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Régulièrement sous le feu de la critique, la prison a des allures d’institution irréformable. C’est en tout cas ce que suggère Michel Foucault dans Surveiller et Punir : face au constat d’une « critique monotone de la prison »1, il se demande si ce prétendu échec ne fait pas partie du fonctionnement de la prison et propose de penser la réforme de la prison comme une de ses conditions de fonctionnement. La réforme de la prison, nous explique-t-il, « en est comme le programme. La prison s’est trouvée dès le début engagée dans une série de mécanismes d’accompagnement, qui doivent en apparence la corriger mais qui semblent faire partie de son fonctionnement même, tant ils ont été liés à son existence tout au long de son histoire »2. Dans son sillage, certains travaux de sciences sociales se sont attelés à pointer les apories de la réforme de la prison, un « modèle indépassable »3. Comment comprendre dès lors que des chercheur.e.s, des militant.e.s, des syndicalistes, des hauts fonctionnaires ou encore des professionnel.le.s de terrain consacrent des années de leur vie, voire une vie entière, à tenter de transformer cette institution irréformable ?
Cette série d’entretiens entend soulever ce paradoxe en donnant la parole à des acteurs de ce que l’on pourrait appeler le « monde de la prison »4. Ces entretiens s’inscrivent dans la suite du séminaire « Sciences sociales et prison », qui s’est tenu à l’École des hautes études en sciences sociales à Paris de 2014 à 2017, co-animé par la section française de l’Observatoire international des prisons (OIP-SF) et l’Institut de recherches interdisciplinaires sur les enjeux sociaux (Iris).
Observatoire International des Prisons - Section Française
La section française de l’Observatoire international des prisons (OIP-SF) est une association loi 1901 qui agit pour le respect des droits de l’homme en milieu carcéral et pour un moindre recours à l’emprisonnement. Créée en 1996, l’OIP-SF fait connaître l’état des conditions de détention en France, défend les droits et la dignité des prisonniers et contribue au débat public par un rigoureux travail d’analyse des politiques pénales et pénitentiaires. Elle a récemment publié un rapport d’enquête sur les violences commises par des agents pénitentiaires sur les personnes détenues5. L’OIP mène aussi un important travail de plaidoyer auprès des pouvoirs publics, très largement basé sur les enseignements de la recherche. L’association entretient avec ce champ des liens étroits. Elle invite régulièrement des chercheurs à apporter leur éclairage dans les pages de sa revue trimestrielle, Dedans Dehors, sous la forme d’entretiens ou de contributions écrites.
Inspiré du groupe multiprofessionnel des prisons fondé en 1974 par Antoine Lazarus et qui se réunit toujours6, ce séminaire a réuni chercheur.e.s, militant.e.s et professionnel.le.s de terrain pour penser les enjeux contemporains de la prison, discuter les résultats de la recherche en sciences sociales, les confronter au regard des praticiens et ainsi contribuer à une meilleure connaissance du monde carcéral. Il a ainsi été question d’architecture et d’utopie carcérale ; des caractéristiques sociodémographiques de la population détenue ; des réponses pénales aux troubles psychiques, aux addictions, à la délinquance des mineurs ; d’alternatives à l’incarcération, de sortie de la délinquance ; de jeux de pouvoir entre administration, syndicats, entreprises privées, instances de contrôle étatiques ou indépendantes – sans oublier les formes de subversions et de résistances des personnes détenues elles-mêmes. Au-delà de ces thématiques variées, le séminaire a donné la parole à des hommes et femmes qui ont consacré tout ou partie de leur carrière et de leur vie à éclairer, dénoncer, réformer, transformer les prisons françaises, à penser un au-delà de l’enfermement.
Programmes du séminaire IRIS/OIP
Organisé conjointement par des chercheurs en sciences sociales (Marc Bessin, Yasmine Bouagga, Méoïn Hagège, Camille Lancelevée) et par des militants associatifs (Marie Crétenot, Antoine Lazarus, Cécile Marcel), ce séminaire n’a cessé de soulever un enjeu fondamental : celui de l’articulation des savoirs scientifiques et de l’action politique.
