(Archives de l’État en Belgique - Centre d'Études Guerre et Société contemporaine)
Statue équestre du roi Léopold II, place du Trône à Bruxelles (2022).
Dans le cadre de la vague d’indignation causée par l’assassinat de George Floyd en mai 2020, on a assisté à l’émergence d’un mouvement de grande ampleur de remise en cause de certaines statues dans l’espace public. Les contestations prennent pour cibles des personnalités accusées aujourd’hui d’être des symboles de la colonisation, de l’esclavagisme ou encore du racisme. Le phénomène n’est certes pas neuf mais son ampleur à l’échelle internationale – il est question d’une « onde de choc mondialisée »1 – et les transferts de lutte ainsi que les enjeux de mémoire qu’il révèle, interpellent. Dans son ouvrage Les Statues de la discorde, l’historienne Jacqueline Lalouette épingle la rapidité des réactions citant, pour le contexte européen, les cas belge et britannique2. Mais ces réactions ne sortent pas du néant. Elles s’inscrivent dans un contexte spécifique que cet assassinat va bouleverser. Dans cette contribution, il sera essentiellement question de la figure du roi Léopold II (1835-1909) qui cristallise les polémiques mais la perspective dépasse bien évidemment sa seule personnalité. Il s’agit ni plus ni moins de réfléchir à la place du passé colonial, à son héritage dans la société belge d’aujourd’hui et aux enjeux qu’il révèle.
Pourquoi Léopold II ?
Deuxième souverain du jeune royaume de Belgique, Léopold II monte sur le trône en 1865. À cette époque, sa doctrine coloniale est encore en chantier. Elle n’est en rien le fait d’un homme seul même si c’est lui qui en est l’incarnation. Dès 1865, il se montre désireux d’acquérir une ou plusieurs colonies, influencé en cela par le modèle des colonies néerlandaises. Vingt ans plus tard, il devient souverain de l’État indépendant du Congo. Suite au rapport accablant de la « Commission d’enquête sur les exactions commises dans l’État indépendant du Congo3 », instituée le 23 juillet 1904, le roi est contraint de renoncer à son pouvoir colonial qui est transféré à l’État belge le 15 novembre 1908. Le Congo devient dès lors une colonie belge et le reste jusqu’au 30 juin 19604.
Comme le rappelle l’anthropologue Bambi Ceuppens5, Léopold II est, avec Tintin (au Congo) et le Musée royal d’Afrique centrale (Tervuren), l’un des trois symboles les plus connus du passé colonial belge. Dans une certaine mesure, la personnalité du deuxième roi des Belges symbolise les rapports ambigus que la Belgique et les Belges entretiennent avec le passé colonial ; il apparaît aujourd’hui comme une personnalité que l’on peut qualifier de « clivante ». Ses défenseurs le voient comme un visionnaire, comme le génie qui a hissé la Belgique au rang de grande puissance et lui a « offert » un empire colonial. Ses détracteurs mettent en exergue la dimension criminelle et les abus commis à l’égard des populations autochtones au sein de l’État indépendant du Congo6. Bien évidemment, sa personnalité et sa politique ne peuvent être appréhendées isolément mais tant pour ses défenseurs que pour ses détracteurs, Léopold II apparaît comme l’incarnation de l’État indépendant du Congo.
Même si tous les monuments dédiés à Léopold II n’ont pas nécessairement une dimension coloniale avérée, c’est à travers ce prisme qu’ils sont vus et sont aujourd’hui l’objet de contestations7. En d’autres termes, alors que Léopold II a été, depuis longtemps, la cible de nombreuses critiques dans d’autres domaines (question sociale, militaire, enjeux linguistiques, vie personnelle, intervention dans des politiques de nomination…), ces dimensions-là sont absentes du mouvement actuel de contestation articulé autour des statues, des monuments et autres noms de rues. La dimension coloniale a écrasé tout le reste. Ce phénomène n’est pas récent. Lors de l’inauguration de la statue équestre de Léopold II sur la place du Trône à Bruxelles, le 15 novembre 1926, le journal socialiste Le Peuple publie un article au titre évocateur « Le peuple travailleur ne peut s’associer à l’hommage rendu au roi de la bourgeoisie ». On y retrouve toutes les critiques formulées de longue date par le monde socialiste à l’encontre du deuxième roi des Belges et de la monarchie en général. Pourtant, l’article se termine par ses mots : « Avec le temps, on fera la part des choses. On oubliera le mal que fit ou laissa faire Léopold II pour ne se souvenir que de la grande œuvre coloniale dont il fut le créateur et l’animateur passionné8. »
Dans les faits, la question coloniale se retrouve imbriquée dans d’autres enjeux belgo-belges. On peut même considérer qu’avant d’être envisagé sous l’angle de la décolonisation de l’espace public, le débat sur la colonisation a, avant tout, été un débat belgo-belge avec ses dimensions communautaires, autrement dit la question des rapports entre Flamands, Wallons et francophones. Pour les nationalistes flamands, Léopold II apparaît comme un symbole de la Belgique unitaire contre laquelle ils luttent. La période coloniale est également perçue comme la période où la Belgique était dominée par les élites francophones. Dans cette optique, se montrer critique vis-à-vis de son projet colonial est une double façon de s’en prendre à la Belgique. Mais, dans le même temps, certains nationalistes flamands d’extrême droite peuvent également être proches de certains aspects du projet de Léopold II par racisme anti-arabe – on songe alors à la lutte contre l’esclavagisme – ou par adhésion au principe de la suprématie de l’homme blanc. Ils dénoncent également l’influence de courants wokistes. En Belgique francophone, l’attachement au passé colonial et à la monarchie semble plus marqué, en tant que reflets d’une Belgique (unitaire) à laquelle certains restent attachés. Au-delà de ces milieux, toute critique du projet colonial est ressentie par d’aucuns comme une critique à l’encontre de la Belgique. Toucher au passé colonial mais aussi à la monarchie – incarnée dans ce contexte par Léopold II – est perçu comme une attaque à l’encontre de la Belgique et comme une contribution au processus de fragilisation d’un État dont l’identité apparaît comme très fragmentée. La manière dont la période coloniale est appréhendée et parfois instrumentalisée est donc aussi perçue comme le reflet d’autres enjeux anciens et actuels : entre la gauche et la droite, entre francophones et Flamands, entre générations, entre défenseurs d’une certaine identité belge et des associations issues de la diaspora africaine, entre nostalgie et décolonisation.
Ce rapport difficile au passé colonial, avec les enjeux de mémoire qu’il révèle, renvoie à la complexité des mémoires dans la société belge. Longtemps, ce sont les deux conflits mondiaux qui ont servi de révélateurs de représentations complexes et divisées9. Ce n’est que plus tardivement que la période coloniale va à son tour peser dans ces débats mémoriels. Sur le plan historiographique, la période a longtemps été un parent pauvre – mais pas inexistant – tant dans la recherche que dans les universités10. Il a fallu attendre la fin du XXe siècle pour voir paraître certains ouvrages majeurs et d’autres plus polémiques. Deux périodes cristallisent le débat : la période de l’État indépendant du Congo et de l’assassinat de Lumumba, autrement dit le début et la fin de la période coloniale. Ces publications et ces controverses ont souvent été le fait de journalistes même si des recherches plus académiques ont également été menées sur ces questions. La question de l’accès aux archives n’a en outre pas toujours facilité les recherches. Progressivement, une nouvelle génération d’historiens s’est emparée de l’histoire de la colonisation au sens large et pas uniquement sous l’angle des sujets polémiques. On peut véritablement parler d’un renouveau historiographique qui ne s’est pas limité à des publications académiques mais a progressivement touché le grand public. Parallèlement, de nouveaux acteurs ont investi le débat dans une perspective décoloniale. Là aussi, les controverses et les prises de position portent essentiellement sur deux moments-clés : d’une part la période de l’État indépendant du Congo et plus particulièrement la figure de Léopold II, d’autre part la fin de la période coloniale et, plus spécifiquement, l’assassinat de Patrice Lumumba. Outre les historiens et les mouvements décoloniaux, le débat a rejailli sur les institutions et le monde politique. Aujourd’hui, la question de la colonisation et de ses mémoires occupe une place dominante et à part entière même si les fractures qu’elle recèle s’inscrivent aussi pour partie dans la continuité de controverses liées à l’histoire des deux guerres mais qui apparaissent comme moins sensibles aujourd’hui.
Une statuaire omniprésente et des hommages tardifs
La première statue représentant Léopold II dans l’espace public est inaugurée en 1873 dans la petite bourgade d’Ekeren, en province d’Anvers. Elle fait référence à la visite que le roi y a effectuée en août 1869. La dernière réalisation intervient dans la commune bruxelloise d’Ixelles où une statue a été installée en 1969 ; elle est l’œuvre du sculpteur René Cliquet (1899-1977)11. Elle se veut un hommage au souverain en tant que « bâtisseur et urbaniste ». Dans le discours prononcé lors de l’inauguration, il est question des « ressources » que le roi a pu tirer de « ses sacrifices financiers au Congo » et qui lui ont permis « de doter la capitale et le pays d’une série impressionnante de monuments et de travaux publics12 ».
À gauche : première statue représentant Léopold II installée à Ekeren (1873) ; à droite : statue de Léopold II installée dans le jardin du roi à Ixelles (1969).
