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Une nuit de manifestation à Bangkok : ce qui a été tagué puis effacé reste dit
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Pour se protéger, l’auteur de cet article a souhaité rester anomyme. Politika a tenu à respecter cette volonté.

Thaïlande, Bangkok, quartier général de la police, 18 novembre 2020

Thaïlande, août 2020 : nées sur les campus, les manifestations contre l’autoritarisme du gouvernement militaire et du système éducatif ont marqué un tournant historique le jour où elles ont ouvertement mis en cause la toute-puissance de la monarchie. La Thaïlande a une des lois de lèse-majesté les plus sévères du monde, à tel point qu’il est presque impossible d’évoquer le passé, le présent et l’avenir de la monarchie Chakri. Seuls y échappent les sources anonymes liées aux médias étrangers et aux groupes Facebook satiriques. Depuis qu’il a été couronné en 2019 après la mort de son père, Bhumibol Adulyadej, le roi Rama X1 mène une politique de centralisation des ressources financières, militaires et urbaines, alors que lui-même vit très peu dans son pays, préférant un château en Bavière où il est entouré de sa garde rapprochée. Désormais, un certain nombre de citoyens se méfient de ce qui est perçu comme une ingérence de la monarchie dans les affaires civiles.

Tout a commencé en juillet 2020. Brisant le plus grand tabou du pays, Panusaya Sithijirawattanakul, surnommée « Rung », étudiante et figure de proue du Front uni de Thammasat, et Anon Nampa, avocat défenseur des droits humains, ont appelé à un débat public sur les privilèges et les prérogatives de l’institution royale. Leur appel était formulé comme il se doit, dans une langue respectueuse, rationnelle et conforme au droit : « S’exprimer comme nous l’avons fait, ce n’est pas appeler au renversement de la monarchie. C’est rêver que la monarchie puisse exister dans la société thaïlandaise en ayant une légitimité adaptée à un régime démocratique et un monarque qui serait chef d’État », expliquait Anon Nampa.

Ce jour-là, Panusaya Sithijirawattanakul a lu face au public un manifeste comprenant dix propositions de réformes, dont la fin des procès pour crime de lèse-majesté, la fin des campagnes de propagande, le contrôle des actifs détenus par le Palais et la réduction de ses dépenses, et l’ouverture d’enquêtes sur la mort de citoyens ayant osé s’attaquer à la monarchie. Son manifeste exigeait aussi que l’institution royale cesse d’entériner les coups d’État répétés de factions de l’armée. « Ces requêtes sont des propositions de bonne foi qui visent à ce que la monarchie puisse être appréciée par le peuple dans le cadre d’un régime démocratique. Pour que la monarchie se maintienne dans le monde actuel, son pouvoir ne doit pas dépendre du politique ni être un fardeau pour le peuple ; il faut qu’il puisse être contrôlé, audité et critiqué », concluait le plaidoyer2.

Autrice de plusieurs publications sur la politique thaïlandaise3 et enseignante-chercheuse de droit public à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Eugénie Mérieau définit les marges de l’identité thaï, dite khwanpenthai, ainsi :

« Le khwanpenthai est un puissant ciment idéologique qui définit les contours de l’identité nationale suivant le triptyque Nation, Religion, Monarchie. Avec la démocratisation des connaissances liée à l’essor des nouvelles technologies et à l’augmentation du niveau général d’éducation, les mythes fondateurs traditionnels, entretenus par une propagande impressionnante, commencent à se fissurer. »

La jeune génération n’en peut plus

Pendant six mois, des manifestations hebdomadaires ont suivi cette folle journée de juillet 2020. Elles étaient organisées par des lycéens, des étudiants et des jeunes de la classe ouvrière de Bangkok qui voulaient maintenir la pression sur le gouvernement en martelant leurs exigences : dissolution du Parlement et du Sénat, et démission du Premier ministre, le général Prayut Chan-o-cha ; amendement de la Constitution promulguée par la junte militaire en 2017, suivi par l’organisation d’élections libres ; fin des persécutions contre les opposants ; enfin, un certain nombre de réformes « de bonne foi » de la monarchie. Non seulement aucune de ces requêtes n’a été prise en compte par le gouvernement ni par le Palais, mais les principales figures de la contestation ont été arrêtées et poursuivies pour divers chefs d’accusations. Voyant la réticence des autorités à transiger et l’augmentation exponentielle d’une répression violente, le camp pro-démocratie s’est radicalisé, en actes et en paroles. Il était donc de moins en moins probable d’envisager des négociations pacifiques ou des amendements de la Constitution.

