédente de 1916-1928, quand le pouvoir central des gouvernements de Pékin, dits Beiyang 北洋, se réduisait à bien peu de choses. Par contraste, durant la décennie de Nankin, le Guomindang met fin à leur toute puissance en ressuscitant un pouvoir central plus consistant, dont il place la capitale dans la ville éponyme. En dépit de cela, il faut souligner que les seigneurs de la guerre continuent de jouer un rôle très important après 1928 dans les zones qui ne sont pas contrôlées directement par le Guomindang, c’est-à-dire l’essentiel du pays.

Le terme chinois que l’on traduit en français par « seigneur de la guerre », junfa, est d’origine japonaise (gunbatsu). Chen Duxiu 陳獨秀 l’introduit dans la langue chinoise relativement tard, en 19183. Il n’est pas particulièrement aisé d’en donner une définition. On peut néanmoins avancer qu’un seigneur de la guerre est un acteur politique qui a réussi à s’assurer, au moyen de la force militaire dont il dispose, le contrôle d’une certaine assise territoriale (faute de quoi, rien ne le différencie d’un de ces chefs de bandits itinérants qui sévissent dans maintes régions). Aucun seigneur de la guerre ne songerait à utiliser ce terme fortement péjoratif (et qui le demeure tout autant aujourd’hui) pour se qualifier lui-même. Le junfa, en effet, c’est toujours l’autre.

Les seigneurs de la guerre n’ont guère été épargnés par l’historiographie des années 1950 à 1980, qui les dépeignait avant tout comme des brutes rapaces, seulement guidés par leur intérêt personnel4. Les seigneurs de la guerre incarnaient une force politique intrinsèquement hostile au renforcement du pouvoir central et au triomphe de la révolution. Pourtant, des études menées par la suite ont montré que certains d’entre eux pouvaient faire montre d’incontestables qualités d’homme d’État. Reste que cette entreprise de réhabilitation est restée imparfaite, en particulier parce qu’elle n’a jamais donné une vision d’ensemble des fruits qu’ont portés leurs politiques.

Il faut bien admettre qu’évaluer dans son ensemble l’action des seigneurs de la guerre en matière de construction de l’État durant la décennie de Nankin représenterait une tâche immense. Il est plus raisonnable de restreindre l’analyse à trois domaines : l’éducation, les infrastructures de transport et les statistiques. Notre méthode consistera à exposer les réalisations de Chen Jitang, un junfa particulièrement actif dans sa province du Guangdong, avant de voir si d’autres seigneurs de la guerre en d’autres contrées peuvent revendiquer des avancées comparables.

Chen Jitang et les autres seigneurs de la guerre

Chen Jitang

Chen Jitang

Le terme de residual warlordism a été proposé par James Sheridan pour désigner la présence continue et significative des seigneurs de la guerre durant la décennie de Nankin5. Le terme n’est pas forcément très heureux, notamment parce qu’il peut laisser croire (à tort) que les seigneurs de la guerre n’occupent plus qu’une place très marginale sur l’échiquier politique. Cependant, on est complètement fondé à distinguer les seigneurs de la guerre de la décennie de Nankin de leurs prédécesseurs de 1916-1928. Pour simplifier, disons qu’entre 1928-1937, on a les seigneurs de la guerre déjà en place avant 1926 et qui, proches idéologiquement du Guomindang, furent ses alliés durant l’expédition du Nord (1926-1928) menée depuis le Guangdong par Jiang Jieshi 蔣介石 pour aboutir à la réunification (imparfaite) du pays. En 1928, Feng Yuxiang 馮玉祥 est le maître du Henan, du Shaanxi et du Gansu ; Yan Xishan 閻錫山 tient quant à lui le Shanxi, son bastion depuis 1912, ainsi que la région de Pékin et Tianjin6. Enfin, la Nouvelle Clique du Guangxi, un triumvirat composé de trois militaristes, Li Zongren 李宗仁, Huang Shaohong 黃紹竑 et Bai Chongxi 白崇禧7, contrôle la province éponyme mais aussi le cours moyen du Yangzi. Tous ces anciens alliés du Guomindang vont rompre rapidement avec le gouvernement de Nankin et perdre en influence au cours de la décennie tandis qu’une nouvelle génération de junfa va entrer en scène : il s’agit de hauts gradés de l’armée du Guomindang qui, à l’image de Chen Jitang, saisissent une occasion pour s’arroger une demi-indépendance dans les provinces dont ils sont les chefs militaires (le plus souvent sans rompre ouvertement avec Nankin). Ainsi Han Fuju 韩复榘 s’affirme-t-il comme le maître de la province du Shandong de 1930 à 1937. He Jian 何健 fait de même au Hunan entre 1928-1937. Mais ces nouveaux venus partagent avec le Guomindang, la Nouvelle Clique du Guangxi, Feng Yuxiang et Yan Xishan une communauté de vue : tous se réclament de Sun Yatsen, et de l’idéologie du Triple Démisme8. Quant à leurs politiques, elles convergent avec celles du gouvernement central de Nankin sur un certain nombre de points fondamentaux, en particulier l’ambition de modernisation et le renforcement du rôle de l’État9.