Cet enjeu est au cœur même du projet de ce séminaire, qui procédait de la rencontre de deux ambitions distinctes : la volonté de créer un espace de médiation scientifique, de « sociologie publique »7 qui permettait de valoriser les résultats de la recherche8, et le désir d’investir un espace doté d’une forte légitimité scientifique pour sensibiliser un autre public aux activités militantes menées par l’OIP-SF. Entre espace académique et espace militant, le séminaire n’a cessé de mettre à l’épreuve les identités des uns et des autres. L’enjeu pour les chercheur.e.s consistait ainsi à ne pas céder à la facilité de glisser vers un discours politiquement engagé, de se contenter de présenter des faits empiriques produits et analysés au moyen de méthodes scientifiques sans se cacher derrière l’autorité présumée de la science. Pour les autres intervenant.e.s, la difficulté consistait symétriquement à ne pas faire de l’expérience vécue un argument d’autorité, mais aussi à ne pas se laisser intimider par le caractère solennel du cadre universitaire et à oser examiner les résultats présentés. In fine l’enjeu commun était la rencontre de deux « vocations »9 et de deux questionnements : que sait-on et que fait-on ?
L’expérience de ce séminaire permet d’ailleurs d’identifier quelques-unes des conditions très concrètes de possibilité d’un dialogue fécond entre « savoir(s) » et « action(s) ». D’abord, celui-ci se construit dans le temps long : au fur et à mesure des trois années et des séances mensuelles de ce séminaire, chercheur.e.s, militant.e.s et professionnel.le.s se sont peu à peu apprivoisés, permettant aux uns et aux autres de mieux respecter le rôle de chacun, et, par suite, d’interpréter de façon moins rigide le sien. Ensuite, ce dialogue ne se produit pas toujours là où on l’attend – c’est-à-dire sur le lieu du séminaire – mais parfois en dehors de celui-ci, au moment de préparer les discussions, d’inviter les intervenants, dans les échanges informels qui s’y produisent. On a vu ainsi au cours des trois années du séminaire ce type d’échanges se multiplier entre représentants de l’administration pénitentiaire, membres de l’Observatoire International des Prisons et chercheurs/ses universitaires ; il a été possible de créer un dialogue entre ceux qui construisent les « nouvelles prisons » et ceux qui critiquent les évolutions de l’architecture carcérale, entre ceux qui participent à la privatisation des établissements pénitentiaires et ceux qui s’interrogent sur le bien-fondé d’un recours aux acteurs privés, etc. Le séminaire est ainsi parvenu à devenir le terrain neutre d’une rencontre entre des acteurs du « monde de la prison » qui, le plus souvent, s’ignorent les uns les autres.
De ce séminaire, on retiendra un moment d’une étrange intensité, qui a fait germer l’idée de clore ces trois années par cette série d’entretiens : le 9 janvier 2017 vers 19 h 30, alors que la nuit est tombée depuis longtemps, la séance semble se diluer en échanges polis et convenus sur le rôle et l’influence des syndicats pénitentiaires dans la conception et la conduite des politiques pénitentiaires. Et tout à coup, deux invités, un ancien surveillant devenu leader syndical (Alexis Grandhaie) et un ancien travailleur social devenu directeur de l’École nationale de l’administration pénitentiaire (Philippe Pottier) entreprennent, dans un échange qui confine presque à la confidence, de faire le bilan de leurs espoirs et de leurs désillusions face aux évolutions du métier de surveillant. Si le moment est captivant, ce n’est pas tant pour le contenu de ces confidences publiques, mais bien plutôt pour la qualité du dialogue – et de l’écoute – qui a ici, brièvement, pris place. L’ambition du séminaire semble tout à coup réalisée : les acteurs quittent leur costume, le discours devient parole.
