Dans le cadre d’une recherche doctorale débutée en 2010 sous la direction de Nicolas Dodier et Alexandra Bidet, je m’intéresse à l’histoire et à l’appropriation des thérapies cognitives et comportementales (TCC) par les patients, les thérapeutes et les acteurs institutionnels en milieu hospitalier et en milieu libéral comme enjeu thérapeutique, économique et social dans le cadre de politiques de santé publique qui visent à optimiser et homogénéiser un parcours de soins efficace et accessible au plus grand nombre1.
Le caractère protocolaire de ces thérapies s'illustre par une définition spécifique de la maladie mentale organisée autour de la notion de « trouble » qui modifie de manière durable l'approche diagnostique et le champ d'activité des professionnels (psychiatres et psychologues).
L’ambition de cette thèse est d’offrir un éclairage sociologique global concernant cette profonde recomposition du champ de la santé mentale en mettant l'accent sur deux axes d'investigation : en premier lieu, une étude monographique locale de la genèse des thérapies cognitives et comportementales concentrée autour d’un centre hospitalo-universitaire afin de cerner les enjeux de diffusion, d’appropriation et les critiques portées sur une telle innovation thérapeutique. En second lieu, une observation fine de la façon dont ces thérapies sont mises en pratique et mises à l’épreuve par professionnels et patients pour comprendre la trajectoire et l'expérience « indigène » de patient ainsi que les types de rationalité mobilisés par les acteurs institutionnels comme par les praticiens.
L’approche ethnographique permet ainsi de saisir ce à quoi tiennent les praticiens – psychiatres et psychologues – dans un champ fortement marqué par des controverses entre plusieurs orientations théoriques (psychanalyse et thérapies cognitives et comportementales) autant qu’elle permet d’envisager et de remettre en perspective les attentes des patients.
Enfin, cette thèse s’intéresse à l’émergence des thérapies cognitives et comportementales en France, en s’appuyant sur un corpus alliant articles scientifiques, archives et entretiens biographiques avec des acteurs ayant contribué ou participé à la diffusion de ces psychothérapies au cours du 20e siècle.
Notes
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Ce travail a été réalisé dans le cadre du laboratoire d’excellence Tepsis, portant la référence ANR-11-LABX-0067 et a bénéficié d’une aide au titre du Programme Investissements d’Avenir.