Ni l’une ni l’autre n’ont de lien direct avec le projet colonial du roi même si cette dimension n’est pas totalement absente lors de l’inauguration de la seconde. Entre ces deux dates, une quinzaine de statues majeures lui rendent hommage dans l’espace public d’Ostende à Arlon. C’est peu et beaucoup à la fois. Peu car ce nombre est bien en-deçà de celles consacrées à son successeur le roi Albert, héros de la Grande Guerre par excellence13. Beaucoup pour un souverain controversé à bien des égards et pas seulement du fait de sa politique coloniale. À son décès, peu de lieux lui rendent hommage : ni sur le plan monumental, ni sur le plan odonymique14. Mais, moins de dix jours après sa mort, un comité pour l’érection d’un monument national consacré à Léopold II voit le jour. En mai 1913, un projet est également lancé dans la cité balnéaire d’Ostende. Ces deux dossiers sont suspendus du fait de la Première Guerre mondiale. Il faut donc attendre l’entre-deux-guerres pour qu’une série de monuments lui soient dédiés parmi lesquels ceux de Bruxelles (1926), de Namur (1928), d’Auderghem (1930) et d’Ostende (1931). Le choix de ces lieux n’est en rien lié au hasard puisqu’ils entretiennent tous un rapport privilégié soit avec Léopold II et ses projets urbanistiques, soit avec la colonisation voire avec les deux. Ces monuments sont financés par des capitaux privés – par le biais de souscriptions publiques – et publics, les municipalités intervenant à titre supplétif. Signe de l’importance des monuments de Bruxelles, de Namur et d’Ostende, le roi Albert participe à chaque inauguration et y prend la parole ; à Auderghem, une commune bruxelloise plus discrète, seul le prince Charles est présent et s’exprime. C’est au cours de cette période que l’espace public se couvre de monuments glorifiant tant le projet colonial que l’expérience de la Première Guerre mondiale. Dans certains cas, les deux dimensions sont d’ailleurs liées à travers diverses personnalités. Le discrédit qui a pu entourer les dernières années de règne de Léopold II est effacé au profit d’une glorification du roi présenté comme une figure de génie tant sur le plan colonial qu’urbanistique. Sans surprise, tous les discours prononcés lors des inaugurations sont émaillés de superlatifs en hommage à « Léopold-le-Grand15 ». Son successeur, le roi Albert, étant présenté comme un héros de guerre, la monarchie belge s’inscrit ainsi dans une continuité allant de Léopold Ier à Albert Ier en passant par Léopold II. Mais le mouvement ne s’arrête pas là. Après la Seconde Guerre mondiale, d’autres monuments – plus nombreux encore qu’au cours de l’entre-deux-guerres – viennent renforcer le dispositif, souvent dans des villes de moindre importance : citons Arlon (1951), Hasselt (1953), Halle (1953), Saint-Trond (1954), Gand (1955), Forest (1957) ou encore Mons (1958). Soulignons d’ailleurs qu’aucune des inaugurations n’a été rehaussée de la présence royale. Seule la princesse Joséphine-Charlotte participe à celle d’Arlon. Pour autant, la monarchie ne se désintéresse pas du Congo comme en témoigne le voyage sur place du roi Baudouin du 15 mai au 12 juin 1955. À travers cette deuxième vague de monuments, c’est clairement la dimension coloniale qui est mise en exergue. À Arlon, l’initiative revient au Cercle colonial local. À Hasselt, elle est due à l’organisation en charge des « Journées coloniales » locales et s’accompagne d’ailleurs également d’un hommage aux pionniers locaux16. À Halle, la statue est inaugurée par le ministre des Colonies. Tant à Mons qu’à Saint-Trond, l’événement s’inscrit dans un double hommage : à Léopold II d’une part, aux pionniers coloniaux d’autre part. À Forest, par contre, c’est clairement la dimension urbanistique qui est épinglée tandis qu’à Gand, la statue a été offerte à la ville à l’occasion du 10e anniversaire du salon international de Flandre (Internationale Jaarbeurs der Vlaanderen). À Namur, où le monument d’origine a été détruit par un bombardement en août 1944, une réplique est installée, en 1958, trente ans après son inauguration à l’initiative du Cercle colonial local et du ministère des Colonies. Ces hommages tardifs interpellent à quelques années de l’indépendance du Congo. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la Belgique se cherche une nouvelle identité. Contrairement à ce qui a prévalu après la Première Guerre mondiale, cette fois il n’y a ni grand roi ni anciens combattants à honorer ; l’armée belge ayant capitulé après dix-huit jours de combat. Quant au roi Léopold III, au terme d’un conflit qui a déchiré la société belge pendant près de six ans, entre la libération du territoire en septembre 1944 et son abdication à l’été 1950, il ne peut être question d’en faire le symbole de l’après-guerre. Il en va de même de la résistance très rapidement divisée, tant dans le contexte international de la Guerre froide que dans le contexte national lié à la question royale. Rien d’étonnant dès lors que de voir Léopold II une nouvelle fois mis en valeur. Certes, la Belgique aurait pu continuer à rendre hommage à Albert Ier – et elle le fait d’ailleurs en partie – mais cet hommage pourrait aussi être perçu comme une forme de désaveu à l’encontre de Léopold III. Albert Ier apparaît en effet comme l’incarnation de l’armée belge et de la Belgique en guerre de 1914 à 1918 tandis que l’image de Léopold III est nettement dévalorisée du fait de la capitulation du 28 mai 1940, un acte porté par le roi seul, sans l’aval du gouvernement et donc en contradiction avec les principes constitutionnels. Cette image est en outre négativement chargée du fait de l’attitude du roi sous l’Occupation et des controverses qui jalonnent l’après-guerre et sont au cœur de ce que l’on appelle « la question royale ». Par contre, le projet colonial ne fait alors guère l’objet de critiques et Léopold II apparaît comme le père fondateur de l’empire colonial belge, rien de surprenant dès lors dans le zèle déployé par les associations coloniales pour lui rendre hommage.
Une contestation qui commence à Ostende…
Détail de la statue d’Ostende avec la main coupée.
C’est le 20 avril 2004 qu’une première action est entreprise contre la statue équestre de Léopold II dans la station balnéaire d’Ostende17. Sur ce monument, le roi, représenté à cheval, au sommet d’une structure en double « L » est l’objet d’un double hommage : par les pêcheurs d’Ostende et par les Congolais le remerciant de les avoir libérés de l’esclavage des Arabes. Sur la colonne qui porte Léopold II à cheval, on peut lire « OSTENDE aan zijn geniale beschermer/à son génial protecteur LEOPOLD II ». Une dizaine de jours avant cette première action, les deux chaînes – francophone et néerlandophone – de la télévision publique ont diffusé le documentaire coproduit par la BBC « Le roi blanc, le caoutchouc rouge, la mort noire » du réalisateur Peter Bate18. Il porte sur l’exploitation forcée de la population congolaise durant la période de l’État indépendant du Congo. De toute évidence, cette diffusion, qui a fait grand bruit, a directement inspiré le premier geste de désobéissance civile ayant pour cible un monument consacré à Léopold II19. Il intervient dans un contexte où le passé colonial commence à faire débat et ce dans de multiples canaux : sur le plan muséologique, sur le plan cinématographique ou encore éditorial20.
Un collectif militant local a scié et emporté la main d’un des Congolais. Cet acte fait référence à la symbolique des mains coupées et, plus largement, aux exactions commises au Congo pendant la période de l’État indépendant. Il est le fait d’un groupe anarchisant « De Stoute Ostendenoare » (« Les Ostendais audacieux/turbulents21 »). Leur objectif est d’obtenir de la Ville le placement d’un panneau explicatif énonçant une autre lecture de l’histoire. Mais trois jours après les faits, personne ne semble même avoir constaté l’amputation, signe du très faible intérêt que suscite alors le monument. Ce sont donc les militants eux-mêmes qui informent par fax la municipalité de leur acte22. Deux mois plus tard, à la surprise générale, le conseil communal de la Ville – dirigée par une coalition tripartite socialiste, libérale et sociale-chrétienne – décide de ne pas restaurer le monument ; la décision étant justifiée en ces termes par l’échevin socialiste Tom Germonpré : « la statue correspond maintenant mieux à la réalité historique », « avec cette main coupée, elle donne une plus juste image de ce qui s’est alors passé », ajoutant : « Ainsi nous pouvons livrer une meilleure explication de l’histoire ; nous allons aussi sensibiliser les Ostendais pour les préparer à visiter l’exposition bruxelloise de 2005, autour du personnage de Léopold II23. » Cette décision suscite à son tour des réactions qui, elles aussi, épinglent la dimension éducative et informative du monument. Pour le Service des Monuments et Sites, la restauration s’impose ; le monument est en effet protégé depuis 1981. L’idée d’un panneau explicatif est avancée par la Ville.
Depuis, et à plusieurs reprises, il a été question de la restitution de la main, une proposition à chaque fois assortie de conditions. Plusieurs panneaux explicatifs successifs ont été installés. D’autres actions ont mis à mal le monument. En 2016, un nouveau panneau explicatif a été placé au pied de la statue. Le texte a été rédigé par deux spécialistes du Congo. Il rappelle les circonstances qui ont présidé à l’installation du monument. On peut également y lire que des projets urbanistiques majeurs initiés à Bruxelles et à Ostende l’ont été grâce à des moyens provenant de l’État indépendant du Congo, la colonie privée de Léopold II. On y rappelle l’épisode de la main amputée de 2004, ajoutant que non seulement la symbolique coloniale du monument mais aussi la politique coloniale effectivement menée continuent à susciter de vives controverses. La Ville ne semble plus souhaiter la restitution de la main amputée, privant ainsi ceux qui la détiennent du moyen de pression qu’ils entendaient utiliser. Pour autant, le monument reste contesté et, à l’instar d’autres, il a été badigeonné de rouge en juin 2020 après le meurtre de George Floyd, un geste réitéré en mars 2022. Dans le même temps, une pétition pour son retrait a été lancée. Pour les autorités locales, il n’est cependant pas question de retirer le monument. C’est à travers d’autres initiatives telles que le dialogue et l’information que cette dernière entend participer à la lutte contre le racisme. Le débat n’est pas clos.
