Présentation
Directrice de recherche (CNRS, CECMC)

(EHESS - Centre d'études sur la Chine moderne et contemporaine)

Représentation de la pandémie à Hong Kong

Meanwhile in Hong Kong

Dès la fin du mois de décembre 2019, les membres du Centre d’études sur la Chine moderne et contemporaine (CECMC), relevant du laboratoire Chine, Corée, Japon (CCJ), ont commencé à s’interroger sur les événements incertains qui se déroulaient en Chine. Avec l’évolution de la situation en Europe et les débuts du confinement en France, à la mi-mars 2020, un espace de discussion porté par les participants du séminaire « Normes sociales et légitimité en Chine contemporaine » a débuté sur la plateforme Riot : le « salon Covid-19 ».

On s’y interrogeait sur le rôle de la technologie dans la gestion de l’épidémie à Taiwan tout autant que sur les débats autour de la géolocalisation en France ; on tentait d’identifier les médias chinois qui mènent l’enquête sur place, tout en soulignant la multiplication des conférences « zoom » organisées à Hong Kong et susceptibles d’être suivies de l’étranger. Au fil des discussions, surgissaient des personnalités – comme l’écrivaine Fang Fang, avec les débats qui ont entouré la traduction et la publication de son journal, rédigé à Wuhan au fil du confinement, ou le docteur Li Wenliang, mort le 7 février après avoir tenté en vain d’alerter les autorités. Ces personnalités nourrissent aujourd’hui encore nombre de polémiques mais aussi des actions ou des formes de rassemblement hier inconnues : c’est ainsi que le 1er juin, le blog de Li Wenliang, toujours actif en dépit de la disparition de son propriétaire, dépassait le million de messages déposés par des internautes. Jour après jour, ceux-ci y évoquent leur quotidien (le temps qu’il fait, les achats réalisés, les plats redécouverts), leurs difficultés (licenciements, maladies, examens à venir, problèmes familiaux), leurs interrogations. Ils sollicitent aussi sa protection.

Cet échange d’informations, de traductions, de commentaires a conduit à la création de cet Atelier. Par des billets très divers, il entend rendre compte de l’enquête collective en cours pour saisir les expériences rapportées ou observées et s’efforcer d’en restituer les multiples dimensions : la dimension historique, les enjeux locaux, les descriptions comme les significations internes ou externes – ainsi que les variations des frontières entre les unes et les autres –, les émotions et les évaluations partagées ou, au contraire, les objets d’incompréhensions. En articulant le proche et le lointain, les formes de circulation des textes, des objets, des personnes, il s’agit de s’interroger ensemble sur les conditions qui orientent l’appréhension et l’intelligibilité des situations, et donc sur le travail de l’imagination et de la connaissance face à une expérience en apparence commune.

À partir de questionnements qui trouvent leur origine dans des travaux de recherche en cours, mais aussi dans des préoccupations intellectuelles et politiques plus générales, cet Atelier a pour visée d’apporter des éléments d’analyse pour nourrir les débats en cours.