L’auteur de cet article a rencontré un professeur de l’université de Chiang Mai pour qui l’urgence est une révolution culturelle qu’il explique ainsi :

« Ce pays a été transformé en sanctuaire à cause de la pression des milieux hyper-royalistes et nationalistes. Plus personne ne peut agir librement. La cible principale de la réforme constitutionnelle doit être le roi parce que seule la réduction de son pouvoir permettra enfin de renvoyer les soldats dans leurs casernes pour qu’ils se mettent au service du peuple… La jeune génération n’en peut plus, elle est prête à briser le plafond de verre sous lequel nous vivons. Malheureusement, nos élites sont hors de contrôle, irrationnelles, incapables de dialoguer et de négocier, et je m’attends à une réaction exclusivement fondée sur la force, comme ç’a été le cas pour tous les soulèvements pro-démocratie. »

Le soir du 18 novembre 2020, choquée par les violences policières suscitées par une manifestation qui avait eu lieu devant le Parlement la veille, la foule a encerclé le quartier général de la police nationale, une grande enceinte située sur l’avenue Ratchadamoen, à Bangkok, où des centaines d’agents s’étaient retranchés. Des heures de tension ont suivi, au cours desquelles des groupes de jeunes manifestants se sont mis à taguer le moindre centimètre carré de l’espace public – piliers, murs, portraits royaux – avec des messages d’une brusquerie inédite. Tout se passe comme si les graffitis anonymes étaient le seul moyen d’expression du peuple dans une société où la liberté d’expression est doublement limitée : par les contraintes liées au profond respect de la religion bouddhiste et de la famille royale, et par le système politique, sciemment dévoyé pour affaiblir les représentants de la classe ouvrière et les réformistes. Les tags étaient offensifs et explicites, et les coupables étaient clairement désignés : du Premier ministre au chef de la police royale, en passant par le roi.

Les messages les plus radicaux sont censurés

Le lendemain, une armada de policiers et de bénévoles ont tout recouvert de peinture blanche. Les seules traces que cette entreprise officielle d’effacement a laissées dans la mémoire collective sont les photos prises par les centaines de personnes qui étaient dans la rue cette nuit-là, dont certaines ont été postées sur les réseaux sociaux. Les médias de langue thaïlandaise ont censuré ces messages de peur d’être jugés co-responsables de leur contenu controversé. Quant aux médias de langue anglaise, la plupart ont été très prudents en sélectionnant les images. Un photographe étranger free-lance, qui travaillait pour une agence internationale, nous a confié :

« Je fixe mon objectif sur les manifestants qui brandissent des pancartes avec des messages en anglais parce que je ne lis pas le thaï et je n’ai pas le temps de les faire traduire avant de les envoyer, mais je veux être sûr qu’aucune photo ne viole la loi sur la diffamation. Je veille aussi à ne jamais envoyer d’images qui contiennent des propos sur le roi pour être sûr d’obtenir le renouvellement annuel de mon visa de journaliste. »

Les slogans les plus radicaux, en thaï ou en anglais, ne sont donc jamais publiés par les médias mainstream, et quand ils le sont, leur durée de vie dans la rue ou sur les réseaux sociaux est relativement brève puisqu’ils finissent par disparaître sous la pression. Sur les chaînes internationales comme la BBC, on a vu apparaître la mention « L’émission reprendra bientôt » en plein reportage sur les manifestations. Par ailleurs, il est interdit de poster des selfies ou de géolocaliser le parcours des manifestations sur son compte, au risque d’écoper de deux ans de prison et d’une amende de 1 075 euros. De juin à novembre 2021, Facebook et Instagram ont dû désactiver leur logiciel de traduction automatique anglais-thaï et français-thaï à cause d’une erreur dans un post fêtant l’anniversaire de la reine Suthida, quatrième épouse du roi Vajiralongkorn. À moins de copier-coller chaque message sur une plateforme de traduction automatique, les internautes qui ne lisent pas le thaïlandais n’étaient plus en mesure de comprendre les messages et les mèmes partagés par leurs amis thaïlandais.

Il y a plusieurs décennies que la recherche universitaire et la mémoire collective du pays sont affectés par l’autocensure des historiens dès qu’ils évoquent la monarchie. Cette autocensure est même si forte qu’elle a contribué à façonner l’histoire moderne du royaume bouddhiste en y introduisant des biais, des omissions et des falsifications regrettables. Le but du portfolio de photos qui accompagne cet article est de jeter une lumière inédite sur le mouvement pro-démocratie, lequel a eu le courage de formuler ce que personne n’avait jamais osé formuler en Thaïlande. Ces photos révèlent deux choses : le fossé qui sépare les générations s’agissant de la déférence dûe à l’institution royale ; les fissures d’une société réputée pour sa politesse et sa retenue. Le royaume de Siam, longtemps considéré comme un paradis touristique épargné par les affres du monde, souffre d’intrigues et de secrets d’État dont il est interdit de parler, ce qui alimente toutes sortes de fantasmes et de frustrations.