… et se poursuit à Bruxelles et ailleurs
Dans la foulée de la main amputée d’Ostende, d’autres statues de Léopold II ont été l’objet de diverses formes de protestations et autres performances ; une majorité d’entre elles se situant dans le nord du pays.
Esquisse du monument consacré à Léopold II dans l’axe des arcades du Cinquantenaire, s.d., Archives du Palais royal.
Mais c’est sans conteste la statue équestre située place du Trône à Bruxelles qui cristallise la plus forte hostilité. Pour rappel, le projet a été promu par un comité officiel à l’initiative du gouvernement, appuyé par le roi et lancé par souscription à la veille de la Première Guerre mondiale24. Il s’agit dès cette période de rendre hommage à celui qui a doté la Belgique d’« une colonie magnifique ». Mais la guerre interrompt le projet. La statue n’est inaugurée qu’en 1926. Elle est l’œuvre du sculpteur Thomas Vinçotte et finalisée par François Malfait après le décès du premier. Elle est inaugurée symboliquement le 15 novembre 1926, le jour de la Saint-Léopold. Le prestige du deuxième roi des Belges est alors à son zénith. Même ses adversaires d’hier lui rendent un vibrant hommage. La statue est installée à deux pas du Palais royal, au cœur du Pentagone. Initialement, il avait également été envisagée de l’installer devant les arcades du Cinquantenaire, ce qui correspondait, semble-t-il, aux souhaits du roi Léopold II lui-même. Néanmoins, Albert Ier a gracieusement proposé le square central situé devant le Palais royal. C’est donc ce lieu hautement symbolique, au cœur du pouvoir, qui a finalement été choisi. Il devient rapidement un lieu de convergence des associations coloniales. Elles s’y rendent chaque année à deux reprises au moins : à l’occasion des « Journées coloniales25 » d’une part et à l’occasion de la célébration du 15 novembre, jour de la Saint-Léopold mais aussi Fête du Roi d’autre part. Les Journées coloniales sont organisées autour de la date anniversaire de la création de l’État indépendant du Congo, soit fin juin–début juillet. Coïncidence du calendrier, la deuxième date – celle du 15 novembre – se situe à quelques jours de la célébration de l’Armistice, ce qui permet un emboîtement des mémoires associant la Grande Guerre et la colonisation.
Inauguration de la statue équestre de Léopold II sur la place du Trône à Bruxelles, 15 novembre 1926, dépôt de fleurs par le roi Albert.
Dans les années 1950, la statue équestre de la place du Trône devient aussi un point de passage obligé – tout comme la visite du Musée de Tervuren – des rares Congolais invités à séjourner en Belgique. Notons qu’une réplique de la statue – solde de la souscription – a été réalisée et installée à Léopoldville (aujourd’hui Kinshasa) le 1er juillet 192826 ; une décision envisagée dès 1921 et qui confirme la volonté de mettre en évidence des liens étroits entre la Belgique et le Congo, une communion d’esprit symbolisée par la figure de Léopold II. Le roi Albert est d’ailleurs présent lors de son inauguration.
Le premier acte d’opposition au monument remonte au mois de septembre 2008. Il est le fait de l’écrivain Théophile de Giraud (Namur, 1968) – surtout connu pour ses théories antinatalistes – et avait été préalablement annoncé sur le blog « Le vieux monde qui n’en finit pas ». En pleine après-midi, l’homme, vêtu d’un tee-shirt sur lequel on pouvait lire « Léopold 2 serial killer » s’est hissé sur la statue à l’aide d’une corde. Après avoir fait mine de pendre Léopold II, il a déversé de la peinture rouge – symbolisant du sang – avant de boire une bière sur son cheval et d’être arrêté par la police. Les passants présents ont pour partie applaudi le geste, pour partie hué l’activiste. Une quinzaine de personnes étaient présentes. Un manifeste pour l’abolition des statues de Léopold II a été distribué pour l’occasion27. L’action a été photographiée et filmée28. Pour son auteur, l’objectif est de retirer les statues de Léopold II de l’espace public et de les remplacer par des personnalités belges « positives et jubilatoires29».
La « performance » de Théophile de Giraud en 2008.
Cette volonté de (se) montrer et de (se) mettre en scène sur un mode ludique (ou non) est l’une des caractéristiques des nombreuses performances de contestation à l’encontre de Léopold II. L’une des initiatives les plus marquantes en ce domaine est probablement celle qui a eu lieu en janvier 2018 dans le parc Duden à Forest. On y trouve un buste de Léopold II, lui aussi l’œuvre du sculpteur Thomas Vinçotte mais qui n’a été inauguré qu’en 1957, soit trente-deux ans après le décès du sculpteur. Le 12 janvier 2018, le buste été déboulonné et remplacé par une réplique recouverte de graines pour oiseaux. Le geste est revendiqué par l’Association Citoyenne pour un Espace public Décolonial (ACED). Quelques jours après, le buste est retrouvé non loin de là. Un an plus tard, nouvel acte symbolique. Cette fois, c’est un buste de Nelson Mandela qui est installé sur le socle demeuré vide depuis l’intervention précédente. Le geste intervient de manière symbolique au lendemain d’une visite d’experts de l’ONU s’étant terminée par une recommandation d’excuses à formuler par la Belgique pour son passé colonial.
Sur la statue de la place du Trône, l’intervention de Giraud est suivie d’autres performances, soit ludiques soit plus politiques, telle l’inscription « Baudouin assassin » taguée sur la statue en décembre 2013. La date n’a pas été choisie au hasard. En décembre 1959, le roi Baudouin s’était rendu au Congo, un voyage discret organisé sans l’aval du gouvernement et donc contraire aux principes constitutionnels. À l’origine de cette action, les défenseurs de la mémoire de Patrice Lumumba qui revendiquent la création d’une place qui lui soit dédiée. En décembre 2015, c’est par une action de valorisation du rôle de Léopold II que le monument va à nouveau se retrouver au-devant de la scène. À l’initiative de l’échevin libéral en charge du patrimoine et de l’urbanisme, la Ville de Bruxelles envisage en effet d’organiser une cérémonie commémorative pour le 150e anniversaire de l’intronisation de Léopold II30. Elle est censée se tenir au pied du monument de la place du Trône. Aussitôt l’événement annoncé, la contre-mobilisation s’organise – notamment via les réseaux sociaux – autour du thème : « Pas d’hommage à Léopold II, il a le sang des peuples du Congo sur les mains. » Des associations de la diaspora dénoncent avec force ce qu’elles qualifient d’« initiative insultante » ; des appels à (contre)manifester sont lancés. La Ville de Bruxelles décide d’annuler l’hommage. Les militants anticoloniaux se rendent par contre bel et bien sur les lieux. C’est aussi l’occasion de rappeler d’autres revendications telles la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire sur les crimes de la colonisation, la réforme de l’enseignement de l’histoire et l’érection d’un monument en hommage à Patrice Lumumba et la création d’une place à son nom. Au cours de cette manifestation, des photographies de Patrice Lumumba sont d’ailleurs placardées sur la statue de Léopold II et une plaque en son nom est déposée au pied de la statue. De la peinture rouge a également été projetée sur le buste de la statue et des mains rouges ont été apposées sur le socle. Enfin, des bougies ont été allumées en hommage aux victimes de la colonisation. Cette manifestation associe clairement la dénonciation de la colonisation incarnée par la figure de Léopold II, mais aussi des enjeux beaucoup plus contemporains. De plus en plus clairement s’affirme la volonté de décoloniser l’espace public même si cette notion n’est pas nécessairement définie de manière claire. Quelques mois après la manifestation du 17 décembre, un appel est lancé pour repenser et retravailler le monument (voire envisager un contre-monument), encourager des interventions artistiques ou, pour reprendre les termes du manifeste, « faire croître la portée du monument en y adjoignant une intervention artistique porteuse de vision, de mémoire, de contradiction31 ». Il s’agit clairement de transformer le récit perçu comme dominant et donner voix aux invisibilisés. L’objectif est aussi de sortir de l’eurocentrisme. Léopold II apparaît non seulement comme le symbole de la colonisation mais aussi comme l’incarnation d’une métamorphose de la ville – il est également surnommé le « roi bâtisseur » – qui a eu pour conséquence d’exproprier des populations pauvres au bénéfice d’une gentrification avant la lettre. Ce rappel des enjeux d’hier est transposé au présent. L’idée du contre-monument prend corps dans la revendication d’une place (et d’un monument) dédiés à la personne de Patrice Lumumba. À proximité de la statue équestre de Léopold II se trouve le quartier ixellois dit de Matonge. C’est vers lui que converge la revendication d’une place Lumumba qui apparaît contre un contrepoids à la figure léopoldienne dominante. Les deux combats se superposent. Des étudiants d’une école de graphisme sont mobilisés durant l’année académique 2016-2017, à charge pour eux de penser un dispositif alternatif. L’imagination était à l’ordre du jour mais les projets sont restés focalisés sur Léopold II, signe d’une persistance du temps colonial et de ses symboles, signe aussi de la difficulté de sortir des représentations dominantes et de la difficulté d’une véritable définition de la décolonisation de l’espace public.
