Lorsque, à la réunion du mois de mars, nous avons parlé de la guerre en Ukraine, nous avons découvert que nous n’étions et que nous ne sommes pas d’accord ni sur la manière d’évaluer l’origine et le poids de ce conflit ni sur celle de concevoir le rôle des sciences sociales dans l’espace public. Sans doute, au vu de la composition internationale du comité de rédaction, tissé de sensibilités et d’expériences multiples, il ne pouvait pas être autrement. Ainsi, après une tentative, non réussie, de trouver un point d’accord, nous avons décidé de partager avec les lecteurs et les lectrices différents points de vue.
I.
Parfois nous sommes embarqués de force dans la « galère de l’histoire ». Il ne s’agit certes pas de jouer à l’intellectuel prophète, mais de reconnaitre que le refus de prendre position revient à peu de chose près au fait de prendre position1. Une revue consacrée aux multiples usages du passé ne saurait demeurer muette devant une guerre qui, comme bien d’autres avant elle, apparaît à certains égards comme une mise en acte d’une vision de l’histoire. Forgée au cours des dernières décennies, déjà performative en Russie – ce dont bien des collègues russes ou spécialistes de l’Europe de l’Est nous ont alerté au fil des ans2 –, elle éclate désormais en pleine lumière. Nous ne faisons que relever, verbatim à l’appui, quelques-uns de ses traits principaux.
II.
Le 24 février 2022, Vladimir Poutine, depuis son bureau du Kremlin, a annoncé le début « d’une opération militaire spéciale ». Après avoir dénoncé le « génocide » orchestré par les autorités ukrainiennes contre les séparatistes pro-russes du Donbass, il a prôné la « dénazification de l’Ukraine » et lancé une vaste offensive militaire contre ce pays.
Pour la Russie, c’est une nouvelle guerre qui ne dit pas son nom. L’arrivée au pouvoir de Poutine en 1999 avait été marquée par le début de la seconde guerre de Tchétchénie. En 2008, Moscou prenait le contrôle de l’Ossétie du sud aux dépens de la Géorgie au terme d’une guerre éclair. En 2014, les combats au Donbass et l’annexion de la Crimée avaient constitué la brutale réponse de Moscou aux mobilisations du Maïdan.
Pour l’Europe, c’est la fin d’une longue période de « paix ». On ne peut pas dire que, depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, les armes n’ont pas été utilisées sur le vieux continent : il y a eu la guerre civile grecque, l’occupation de Budapest et celle de Prague, ensuite la guerre entre les républiques de l’ex-Yougoslavie, et la guerre de Bosnie : le siège de Sarajevo a duré 43 mois ; à Srebrenica, une extermination génocidaire a eu lieu ; rien qu’en Bosnie-Herzégovine, au moins 100 000 personnes sont mortes. Cependant, pendant soixante-dix-sept ans, il n’y a pas eu de guerres conventionnelles de grande ampleur par lesquelles un pays souverain en envahit un autre : les grandes puissances se sont livré bataille sur d’autres théâtres de guerre.
Peut-être, est-ce aussi la fin d’une période décidemment plus courte de compromis à l’égard du Kremlin, marquée par la conviction « qui veut que seuls les grands États pèsent dans le concert des nations, reléguant les petits États à un rôle de figuration3 ». Au nom des équilibres géopolitiques, des liens économiques, de la « crise » migratoire, de la sympathie personnelle, voire de l’admiration pour Poutine (Viktor Orban, Silvio Berlusconi, Matteo Salvini, Alexis Tsipras, Gerhard Schroeder, Alberto Ángel Fernández, Marine Le Pen, Jaïr Bolsonaro…), nous avons évité de regarder la guerre de « faible intensité » commencée au Donbass en 2014, qui a fait environ 13 000 morts, et d’écouter les espérances de tant d’Ukrainiennes et d’Ukrainiens d’être reconnus, d’une manière ou d’une autre, en tant qu’Européens4.