Chen Jitang (1890-1954) est l’un de ces nouveaux seigneurs de la guerre issus des rangs des forces militaires du Guomindang. En 1929, demeuré le chef des principales forces militaires du Guomindang stationnées au Guangdong après le départ de son supérieur Li Jishen 李濟深, il s’émancipe d’un gouvernement de Nankin alors aux prises avec différentes révoltes10.

Chen est l’archétype des ascensions sociales spectaculaires que le climat politique pour le moins tumultueux de la période républicaine rend possible pour certains individus qui embrassent la carrière des armes. Chen est en effet de modeste extraction, puisque (comme Mao Zedong) il vient d’une famille de paysans aisés. Il nait à l’extrême Ouest de la province du Guangdong, dans le district reculé de Fangcheng 防城. Après avoir suivi dans un premier temps une formation dans une école de police, il opte à 17 ans pour une éducation militaire. Gravitant dans les milieux révolutionnaires à la fin de l’Empire, il exerce son premier commandement en 1913 et prend rapidement du galon dans les armées du Guomindang durant les années 1920 (il commande une division dès 1925). Il a 38 ans lorsqu’il devient de facto le maître du Guangdong, une des provinces les plus riches et peuplées de Chine (35 millions d’habitants). Il le restera jusqu’en juillet 1936, date à laquelle, trahi par plusieurs de ses principaux subordonnés, il doit abandonner la province. Cette dernière fait alors retour sans effusion de sang dans le giron du gouvernement central.

C’est peu dire que les contemporains tiennent Chen Jitang en piètre estime. Observateurs et diplomates étrangers ne sont guère impressionnés par sa personnalité11. Ses compatriotes, eux, insistent à l’envi sur certains aspects jugés archaïques voire réactionnaires de son action : on fait par exemple au début des années 1930 des gorges chaudes dans la revue satirique Lunyu des mesures prises par Chen visant à séparer rigoureusement hommes et femmes dans les lieux publics, ou à obliger ces dernières à porter des tenues décentes12. L’intérêt de Chen pour la promotion de l’étude des classiques confucéens dans l’enseignement primaire et secondaire, ainsi que sa tendance à avoir recours à des horoscopes pour choisir ses subordonnés ont également été maintes fois relevés. Le problème est que ces aspects aussi anecdotiques que secondaires de son action à la tête du Guangdong ont eu tendance à trop retenir l’attention des historiens par la suite. Ainsi, dans la notice que lui consacre le Boorman13, dictionnaire biographique de la période républicaine longtemps resté une référence, ces anecdotes passablement triviales viennent occulter à peu près totalement l’œuvre énorme accomplie en sept ans.

Depuis les années 1990, Chen a fait l’objet en Chine de nombreux travaux de recherche et notamment de plusieurs biographies14. Hors de Chine, l’intérêt demeure bien moindre : Chen est même le dernier grand seigneur de la guerre de la période républicaine qui attend toujours son biographe dans une langue occidentale. Quelques articles et livres existent cependant sur des aspects de sa politique, notamment l’aide sociale et le développement industriel15. Cet article va se concentrer sur trois domaines qui n’ont guère été abordés et ainsi, espérons-le, contribuer à faire mieux connaitre son action.

La question de la représentativité de Chen se pose évidemment. Certes, il est bien un « residual warlord », l’un des ces seigneurs de la guerre idéologiquement proche du Guomindang qui dominent la décennie de Nankin : ce n’est donc pas sur ce plan que la question de sa représentativité se pose. Le problème provient plutôt du fait qu’il est le maître d’une des deux seules provinces de Chine (avec le Fujian) où affluent l’aide et les capitaux des huaqiao 華僑 (les Chinois d’Outre-mer)16. Ainsi, par exemple, les chiffres flatteurs dont, comme nous le verrons, le Guangdong peut se prévaloir dans le domaine de l’éducation, doivent-ils aussi aux écoles qui sont fondées par ces derniers. Des données de 1930 indiquent que 73,1% des écoles primaires de la province sont privées (13.181 pour un total de 18.033). Ceci représente une anomalie au niveau national où en moyenne, les écoles privées ne pèsent qu’environ 23%. Il est intéressant de relever que l’autre province qui bénéficie des subsides de huaqiao, le Fujian, s’écarte aussi de la moyenne nationale, quoique dans une moindre mesure (36,7% d’écoles privées)17.