D’autres enjeux viennent nourrir le débat. Après la mobilisation de décembre 2015 et les projets qui en découlent, il faut attendre les événements de Charlottesville, en Virginie, pour que la question s’inscrive à nouveau dans l’actualité. Dès le 16 août 2017 – quatre jours après qu’un suprémaciste blanc ait foncé sur un groupe de contre-manifestants et entraîné la mort d’une femme – la presse belge pose la question : combien de temps des statues se référant au passé colonial belge vont-elles encore trôner dans l’espace public ? Mais cette fois, c’est davantage sous l’angle des noms de rues que la question rebondit32. Et une nouvelle fois, on y associe des enjeux belgo-belges : quel sort faut-il réserver aux rues Cyriel Verschaeve, un collaborateur nationaliste flamand condamné à mort par la justice belge au lendemain de l’Occupation ? Si les rues qui lui rendent hommage doivent disparaître, pourquoi en irait-il autrement des artères dédiées à Léopold II, considéré lui aussi par certains comme un « criminel de guerre » ? Des six rues qui étaient dédiées à Cyriel Verschaeve avant 2017, il n’en reste plus qu’une aujourd’hui. Mais ce qui est significatif, c’est le télescopage entre Léopold II et Cyriel Verschaeve. À Courtrai, Axel Ronse, l’échevin nationaliste flamand de la Culture, a argumenté en ces termes en faveur du changement simultané des noms de rue : « Si vous considérez qu’on ne peut pas honorer un collaborateur en lui attribuant un nom de rue, alors ce ne devrait pas non plus être permis pour un criminel de masse comme Léopold II33. »
Parfois aussi, la contestation se déplace ailleurs dans l’espace public34. Ainsi, en novembre 2016, une sculpture en bois reproduisant le socle laissé vide de la statue de Léopold II est présentée par le collectif « faire-part » lors du « Festival Bâtard » à la place de la Bourse. L’idée du vide symbolise la destitution du roi. L’installation est à son tour intégrée dans un film documentaire, Échangeur, d’Anne Reijniers et Rob Jacobs. Ce film met notamment en scène des jeunes autour du socle de l’ancienne statue de Léopold II à Kinshasa. Ils y expriment leur vision du passé colonial. On peut voir le film comme un dialogue implicite entre les deux statues de Léopold II et les débats qu’il suscite aujourd’hui. Une autre intervention est celle de l’artiste plasticienne Laura Nsengiyumva. Dans le cadre du festival « Nuit blanche », une sculpture de glace du monument Léopold II (installation dénommée PeoPL) est présentée avec le piédestal renversé35. Le socle est garni de lampes qui servent à faire fondre le dispositif. L’inscription « PeoPL », du nom de Léopold, est taguée sous forme de graffiti. En faisant fondre la statue, il s’agit de s’attaquer symboliquement aux mythes, d’en découvrir d’éventuelles faces (encore) cachées. Il s’agit aussi de faire disparaître le mythe colonial persistant. Cette performance était initialement envisagée pour la réouverture du musée de Tervuren mais s’est heurtée au refus de l’institution.
Plus récemment encore, l’artiste Márcio Carvalho dans son œuvre Falling Thrones (2020) s’est lui aussi directement inspiré de la statue équestre de Léopold II et de la thématique des jeux olympiques36. Au-dessus du cheval, on voit Léopold II et Patrice Lumumba en train de se battre, une scène de combat qui symbolise également les enjeux de mémoire et la volonté de renverser Léopold II de son piédestal. Mais l’issue de la lutte demeure incertaine, à l’instar des enjeux de mémoire qui déchirent la société belge.
Falling Thrones de Márcio Carvalho, 2021.
Le momentum politique de 2020
Pendant longtemps, les autorités se sont contentées de nettoyer ou de restaurer les statues vandalisées et/ou d’y ajouter des panneaux explicatifs. Ces derniers peinent cependant à atteindre leurs objectifs et sont l’objet de nouvelles contestations. L’établissement d’un texte consensuel reste souvent problématique37. Au-delà se pose toute la question du sens de l’acte de contextualisation38.
En 2020, les choses se sont accélérées dans la foulée de l’assassinat de George Floyd. Le 26 mai 2020, une vaste pétition demandant le retrait de toutes les statues de Léopold II à Bruxelles a été lancée par le groupe « Réparons l’histoire ». Elle a réuni près de 80 000 signatures à la date symbolique du 30 juin 2020, soixantième anniversaire de l’indépendance du Congo. Pour les auteurs de ce groupe – dont l’identité reste inconnue – , le deuxième souverain des Belges, est à l’origine de plus de 10 millions de morts et a utilisé le « peuple congolais comme un bien dans la production de caoutchouc ». Ils estiment qu’il n’a dès lors pas sa place sur le territoire de la Ville de Bruxelles qui accueille chaque année des millions de touristes et où vivent près de 200 nationalités. Le texte de la pétition a circulé en trois langues : français, néerlandais et anglais39. Une contre-pétition a également circulé et aurait recueilli quelque 20 000 signatures40. Celle-ci est à l’initiative de l’Union royale belgo-africaine, créée en 1912 et qui a pour objectif de « promouvoir le souvenir collectif de l’œuvre accomplie par les Belges au Congo ». Sans surprise, son point de vue est aux antipodes du collectif « Réparons l’histoire ». L’Union royale reste dans une lecture classique d’une association qui s’exprimait initialement au nom des anciens coloniaux mais qui s’est également ouverte « aux associations de Congolais, Rwandais ou Burundais » sans que l’on sache si ces derniers sont effectivement présents en nombre au sein de l’association. Dans cette pétition, le rôle de Léopold II est source de fierté pour la Belgique tant sur le plan colonial qu’urbanistique. Entre ces deux approches, pas de compromis possible ni envisageable.
Plusieurs statues ont à nouveau été badigeonnées ou taguées. Certaines ont été nettoyées mais d’autres ont été retirées, signe tant d’une évolution des esprits que d’un ras-le-bol des autorités locales devant prendre en charge le nettoyage des statues. Après avoir été taguée à diverses reprises puis incendiée, la statue d’Ekeren est retirée de l’espace public le 9 juin 2020. Il est intéressant de noter que plusieurs groupes sont à l’œuvre : une croix gammée, le mot « Heil » et la phrase « Congo is van ons» (« Le Congo est à nous41 ») ont en effet été badigeonnés ; des slogans qui rappellent davantage l’extrême droite que des mouvements décoloniaux. Fortement endommagée, celle-ci est désormais entreposée dans un musée dans l’attente d’une éventuelle restauration. Mais il n’est pas envisagé de la replacer là où elle se trouvait ; le square devant être réaménagé en 2023. Durant la première moitié du mois de juin, d’autres monuments ont été tagués : la statue de la place du Trône à Bruxelles, le 6 juin, celle d’Ixelles le 13 juin – il s’agissait là d’une première42 – tandis qu’à Auderghem, elle était mise à bas de son socle et de la peinture rouge était déversée. À Saint-Trond, ce sont des larmes rouges en papier qui ont été collées sur le monument. Mais durant le même mois, d’autres statues ont cette fois été enlevées de l’espace public. C’est le cas à Louvain où les statues qui se trouvaient à l’hôtel de ville et dans les bâtiments de l’université (KU Leuven) ont été retirées. Ce double geste s’inscrit clairement dans une volonté de décolonisation de l’espace public.
À Auderghem, un retrait provisoire est décidé et la plaque commémorative qui rendait hommage à « ceux qui ont apporté la civilisation au Congo » est retirée. Mais le contexte du retrait est différent. Le maire condamne clairement les faits estimant qu’ils contribuent à la « radicalisation des esprits » ; pour lui, le retrait ne peut être que transitoire mais il doit y avoir contextualisation. Il estime que « ce n’est pas comme ça qu’on fait avancer la démocratie et ce n’est pas comme ça non plus qu’on fait évoluer l’histoire (…). Je ne nie pas la nécessité d’avoir une lecture objective de l’histoire coloniale, mais ce n’est pas aux communes de faire cela43 ».
À Gand, le discours est clairement différent. La statue y a été symboliquement retirée à la date du 30 juin. Mais ce geste s’inscrit dans une perspective de longue durée même si le contexte de mai-juin 2020 a clairement accéléré les choses. En avril 2019, la municipalité y avait en effet créé un groupe de travail « Dekoloniseer mijn stad » (« Décolonise ma ville ») composé de citoyens. À l’origine, sa mission était de réfléchir au changement d’appellation de l’avenue Léopold II mais rapidement la perspective s’est élargie à d’autres enjeux odonymiques et patrimoniaux mais aussi plus largement à des recommandations en termes de politiques de lutte contre les inégalités et les discriminations. Le retrait de la statue de Léopold II fait partie des recommandations du groupe de travail. La majorité à la tête de la Ville (qui associe libéraux, socialistes, écologistes et sociaux-chrétiens) en a admis le principe et a inscrit son action dans le cadre d’une vaste politique de lutte contre les discriminations. Lors de la cérémonie du retrait de la statue, la parole a été laissée à des représentants des milieux associatifs et de la diaspora. Les représentants de la ville ayant pour leur part décidé de ne pas s’exprimer. Quant au buste, il est actuellement entreposé au musée de la Ville.
On retrouve un peu la même philosophie à Hal. S’inspirant du modèle gantois, une vaste réflexion a été lancée à l’initiative de la municipalité dans l’optique d’une décolonisation de l’espace public ; dans cette petite ville, le débat – déjà ancien puisqu’il remonte à 2002 – s’était initialement focalisé sur des enjeux communautaires belgo-belges. Au terme d’un webinaire organisé en février 2021 et consacré à « L’histoire coloniale partagée », les habitants de la ville ont été invités à donner leur point de vue sur les statues controversées (Léopold II d’une part et l’hommage aux pionniers du Congo d’autre part). La majorité des 300 participants s’est prononcée en faveur du maintien des statues : 61,3 % de « oui » pour le maintien de la statue de Léopold II et 62,7 % de oui pour le maintien du monument aux pionniers coloniaux mais avec un nouvel habillage spatial ou artistique (81 % dans le cas de la statue de Léopold II et 79,2 % pour celle des pionniers coloniaux). Quelques mois plus tôt, en juin 2020, une pétition demandant le retrait de la statue avait recueilli plus de 3 000 signatures. Les autorités locales ont dès lors décidé de maintenir la statue de Léopold II mais de la retirer de son socle, une manière de montrer, selon elle, qu’il n’y a pas de glorification du personnage. Pour le maire, agir de cette manière permet de continuer « à rappeler à tous le rôle controversé que notre pays a joué en tant que colonisateur. Mais, nous disons aussi clairement que la ville condamne fermement ces atrocités coloniales et que le racisme et la discrimination n’ont pas leur place dans notre ville44 ». Des bornes d’information et un code QR doivent compléter le dispositif. Quant au monument aux pionniers coloniaux, celui-ci est appelé à être recouvert de lierre.