Les sièges de Kharkiv, Kherson et Marioupol, ainsi que le massacre de Boutcha, nous obligent à ouvrir les yeux et posent de nombreuses questions qui dépassent le champ de réflexion de notre revue : où s’arrête l’Europe ? L’Ukraine en fait-elle partie ? Quelle doit être la politique vis-à-vis des réfugiés ? Les règles de l’Union européenne doivent-elles être changées ? Au-delà du conflit en cours, la guerre fait surgir de vastes questions rétrospectives portant sur les conditions de la disparition de l’Union soviétique il y a trente ans et les brutales transformations qui ont bouleversé les sociétés des nouveaux États indépendants. Elle place à nouveau au centre de l’attention la question des alliances militaires et du rôle de l’OTAN en Europe. Toutes ces questions sont fondamentales et débattues dans d’autres lieux que notre revue. De notre côté, nous proposons d’approfondir les représentations historiques qui nourrissent la guerre dans cette partie du monde « où le passé pèse très lourd ; pour les uns, il s’agit d’enracinement, pour d’autres d’empêtrement5 ». D’autant plus que les parallèles avec d’autres moments du passé ont rarement été utilisés de manière aussi intensive : la Deuxième Guerre mondiale, l’invasion de la Mandchourie, Verdun, la « guerre d’hiver » en Finlande, le siège de Leningrad, Pearl Harbor, la guerre civile espagnole, le 11 septembre, la guerre en Syrie…. Il s’agira d’un travail de longue durée. Le chantier est immense et nous souhaitons rappeler quelques points dans l’urgence.
III.
On le sait, Vladimir Poutine est un passionné d’histoire. Nous proposons ici pour mémoire de revenir à ses textes et discours qui sans cesse mettent en lumière les usages publics de l’histoire dans la Russie actuelle. À l’été 2021, il ouvre son article « Sur l’unité historique des Russes et des Ukrainiens », en déclarant que « pour mieux comprendre le présent et jeter un coup d’œil dans l’avenir, nous devons nous tourner vers l’histoire ». Afin de justifier le projet de « dénazification » et « désukrainisation » de l’Ukraine, il affirme une continuité mémorielle et ethnique allant de la Rus de Kiev, premier État russe, qui exista entre 882 et 1240 et adopta l’orthodoxie en 988, à la Fédération de Russie : les Russes et les Ukrainiens forment un seul peuple, « un tout », que l’Occident cherche à séparer6. L’histoire de l’État impérial, construit après l’invasion mongole autour de Moscou, serait fondée sur deux éléments : la proximité linguistique et la religion. Dans cette perspective, les aspirations indépendantistes de l’Ukraine n’ont jamais eu aucun fondement :
« il s’agit d’un changement forcé d’identité. Et le plus répugnant, c’est que les Russes en Ukraine sont contraints non seulement de renoncer à leurs racines, aux générations ancestrales, mais aussi à croire que la Russie serait leur ennemi ».
Toute spécificité locale est atténuée, voir niée : même l’Holodomor (la grande famine de 1933 en Ukraine), devenu, surtout depuis la présidence de Viktor Iouchtchenko, un aspect important de la mémoire nationale ukrainienne, est défini comme une « tragédie commune ». En d’autres termes, pour le Kremlin, il n’y a pas d’Ukrainiens, il n’y a que des Russes. C’est pour cette raison que Tamara Hundorova, Volodymyr Rafeenko, et Mykola Riabchuk soulignent la nature coloniale du mythe des « nations fraternelles7 ».
L’émergence d’un sentiment national est attribuée surtout aux ingérences étrangères. C’est la faute aux Polonais, aux Habsbourg, aux nazis, aux Occidentaux, qui ont organisé un coup d’État en 2004 (la Révolution orange) puis en 2014 (la Révolution du Maïdan)… Pourtant, c’est aussi la faute de Lénine, responsable d’avoir découpé les républiques dans le corps de la Russie – synonyme d’empire russe – et de les avoir dotées du droit à la sécession constitutionnelle. Sa politique aurait légitimé la dissolution de l’Union soviétique :
« Le droit des républiques à sortir librement de l’Union fut inscrit dans le texte de la Déclaration sur la création de l’URSS, puis dans la Constitution de l’URSS de 1924. Ainsi fut posée dans les fondations de notre souveraineté la plus dangereuse des “bombes à retardement”. Celle-ci a explosé dès la disparition du cran de sûreté, sous forme du rôle dirigeant du Parti communiste, ce dernier s’étant finalement disloqué de l’intérieur. Ce fut la “parade des souverainetés” ».