Néanmoins, s’il est vraisemblable que d’une manière plus générale les résultats enregistrés au Guangdong sont rendus plus impressionnants par la vertu d’un « effet huaqiao », celui-ci ne représente pas une variable purement exogène : Chen Jitang multiplie les mesures destinées à encourager, protéger et récompenser les investissements de Chinois d’Outre-mer dans la province18. Si les investissements des huaqiao atteignent des sommets sous Chen, c’est aussi parce que ces derniers apprécient de pouvoir investir dans une province stable, et où le volontarisme politique de Chen fait merveille.

Éducation : un rôle crucial dans le développement de l’enseignement primaire

Chen Jitang ne se paie pas de mots quand il énonce en 1932 que « l’éducation est aujourd’hui une question de vie ou de mort pour notre peuple19 ». Il accompagne au contraire ces paroles de réalisations tout à fait tangibles. En 1931 la province compte 18.969 écoles primaires (pour un total de 1.098.965 élèves). Trois ans plus tard, on a 22.754 écoles et 1.469.406 élèves20. Dans le même temps, le nombre d’établissements d’enseignement secondaire passe de 205 à 299, tandis que le nombre des élèves augmente de 36%. Les effectifs de l’enseignement supérieur, eux, croissent dans une proportion quelque peu moindre (25%). Au total, l’effort financier consenti est considérable puisque les dépenses d’éducation qui plafonnaient à 4,3% dans le budget provincial de 1930 sont portées à près de 11% en 193521.

He Jian peut se targuer de résultats tout à fait comparables au Hunan, puisque le nombre des écoles primaires y passe, durant sa période de domination (1928-1937), de 18.000 à 23.800. He Jian prend soin également de développer les écoles normales, sans négliger pour autant l’enseignement secondaire22. Bien qu’une université soit fondée à la fin des années 1920 à Wuzhou, la Nouvelle Clique du Guangxi met elle aussi l’accent sur l’enseignement primaire. Les deux tiers des villages de la province y sont dotés d’une école, et près de la moitié du budget des districts est consacré à ce poste budgétaire. L’originalité du Guangxi n’est pas à trouver du côté de l’effort fourni, mais de l’intérêt manifesté plus spécialement pour l’enseignement dispensé à des adultes23. Enfin, il est remarquable que même des seigneurs de la guerre de moindre calibre ne soient pas en reste. Chen Quzhen 陳渠珍, dont le fief est niché dans l’ouest du Hunan, déploie dans le domaine de l’éducation des efforts comparables durant les quinze ans qui précèdent la guerre sino-japonaise24.

Cet effort des seigneurs de la guerre mérite d’autant plus de retenir l’attention que les acteurs du monde de l’éducation leur sont, d’une manière générale, extrêmement hostiles. Une très large part des critiques contre les seigneurs de la guerre s’élèvent en effet des campus universitaires et plus généralement du monde de l’éducation. Cela est vrai non seulement de grandes figures telles que Cai Yuanpei 蔡元培 ou Lu Xun 魯迅, comme du menu fretin des étudiants et du personnel enseignant.

Le fait que les efforts des junfa portent surtout sur l’enseignement primaire et, dans une mesure un peu moindre, sur le secondaire, explique que ces efforts sont restés relativement mal connus par l’historiographie. En effet, d’une façon générale, les historiens de l’éducation ont été particulièrement fascinés par le spectaculaire rattrapage opéré en une génération par le monde universitaire chinois sur son homologue occidental. Lorsqu’ils se sont penchés sur la période républicaine, ils ont donc accordé bien davantage d’attention à l’enseignement secondaire et surtout supérieur qu’au primaire25.

Infrastructures de transport et de communication

Le 15 février 1933 est un jour marquant dans la vie de tous les Cantonais. Ce jour-là en effet, le premier pont franchissant la rivière des Perles est inauguré. Cet ouvrage d’art de plus de 180 mètres de long manifeste l’importance des investissements effectués durant la période de domination de Chen Jitang26. Ces années voient également, sous l’impulsion du maire Liu Jiwen 劉紀文 une amélioration considérable de la voierie de Canton, avec l’élargissement et l’amélioration de nombreuses rues comme Xihu lu 西湖路 ou Qingping lu 清平路27. Les sept années de Chen voient aussi des avancées très importantes dans le domaine du chemin de fer et des routes, avec 248% d’augmentation du réseau routier entre 1928 et 1934. Quant au transport aérien, qui en est à ses tout débuts en Chine, Chen Jitang est à l’origine de la fondation dès l’été 1933 de la Compagnie aérienne du Sud-ouest (西南航空公司 xinan hangkong gongsi), l’une des premières compagnies chinoises, qui exploite notamment des lignes avec le Vietnam28.