Toutes les statues retirées de l’espace public se trouvent en Flandre, celle d’Auderghem (Bruxelles) ne l’étant qu’à titre transitoire. Seule exception, la statue de Léopold II qui se trouvait dans les locaux de l’université de Mons. Située à l’origine dans le hall d’entrée de l’Institut Warocqué, celle-ci avait déjà été déplacée il y a une vingtaine d’années pour être soustraite aux regards. À l’initiative d’une étudiante afro-descendante, une pétition a été lancée le 5 juin 2020. Réunissant plus de 2 500 signatures en l’espace de quelques jours, elle a convaincu les autorités académiques qui, le 9 juin 2020, ont décidé du retrait de la statue. La statue de Léopold II située à 500 mètres de distance45 et qui date de 1958 a, quant à elle, été taguée le 24 juin 2020 mais elle n’a pas été retirée46. Dans d’autres villes wallonnes, au-delà des gestes de protestation et du lancement de pétitions, les statues sont bel et bien demeurées en place. À Arlon, une pétition demandant le retrait de la statue a été suivie d’une contre-pétition prônant son maintien. Elles ont recueilli l’une et l’autre un millier de signatures. À Ostende, par contre, là où la première protestation a eu lieu en 2004 et où une pétition a été signée par quelque 6 000 personnes demandant le retrait de la statue située sur la digue, le maire, un libéral flamand, s’y montre clairement hostile, rappelant que le monument est classé et estimant que cela ne ferait pas reculer le racisme. En mars 2022, le collectif « De Stoute Ostendenoare » a refait parler de lui, en badigeonnant une fois encore la statue de rouge.
Un dossier inachevé…
Dans la Région de Bruxelles-Capitale, un groupe de travail est mis en place à l’été 2020, une initiative annoncée dès 2019. Son rapport est rendu public en février 202247. Outre une analyse des symboles coloniaux présents dans l’espace public bruxellois, le rapport se termine par une série de recommandations pour l’espace public bruxellois de manière générale et, plus spécifiquement, concernant huit sites dont la statue équestre de la place du Trône. Le groupe de travail prône son retrait ou, à tout le moins, sa transformation. Cette proposition, qui tranche avec d’autres recommandations nettement plus modérées, est liée à plusieurs facteurs dont la localisation – « elle se trouve en évidence dans un lieu stratégique du Quartier royal, le centre politique de la Belgique » – et à l’importance du processus de contestation. Le groupe de travail propose dès lors un trajet en deux phases : une première qualifiée de « dialogue sociétal » et qui se traduirait notamment par une dissociation visuelle de la statue de l’espace public. En d’autres termes, une structure enveloppante serait mise en place. L’idée, c’est qu’elle puisse servir de lieu d’information sur Léopold II, l’histoire coloniale et ses répercussions dans la société actuelle. Il s’agirait aussi de communiquer sur le processus d’intervention envisagé. Cette phase pourrait s’étaler sur une durée de trois ans et être l’occasion d’une concertation avec toutes les parties prenantes. Une décision serait ensuite prise quant au devenir de la statue. À ce stade, le groupe de travail propose deux pistes. Une première – c’est celle qui semble avoir sa préférence – envisage de retirer la statue de son socle et d’utiliser ce dernier pour des interventions artistiques temporaires. Si le monument se trouve certes dans une zone protégée sur le plan patrimonial, la statue en tant que telle n’est pas classée. Retirée de son socle, la statue pourrait ensuite être fondue ; le matériau fondu pouvant servir à la réalisation d’un monument à ériger en hommage aux victimes de la colonisation. En réutilisant un matériau directement issu d’entreprises coloniales, la refonte pourrait en outre intégrer une référence directe à l’exploitation coloniale du cuivre et de l’étain48. Ce nouveau monument pourrait être installé sur les lieux même où se trouve aujourd’hui la statue équestre de Léopold II. La symbolique du lieu, stratégique dans l’espace public bruxellois, serait donc utilisée pour évoquer le passé colonial sous l’angle des victimes de la colonisation. Le lieu est en outre considéré comme particulièrement approprié non seulement par rapport aux institutions belges mais aussi, de par sa proximité, avec le quartier de Matongé où la diaspora africaine est très présente. La seconde piste consiste à déplacer la statue dans un « dépotoir pour monuments mis au rebut » et à proposer un nouveau narratif sur l’espace considéré. Le lieu serait dès lors mobilisé à des fins de communication sur l’État indépendant du Congo, le rôle de Léopold II, les formes d’exploitation mises en œuvre, la politique coloniale au sens large et ses traces dans l’espace public.
Sans surprise, c’est cette proposition qui a surtout été retenue par la presse lorsque le rapport a été rendu public. Elle a notamment suscité la colère du député libéral Gaëtan Goidsenhoven estimant qu’elle s’apparentait ni plus ni moins à du « saccage » ou du « vandalisme déguisé49 ». Depuis la publication du rapport, plusieurs parlementaires ont posé des questions quant à l’avancement du dossier, toujours au point mort à cette date. L’avenir de la statue équestre de Léopold II, sujet sensible par excellence, contribuerait-elle à l’immobilisme du dossier ?
Et les autres ?
Si la majorité des actes de contestation ont pris pour cible les monuments consacrés à Léopold II, ils ne sont cependant pas les seuls visés.
Parmi les premiers à se manifester, on retrouve une fois encore le collectif « De Stoute Ostendenoare ». Après l’amputation de la main d’un Congolais, il s’en est pris, quelques mois plus tard, à la statue du roi Baudouin située dans la cité balnéaire. Cette fois, c’est de la peinture rouge qui a été utilisée et déversée sur la statue le 17 janvier 2005, quarante-quatre ans jour pour jour après l’assassinat de Patrice Lumumba ; pour le collectif, la symbolique du rouge fait référence au sang que la famille royale aurait sur les mains au Congo. Relevons que, dans la foulée de l’assassinat de George Floyd, la statue du roi Baudouin installée devant la cathédrale Saints-Michel-et-Gudule à Bruxelles a également été contestée en juin 2020. Le mot « réparation » y a été inscrit à la peinture rouge.
À Ixelles, c’est la statue du général Storms qui a été prise pour cible. Erigée en 1906, la statue – œuvre du sculpteur Marnix d’Haveloose (1885–1973) – avait été dérobée durant l’occupation allemande et remplacée en octobre 1948. La personnalité du général Storms est particulièrement connue et controversée pour avoir rapporté en Belgique de nombreux objets et des restes humains dont le crâne de Lusinga Iwangombe50. Son buste était contesté de longue date puisqu’il avait fait l’objet d’une première performance en 2002 lorsqu’il avait été couvert d’un drap rouge sang. Par la suite, d’autres gestes ont été posés à son encontre. Le 28 mai 2020, les autorités communales ixelloises avaient annoncé leur intention de faire déplacer le buste au Musée de Tervuren. Le 13 juin 2020, il a, une nouvelle fois, été maculée de rouge. Bien que monument classé, il a finalement été retiré à la date symbolique du 30 juin 2022 et est temporairement conservé dans le dépôt du Musée communal d’Ixelles. Si ce retrait a été salué par les associations militant pour la décolonisation de l’espace public, elles ont néanmoins exprimé leurs regrets quant à la discrétion totale dans laquelle la statue a été enlevée.
Image de gauche : La statue du général Storms maculée le 13 juin 2020. Image de droite : Enlèvement du buste du général Storms, le 30 juin 2022, à l’aurore.
Conclusions
Près de vingt ans après le premier acte de contestation d’envergure à l’encontre du monument équestre d’Ostende, le débat (anti-)colonial connaît une résonnance sans précédent dans l’espace public belge. Il a révélé l’existence de contre-mémoires par rapport au passé colonial, d’abord cantonnées à l’extrême gauche puis s’étendant progressivement vers d’autres groupes et notamment les Afro-descendants, estimés aujourd’hui à 250 000 personnes en Belgique51. Mais durant longtemps, ce groupe est resté beaucoup plus modeste – 45 000 Congolais en 200852 - et beaucoup plus silencieux, en étant davantage focalisé sur les enjeux au Congo même dans le contexte de la lutte contre le président Mobutu. La nouvelle génération, qui a grandi en Belgique et dans laquelle de nombreuses personnes sont de nationalité belge, s’intéresse beaucoup plus à ce passé colonial. Le débat actuel a aussi révélé l’existence de nombreuses associations issues de la diaspora africaine53. Par leurs opérations ponctuelles et directes de contestation de la présence de l’héritage colonial dans l’espace public, elles ont joué un rôle important dans la prise de conscience. Leur engagement a également pris la forme de promenades décoloniales et de publications qui ont touché un plus large public54. Ce faisant, elles ont aussi contribué à élargir le débat qui ne peut se limiter au slogan « le déboulonnage ou rien ». Il faut en outre souligner combien ces nouvelles formes de militantisme associent à la fois des formes de contestations traditionnelles et des dimensions nouvelles en recourant à l’« artivisme ». Les réseaux sociaux jouent aussi un rôle essentiel : les performances sont filmées, photographiées avant d’être généralement nettoyées par les autorités. La mémoire virtuelle en conserve la trace. Ce discours militant s’inscrit par ailleurs dans un contexte qui a lui-même profondément évolué. Tant sur le plan académique que sur le plan politique, le sujet bénéficie d’un intérêt sans précédent. Il est clairement question d’un « momentum politique55 ».