L’auteur de cet article a pris une soixantaine de photos des alentours du quartier général de la police royale à Bangkok dans la nuit du 18 octobre 2020, et il en a sélectionné un tiers. Tous les tags que l’on y voit ont été traduits et contextualisés pour des lecteurs peu familiers de l’histoire politique du pays, qu’il s’agisse de scandales cachés ou de culture populaire. Ces tags ayant été recouverts de peinture blanche dès le lendemain, seules les photos prises cette nuit-là par des anonymes attestent du mouvement de contestation thaïlandais actuel.

L’ordre ancien creuse sa propre tombe

Thongchai Winichakul, professeur d’histoire à l’université du Wisconsin-Madison, est un des survivants du massacre de l’université de Thammasat (1976). Il a publié à ce sujet un livre intitulé Moments of Silence4. Connu pour ses travaux pionniers sur le nationalisme thaïlandais, il s’est exprimé publiquement pour dire que les tabous thaïlandais ne pouvaient plus tenir face à l’essor des nouveaux médias de masse. Voici ce qu’il écrivait en en octobre 2020 : « La lutte qui enflamme le cœur et l’esprit de la jeune génération échappe au contrôle de l’État. Accrochés au passé et à la domination, ni le monarque ni les militaires n’ont su lancer des appels pacifiques à la réforme, si bien que le royaume est sur une pente descendante et turbulente. À force d’ignorer la soif de changement, l’ordre ancien risque de creuser sa propre tombe5 ».

Depuis juillet 2021, un mouvement de jeunes manifestants issus de la classe ouvrière essaime dans les rues de Bangkok, principalement dans le quartier de Din Daeng. Ces nouveaux contestataires ont beau ne pas avoir peur des affrontements avec la police, ils ont fait l’objet d’une répression d’un niveau inédit depuis celle des Chemises rouges en 2010. En novembre 2021, la Cour constitutionnelle a jugé que les appels à réformer la monarchie des leaders de ce mouvement (Panusaya Sithijirawattanakul, surnommée « Rung » ; Arnon Nampa ; et Panupong Jadnok, surnommé « Mike ») équivalaient à une tentative de renversement du régime. Désormais, leurs propos sont considérés anticonstitutionnels puisqu’ils « en appellent à des attaques en public. Ils utilisent des formulations obscènes. En outre, ils violent les droits et les libertés d’autrui. Ils ne sont pas loin de vouloir renverser le régime démocratique dont le garant et chef d’État est le Roi6. » Les trois leaders de la contestation cités par la cour sont donc susceptibles d’être accusés de trahison et passibles de la peine de mort.

Dans un article du magazine Dissent7, Tyrell Haberkorn, professeure américainne spécialiste de la violence d’État et de la dissidence thaïlandaises, était catégorique : « L’histoire de la Thaïlande a longtemps été marquée par des coups d’État et des violences cautionnées par l’institution monarchique qui poussent les gens dans la rue. Aujourd’hui, cette histoire signifie que ces gens ne sont toujours pas en sécurité. Rien ne changera tant que la monarchie sera le pivot de la vie politique8. »

Quartier général de la police nationale

Quartier général de la police nationale 

Première pancarte à gauche : « Fin aux smacks de l’institut du peuple »

Le mot thaïlandais qui désigne le bruit d’un baiser (smack) est proche de celui qui signifie « insulte ». Quant à « l’institut du peuple », il s’agit de l’institution royale. Le slogan joue avec l’impératif « Arrêtez d’insulter l’institut du peuple » que le camp pro-royaliste oppose souvent aux manifestants pro-démocratie.

 

Seconde pancarte : « Le roi appartient au peuple, il n’appartient pas à un groupe unique »

Le groupe en question est l’Alliance du peuple pour la démocratie (la PAD, People’s Alliance for Democracy), alias les Chemises jaunes, principal pilier de l’institution royale. La PAD est une coalition qui s’est formée en 2005 contre le Premier ministre Thaksin Shinawatra. Elle comprend des habitants de Bangkok appartenant à la classe moyenne et à la classe ouvrière, ultra-royalistes, et des habitants du Sud anti-Thaksin ; elle est soutenue par plusieurs factions de l’armée thaïlandaise, plusieurs dirigeants du Parti démocrate et les membres des syndicats des entreprises d’État.

 

Tag central : « Dick » (« Enfoiré »)

 

 

 

« Pat et Oud ont peur du canard en caoutchouc ! »

« Pat et Oud ont peur du canard en caoutchouc ! »

Pat est le surnom de Chakthip Chaijinda, directeur de la police nationale, qui avait pris sa retraite juste avant cette manifestation. Oud est le surnom de Phukphong Phongpetra, directeur du bureau de la police métropolitaine. L’été 2020, à Bangkok, les manifestants avaient pris l’habitude de se protéger des canons à eau et des gaz lacrymogènes avec d’immenses canards de plage en caoutchouc qu’ils tenaient comme des boucliers. Dans le pays, les canards jaunes sont très vite devenus des symboles de contestation.