Cette série d’entretiens propose de faire durer, d’une autre manière, ce moment de grâce. Elle a été conçue comme une galerie de portraits, qui, sans l’épuiser, donne à voir la diversité des engagements et « l’espace des points de vue »10 autour de la prison. Les entretiens ont été réalisés par les organisateurs/trices du séminaire, à partir d’une grille d’entretien permettant d’explorer les parcours d’engagement de ces différentes personnes autour de la prison. Ils ont souvent été complétés par un second et parfois par plusieurs autres échanges. Les textes ont été relus collectivement et parfois amendés par les personnes concernées : il s’agissait en effet non pas tant de recueillir un matériau empirique à des fins d’analyse sociologique que de (co-)construire un discours sur le parcours de ces différents protagonistes du monde de la prison. En ce sens, ces entretiens constituent des « portraits sociologiques »11, qui donnent à voir des points de vue subjectifs, avec la part de singularité qu’ils véhiculent, tout en les replaçant dans un contexte historique et social, grâce à la précision des relances de l’enquêteur mais aussi à l’appareil de notes ajouté par celui-ci.
Illustration - Damien Roudeau
Auteur de reportages graphiques en immersion, membre du collectif Les Yeux dans le Monde, Damien Roudeau publie depuis quinze ans des dessins du réel dans la presse, des revues, des carnets, avec des associations ou des ONG. Ses documentaires dessinés se construisent selon principe d’observation participante : il a ainsi séjourné dans une communauté Emmaüs, une usine en grève, le bidonville de Calais, avec les travailleurs du port de Brest ou de la Comédie-Française. Damien a animé pendant plusieurs années des ateliers de bande dessinée à la maison d’arrêt de Villepinte. Dans cette série de portraits pour Politika et l’Observatoire International des Prisons - Section Française, le choix a été fait d’inscrire les sujets dans un décor construit à partir d’éléments biographiques. Les illustrations prolongent ainsi le projet de la série, de restituer des trajectoires individuelles et des paroles situées, en les replaçant dans un cadre social.
Sans lever le voile sur les singularités de l’action de chacun.e, nous souhaitons ici donner quelques pistes générales qui pourraient expliquer l’intensité et la pérennité de ces engagements.
La prison constitue au même titre que l’école ou l’hôpital, une institution reconnaissable entre toutes, que l’imaginaire collectif se représente comme un espace homogène, fait de cellules, de coursives, de portes closes, de grilles et de barreaux. Elle s’impose dans les paysages – de plus en plus souvent en marge des villes – comme un espace singulier, une hétérotopie12, dont les murs et la réalité qu’ils dissimulent captivent autant qu’ils repoussent. Passés la fascination et le rejet, la prison apparaît comme un objet complexe, une « institution plurielle »13. Pluralité, tout d’abord, de ses finalités : la simple question « à quoi sert la prison ? » constitue un casse-tête pour quiconque s’intéresse au monde carcéral. Sert-elle à dissuader le citoyen libre, à punir le contrevenant, à réinsérer le marginal, à neutraliser le dangereux ? Et si ces quatre fonctions de dissuasion, d’expiation, de réadaptation sociale et de neutralisation coexistent, comme le suggère Alvaro Pirès14, alors comment se combinent-elles en pratique ?
La formule de Michel Foucault d’une institution de « gestion différentielle des illégalismes »15 a de quoi séduire tant elle synthétise les données démographiques connues au sujet des prisonniers : ce sont en effet plus souvent des hommes jeunes racisés et issus de milieux défavorisés qui sont emprisonnés16 alors que d’autres réponses judiciaires sont plus souvent proposées aux délinquant.e.s et criminel.le.s qui s’écartent de ce profil17. Elle ne résout cependant pas tout à fait la question : gestion différentielle certes, mais à quelle(s) fin(s) et sous quelle(s) forme(s) ? Peut-on identifier un seul et unique projet carcéral (relatif à la vie en prison) ? Est-il identique au projet pénitentiaire (relatif au contenu de la peine) ? Les finalités contradictoires de l’institution se reportent sur les professionnel.le.s de terrain, surveillant.e.s, conseiller.e.s pénitentiaires, agent.e.s d’encadrement, mais également sur les enseignant.e.s, le personnel de santé, les représentants cléricaux et religieux, les bénévoles ou salarié.e.s d’entreprises privées ou d’associations intervenants en prison. Entre les murs des établissements pénitentiaires, les espaces, les temporalités, les logiques d’action forment un théâtre complexe, un enchevêtrement de scènes éclectiques sur lesquelles le prisonnier ou la prisonnière devient, parfois simultanément et souvent confusément, un.e élève, un.e patient.e, un.e travailleur.euse, un.e déviant.e, un.e client.e, un.e chômeur.euse, etc.