Le 1er décembre 2013, le Musée royal d’Afrique centrale fermait ses portes pour les rouvrir le 8 décembre 2018. L’objectif était de proposer une rénovation en profondeur tant en termes de contenu qu’au niveau des infrastructures. La nouvelle présentation est à son tour l’objet de nombreux débats56. Le 30 juin 2018, un square Patrice Lumumba était créé à Bruxelles, non loin de la statue équestre de Léopold II. Le geste est à la fois significatif et modeste : significatif car il révèle une évolution des mentalités, modeste car il se situe sur une portion de territoire qui n’est pas lotie. Autrement dit, il ne dérange en rien d’éventuels riverains. Il est également révélateur de rivalités politiques entre municipalités bruxelloises. Initialement, le square ou place Lumumba devait en effet se situer sur le territoire de la commune d’Ixelles. Mais devant le refus réitéré de la maire libérale, c’est finalement la Ville de Bruxelles qui a créé le square sur une petite portion de territoire à la limite de la commune d’Ixelles. Son inauguration s’est par ailleurs déroulée peu avant les élections municipales…
L’étrange tracé des frontières communales entre Bruxelles et Ixelles, dessin de Manu Scordia paru dans Ensemble ! Pour la Solidarité, contre l’exclusion, n°97, septembre 2018.
Le 25 juin 2020 paraissait l’ouvrage Le Congo colonial. Une histoire en questions57. Fait exceptionnel, une version néerlandaise était publiée simultanément. L’objectif était d’offrir au grand public une synthèse des recherches et des débats en cours sur l’histoire coloniale et son héritage. Le 30 juin 2020, à l’occasion du 60e anniversaire de l’indépendance du Congo, le roi Philippe adressait une lettre au président congolais Félix Tshisekedi où il énonçait ses « profonds regrets » pour les blessures de la colonisation58. Moins de deux mois après l’assassinat de George Floyd, le 16 juillet 2020, la Chambre des Représentants créait une « Commission spéciale chargée d’examiner l’État indépendant du Congo et le passé colonial de la Belgique au Congo, au Rwanda et au Burundi, ses conséquences et les suites qu’il convient d’y réserver ». Dans la foulée, un groupe d’experts était constitué et débutait ses travaux le 4 août 2020. Les objectifs étaient ambitieux59 et un travail colossal a été réalisé : deux rapports substantiels et 152 écoutes et auditions organisées entre décembre 2021 et novembre 202260. Pourtant l’élan et l’enthousiasme vont se heurter aux divisions politiques. Le 28 novembre 2022, le président de la commission présentait ses 128 recommandations au nombre desquelles figurait la piste (recommandation 69) des excuses à présenter par la Belgique61. Les différentes formations politiques n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur cette question, menaçant ainsi l’adoption de toutes les autres résolutions. Pour simplifier, la discussion oppose la gauche – socialistes et écologistes – à la droite – libéraux et sociaux chrétiens. Les premiers sont favorables aux excuses ; les seconds s’en tiennent aux « regrets » tels que formulés par le roi Philippe. Le 19 décembre 2022, les travaux de la commission se sont terminés sur ce constat d’échec ; le même jour, le Premier ministre néerlandais présentait les excuses officielles de son gouvernement pour le rôle de l’État néerlandais dans la colonisation et qualifiait l’esclavage de « crime contre l’humanité ». Au-delà de cet échec, soulignons tout de même l’importance du travail accompli, révélateur aussi, dans une certaine mesure, des lenteurs antérieures quant à la mise en œuvre de débats sur l’héritage du passé colonial.
Pourtant le momentum politique de l’été 2020 semble aujourd’hui déjà bien loin, même si les discussions se poursuivent. Certes, les anniversaires tels 30 juin, date de l’indépendance du Congo ou le 17 janvier, date de l’assassinat de Patrice Lumumba servent de moments de mobilisation parfois intenses mais il est manifeste que la « décolonisation » de l’espace public est aujourd’hui moins d’actualité qu’elle ne l’était au lendemain de l’assassinat de George Floyd. La classe politique s’est emparée du dossier – on peut parler d’instrumentalisation politique - mais peu de décisions ont été prises. La nécessaire coopération entre différents échelons de pouvoir dans un État fédéral contribue aussi à la lenteur62 de même que le nombre d’acteurs locaux impliqués. La nécessité de trouver des compromis rend également difficile la mise en œuvre de véritables changements. L’échec de la commission sur le passé colonial faute d’accord politique sur la question des excuses relatives au passé colonial ne contribue pas non plus à faire progresser le débat. La mobilisation n’a pas pour autant totalement disparu même si elle emprunte des voies plus réflexives et moins spectaculaires. En la matière, on peut épingler les Journées du patrimoine 2022 consacrées, à l’échelon bruxellois, au thème « Traces de colonisation », une initiative traduisant une institutionnalisation de la question ou encore les expositions « Europa Oxalà » et « Kinshasa (N)tóngá : entre futur et poussière »63. Au temps de la mobilisation stricto sensu semble s’être substitué un temps de la réflexion avec une prise en compte sans doute un peu contrainte de la classe politique mais aussi des encommissionnements, des interventions d’experts divers dont des historiens64. L’héritage du passé colonial reste une question sensible dans la société belge d’aujourd’hui. Pour les militants mais aussi pour des chercheurs, la question va au-delà du passé colonial et se pose en termes de colonialité de la société belge avec son impact en termes de représentations et de discriminations65. La question dépasse le registre strictement historique. Dans cette optique, l’espace public, en tant que lieu porteur de traces, demeure perçu comme un lieu d’exclusion, révélateur de représentations coloniales profondément marquées par l’inégalité et les discriminations dont sont encore et toujours victimes les populations dites afro-belges. Construire une société plus inclusive passerait dès lors aussi nécessairement – mais pas exclusivement – par une transformation de l’espace public qui reflèterait ainsi mieux les nouveaux visages de la société belge dans toute sa diversité. Les luttes s’articulent autour de symboles nationaux mais aussi venus d’ailleurs. Léopold II en est sans conteste la plus parfaite incarnation à l’échelle de la Belgique. Qu’adviendra-t-il de ces statues ? Le débat reste ouvert… Il ne concerne pas uniquement la Belgique. Il se nourrira à la fois d’initiatives et des mobilisations nées ailleurs mais aussi des débats politiques internes. Il continuera aussi de se nourrir des controverses et des enjeux de mémoire qui ont traversé la société belge depuis la fin du XIXe siècle. Mais la question de l’héritage colonial déborde également ces enjeux « traditionnels » du fait des nouveaux acteurs qu’il intègre et les enjeux socio-économiques, politiques et identitaires qu’il porte. C’est ce qui le rend tout à la fois complexe, difficile mais … passionnant.
Notes
1
Bertrand Tillier, La Disgrâce des statues. Essai sur les conflits de mémoire de la Révolution française à Black Lives Matter, Paris, Payot, 2022, p. 128.
2
Jacqueline Lalouette, Les Statues de la discorde, Paris, Passés composés, 2021.
3
Le rapport est accessible en ligne (Consulté en novembre 2022).
4
Voir Matthew G. Stanard, The Leopard, the Lion and the Cock. Colonial Memories and Monuments in Belgium, Leuven, Leuven University Press, 2019.
5
Bambi Ceuppens, « Les monuments coloniaux, lieux de mémoire contestés », Exposé du 27 septembre 2008 [En ligne] (Consulté en novembre 2022).
6
Voir à ce sujet l’ouvrage au titre ô combien évocateur : Léopold II. Entre génie et gêne sous la direction de Vincent Dujardin, Valérie Rosoux, Tanguy de Wilde d’Estmael, Stéphanie Planche et Pierre-Luc Plasman, Bruxelles, Racine, 2009.
7
Dans ses diverses contributions, l’historien Matthew G. Stanard insiste beaucoup sur cette distinction entre les monuments érigés dans une dimension coloniale et les autres. Voir notamment son article « King Leopold’s Bust : A Story of Monuments, Culture, and Memory in Colonial Europe », Journal of Colonialism and Colonial History, vol. 12, n° 2, 2011.
8
Louis Bertrand, « Le peuple travailleur ne peut s’associer à l’hommage rendu au roi de la bourgeoisie », Le Peuple, organe de la démocratie socialiste, 15 novembre 1926, p. 1.
9
José Gotovitch et Chantal Kesteloot, Collaboration, répression. Un passé qui résiste, Bruxelles, Labor, 2002.
10
Guy Vanthemsche, « The historiography of Belgian Colonialism in the Congo », in Osaba Léva (dir.), Europe and the World in European Historiography, Pise, Edizioni Plus - Pisa University Press, 2006, p. 89-119.
11
En 1986, la commune d’Ostende a fait déplacer un buste de Léopold II qui se trouvait initialement dans le casino (Kursaal) pour l’installer dans l’espace public. En 2005, un buste de Léopold II est installé dans la commune wallonne de Genval. Il se trouvait antérieurement dans un home pour anciens coloniaux créé en 1949 et fermé en 1987. En 2005, une association d’anciens coloniaux « La Liane » a réussi à convaincre la commune de le placer dans l’espace public.
12
« Hommage à Léopold II bâtisseur et urbaniste », Le Soir, 26 octobre 1969, p. 10.