L’une des actions les plus connues en matière de développement des infrastructures de transport est celle menée par Yan Xishan dans le Shanxi 山西, province qu’il administre presque sans discontinuer de 1912 à 1949. Pas moins du quart de l’augmentation du kilométrage des lignes de Chemins de fer de la décennie de Nankin provient de ses efforts29. À l’été 1937, à la veille du déclenchement de la guerre sino-japonaise, la ligne Datong 大同 -Pudong 蒲州, longue de 960 km est presque achevée. Etant donné que sa construction avait commencé seulement cinq ans plus tôt, c’est un exploit très remarquable30. Au Hunan, He Jian accomplit des efforts à peine moins spectaculaires durant son règne dans le domaine de la construction de lignes de chemin de fer. Et pour faire bonne mesure, il quadruple le kilométrage du réseau de routes modernes. En 1936 sont achevés les axes qui relient la province au Sichuan et au Guizhou31. Si elles s’illustrent peu dans le domaine des transports ferroviaires (ce qui s’explique par leur relief très compartimenté), on relève des avancées similaires en matière d’infrastructures routières dans les provinces du Sichuan et du Guangxi. La comparaison du réseau routier du Guangxi entre 1930 et 1937 est éloquente et montre des progrès particulièrement significatifs dans le sud-est (région de Nanning). Une route reliant la province au Guizhou est également achevée en janvier 1934 (moyennant un coût humain considérable qui dit tragiquement la difficulté des obstacles naturels qui ont dû être surmontés)32.

Des travaux récents ont montré que les voies navigables font également l’objet d’une attention soutenue. Anne Reinhardt décrit comment, au début des années 1930, Liu Xiang 劉湘 un seigneur de la guerre du Sichuan, favorise la création d’une compagnie de navigation à capitaux chinois sur le Yangzi (Minsheng 民生), afin de faire pièce aux compagnies étrangères qui exercent une domination sans partage33. La réfection du canal Xiaoqing (Xiaoqing he小清河) qui relie la ville de Jinan à la mer fait partie des principales réalisations en matière d’infrastructures de transport à mettre à l’actif de Han Fuju au Shandong. Ce dernier œuvre également avec constance dans le domaine des réseaux de télégraphe et de téléphone34.

Disposer de bonnes routes et d’un réseau de chemin de fer dense présente pour les seigneurs de la guerre l’intérêt stratégique évident de permettre d’assurer le déplacement rapide et efficace des troupes. L’attention qu’ils portent au développement des infrastructures de transport et de communication dans les régions qu’ils dominent n’est donc certes pas uniquement guidée par des préoccupations de bien public. Il n’en reste pas moins que l’œuvre accomplie est absolument considérable.

Statistiques : la contribution des seigneurs de la guerre au « petit âge d’or statistique »

Dans un article récent35, j’ai pu mettre en évidence le fait que la décennie de Nankin représentait un petit âge d’or pour la production et la compilation de statistiques durant la période républicaine. Prenons l’une des publications statistiques les plus fameuses du gouvernement central, et bien familière des historiens spécialistes de la période républicaine, le Zhonghua minguo tongji tiyao 中華民國統計提要 (Abrégé statistique de la République de Chine) publié en 193636. Cette somme de 1250 pages frappe par sa rigueur, sa clarté ainsi que son exhaustivité. On y trouve des informations statistiques dans tous les domaines : géographie, institutions, démographie, économie, réseaux routiers, chemins de fer, forêt, pêche, commerce, etc. Ainsi cette publication donne-t-elle à première vue une image tout à fait flatteuse des efforts accomplis par l’administration centrale du gouvernement de Nankin. Toutefois, si l’on regarde de plus près les tableaux qui la composent, par exemple dans la partie consacrée à la démographie, on s’aperçoit que beaucoup d’entre eux ne font que reprendre les statistiques compilées et publiées dans des provinces tenues par des seigneurs de la guerre37. Plus encore, il est remarquable que dans un certain nombre de cas, les données les plus détaillées ne proviennent pas des provinces tenues en main par le gouvernement central. Tel est le cas de la province du Yunnan, seule à pouvoir exhiber des données sur le taux d’illettrisme et les activités professionnelles à un niveau local (celui des districts, xian 縣)38.

Zhonghua mingu tongji tiyao

Zhonghua mingu tongji tiyao/ Abrégé statistique de la République de Chine.

