Les dépossessions lors de la Révolution de 1917
- Entretien avec Anne O'Donnell — Maîtresse de conférences — New York University
Comment le nouvel État soviétique traite-t-il du patrimoine matériel qu’il a saisi et dont il dispose au lendemain de la Révolution russe (soit de 1916 à 1923) ? Anne O’Donnell répond à une telle interrogation à travers l’étude des procédures de dépossessions menées principalement par la Tchéka, la Commission spéciale panrusse de lutte contre la contre-révolution et le sabotage, lors des arrestations des « ennemis du peuple ». Ce processus est généralement qualifié de « nationalisation », or, les termes utilisés alors étaient ceux de « municipalisation », de « socialisation », etc. Ce processus anarchique de dépossession met en lumière la fluidité et la porosité des relations État/société : ce n’était guère l’État en tant qu’entité aux contours bien délimités qui se saisissait des biens matériels mais des acteurs locaux insérés dans des relations interpersonnelles. Dès lors, comment distinguer, dans un tel contexte, le voleur, l’officiel corrompu ou le voisin opportuniste ? Anne O’Donnell explore en outre les tentatives des Bolchéviques pour mettre un terme à ce processus de dépossession, via la publication de décrets, tout en veillant à ne pas légitimer la propriété privée.
Résumé
Anne O’Donnell explore l’histoire culturelle et économique de l’État soviétique ainsi que celle, politique, du patrimoine matériel socialiste. Elle analyse la transformation des institutions étatiques lors de la phase révolutionnaire (1916-1923) via l’étude des dépossessions matérielles (biens mobiliers, précieux, etc.) opérées principalement par la Tchéka, la Commission spéciale panrusse de lutte contre la contre-révolution et le sabotage, lors des arrestations des « ennemis du peuple ».
Last modified on 06-07-2017
Langue originale : French Lire la version Inglés
- Biographie
- Bibliographie de Anne O'Donnell
Anne O’Donnell, « A Noah’s Ark : Material Life and the Foundations of Soviet Authority, 1916-1922 », thèse de Doctorat en Histoire, Princeton University, 2014.