 

 

 

Sa majesté la Reine

En haut : « Sa majesté la Reine ! A reçu l’ordre de tuer le peuple ! »

Au sol : « Mort »

Le premier graffiti fait explicitement référence à la rumeur qui veut que la reine Sirikit, épouse de feu le roi Rama IX et mère de Rama X, aurait ordonné de sévir contre un campement de Chemises rouges situé au centre de Bangkok le 10 avril, et du 13 au 19 mai 2010. À l’origine, les Chemises rouges étaient synonymes de Front uni pour la démocratie contre la dictature (UDD), un parti qui s’était formé pour contester à la fois le coup d’État de 2006 contre le Premier ministre Thaksin Shinawatra et le gouvernement militaire. Puis le mouvement s’est attiré la sympathie des militants de gauche et/ou progressistes, des universitaires et de nombreux partisans des classes rurale et ouvrière.

Le massacre, qui fit une centaine de morts et plus de 2 000 blessés en pleine rue, fut le point d’orgue de plusieurs mois de manifestations qui demandaient au gouvernement d’Abhisit Vejjajiva, dirigé par le Parti démocrate, de dissoudre le Parlement et d’organiser des élections. Au même moment, la reine assista aux funérailles d’un manifestant, membre des Chemises jaunes, alors que la famille royale affirmait être impartiale et ne pas se mêler de politique.

 

 

 

Revolution

« Révolution »

« Les Chemises rouges ne sont pas morts pour rien »

Aucune enquête sérieuse visant à identifier et inculper les responsables des fusillades du printemps 2010 n’a jamais eu lieu. En revanche, les témoins et les familles des victimes ont été intimidés et poursuivis par les autorités.

 

 

 

la monarchie c'est que du trash

 Pilier du premier plan :

         « Toutes les monarchies sont pourries »

En petites lettres : « Si le père levait le regard vers nous, ce serait avec le cœur serré »

Le message sous-entend que le roi Rama IX lève les yeux vers le peuple. Suivant la cosmologie bouddhiste, cela veut dire qu’il est en enfer et qu’il est triste de voir que la nouvelle génération n’a plus beaucoup d’estime pour lui, contrairement à la génération précédente pour qui il fut longtemps une figure paternelle vénérée.

 

« 1976 : Massacre de Thammasat »

Cerclé de rouge, un croquis montre un petit bonhomme qui lance une chaise sur un autre. Le dessin fait référence au lynchage d’un homme qui finit par être pendu à un arbre au milieu d’une foule au cours du massacre du 6 octobre 1976. Il reprend une photo de Neal Ulevich, photographe d’Associated Press, récompensée par le prix Pulitzer, sur laquelle on voit un homme brandir une chaise pliante au-dessus de sa tête pour l’écraser contre le pendu. Personne – ni la victime, ni l’agresseur, ni la foule de dizaines de spectateurs – n’a jamais été identifié depuis, alors qu’il s’agit d’un épisode traumatisant de la mémoire collective thaïlandaise.

Le massacre du 6 octobre 1976, ou, comme on l’appelle en Thaïlande, « les événements du 6 octobre », font référence à la répression sanglante qui eut lieu contre les étudiants et les ouvriers qui occupaient l’université de Thammasat à Bangkok. La répression émanait à la fois de la police thaïlandaise, des paramilitaires de droite et de passants qui n’ont pas hésité à lyncher les occupants. Elle a mis fin aux manifestations organisées depuis la mi-septembre par des milliers de gens de gauche qui s’opposaient au retour de l’ancien dictateur, Thanom Kittikachorn.

 

« DMC »

Il s’agit sans doute de l’abréviation de l’expression (et du jeu) « Dead Monarchy ».

 

Sur le pilier du fond, sous le A cerclé de l’Anarchie :

« Nous les aimons quoiqu’il arrive ».

Le 2 novembre 2020, alors qu’avait lieu une marche de milliers de royalistes scandant « Vive le roi » en se prosternant, le roi Vajiralongkorn a accordé quelques commentaires exceptionnels à un journaliste. Il était au pied du Grand Palais quand une équipe de journalistes de Channel 4 et CNN l’a interrogé sur les manifestations et les appels à réformer la monarchie. Après avoir répondu « pas de commentaire », il a répété plusieurs fois, « Nous les aimons quoiqu’il arrive. » Interrogé pour savoir si un compromis avec les manifestants était envisageable, le roi a répondu : « La Thaïlande est le pays du compromis. »

Figure de proue des contestataires, Panusaya Sithijirawattanakul, dite Rung, a tweeté la réponse suivante : « En effet, le pays du compromis où les manifestants sont arrêtés, les manifestations sont réprimées, les contestataires sont battus et les critiques [de la monarchie] disparaissent. »

 

« Rama X prochain mort »

Rama X a succédé à son père, Rama IX (1927-2016), et il a été couronné en mai 2019.