Institution plurielle, la prison constitue dès lors un objet de recherche inépuisable, en raison notamment de la diversité des presque deux cents établissements pénitentiaires que compte la France et de la multiplicité des arrangements concrets à travers lesquels existe la peine de prison. En raison du caractère kaléidoscopique de la réalité carcérale et de l’intensité des émotions qu’elle suscite, on comprend aisément que la prison provoque des engagements de long terme et produise des causes communes : certains s’attellent à dévoiler les mécanismes concrets par lesquels l’institution produit de la violence et de l’exceptionnalité, broie des vies, entérine des injustices, fabrique de la souffrance au travail, de l’ennui, du désespoir, des suicides. D’autres tentent d’explorer l’espace des possibles, de lancer ici une initiative visant à aligner les logiques d’action autour d’un projet de réinsertion, là une expérimentation qui bouscule les habitudes.
Ces entretiens éclairent ce « monde de la prison » à partir de regards croisés : celui d’un ancien détenu devenu intervenant en milieu carcéral, d’un surveillant responsable syndical, d’un ancien travailleur social devenu directeur de l’École de l’administration pénitentiaire, d’un ancien directeur de prison devenu haut-fonctionnaire, d’une sociologue qui a arpenté des dizaines de coursives de prisons, d’un historien compagnon de route d’une association militante, d’un militant associatif. La diversité des engagements et les lignes de divergence qui s’y dessinent, donnent à voir la façon dont ce « monde de la prison » se structure, la façon dont les idées circulent entre un espace de production des savoirs (recherche, expertise associative et institutionnelle, reportages, témoignages, etc.) et un espace d’action (réforme, initiative locale, mobilisation, grève, recours, contrôle, etc.).
Ces portraits ouvrent enfin une réflexion sur les trajectoires d’engagement, sur les raisons qui poussent des individus à s’intéresser durablement à la question carcérale. Si ces trajectoires prennent des sources très différentes – une curiosité intellectuelle, un accident de la vie, un combat politique, une rencontre fortuite –, elles évoluent au gré des expériences et des rencontres, elles s’appuient sur des supports matériels et moraux, elles s’ancrent dans des pratiques. Chaque entretien est ainsi l’occasion d’examiner ce qui nourrit l’engagement au long cours : comment prend-on sa place dans le « monde de la prison » ? Comment se fabrique un sentiment de justice et de justesse de l’engagement, comment celui-ci peut-il éventuellement évoluer, s’épuiser, se renouveler ?
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Camille Lancelevée, avec l’étroite collaboration de Laure Anelli, Marc Bessin, Yasmine Bouagga, Marie Crétenot, Méoïn Hagège, Cécile Marcel.
Notes
1
Parmi les éléments de cette critique, les prisons ne diminuent pas le taux de criminalité, provoquent la récidive, fabriquent des délinquants, fait tomber dans la misère la famille du détenu, etc.
2
Michel Foucault, Surveiller et punir. Naissance de la prison, Paris, Gallimard, 1975, p. 271.
3
Voir notamment : Philippe Artières, Pierre Lascoumes, Grégory Salle, « La prison, un modèle indépassable ? », in Ph. Artières, P. Lascoumes (dir.), Gouverner, enfermer, Paris, Presses de Sciences Po, 2004, p. 23-54.
4
Nous parlons de « monde » dans le sens commun d’un microcosme, d’un ensemble de personnes partageant la caractéristique commune de s’intéresser, dans leur activité sociale, à la question carcérale. Nous préférons ici parler de « monde de la prison » plutôt que de « champ carcéral » : dans un article programmatique, Grégory Salle s’interroge sur l’intérêt d’une application de la théorie bourdieusienne des champs à l’univers carcéral. Cette application butte cependant sur l’identification d’un illusio, d’une croyance commune qui guiderait la lutte au sein de cet espace de positions. Voir : Gregory Salle, « Théorie des champs, prison et pénalité. Vers la construction du “champ pénitentiaire” », Actes de la recherche en sciences sociales, n° 213, 2016, p. 4-19.