13
L’historienne Laurence van Ypersele a relevé l’existence de 108 monuments consacrés à Albert Ier mais ce comptage est beaucoup plus large puisqu’il intègre « statues, stèles, plaques, vitraux ou tableaux » présents dans des lieux publics. Laurence van Ypersele, Le Roi Albert. Histoire d’un mythe, Ottignies, Quorum, 1995, p. 216.
14
Notons cependant qu’à Bruxelles, le boulevard Léopold II est tracé dès 1866 et achevé en 1891. Sa dénomination fait actuellement l’objet de débats mais demeure inchangée à ce jour. Seul le tunnel, qui le longe a vu son nom changé en « Tunnel Annie Cordy », du nom de la chanteuse bruxelloise décédée peu avant la consultation publique portant sur le nom du tunnel (« Bruxelles, le tunnel Léopold II devient le tunnel Annie Cordy », Le Soir, 8 mars 2021). Ce type de changement est plus facile à mettre en œuvre puisqu’il n’a aucune implication administrative sur les habitants.
15
« L’inauguration de la statue de Léopold II à Namur », L’Indépendance belge, 29 octobre 1928, p. 1. (Propos tenus par Edmond Carton de Wiart, président du Comité local et dernier secrétaire du roi Léopold II).
16
Le 2 juin 1984, le bourgmestre de l’époque y a ajouté une plaque commémorative rendant hommage aux 44 Limbourgeois décédés lors de la période 1960-1965.
17
Le 3 avril 1952, la statue de Léopold II sur la digue d’Ostende a été enduite de rouge mais il s’agissait semble-t-il d’un geste isolé. Voir « Exploit de vandales », Le Soir, 3 avril 1952, p. 5.
18
Le documentaire de Peter Bate est pour partie inspiré du livre d’Adam Hochschild paru d’abord en version anglaise et très rapidement traduit en français (Les Fantômes du roi Léopold. Un holocauste oublié, Paris, Belfond, 1998) et en néerlandais. Ce livre a suscité de très nombreuses réactions. Le titre a été ultérieurement adapté, supprimant la référence au terme controversé d’« holocauste » : Les Fantômes du roi Léopold. La terreur coloniale dans l’État du Congo, 1884-1908, Paris, Tallandier, 2007.
19
Voir Florence Gillet, « Contrepoint. L’histoire coloniale en débat : examen d’une Belgique en repentir », Mouvements, vol. 51, n° 3, 2007, p. 70-77.
20
Voir Idesbald Goddeeris, Amandine Lauro et Guy Vanthemsche, « Le passé colonial dans le rétroviseur belge : de la nostalgie blanche aux débats décoloniaux », in Le Congo colonial. Une histoire en questions, Waterloo, La Renaissance du Livre, 2020, p. 401-411.
21
Il s’agissait à l’origine d’une revue qui a paru de manière épisodique de 1976 au début de la décennie 1990. Voir Idesbald Goddeeris, « Square de Léopoldville of Place Lumumba. De Belgische (post)koloniale herinnering in de publieke ruimte », Tijdschrift voor Geschiedenis, vol. 129, n° 3, 2016, p. 349-372.
22
Michael Meeuwis, « L’activisme de l’amputation », Bulletin de l’Association des Africanistes belges, vol. 25, juillet 2005, p. 8-12.
23
Citation reprise de Michael Meeuwis, « L’activisme de l’amputation », in Bulletin de l’Association des Africanistes belges, n° 25, juillet 2005. L’exposition à laquelle il est fait référence a pour titre « La mémoire du Congo, le temps colonial ». Elle a été présentée au Musée royal d’Afrique centrale en 2005, à l’occasion du 175e anniversaire de la Belgique.
24
« Plus que tout autre, je sais avec quel dévouement, avec quelle sagesse, avec quel ardent amour de la patrie, le roi Léopold s’est consacré aux intérêts permanents de la nation, consolidant l’existence de la Belgique à l’intérieur et élargissant à l’extérieur ses destinées économiques par la fondation d’un immense empire colonial. » Lettre du roi Albert au Comité national, Moniteur belge, 10 mars 1914, p. 1. Le roi a contribué à hauteur de 100 000 francs belges prélevés sur la liste civile, dossier « Erection du monument de Léopold II », Archives du Palais royal.
25
Les Journées coloniales sont organisées pour la première fois en 1912 mais ce n’est qu’à partir de 1921 qu’elles s’articulent autour de l’anniversaire de la naissance de l’État indépendant du Congo. Elles sont organisées jusqu’à l’indépendance du Congo mais ne disparaissent pas totalement avant 1962. À l’hommage à Léopold II s’est ajouté l’évocation des faits d’armes de la campagne « anti-esclavagiste », la célébration de la victoire de la bataille de Tabora (19 septembre 1916) et, en 1962, un hommage aux victimes des événements du Congo en 1960-1961.
26
Cette statue a été retirée en 1967 sur ordre de Mobutu. En février 2005, elle avait été réinstallée à l’initiative du ministre de la Culture de l’époque pour être déboulonnée 24 h plus tard. Elle se trouve désormais dans le parc présidentiel du Mont-Ngaliema après avoir été restaurée avec l’aide des Nations Unies. Voir « A Kinshasa, le débat sur les statues coloniales ne passionne pas les foules », RTBF.be, 12 juin 2020 (Consulté en janvier 2023).
27
Voir Théophile de Giraud, « Manifeste pour l’abolition de toutes les statues du prédateur Léopold 2 », congoforum.be, 24 septembre 2008.
30
Voir Martin Vander Elst et Véronique Clette-Gakuba, « Une tentative de décolonisation de la statue de Léopold II », Bruxelles en mouvements, Bruxelles, Ville congolaise, 2018.
31
« Manifeste. Comment décoloniser la statue de Léopold II ? », Le Soir, 15 juin 2016.
32
Voir Chantal Kesteloot, « Charlottesville et le passé controversé en Belgique », Public History Weekly, vol. 5, 2017, p. 42.
33
Jean-Paul Bombaerts, « L’histoire instrumentalisée », L’Écho, 21 novembre 2019.
34
Voir Allisson Bisschop, « La force de l’art actuel face à la statuaire coloniale : les artistes et la question de la décolonisation de l’espace public en Belgique », Nakan, Journal of Cultural Studies, vol. 1, 2022.
35
Sur l’installation de Laura Nsengiyumva,voir en ligne.
36
L’œuvre est présentée à l’exposition Europa Oxalà qui se tient au Musée royal d’Afrique centrale du 7/10/2022 au 5/3/2023 [en ligne].
37
Voir notamment Idesbald Goddeeris, « Colonial Streets and Statues: Postcolonial Belgium in the Public Space », Postcolonial Studies, vol. 18, n° 4, 2015, p. 397-409.
38
Voir Martin Vander Elst et Véronique Clette-Gakuba, « Décoloniser n’est pas contextualiser », Bruxelles en mouvement, 2018.
41
Ce slogan (« Coupez des mains. Le Congo est à nous ») fait référence à une chanson éponyme chantée par des militants d’extrême droite lors du festival rock du Pukkelpop (Hasselt) à l’été 2018. Les chants se sont accompagnés de propos racistes à l’encontre de deux jeunes filles. Les faits relatés sur les réseaux sociaux ont donné lieu à la condamnation de deux militants d’extrême droite. Ils se sont vus contraint de visiter le musée de la Kazerne Dossin consacré aux droits de l’homme et à la persécution des Juifs de Belgique.
42
L’inscription « Abolish all Racist Monuments » a été taguée sur le socle de la statue.
43
La Dernière Heure, 12 juin 2020.
45
Depuis son installation en septembre 1958, la statue a été déplacée à plusieurs reprises pour des raisons urbanistiques. Initialement, elle était ornée d’une plaque portant l’inscription « À sa Majesté Léopold II et aux pionniers coloniaux hennuyers ». Celle-ci a aujourd’hui disparu et été remplacée par la simple mention « Léopold II. Roi des Belges », voir Matthew G. Stanard, The Leopard, the Lion and the Cock. Colonial Memories and Monuments in Belgium, Leuven, Leuven University Press, 2019, p. 67-68.
46
En septembre 2017, des photos illustrant la thématique des mains coupées avaient déjà été collées sur le monument dans le contexte du vote d’une motion au conseil communal de la ville réclamant l’installation d’une plaque commémorant Patrice Lumumba et son combat pour l’indépendance du Congo. Le 21 octobre 2018, une plaque a effectivement été apposée. On peut y lire : « À la mémoire de celles et de ceux qui se sont battus pour l’indépendance du Congo, et en particulier de Patrice Lumumba, 1er Premier ministre, assassiné le 17 janvier 1961, avec ses compagnons Maurice Mpolo et Joseph Otiko à cause de leurs opinions. » Elle a été placée symboliquement en-dessous de la plaque rendant hommage aux colons belges datant elle de 1930.
47
Vers la décolonisation de l’espace public en région de Bruxelles-capitale : cadre de réflexion et recommandations. Rapport du groupe de travail, urban.brussels, février 2022.
48
On peut en effet lire sur le monument l’inscription : « Le cuivre et l’étain de cette statue proviennent du Congo Belge. Ils ont été fournis gracieusement par l’Union Minière du Haut-Katanga ».
50
Sur le dossier Lusinga, voir le blog particulièrement bien documenté du journaliste Michel Bouffioux.
51
Voir à ce sujet Sarah Demart, Bruno Schoumaker, Marie Godin et Ilke Adam, Des Citoyens aux racines africaines : un portrait des Belgo-Congolais, Belgo-Rwandais et Belgo-Burundais, Bruxelles, Fondation Roi Baudouin, 2017, p. 9.