 

 

 

Pour une réforme de la monarchie

En rouge (entre les lignes bleues) : « Pour une réforme de la monarchie »

En noir : « Tête de nœud, pourquoi as-tu tué mon grand frère ? »

La référence n’est pas claire. Elle pourrait sous-entendre trois événements différents : un manifestant qui s’était fait tirer dessus quelques jours avant la manifestation ; les Chemises rouges tuées à Ratchaprasong en 2010 ; le mystère de la mort de Rama VIII.

 

En marron : « Le parti pue les pieds et l’OI »

« Le parti » fait référence au Palang Pracharat, soutenu par l’armée, qui a remporté des élections contestées en 2019, et qui est affilié au Premier ministre Prayut Chan-o-Cha. Dans la culture thaïlandaise, les pieds sont jugés sales et symboliquement bas. L’OI fait référence à l’Opération Information, une structure financée par l’État et gérée par l’Armée royale thaïlandaise. Son but est de promouvoir les points de vue et les comptes pro-gouvernementaux et pro-militaires sur les réseaux sociaux et de miner l’opposition, notamment le Future Forward Party (FFP), renommé le Move Forward Party après sa dissolution forcée, en diffusant des fake news. Le 8 octobre 2020, Twitter a annoncé le démantèlement de 926 comptes d’utilisateurs thaïlandais dans le cadre d’une opération d’information nationale.

 

En bleu : « Refus d’écouter iLaw »

L’association de conseil juridique iLaw a recueilli les 50 000 signatures nécessaires pour qu’un projet d’amendement constitutionnel soit soumis et débattu au Parlement, lequel a rejeté le projet.

 

En bleu (en haut à gauche du coin du bas) : « Ton père est un assassin »

Référence à la rumeur suivant laquelle Rama IX aurait malencontreusement tué d’une balle dans la tête son frère aîné, Rama VIII. Ce dernier fut retrouvé mort à 20 ans dans son lit, au Grand Palais, le 9 juin 1946. Rama IX lui succéda et fut roi de Thaïlande de 1950 à sa mort en 2016.

 

Dernière ligne en noir : « Toi, l’esclave, quoi que tu fasses, tu ne seras jamais plus haut placé que Fufu, imbécile »

L’« esclave » désigne les membres de la police et de l’armée. Fufu (1997-2015) était le caniche de compagnie de Rama X, à l’époque où il était prince héritier de Thaïlande. Le chien était sa mascotte préférée et l’accompagnait souvent au cours de cérémonies royales. Une fois roi, Rama X alla jusqu’à l’élever au rang de maréchal de l’armée de l’air.

 

Au sol : « Fin aux violences domestiques de la famille royale »

Le slogan fait référence au sort des premières épouses de Rama X et à l’hospitalisation en janvier 2021 de sa sœur, la princesse Sirindhorn, qui s’était disputée avec son frère. L’agression aurait eu lieu parce qu’elle lui aurait reproché de vouloir faire de sa concubine officielle une seconde reine, aux côtés de son épouse actuelle, la reine Suthida.

 

 

 

Travailleur Salim

« Riot » (« Émeute »)

« Travailleur Salim »

Le salim est un dessert thaïlandais composé de petites pates multicolores servies avec du lait de coco et de la glace pilée. Les manifestants pro-démocratie traitent de salim les royalistes-conservateurs pro-militaires qui méprisent le rôle des élus et des partis politiques. Les travailleurs sociaux qui collaborent avec le régime et les ministères sont de plus en plus souvent considérés comme des salim par le camp anti-establishment.

 

« Non à l’arrêté royal de 2505 »

Dans le calendrier bouddhiste, 2505 correspond à l’année 1962. L’arrêté royal de 2505 est une ordonnance qui interdit au clergé bouddhiste de s’engager politiquement.

 

Enfoiré

Premier tag en partant de la gauche, sur le morceau de carton :

« Dick » = « Enfoiré »

 

Deuxième tag sur le morceau de carton : les trois lignes verticales correspondent au salut à trois doigts, un signe de protestation emprunté à la série Hunger Games et repris par les militants pro-démocratie d’Asie du Sud-Est.

 

Deuxième tag au milieu, sur une feuille blanche : « Fleur de santal libre »

En Thaïlande les fleurs de santal servent aux cérémonies de crémation. Déposer ces fleurs équivaut à lancer une malédiction et à souhaiter la mort des autorités.

 

Première feuille en partant de la droite : « Lèche-cul/ Tu n’auras pas de promotion »

 

 

 

Je vous ordonne d'être contemporains

« Je vous ordonne… d’être contemporain »

Le slogan reprend celui d’un panneau fixé sur le portail de la maison de Srirasmi, la troisième épouse de Rama : « Je vous ordonne… d’apprendre à être autosuffisante ». Srirasmi a épousé Rama X en 2001 et lui a donné un fils, le prince Dipangkorn. En 2014, elle a été condamnée à l’isolement dans une maison modeste, et sept de ses proches ont été arrêtés, accusés d’avoir abusé de leur statut royal, accumulé des richesses et commis divers délits.