Poutine refuse d’accepter qu’avec la fin de l’URSS, l’Ukraine soit devenue indépendante et théoriquement libre de choisir sa politique intérieure et étrangère, car, à ses yeux, elle a été créée aux dépens de la Russie historique. Plus encore, l’indépendance est présentée comme un projet géopolitique contre-nature et dangereux. Lors du mémorandum de Budapest signé en 1994, la Russie, les États-Unis et le Royaume-Uni s’étaient pourtant engagés à respecter l’indépendance de l’Ukraine en échange du retrait de l’arme atomique. En 2022, cet accord est oublié ; et Poutine n’hésite pas à assimiler l’Ukraine elle-même à une « arme de destruction massive » :
« Il ne serait pas exagéré de dire que cette course à une assimilation violente, vers la formation d’un État ukrainien ethniquement pur, agressif envers la Russie, est comparable dans ses conséquences à l’utilisation d’armes de destruction massive contre nous. En raison d’une rupture aussi brutale et artificielle entre les Russes et les Ukrainiens, le nombre total de Russes pourrait diminuer de centaines de milliers, voire de millions ».
Les discours du 21 et du 24 février 2022 en prélude à la guerre ne font que développer les points principaux de l’article du 12 juillet 2021. Poutine s’appuie à nouveau sur une conception impériale de l’histoire :
« L’Ukraine fait partie intégrante de notre propre histoire, de notre culture et de notre espace spirituel […]. Depuis les temps anciens, les habitants des terres historiques du sud-ouest de l’ancienne Russie se sont appelés Russes et chrétiens orthodoxes. Il en était ainsi avant le XVIIe siècle, lorsqu’une partie de ces territoires a été réunifiée avec l’État russe, et après. »
La Deuxième Guerre mondiale est évoquée pour justifier l’invasion :
« L’histoire nous apprend qu’en 1940 et au début de 1941, l’Union soviétique a tenté d’empêcher ou, du moins, de retarder le déclenchement de la guerre. […] Et les mesures qui ont finalement été prises étaient désastreusement tardives. En conséquence, le pays n’était pas préparé à faire face à l’invasion de l’Allemagne nazie, qui a attaqué notre Patrie sans déclaration de guerre le 22 juin 1941. L’ennemi a été arrêté puis écrasé, mais à un coût colossal. […] Nous ne ferons pas une telle erreur une deuxième fois, nous n’en avons pas le droit. »
Après avoir défini Maïdan comme un coup d’État, le régime de Kiev est indiqué en tant qu’agresseur :
« Les radicaux qui ont pris le pouvoir ont organisé la persécution, une véritable terreur contre ceux qui s’opposaient aux actions anti-constitutionnelles. Les politiciens, les journalistes, les personnalités publiques ont été raillés et humiliés publiquement. Les villes ukrainiennes ont été submergées par une vague de pogroms et de violence, une série de meurtres bruyants et impunis. On ne peut s’empêcher de frémir devant la terrible tragédie d’Odessa, où des manifestants pacifiques ont été brutalement assassinés et brûlés vifs dans la Maison des syndicats. »
Les actions du Kremlin relèvent donc « de l’autodéfense contre les menaces que l’on fait peser sur nous et contre une calamité encore plus grande que celle qui se produit aujourd’hui ».
En réponse à ces violentes accusations, les autorités ukrainiennes démentent les actes dont on les accuse et font entendre le droit à une existence autonome. Comme l’explique le président Volodymyr Zelensky dans son discours du 23 février 2022, qu’il prononce en russe à destination de la société russe :
« On vous dit que nous détestons la culture russe. Comment est-il possible de détester la culture ? N’importe quelle culture ? Les voisins s’enrichissent toujours mutuellement sur le plan culturel. Mais cela ne fait pas d’eux une seule entité. Cela ne nous dissout pas en vous. Nous sommes différents. Mais ce n’est pas une raison pour être ennemis. Nous voulons définir et construire notre histoire nous-mêmes. »
Toutes les références au passé proposées par Poutine sont fondées sur l’idée de civilisation. La civilisation est un principe inconscient, qui a une valeur supérieure et antérieure à l’expérience historique et à la volonté politique : c’est un a priori, un fait préconstitué, immuable, et éternel. Qui doit être défendu contre la possibilité d’être contaminé par d’autres civilisations. La guerre, loin de n’être qu’une guerre territoriale, est donc, une guerre de civilisation :
« En fait, jusqu’à récemment, les tentatives de nous utiliser dans leurs intérêts, de détruire nos valeurs traditionnelles et de nous imposer leurs pseudo-valeurs, qui nous rongeraient, nous, notre peuple, de l’intérieur n’ont pas cessé. Ces attitudes ils les imposent déjà agressivement dans leurs pays et elles mènent directement à la dégradation et à la dégénérescence, car elles sont contraires à la nature humaine elle-même. Cela n’arrivera pas [ici], cela n’a jamais marché pour personne. Cela ne marchera pas non plus maintenant. »