52
Chiffre cité par Idesbald Goddeeris, « Colonial Streets and Statues: Postcolonial Belgium in the Public Space », Postcolonial Studies, vol. 18, n° 4, 2015, p. 404.
53
On trouvera un premier aperçu de ces associations dans le livre de Nicholas Lewis, Colonial tales, trails and traces, Antwerpen, Luster, 2022.
54
Voir les initiatives lancées par le collectif « Mémoires coloniales et Lutte contre les Discriminations » (CMCLD) (Consulté en janvier 2023). Voir aussi, par exemple, l’article de Joachim Ben Yajoub et Gia Abrassart, « La chasse aux spectres monumentaux dans la Belgique congolaise », in Sarah Demart et Gia Anrassart, Créer en post-colonie. 2010-2015. Voix et dissonances belgo-congolaises, Bruxelles, Bozar, 2016, p. 131-139 ainsi que le numéro 297 (novembre 2018) de la revue Bruxelles en mouvement intitulé « Bruxelles, ville congolaise ».
55
Commission spéciale Passé colonial, Introduction et constats des experts, 22 novembre 2022.
56
Voir, notamment, Bambi Ceuppens, « La nécessaire colonisation du musée royal de l’Afrique centrale par les Belgo-Congolais », in Sarah Demart et Gia Anrassart, Créer en post-colonie. 2010-2015. Voix et dissonances belgo-congolaises, Bruxelles, Bozar, 2016, p. 166-177.
57
Idesbald Goddeeris, Amandine Lauro et Guy Vanthemsche (dir.), Le Congo colonial. Une histoire en questions, Waterloo, La Renaissance du Livre, 2020. La parution de cet ouvrage avait été précédée par celle de David Van Reybouck, Congo. Une histoire, Arles, Actes Sud, 2012. L’ouvrage avait été publié initialement en néerlandais en 2010. Il a été traduit en sept langues et vendu à plusieurs centaines de milliers d’exemplaires.
58
Ces propos ont été réitérés lors du voyage officiel du roi Philippe au Congo en juin 2022.
59
Voir Commission spéciale Passé colonial, Introduction et constats des experts, 22 novembre 2022, p. 6.
60
Voir en ligne la liste des auditions et accès aux débats (Consulté en janvier 2023).
61
Celle-ci prévoyait que la Chambre « présente ses excuses aux peuples congolais, burundais et rwandais pour la domination et l’exploitation coloniales, les violences et les atrocités, les violations individuelles et collectives des droits humains durant cette période, ainsi que le racisme et la discrimination qui les ont accompagnés ».
62
Voir, par exemple, « Le sort de la statue de Léopold II dépendra d’une collaboration entre le fédéral et Bruxelles », La libre Belgique, 21 février 2022.
64
À propos du rôle des historiens et de l’histoire publique, voir Voir Thomas Cauvin, « A public History of Monuments », Studies on National Movements, vol. 10, 2022, p. 7-43.
65
Voir à ce sujet Sarah Demart, Bruno Schoumaker, Marie Godin et Ilke Adam, Des Citoyens aux racines africaines : un portrait des Belgo-Congolais, Belgo-Rwandais et Belgo-Burundais, Bruxelles, Fondation Roi Baudouin, 2017 et Anne-Sophie Gijs, « Décoloniser pour “co-naître” », Revue belge d’Histoire contemporaine, LII, n° 4, 2022, p. 84-92.
Bibliographie
Joachim Ben Yajoub et Gia Abrassart, « La chasse aux spectres monumentaux dans la Belgique congolaise », in Sarah Demart et Gia Anrassart, Créer en post-colonie. 2010-2015. Voix et dissonances belgo-congolaises, Bruxelles, Bozar, 2016, p. 131-139.
Louis Bertrand, « Le peuple travailleur ne peut s’associer à l’hommage rendu au roi de la bourgeoisie », Le Peuple, organe de la démocratie socialiste, 15 novembre 1926.
Allisson Bisschop, « La force de l’art actuel face à la statuaire coloniale : les artistes et la question de la décolonisation de l’espace public en Belgique », Nakan, Journal of Cultural Studies, vol. 1, 2022.
Jean-Paul Bombaerts, « L’histoire instrumentalisée », L’Écho, 21 novembre 2019.
Thomas Cauvin, « A public History of Monuments », Studies on National Movements, vol. 10, 2022, p. 7-43.
Bambi Ceuppens, « La nécessaire colonisation du musée royal de l’Afrique centrale par les Belgo-Congolais », in Sarah Demart et Gia Anrassart, Créer en post-colonie. 2010-2015. Voix et dissonances belgo-congolaises, Bruxelles, Bozar, 2016, p. 166-177.
Théophile de Giraud, « Manifeste pour l’abolition de toutes les statues du prédateur Léopold 2 », congoforum.be, 24 septembre 2008.
Sarah Demart, Bruno Schoumaker, Marie Godin et Ilke Adam, Des Citoyens aux racines africaines : un portrait des Belgo-Congolais, Belgo-Rwandais et Belgo-Burundais, Bruxelles, Fondation Roi Baudouin, 2017.
Vincent Dujardin, Valérie Rosoux, Tanguy de Wilde d’Estmael, Stéphanie Planche et Pierre-Luc Plasman (dir.), Léopold II. Entre génie et gêne, Bruxelles, Racine, 2009.
Anne-Sophie Gijs, « Décoloniser pour “co-naître” », Revue belge d’Histoire contemporaine, LII, n° 4, 2022, p. 84-92.
Florence Gillet, « Contrepoint. L’histoire coloniale en débat : examen d’une Belgique en repentir », Mouvements, vol. 51, n° 3, 2007, p. 70-77.
Idesbald Goddeeris, « Square de Léopoldville of Place Lumumba. De Belgische (post)koloniale herinnering in de publieke ruimte », in Tijdschrift voor Geschiedenis, vol. 129, n° 3, 2016, p. 349-372.
Idesbald Goddeeris, « Colonial Streets and Statues: Postcolonial Belgium in the Public Space », Postcolonial Studies, vol. 18, n° 4, 2015, p. 397-409.
Idesbald Goddeeris, Amandine Lauro et Guy Vanthemsche, « Le passé colonial dans le rétroviseur belge : de la nostalgie blanche aux débats décoloniaux », in Le Congo colonial. Une histoire en questions, Waterloo, La Renaissance du Livre, 2020, p. 401-411.
Idesbald Goddeeris, Amandine Lauro et Guy Vanthemsche (dir.), Le Congo colonial. Une histoire en questions, Waterloo, La Renaissance du Livre, 2020.
José Gotovitch et Chantal Kesteloot, Collaboration, répression. Un passé qui résiste, Bruxelles, Labor, 2002.
Adam Hochschild, Les Fantômes du roi Léopold. La terreur coloniale dans l’État du Congo, 1884-1908, Paris, Tallandier, 2007 (1998).
Chantal Kesteloot, « Charlottesville et le passé controversé en Belgique », Public History Weekly, vol. 5, 2017.
Jacqueline Lalouette, Les Statues de la discorde, Paris, Passés composés, 2021.
Nicholas Lewis, Colonial tales, trails and traces, Antwerpen, Luster, 2022.
Michael Meeuwis, « L’activisme de l’amputation », in Bulletin de l’Association des Africanistes belges, n° 25, juillet 2005, p. 8-12.
Matthew G. Stanard, The Leopard, the Lion and the Cock. Colonial Memories and Monuments in Belgium, Leuven, Leuven University Press, 2019.
Matthew G. Stanard, « King Leopold’s Bust : A Story of Monuments, Culture, and Memory in Colonial Europe », Journal of Colonialism and Colonial History, vol. 12, n° 2, 2011.
Bertrand Tillier, La Disgrâce des statues. Essai sur les conflits de mémoire de la Révolution française à Black Lives Matter, Paris, Payot, 2022.
David Van Reybouck, Congo. Une histoire, Arles, Actes Sud, 2012.
Laurence van Ypersele, Le Roi Albert. Histoire d’un mythe, Ottignies, Quorum, 1995.
Martin Vander Elst et Véronique Clette-Gakuba, « Décoloniser n’est pas contextualiser », Bruxelles en mouvement, 2018.
Martin Vander Elst et Véronique Clette-Gakuba, « Une tentative de décolonisation de la statue de Léopold II », Bruxelles en mouvements, 2018.
Guy Vanthemsche, « The historiography of Belgian Colonialism in the Congo », in Osaba Léva (dir.), Europe and the World in European Historiography, Pise, Edizioni Plus - Pisa University Press, 2006, p. 89-119.
Vers la décolonisation de l’espace public en région de Bruxelles-capitale : cadre de réflexion et recommandations. Rapport du groupe de travail, urban.brussels, février 2022.
Articles de presse
« Le sort de la statue de Léopold II dépendra d’une collaboration entre le fédéral et Bruxelles », La libre Belgique, 21 février 2022.
« Le rapport bruxellois sur la décolonisation de l'espace public recommande “un saccage en règle”, pour le député Van Goidsenhoven (MR) », RTBF.be, 17 février 2022.
« Bruxelles, le tunnel Léopold II devient le tunnel Annie Cordy », Le Soir, 8 mars 2021.
« A Kinshasa, le débat sur les statues coloniales ne passionne pas les foules », RTBF.be, 12 juin 2020.
La Dernière Heure, 12 juin 2020.
« Manifeste. Comment décoloniser la statue de Léopold II ? », Le Soir, 15 juin 2016.
« Hommage à Léopold II bâtisseur et urbaniste », Le Soir, 26 octobre 1969.
« Exploit de vandales », Le Soir, 3 avril 1952.
« L’inauguration de la statue de Léopold II à Namur », L’Indépendance belge, 29 octobre 1928.
« Lettre du roi Albert au Comité national », Moniteur belge, 10 mars 1914.