La notion d’autosuffisance fait allusion à la philosophie du roi Rama IX, prônée à partir des années 1970. Il s’agissait de promouvoir les valeurs traditionnelles d’autosuffisance, de modération et de résilience qui devaient ruisseler de l’État à l’individu.

Du point de vue des manifestants, le slogan détourné revient à demander au roi de se comporter de façon plus moderne, sans quoi le peuple prendra la voie de la modernité, mais sans lui.

 

 

 

Sur le visage du roi

[Sur le visage du roi] = « Enfoiré, le roi ne survit que grâce au peuple »

[Au-dessus du mot Révolution] : « Ton père tue le peuple »

En bleu : « Le roi ordonne des disparitions forcées »

Depuis 1980, le Groupe de travail des Nations unies qui lutte contre les disparitions forcées ou involontaires a enregistré 82 cas en Thaïlande. On appelle « disparition forcée » la détention d’une personne confiée à des agents de l’État, assortie du refus de reconnaître cette détention ou du refus de donner des nouvelles de la personne ou de révéler où elle se trouve. En Thaïlande, le cas le plus médiatisé fut celui de Somchai Neelapaijit, célèbre avocat musulman, enlevé en pleine rue à Bangkok en mars 2004, et celui du militant Wanchalerm Satsaksit, plus récent, kidnappé au Cambodge où il s’était exilé. Depuis 2017, le nombre d’opposants à la monarchie qui disparaissent ou sont tués dans les pays voisins, où ils se cachent, se multiplient. Dans le code pénal thaïlandais, une disparition forcée n’est pas un délit, ce qui explique qu’aucun de ces dossiers n’ait été traité et que personne n’ait été poursuivi.

 

 

 

Land of dictator – Pays du dictateur

« Land of dictator – Pays du dictateur »

Jeu de mots reprenant une publicité pour le BTS (système de transport public de Bangkok) : « Comment aller à Siam », la station où se croisent les deux grandes lignes du BTS. Les manifestants ont ajouté : « Puis-je aller au palais Sra Pathum ? » (une des résidences royales).

–  « Rama 9 tue Rama 8 » (voir la légende de la photo 6).

– « Casse-toi, salaud »

« Interdit de penser autrement / Pas de liberté d’opinion »

« Pris au dépourvu »

L’expression renvoie à la répression brutale à laquelle les manifestants ne s’attendaient pas.

« Esclave »

« Merci de m’arrêter »

« Je les emmerde, les capitalistes »

« Longue vie au canard » (voir photo 2)

« Sur le trottoir : Roi (IO) est un queutard »

« O Enfoiré »

 

IO et O sont deux façons informelles de désigner Rama X qui viennent des deux appellations suivantes :

– Olasatila (le roi de Rama) était la façon traditionnelle de désigner le fils du roi quand celui-ci était encore en vie.

– Sia O = chef de la mafia.

En privé, le roi Vajiralongkorn est parfois appelé Sia-O. Sia est un des surnoms des gangsters sino-thaïlandais, et O fait très clairement référence au nom royal du prince.

 

 

 

Roi, Humain (« Khon » en thaï) // N’est pas un Dieu

Roi, Humain (« Khon » en thaï) // N’est pas un Dieu

 

 

 

Nous avons le roi quand il s'oppose à la violence

 « Nous aimons le roi quand il s’oppose à la violence »

 « Arrêtez d’être un fardeau pour le pays »

« Soyez humain avant d’être roi »

« Prayut, quand tu partiras, le pays ira mieux »

 « Effacez les taxes »

« O Enfoiré »

« Droits humains »

 

 

 

Dictateur serviteur/ esclave

« Dictateur serviteur/esclave »

« Crève »

« Nous avons la tête froide parce que nous avons de l’eau qui tombe »

Référence à un des vers de l’hymne royal, « Sansoen Phra Barami » (« Gloire à son prestige ») : « Grâce à la bienveillance royale nous gardons la tête froide », autrement dit, « Nous sommes en sécurité et en paix grâce à votre règne ». Le slogan est peut-être une allusion à la pluie qui s’est abattue sur les manifestations pendant la mousson, ou aux canons à eau qui ont servi à disperser la foule à partir du mois d’octobre 2020.

 

« Je t’aime, Koi »

Connue sous le nom de Koi, Sineenat Wongvajirapakdi a été la maîtresse de Rama X plusieurs années. À 35 ans, en 2008, elle est sortie diplômée de l’école d’infirmières de l’armée. Puis elle a fait partie l’unité de garde du corps royal du roi avant d’atteindre le rang de général de division et de devenir maîtresse du roi. En août 2019 Sineenat Wongvajirapakdi a été élevée au rang de « concubine royale », trois mois à peine après le mariage du roi avec sa quatrième épouse, la reine Suthida. Elle a été déchue de son titre et de ses grades dans l’armée quelques mois après avoir été accusée de « déloyauté » parce qu’elle aurait cherché à saper le rang de l’épouse du monarque. Libérée en septembre 2020 après avoir passé dix mois dans une maison de correction, elle a été jugée « intacte » et a réintégré le cercle royal.