Sous Chen Jitang, le Guangdong n’a pas à rougir de ses statistiques, même si elles ont tendance à ne pas être publiées de façon agrégée et systématique avant le lancement quelque peu tardif de la revue Tongji huikan 統計彙刊   en 193239. C’est cependant moins à l’échelle de la province qu’au niveau de la municipalité de Canton, capitale de la province du Guangdong, que les réalisations sont les plus remarquables. Canton peut en effet se vanter de donner le jour au plus bel annuaire statistique municipal de toute la période républicaine : le Guangzhou nianjian (Annuaire statistique de Canton)40. Les annuaires statistiques similaires publiés précédemment à Canton, en particulier le Guangzhoushi shizhengfu tongji nianjian (Annuaire statistique du gouvernement de la municipalité de Canton), paru en 1929 (juste avant l’avènement de Chen), font pâle figure en comparaison41. Outre l’annuaire de 1935, le département des statistiques de la municipalité publie à partir de janvier 1930 le périodique hebdomadaire Tongji zhoukan 統計週刊.

 

Outre le cas du Yunnan déjà évoqué, deux provinces limitrophes du Guangdong se distinguent également par la qualité de leurs publications statistiques. He Jian ne laisse à personne d’autre le privilège de préfacer en 1934 l’Annuaire statistique du Hunan de l’année 1933, une compilation de presque mille pages42. Le cas de la province du Guangxi est plus éloquent encore, dans la mesure où il s’agit d’une province bien plus pauvre et reculée que le Hunan et, à plus forte raison, que le Guangdong. En dépit de cela, la Nouvelle Clique du Guangxi qui l’administre est à créditer de la sortie coup sur coup, en 1933 et 1935, de deux énormes annuaires qui témoignent de la grande activité des administrations chargées des statistiques dans cette province43.

Conclusion

Les études sur les seigneurs de la guerre ont été caractérisées par une forte tendance à recourir à la perspective biographique. La chose s’explique assez bien par la fascination que continuent d’exercer les trajectoires de personnalités souvent hors du commun. On a là des hommes qui parviennent à la force du poignet à s’extraire d’une position sociale dans bien des cas fort modeste pour s’arroger pendant des années un rôle politique de tout premier plan. Néanmoins, la domination du genre de la biographie a pour conséquence de ne pas laisser voir l’action des seigneurs de la guerre dans leur ensemble44. Comme nous l’avons montré dans les trois domaines étudiés, elle est considérable durant la période 1928-1937. Certes, des idiosyncrasies se manifestent : dans le cas de transports, Yan Xishan privilégie massivement le rail, quand Chen Jitang manifeste lui un intérêt marqué pour la technique d’avant-garde de l’époque, l’avion. Même s’ils mettent l’accent sur des aspects différents, la direction suivie est clairement la même et la construction de l’État progresse de façon vigoureuse.

La question posée dans le titre de cet article appelle donc une réponse assez tranchée : oui, le cas de Chen Jitang est généralisable. En conséquence, juger les réalisations de la décennie de Nankin à la seule aune des avancées du gouvernement central de Nankin n’est plus acceptable.

Il ne s’agit là que d’un premier jalon dans la direction d’une réévaluation d’ensemble de l’œuvre des seigneurs de la guerre. Dans les limites d’un article destiné à un public de non-spécialistes, il est évident que seule une partie réduite de leur action a pu être abordée, et seulement de façon très rapide. Des recherches tout à la fois plus exhaustives et plus approfondies s’imposent.

Dans un second temps, il sera nécessaire de peser au trébuchet les efforts réalisés dans les provinces tenues par les seigneurs de la guerre pour les comparer à celles du gouvernement central. Emily Hill, une des rares à s’être livrée à cet exercice, avance que l’effort d’investissement en faveur du développement industriel est plus significatif au milieu des années 1930 dans le Guangdong de Chen Jitang que dans les régions sous l’obédience de Nankin45. C’est là une voie prometteuse, car seule à même de permettre d’obtenir à la fois une vue d’ensemble de la construction de l’État durant la période et une appréciation plus juste du rôle des différentes forces politiques y ayant apporté leur contribution.

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1

Pour un état des lieux bibliographique, je renvoie une fois pour toute à : Xavier Paulès et David Serfass, “Questioning the Teleology of the Central State in Republican China”, Twentieth-century China, vol. 47, no. 1 (janvier 2022), p. 3-10.

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2

Ce numéro spécial faisait suite à la conférence “State-Building through Political Disunity in Republican China,” organisée à l’EHESS en septembre 2018 avec le soutien du Labex Tepsis et du Centre d’études sur la Chine moderne et contemporaine.

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3

Arthur Waldron, « The warlord: Twentieth-century Chinese understanding of violence, militarism and imperialism », The American historical review, 96, no.4 (octobre 1991), p. 1080 & 1085.

