Formes de l’autorité, de la grandeur au charisme

L’autorité s’incarne et se matérialise. Elle prend forme sociale, matérielle, verbale, écrite, esthétique, graphique, gestuelle, comportementale... L’atelier parcourt deux siècles, le XIXe et le XXe (plutôt en son début), pour identifier quelques-unes de ces formes humaines et artistiques. La pensée de l’autorité a occupé une place considérable dans les sciences sociales du XXe siècle. Elle a été largement dominée par la proposition de Max Weber qui considérait l’autorité surtout sous son aspect de capacité à se faire obéir. L’heure présente est à de nouvelles réflexions auxquelles cet atelier contribue. Il explore les présupposés de l’affirmation wébérienne sous deux angles : d’abord celui de la grandeur dont le XIXe siècle s’inquiétait fort, avec en particulier l’intervention de l’écrivain Thomas Carlyle, ensuite sous celui du charisme dont le parcours est retracé depuis la vision paulinienne jusqu’à l’autorisation qu’il se ménage de dire le sens de la loi. Un article montre comment la durée et la brutalité de la Grande Guerre affectent la grandeur au profit des qualités des chefs que les tranchées rapprochent des soldats. L’atelier s’emploie encore à suivre comment la confection de la figure du chef – de tous niveaux – devient l’objet de pratiques très diverses dans les sociétés de masse. Il aborde l’essor de la publicité, célébrée comme religion nouvelle à la fin du XIXe siècle et portée par des images chargées d’intimer ce qui est à faire. L’œuvre esthétique se présente comme une forme naturelle de l’autorité quand, autre point, l’anthropologie travaille intellectuellement à une notion de chef à la recherche de ses incarnations.

 

 

Atelier coordonné

par Yves Cohen