 

 

 

Prayut, es-tu vraiment thaïlandais ?

« Prayut, es-tu vraiment thaïlandais ?

Une des causes du naufrage de notre économie ? Nous avons trop de déchets sur la terre et dans l’eau ou l’océan. Les usines de recyclage importées de capitales étrangères ne sont pas aux normes environnementales. Le rejet de produits toxiques dans la terre et l’eau nuit aux Thaïlandais. Nous avons besoin d’eau pour notre consommation quotidienne, pour l’agriculture et la pêche. Je suis thaïlandais. J’aime la nation. Mais je n’aime pas le dictateur Tu [Prayut]. »

 

 

 

Parfaitement dociles, merci

En noir sur le mur à l’arrière-plan : « Parfaitement dociles, merci » (allusion à la police et à l’armée)

 

En jaune : « Roi de la chatte »

Le roi Vajiralongkorn est réputé vivre une grande partie de son temps dans les montagnes du sud de l’Allemagne et de l’Autriche, entouré d’un « harem » et d’une collection de voitures privées, à la tête d’un empire valant des dizaines de milliards de dollars.

 

« Rim Sa », qui signifie « près de la piscine », est une référence à la tristement célèbre « vidéo d’anniversaire » qui a fuité en 2007. On y voyait la troisième épouse du roi, Srirasmi Suwadee, seins nus, en string, au bord d’une piscine, le jour d’une fête privée organisée pour Fufu, le caniche adoré de celui qui était encore prince.

 

En blanc : « L’équipe qui n’a qu’une requête »

À l’origine, le camp pro-démocratie avait une liste de dix réformes, ramenée ensuite à trois : démission du Premier ministre, nouvelle constitution et réforme de la monarchie. Aujourd’hui,  une faction de ce camp n’a plus qu’une requête : la révolution, suivie par la création de la République de Thaïlande.

 

 

 

c’est quoi le problème de ton fils ?

« Lek (surnom de Rama IX), c’est quoi le problème de ton fils ? »

« Ne baise que les chattes »

« Dipangkorn (nom du fils de Rama X), c’est quoi le problème de ton père ? »

L’autocollant qui représente la tête de Prayuth comme si c’était celle d’un chat porte-bonheur est signé Headache Stencil, pseudonyme d’un artiste de rue connu pour ses dessins satiriques qui figurent des responsables militaires et des problématiques politiques depuis le coup d’État de 2014.

 

« Si vous ne vous intéressez pas à la politique, la politique s’intéressera à vous »

 

 

 

Tueur toi

« Tueur-roi »

« Merci pour votre gentillesse royale »

« Justice injuste »

« Ne souriez jamais »

Références à The King Never Smiles, une biographie non autorisée du roi Bhumibol Adulyadej, écrite par Paul M. Handley. Non seulement le livre a été interdit en Thaïlande, avant même sa publication, mais les autorités thaïlandaises ont bloqué l’accès local aux sites Web qui en faisaient la publicité. La biographie est une analyse de la machine de propagande d’État qui a créé l’image d’un roi sérieux et proche des préoccupations de son peuple.

 

« Rien à foutre des 112 / 110 / 116 »

L’article 112 du code pénal thaïlandais, dit « loi de lèse-majesté », stipule que quiconque est condamné pour avoir diffamé, insulté ou menacé le roi, la reine, l’héritier ou le régent risque entre trois et quinze ans de prison pour chaque chef d’accusation. La loi est couramment exploitée pour faire taire la moindre critique de la monarchie – y compris les contenus postés ou partagés sur les réseaux sociaux. Exemple : en 2017, un homme a été condamné à 35 ans de prison pour avoir posté sur Facebook une série de publications et de commentaires sur la famille royale.

L’article 110 stipule que quiconque commet un acte de violence contre la reine ou sa liberté, l’héritier apparent ou sa liberté, ou le régent ou sa liberté, est passible d’une peine de prison à vie, ou de seize à vingt ans. Deux militants pro-démocratie, Ekkachai Hongkangwan et Bunkueanun Paothon, dit « Francis », risquent la prison à vie car ils sont accusés d'avoir voulu, dit-on, porter atteinte à la liberté de S. M. la Reine lors d’un rassemblement politique à Bangkok le 14 octobre 2020, lequel coïncidait par hasard avec l’heure et l’itinéraire d’un cortège royal.

L’article 116, dit loi sur la sédition, stipule que quiconque s’exprime publiquement par oral, par écrit, ou tout autre moyen non conforme à la Constitution, ou quiconque exprime une opinion ou une critique honnête visant à apporter une modification des lois du pays ou du gouvernement par l’usage de la force ou de la violence, de provoquer trouble et désaffection dans le peuple susceptibles de provoquer des émeutes dans le pays, d’inciter le peuple à transgresser les lois du pays, sera puni d’une peine de prison n’excédant pas sept ans.

