L’élection d’Emmanuel Macron, un homme hors parti, à l’élection présidentielle de 2017 puis la victoire de son « mouvement » aux élections législatives qui ont suivi ont intensifié la réflexion sur l’état et la fonction des organisations partisanes au sein des institutions de la V^ème République et dans les démocraties électorales contemporaines. Alors que d’autres types de regroupements politiques se forment dans plusieurs pays européens, nombreux sont ceux qui prophétisent depuis quelques années une fin des partis. Un tel diagnostic est-il valide et rigoureux ? Pour répondre à la question, nous avons interrogé Frédéric Sawicki, professeur de science politique à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et spécialiste reconnu de la sociologie des partis politiques. Avec Igor Martinache il a publié La fin des partis ? (Paris, PUF, coll.

« La vie des idées », 2020).

Professeur de science politique à Lille 2 puis à Paris 1 depuis 2009, Frédéric Sawicki a développé une analyse des partis, des pratiques politiques et des engagements militants attentive à leurs formes d’ancrage dans la société. Cette approche l’a conduit à forger la notion de milieu partisan et à s’attacher à l’objectivation des réseaux socio-politiques, pensés non seulement comme des réseaux entre individus, mais comme des réseaux stabilisés de relations qui leur pré-existent. Cette perspective l’a mené à développer et à promouvoir une approche localisée sans exclusive. Ses terrains d’investigation privilégiés ont été le milieu socialiste français, la CFDT, le monde enseignant, les associations locales de défense de l’environnement et du cadre de vie, mais aussi les élites politico-administratives centrales. Il a notamment publié : Les réseaux du parti socialiste. Sociologie d’un milieu partisan, Belin, nouvelle édition révisée, 2017 ; (avec Rémi Lefebvre), La société des socialistes, Ed. du Croquant, 2007 ; (avec Igor Martinache), La fin des partis ?, PUF, 2020. Il travaille actuellement à un ouvrage de synthèse sur la sociologie des partis.