Dans cette perspective, l’annexion des territoires n’est pas un acte brutal. Ceux-ci appartiennent à la Russie par la langue et les mœurs. Ils lui reviennent de droit : « tu m’appartiens, je te prends », pour reprendre l’ancien adage critiqué par Fustel de Coulanges et Ernest Renan il y a cent-cinquante ans… Cette vision mythique de l’histoire, fondée sur une vision atemporelle du passé, n’est certes pas exclusive de Poutine. En Russie, elle a été endossée par le primat de l’Église orthodoxe russe, dans un sermon marqué par les tonalités apocalyptiques :
« ce qui se passe aujourd’hui dans la sphère des relations internationales ne relève pas uniquement de la politique. Il s’agit de quelque chose d’autre et de bien plus important que la politique. Il s’agit du Salut de l’homme, de la place qu’il occupera à droite ou à gauche de Dieu le Sauveur, qui vient dans le monde en tant que Juge et Créateur de la création. »
Par ailleurs, en Europe aussi, le débat politique est parfois marqué par une logique « culturaliste », pour laquelle les valeurs sont structurées de manière définitive : la Russie est alors présentée en tant qu’Anti-Occident (selon les mots de Milan Kundera), renvoyée au despotisme eurasiatique, et l’Ukraine comme un rempart de « notre civilisation ». Dans les médias, cette vision est spéculaire à celle géopolitique, qui, au nom du « réalisme », condamne l’Ukraine à sa position géographique, à un destin mystérieusement objectif, qu’elle n’a jamais rêvé ou choisi. Dans les deux cas, la complexité des espaces et des rapports à l’histoire est niée : « Un lien quasi transitif est établi entre frontières historiques, identités territoriales, identités linguistiques et affiliations politiques […] sans tenir compte de l’intrication des pratiques ni de l’ambivalence des affiliations individuelles et collectives.8 » Dans cet espace saturé de représentations civilisationnelles, l’Ukraine tente de se défaire des affiliations imposées et de faire entendre la voix d’une société qui manifeste un tropisme européen, renforcé par la présence menaçante de la Russie à ses frontières et sur son territoire.
IV.
L’agression militaire de la Russie contre l’Ukraine a suscité la sidération du monde entier tant le déferlement de la violence de guerre semblait impensable dans cet espace au XXIe siècle. Pourtant, depuis des années, grâce aux recherches historiques ayant bénéficié du tournant archivistique qui a suivi la disparition de l’URSS, nous connaissions les violences du passé9 : les affrontements sanglants de la guerre civile (1917-1921), la grande famine (1933), la terreur (1936-1938), les déportations (avant et pendant la guerre), le pacte Molotov-Ribbentrop de 1939 et ses protocoles secrets, la grande guerre patriotique, la shoah à l’Est, le goulag… La population ukrainienne a été durement frappée par toutes ces séquences de grande brutalité, bien documentée par les travaux scientifiques.
Un effort académique appuyé a aussi porté sur la question impériale dans l’espace russe et soviétique10. De nombreuses recherches ont été consacrées à la construction des catégories nationales, aux déplacements forcés ou aux découpages ethniques du territoire. Ces recherches ont tenté de rompre avec les approches essentialistes et développementalistes héritées du passé. Et pourtant, les travaux publiés en histoire soviétique n’ont, semble-t-il, pas été entendus dans l’espace public russe contemporain, encadré par la censure et la propagande. Les publications majeures des historiens russes, ukrainiens et internationaux, parues dans les meilleures revues académiques de rang international, n’ont pas permis de renouveler le regard citoyen porté sur cette histoire tourmentée. Les usages politiques de l’histoire par les dirigeants russes se sont durcis, au service d’un pouvoir dont la légitimité démocratique allait décroissant. Une vision nationaliste et patriotique de l’histoire officielle s’est peu à peu imposée, aux dépens d’une histoire pluraliste, contradictoire et critique.
L’association Mémorial, qui, hors des institutions académiques russes, œuvrait à l’étude des violences soviétiques, a d’abord été déclarée « agent de l’étranger » puis simplement dissoute en décembre 2021, décision judiciaire confirmée quelques jours après le début de la guerre. En Russie, les voix historiennes qui s’élèvent aujourd’hui contre la manipulation politique de l’histoire sont de plus en plus isolées et menacées.