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4

Par exemple, pour l’historiographie chinoise, voir Ni Zhongwen倪忠文, 北洋軍閥統治湖北史 (Histoire de la mainmise des seigneurs de la guerre Beiyang sur la province du Hubei), Wuhan, Hubei renmin chubanshe, 1989. En Occident, les travaux de Jérôme Ch’en sont représentatifs de cette tendance à dépeindre les junfa sous un jour particulièrement négatif : Jérôme Ch’en, « Defining Chinese warlords and their factions », Bulletin of the School of Oriental and African Studies, vol. 31, no. 3 (1968), p.563-600 ; Jérôme Ch’en, The military-gentry coalition : China under the warlords, Toronto, University of Toronto-York University Joint Centre on Modern East Asia, 1979.

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5

James Sheridan, Chinese Warlord: The Career of Feng Yu-hsiang, Palo Alto, Stanford University Press, 1966, p. 14-16.

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6

Feng Yuxiang et la Nouvelle Clique du Guangxi ont été les alliés du Guomindang durant toute l’Expédition du Nord. Yan Xishan le sera dans sa troisième phase, mais ses sympathies anciennes pour Sun Yatsen le rapprochent idéologiquement du Guomindang. Sur l’Expédition du Nord et ses trois phases, cf. Xavier Paulès, La République de Chine, 1912-1949, Paris, Belles Lettres, 2019, p. 78-96.

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7

Ils s’emparent du contrôle de la province du Guangxi en 1924.

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8

En ceci, ils se différencient radicalement des seigneurs de la guerre de la période pré-1928 (Zhang Zuolin張作霖, Wu Peifu 吳佩孚, Sun Chuanfang孫傳芳pour ne citer que les principaux) mis à bas par l’Expédition du Nord.

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9

Les seigneurs de la guerre qui se tiennent éloignés de la ligne idéologique du Guomindang sont désormais peu nombreux et ils se trouvent dans les marges ouest du pays (Long Yun龍雲 au Yunnan en est un bon exemple).

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10

Jiang Zuyuan 蔣祖緣, Fang Zhiqin 方志欽, Jianming Guangdong shi 簡明廣東史 (Précis d’histoire du Guangdong), Canton, Guangdong renmin chubanshe, 1993, p. 791-796.

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11

Public record Office (Kew): War Office 106/5784, Notes and press cuttings on personalities: Chen Jitang, rapport du consul de Canton du 19 mai 1931: « [Chen Jitang] doesn’t strike one as an outstanding personality. He speaks very poor mandarin and is in general extremely reserved. »

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12

Lunyu論語, n° 46 (août 1934), p. 1055, 1069-71 ; n° 64 (mai 1935), p. 815-816. 

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13

Howard Boorman, Biographical Dictionary of Republican China, 4 volumes, New York, Columbia University Press, tome 1, 1967, p. 160-162.

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14

Celle de Zhong Zhuo’an, bien que déjà un peu ancienne, reste la biographie de référence. Zhong Zhuo’an鐘卓安, Chen Jitang陳濟棠, Canton, Guangdongsheng ditu chubanshe & Jinan daxue chubanshe, 1999.

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15

Emily Hill, Smokeless sugar: the death of a provincial bureaucrat and the construction of China's national economy, Vancouver, University of British Columbia press, 2010; Alfred Lin, “Warlord, Social Welfare and Philanthropy: The Case of Guangzhou under Chen Jitang, 1929-1936”, Modern China, vol. 30, no. 2 (Avril 2004), p. 151-198.

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16

Sur cette question, voir Zhang Xiaohui, 張曉輝, Minguo shiqi Guangdong shehui jingji shi 民國時期廣東社會經濟史 (Histoire de l’économie et de la société du Guangdong durant la période républicaine), Canton, Guangdong renmin chubanshe, 2005, p. 14-17 & p. 502-514.

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17

Zhongghua minguo jiaoyubu中華民國教育部, Di yi ci Zhongguo jiaoyu nianjian第一次中國教育年鑑 (Premier annuaire statistique de l’éducation en Chine), Shanghai, Kaiming shudian, 1934, Partie 教育概況, p. 448, 454 , Partie 教育統計, p. 147. 

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18

Zhang Xiaohui, Minguo shiqi Guangdong shehui jingji shi, p. 503.

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19

Cité dans Zhong Zhuo’an, Chen Jitang, p. 161.

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20

Andô Gensetsu安藤元節, 南支大觀 Nanshi taikan (Un aperçu général de la Chine du Sud), Tokyo, Nihon gôdô tsûshinsha, 1937, p. 461.

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21

Zhong Zhuo’an, Chen Jitang, p. 182-183.

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22

Edward McCord, Military Force and Elite Power in the Formation of Modern China, p. 132.