5
Observatoire International des Prisons – Section Française, 2019, Omerta, opacité, impunité : enquêtes sur les violences commises par des agents pénitentiaires sur les personnes détenues, mai 2019. Rapport téléchargeable gratuitement sur le site de l’association : www.oip.org
6
Voir le programme sur : https://gmprison.wordpress.com
7
Le concept a été façonné par Michael Burawoy pour exhorter les sociologues à s’adresser à d’autres publics que celui de leurs pairs. Voir, en français : Michael Burawoy, « Pour la sociologie publique » (2005), Actes de la recherche en sciences sociales, n° 176-177, 2009, p. 121-144 (traduction et introduction critique d’Étienne Ollion).
8
Et notamment des travaux de celles et ceux qui, au sein de l’Iris, s’intéressaient à la question carcérale et pénale. Voir notamment Yasmine Bouagga, Humaniser la peine ? Enquête en maison d’arrêt, Rennes, PUR, 2015 ; Meoïn Hagège, Sortir et s’en sortir ? Parcours de santé et vulnérabilités de sortants de prison qui vivent avec le VIH ou une hépatite C, Thèse de doctorat, EHESS ; Camille Lancelevée, Quand la prison prend soin. Pratiques professionnelles de santé mentale en milieu carcéral en France et en Allemagne, Thèse de doctorat, EHESS, 2016 ; Arthur Vuattoux, Thèse de doctorat, Université Paris 13 - Sorbonne Paris Cité, 2016.
9
Au sens wébérien de métier / vocation (ou « Beruf »). Max Weber, Le savant et le politique [1919], Paris, La Découverte, 2003.
10
Pierre Bourdieu (dir.), La Misère du monde, Paris, Le Seuil, 1993, p. 13.
11
L’expression est empruntée à Bernard Lahire (Portraits sociologiques. Dispositions et variations individuelles, Paris, Nathan, 2002).
12
Michel Foucault, « Des espaces autres » (1967), in Dits et écrits, t. IV, Paris, Gallimard, 1994, p. 752-762.
13
Pour paraphraser le titre de l’ouvrage collectif dirigé par Yves Bonny et Lise Demailly (L’institution plurielle, Villeneuve d’Ascq, Les Presses du Septentrion, 2012).
14
Alvaro P. Pirès, « Aspects, traces et parcours de la rationalité pénale moderne », in C. Debuyst, F. Digneffe, A. P. Pirès (dir), Histoire des savoirs sur le crime et sur la peine, vol. 2, La rationalité pénale et la naissance de la criminologie, Bruxelles, De Boeck Université, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, Ottawa, Presses de l’Université d’Ottawa, 1998, p. 3-52.
15
Michel Foucault, Surveiller et punir. Naissance de la prison, Paris, Gallimard, 1975, p. 318.
16
Dans la suite des travaux fondateurs de Nicolas Herpin (L’Application de la loi. Deux poids, deux mesures, Paris, Le Seuil, 1977) et de Bruno Aubusson de Cavarlay (« Hommes, peines et infractions : la légalité de l’inégalité », L’Année sociologique, vol. 35, 1985, p. 275–309), de nombreuses publications ont confirmé les biais de sélection successifs au long de la chaîne pénale qui amènent à la surincarcération d’hommes jeunes issus de milieux défavorisés et racisés. Voir notamment : Virginie Gautron, Jean-Noël Retière, « Des destinées judiciaires pénalement et socialement marquées », in J. Danet (dir.), La Réponse pénale. Dix ans de traitement des délits, Rennes, PUR, 2013, p. 211-251.
17
Pour un état de la littérature sur cette question, voir : Nicolas Fischer, Alexis Spire, « L’État face aux illégalismes », Politix, vol. 22, no 87, 2009, p. 7‑20 ; Gilles Chantraine, Grégory Salle, « Pourquoi un dossier sur la “délinquance en col blanc” ? Contribution à un regain d’intérêt sociologique collectif », Champ pénal/Penal field, vol. 10, 2013 [en ligne] ; Pierre Lascoumes, Carla Nagels, Sociologie des élites délinquantes. De la criminalité en col blanc à la corruption politique, Paris, Armand Colin, 2014.