Nous aurions pu être préparés au nouvel épisode sanglant engagé par l’État russe contre l’Ukraine mais, depuis la disparition de l’URSS en 1991, nous pensions qu’en Europe le retour des violences du passé n’était plus possible, que la brutalité militaire était révolue, que les frontières étaient stabilisées, que la régulation et le nouveau management public avaient remplacé l’autoritarisme. Nous voici donc rattrapés par le passé que nous avions documenté et face à de nouvelles dérives désastreuses.
C’est au fond une grande désillusion car, pour beaucoup d’entre nous, nous avons cru dans les perspectives de changement après l’URSS. Nous avons développé nos coopérations avec de nombreux partenaires (universités, archives, associations…), nous avons formé des étudiants, nous avons rencontré des gens ouverts et critiques avec lesquels nous avons travaillé. Et pourtant, aujourd’hui, nous faisons face à un sentiment de grande impuissance. Et ce sentiment est peut-être encore sous-estimé car la guerre est en cours, son issue fatalement dramatique et ses conséquences encore imprévisibles.
Notes
1
Albert Camus, Discours de Suède, Prix Nobel 1957, Paris, Gallimard, 1958.
2
Korine Amacher, Wladimir Berelowitch (dir.), Histoire et mémoire dans l’espace post-soviétique. Le passé qui encombre, Genève-Paris, Institut européen de l’Université de Genève/L’Harmattan, 2014 ; Nikolay Koposov, Memory Laws, Memory Wars. The Politics of the Past in Europe and Russia, Cambridge, Cambridge University Press, 2017.
3
Mykola Riabchuk, « Il y a entre la Russie et l’Ukraine toute l’essence du colonialisme », entretien par Benjamin Tainturier, AOC, 26 mars 2022.
4
Voir notamment le discours d’acceptation de Yuri Andrukhovych à la cérémonie du prix du livre de Leipzig pour la compréhension européenne, Allemagne, 21 mars 2006 [en ligne] ; Volodymyr Yermolenko (éd.), Ukraine in Histories and Stories. Essays by Ukrainian Intellectuals, Stuttgart, Verlag, 2020. Voir également la performance de Hobart Earle qui, au lendemain de l'annexion de la Crimée par la Russie, a joué l’« Hymne à la joie » de Beethoven, avec des dizaines de musiciens et de chanteurs, sur le marché aux poissons d'Odessa, 2014 : https://www.youtube.com/watch?v=rwBizawuIDw&t=3s
5
Andrzej Stasiuk et Yuri Andrukhovych, Mon Europe, Lausanne, Éditions Noir sur blanc, 2004, p. 76.
6
Selon l’historien Yaroslav Hrytsak, l’idée de restaurer la domination russe n’a jamais quitté Moscou (« Ukrainians : Who Are They, and What Do They Want? », Krytyka. Thinking Ukraine, 2011, XV, p. 7-8).
7
Voir Tamara Hundorova, « Internal Colonization — Re-colonization », Krytyka. Thinking Ukraine, 2011, XVII, p. 11-12 ; Volodymyr Rafeenko, « Donbas – Ukraine, a Life Journey », in Volodymyr Yermolenko (éd.), Ukraine in Histories and Stories. Essays by Ukrainian Intellectuals, Stuttgart, Verlag, 2020 ; Daria Badior, « Why We Need a Post-Colonial Lens to Look at Ukraine and Russia », Hyperallergic, 9 mars 2022 ; Mykola Riabchuk, « Il y a entre la Russie et l’Ukraine toute l’essence du colonialisme », entretien par Benjamin Tainturier, AOC, 26 mars 2022.
8
Sabine von Löwis, « Frontières fantômes et ambivalence des espaces d’identification en Ukraine », L’Espace géographique, vol. 46, n° 2, 2017, p. 126-142.
9
Pour une synthèse, voir Nicolas Werth, Histoire de l’Union soviétique. De l’Empire russe à la Communauté des États indépendants (1900-1991), Paris, PUF, 2021 (traduit en russe) ; Alain Blum, Françoise Daucé, Marc Elie et Isabelle Ohayon, L’Âge soviétique. Une traversée de l’Empire russe au monde postsoviétique, Paris, Armand Colin, 2021.
10
Juliette Cadiot, Le Laboratoire impérial. Russie-URSS 1870-1940, Paris, CNRS Éditions, 2007 ; Francine Hirsch, Empire of Nations, Ithaca, Cornell University Press, 2014.