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23

Eugene Levich, The Kwangsi way in Kuomintang China, 1931-1939, Armonk/Londres, M.E. Sharpe, p. 128-140.

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24

Jérôme Ch’en, The Highlanders in Central China. A history 1895-1937, Londres, M.E. Sharpe, 1992, p. 162-163.

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25

Ruth Hayhoe et Marianne Bastid (dir.), China's Education and the Industrialized World: Studies in Cultural Transfer, Armonk/Londres, M.E. Sharpe, 1987 ; Christine Nguyen et Catherine Despeux (dir.), Education et instruction en Chine, Paris/Louvain, Peters, 2003. Il est significatif que l’éducation primaire et secondaire soit pratiquement absente des deux volumes de la Cambridge History of China qui portent sur la Chine républicaine. Les rares et courtes allusions à la question sont reléguées dans les chapitres qui traitent des influences étrangères en Chine.

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26

Zhang Hanqing 張漢青 (dir.), Guangzhou baikequanshu 廣州百科全書 (Encyclopédie de Canton), Pékin, Zhongguo dabaike quanshu chubanshe, 1994, p. 335.

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27

Yang Wanxiu 楊萬秀, Zhong Zhuoan 鍾卓安, Guangzhou jianshi 廣州簡史 (Abrégé d’histoire de Canton), Canton, Guangdong renmin chubanshe, 1996, p. 482-483.

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28

Zhong Zhuo’an, Chen Jitang, p. 181-182.

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29

Ralph Huenemann, The dragon and the iron horse: the economics of railroads in China, 1876-1937, Cambridge, Harvard University Press, 1984, p. 94-95. La Manchourie est cependant exclue de ce calcul.

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30

Donald Gillin, Warlord. Yen Hsi-shan in Shanxi province, 1911-1949, Princeton, Princeton University Press, 1967, p. 181-186.

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31

Guo Qin郭欽, 湖南近現代工業史Hunan jinxiandai gongye shi, Changsha, Hunan renmin chubanshe, 2013, p. 322-325; Edward McCord, Military Force and Elite Power in the Formation of Modern China, Londres, Routledge, 2014, p. 132-133.

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32

Guangxi gonglu shi廣西公路史 [Une histoire des routes au Guangxi], vol. 1, Beijing, Renmin jiaotong chubanshe, 1991, p. 99 and 149; Robert Kapp, Szechwan and the Chinese Republic. Provincial militarism and central power, New Haven/Londres, Yale university press, 1973, p. 57-58.

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33

Anne Reinhardt, Navigating Semi-colonialism. Shipping, sovereignty and Nation-building in China, 1860-1937, Cambridge, Harvard University Asia Centre, 2018, p. 211-212 et 237-244.

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34

David Buck, Urban change in China: politics and development in Tsinan, Shantung, 1890-1949, Madison, University of Wisconsin press, 1978, p. 168.

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35

Xavier Paulès, « Le petit âge d’or statistique de la décennie de Nankin (1928-1937) », notice dans Nathalie Kouamé et al. (dir.), L’Encyclopédie des historiographies (Afriques, Amériques, Asies), volume 1 : sources et genres historiques, Paris, Presses de l’Inalco, 2020, p. 1330-1334 & e-book https://books.openedition.org/pressesinalco/27790.

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36

Guomin zhengfu zhujichu tongjiju國民政府主計處統計局, Zhonghua Minguo tongji tiyao 中華民國統計提要 (Abrégé statistique de la République de Chine), Shanghai, Shangwu yinshu guan, 1936.  

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37

Celles du Guangxi et du Shanxi, par exemple, Zhonghua Minguo tongji tiyao, section démographie, page 239-241.

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38

Zhonghua Minguo tongji tiyao, p. 245-258, 260-262.

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39

Il faut noter que les différentes administrations publient leurs statistiques de façon séparée dans leurs propres revues, comme la revue Gong’an yuekan 公安月刊 (Mensuel de la sureté publique), publiée par le bureau provincial de la sureté publique. Pour un panorama de ces publications officielles, voir Tan Zhuoyuan譚桌垣, Guangzhou dingqi kanwu de diaocha (1826-1934) 廣州定期刊物的調查 (enquête sur les publications périodiques à Canton entre 1826 et 1934), Lingnan xuebao嶺南學報 (revue académique de l’université Lingnan), vol. 4, n° 3 (1935), p. 1-91.

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40

Guangzhou nianjian bianzuan weiyuanhui 廣州年鍳編纂委員會, Guangzhou nianjian 廣州年鍳 (Annuaire statistique de Canton), Canton, 1935.

