Regarder la nature
  • Entretien avec Vanessa Manceron — Directrice de recherche — CNRS (LESC)
Apprendre à voir le monde pour mieux le comprendre : proposition qui semble évidente mais cette activité est minutieuse, méticuleuse et demande un certain savoir. Vanessa Manceron a suivi des naturalistes amateurs·ices dans leurs pratiques scientifiques quasi quotidiennes afin de comprendre leur rapport à la nature. Dans son livre, Les Veilleurs du vivant (La Découverte, 2022), l’anthropologue interroge le travail des naturalistes en les observant de la même manière dont ils et elles scrutent la nature. À quoi peut donc servir la connaissance des plantes, des oiseaux et des insectes ? Qui sont ces naturalistes qui sillonnent leur jardin, ou des contrées plus éloignées afin d’observer la nature sauvage ? Comment peut-on définir leur travail ? L’autrice, spécialiste du rapport au vivant, analyse pour Politika la sensibilité développée par ces naturalistes qui essayent de comprendre la nature pour mieux vivre avec elle et montre l’importance de ce travail « de fourmi » pour documenter la sixième extinction.
Résumé
À quoi peut donc servir la connaissance des plantes, des oiseaux et des insectes ? Qui sont ces naturalistes qui sillonnent leur jardin, ou des contrées plus éloignées afin d’observer la nature sauvage ? Comment peut-on définir leur travail ? L’autrice, spécialiste du rapport au vivant, analyse pour Politika la sensibilité développée par ces naturalistes qui essayent de comprendre la nature pour mieux vivre avec elle et montre l’importance de ce travail « de fourmi » pour documenter la sixième extinction.
Interview published on 16-11-2022
Last modified on 21-11-2022
Langue originale : French
  • Biographie
  • Bibliographie de Vanessa Manceron
  • Bibliographie thématique

Vanessa Manceron est anthropologue, chercheur au CNRS. Ses recherches portent principalement sur les rapports à la nature en France, en Angleterre et actuellement en Italie. Ses principaux axes de travail concernent les controverses environnementales, les menaces, la cause animale, les relations avec le vivant. Elle a publié un ouvrage Une terre en partage. Liens et rivalités dans une société rurale (2005, MSH), de nombreux articles, et codirigé plusieurs numéros de revue, dont « Les animaux de la discorde » (2009), « L’imaginaire écologique » (2013) et « La mesure du danger » (2015). En 2016, Vanessa Manceron a relancé la revue Terrain. Anthropologie & sciences humaines dont elle a été rédactrice en chef pendant plusieurs années. Son dernier ouvrage, Les Veilleurs du vivant (La Découverte, 2022) porte sur l’engagement des naturalistes amateurs anglais dans la connaissance du vivant.

Les veilleurs du vivant. Avec les naturalistes amateurs, Paris, Éditions La Découverte, Collection « Les empêcheurs de penser en rond ».

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