 

 

 

« Wanchalearm »

En rouge = « Wanchalearm »

Wanchalearm Satsaksit est un militant qui a critiqué le gouvernement et à l’institution royale avant de s’exiler au Cambodge après le coup d’État de 2014. Début juin 2020, ce trentenaire a été enlevé par des inconnus en bas de chez lui à Phnom Penh. Il est la dernière victime d’une série de disparitions forcées qui n’ont jamais fait l’objet de véritables enquêtes. Toutes les actions réclamant la vérité sur sa disparition ont été réprimées, et les graffitis commémorant sa mémoire dans les rues de Bangkok ont été effacés.

 

En mauve : « Si tu te bats comme ça jusqu’à la prochaine vie, tu ne gagneras jamais. Une foule Sotus ? C’est une foule intellectuelle / sage / ennuyeuse »

Référence aux militants qui prônent des manifestations pacifiques et s’opposent au pillage et à la violence. « Sotus » est l’abréviation de « Senior, Ordre, Tradition, Unité, Esprit [Spirit] », le système de bizutage rituel des universités thaïlandaises qui vise à ce que les jeunes assimilent l’importance de la hiérarchie. Le parallèle entre les deux types de foule révèle la frustration croissante des jeunes de la classe ouvrière, privés de droits, face aux appels à la non-violence martelés par les étudiants de la classe moyenne des grandes universités de la capitale.

 

« Fais gaffe CP, le pillage est pour bientôt »

Référence au groupe Charoen Pokphand, un conglomérat agro-industriel et alimentaire dont le siège est en Thaïlande. Premier producteur mondial de nourriture pour animaux et de crevettes, le groupe figure parmi les trois premiers producteurs mondiaux de volaille et de porc. Charoen Pokphand est non seulement propriétaire des supermarchés 7/11 et Tesco, mais il a des intérêts dans l’immobilier et dans la société de télécommunications True. La famille qui possède cet empire fait partie des « cinq grands » qui ont donné des millions au parti Palang Pracharat, soutenu par les militaires, avant les élections de 2019.

 

 

 

Fuck le gouvernement

En noir : « Fuck le gouvernement / Fuck CP / Fuck la forêt de la frontière  »

La « forêt de la frontière » est une allusion à la fondation « Five Provinces Bordering Forest Preservation », accusée de faire un mauvais usage des terres dont elle a la charge par Rangsiman Rome, député du Future Forward Party, aujourd’hui dissous. La fondation a été créée en 2006 pour appuyer les directives royales visant à préserver la forêt et la faune le long d’une parcelle de 1,2 million de rai à la frontière cambodgienne. (1 rai = 0,16 hectare.)

En février 2020, Rangsiman Rome a osé dire au Parlement que l’actuel ministre de l’Intérieur, Anupong Paochinda, le vice-Premier ministre, Prawit Wongsuwan, et un des autres directeurs de la fondation, Noppadon Intapanya, ainsi que Sonthi Boonyaratglin, avaient tous le grade de général au moment des coups d’État les plus récents. Il estime que la fondation a bénéficié de financements de sociétés étrangères et thaïlandaises, ainsi que de postes lucratifs dans le secteur privé, destinés à des fonctionnaires du gouvernement thaïlandais.

 

En bleu clair : « Êtes-vous assez en colère ? »

En bleu : « Colonisé par la Chine »

En rouge : « Roi minable »

 

 

 

repeints en blanc

Photo prise le lendemain du jour où tous les murs ont été repeints en blanc.

 

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    1

    Son nom complet est Phrabat Somdet Phra Paramendra Ramadhibodi Srisinra Maha Vajiralongkorn Mahisara Bhumibol Rajavarangkura Kitisirisumburna Adulyadej Sayamindradhipeshra Rajavarodom Borommanat Pobitra Phra Vajira Klao Chao Yu Hua. En thaïlandais, son nom de règne est พระบาทสมเด็จพระปรเมนทรรามาธิบดีศรีสินทรมหาวชิราลงกรณ มหิศรภูมิพลราชวรางกูร กิติสิริสมบูรณอดุลยเดช สยามินทราธิเบศรราชวโรดม บรมนาถบพิตร พระวชิรเกล้าเจ้าอยู่หัว.

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    4

    Thongchai Winichakul, Moments of Silence: The Unforgetting of the October 6, 1976, Massacre in Bangkok, Honolulu, University of Hawai’i Press, 2020.

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    8

    Extrait du texte de Mme Haberkorn, octobre 2020, voir note 7.

    Pour citer cette publication

    - Le politique à l'épreuve des sciences sociales, Politika (dir.), « Une nuit de manifestation à Bangkok : ce qui a été tagué puis effacé reste dit », Politika, mis en ligne le 18/07/2022, consulté le 04/04/2023 ;

    URL : https://www.politika.io/index.php/es/node/1109