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41

Guangzhoushi shizhengfu tongjigu 廣州市市政府統計股, Guangzhoushi shizhengfu tongji nianjian, 廣州市市政府統計年鑒 (Annuaire statistique du gouvernement de la municipalité de Canton), Canton, 1929.

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42

Hunansheng zhengfu mishuchu湖南省政府秘書處, Minguo ershier nian Hunan nianjian 民國二十二年湖南年鑑 (Annuaire statistique du Hunan de l’année 1933), s. l., 1934.

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43

Guangxi tongjiju 廣西統計局, Guangxi nianjian 廣西年鑑 (Annuaire statistique du Guangxi) vol. 1, Nanning, 1933; Guangxisheng zhengfu zongwuchu 廣西省政府總務處, Guangxi nianjian 廣西年鑑 (Annuaire statistique du Guangxi) vol. 2, Nanning, 1935.

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44

Une exception à cette règle : Li Huaiyin, “Centralized Regionalism: The rise of regional fiscal-military states in China, 1916-1928”, Modern Asian Studies, 55, no.1 (2021), p. 253-291.

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45

Emily Hill, Smokeless sugar, p. 9-10, 82.

Boorman Howard, Biographical Dictionary of Republican China, 4 volumes, New York, Columbia University Press, 1967-1971, 4 tomes.

Buck David, Urban change in China: politics and development in Tsinan, Shantung, 1890-1949, Madison, University of Wisconsin press, 1978.

Ch’en Jérôme, The Highlanders in Central China. A history 1895-1937, Londres, M.E. Sharpe, 1992.

Ch’en Jérôme, The military-gentry coalition: China under the warlords, Toronto, University of Toronto-York University Joint Centre on Modern East Asia, 1979.

Ch’en Jérôme, « Defining Chinese warlords and their factions », Bulletin of the School of Oriental and African Studies, vol. 31, no. 3 (1968), p.563-600.

Emily Hill, Smokeless sugar : the death of a provincial bureaucrat and the construction of China's national economy, Vancouver, University of British Columbia press, 2010.

Gillin Donald, Warlord. Yen Hsi-shan in Shanxi province, 1911-1949, Princeton, Princeton University Press, 1967, p. 181-186.

Gong’an yuekan 公安月刊 (Mensuel de la sureté publique)

Guangxi gonglu shi廣西公路史 [Une histoire des routes au Guangxi], vol. 1, Beijing, Renmin jiaotong chubanshe, 1991.

Guangxi tongjiju 廣西統計局, Guangxi nianjian 廣西年鑑 (Annuaire statistique du Guangxi) vol. 1, Nanning, 1933.

Guangxisheng zhengfu zongwuchu 廣西省政府總務處, Guangxi nianjian 廣西年鑑 (Annuaire statistique du Guangxi) vol. 2, Nanning, 1935.

Guangzhou nianjian bianzuan weiyuanhui 廣州年鍳編纂委員會, Guangzhou nianjian 廣州年鍳 (Annuaire statistique de Canton), Canton, 1935.

Guangzhoushi shizhengfu tongjigu 廣州市市政府統計股, Guangzhoushi shizhengfu tongji nianjian, 廣州市市政府統計年鑒 (Annuaire statistique du gouvernement de la municipalité de Canton), Canton, 1929.

Guo Qin 郭欽, 湖南近現代工業史 Hunan jinxiandai gongye shi (Histoire du secteur secondaire dans le Hunan aux époques moderne et contemporaine), Changsha, Hunan renmin chubanshe, 2013.

Guomin zhengfu zhujichu tongjiju國民政府主計處統計局, Zhonghua Minguo tongji tiyao 中華民國統計提要 (Abrégé statistique de la République de Chine), Shanghai, Shangwu yinshu guan, 1936. 

Hayhoe Ruth et Bastid, Marianne (dir.), China's Education and the Industrialized World: Studies in Cultural Transfer, Armonk/Londres, M.E. Sharpe, 1987.

Huenemann Ralph, The dragon and the iron horse: the economics of railroads in China, 1876-1937, Cambridge, Harvard University Press, 1984.

Hunansheng zhengfu mishuchu湖南省政府秘書處, Minguo ershier nian Hunan nianjian 民國二十二年湖南年鑑 (Annuaire statistique du Hunan de l’année 1933), s. l., 1934.

Jiang Zuyuan 蔣祖緣, Fang Zhiqin 方志欽, Jianming Guangdong shi 簡明廣東史 (Précis d’histoire du Guangdong), Canton, Guangdong renmin chubanshe, 1993.

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Lunyu論語 (Propos).

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Zhongghua minguo jiaoyubu中華民國教育部, Di yi ci Zhongguo jiaoyu nianjian第一次中國教育年鑑 (Premier annuaire statistique de l’éducation en Chine), Shanghai, Kaiming shudian, 1934.