Un passé trop proche ou trop éloigné ? Le centenaire en Russie
Maîtresse de conférence

(Université de Strasbourg - Groupe d'études orientales, slaves et néo-helléniques)

Le 7 novembre 2017, comme tant de fois par le passé, la Place rouge à Moscou servit de scène à un impressionnant défilé militaire1. Il ne s’agissait pourtant pas de renouer avec la tradition soviétique qui avait fait des anniversaires d’Octobre un moment central de la glorification du projet révolutionnaire et de l’État qui ambitionnait de le réaliser. Comme en témoignent aussi bien le nom du défilé que ses formes et les discours qui l’accompagnèrent, il n’était point question de célébrer « les dix jours qui ébranlèrent le monde ». Dédié officiellement au 76e anniversaire du défilé militaire qui s’était tenu sur cette place le 7 novembre 1941 alors que les troupes allemandes étaient aux portes de Moscou, le défilé du 7 novembre 2017 prit la forme d’un cortège théâtralisé sur fond de chansons populaires et de discours patriotiques2. Déguisés en preux médiévaux, en héros de Borodino ou en gardes rouges, les soldats de la garnison de Moscou, les élèves-officiers et les membres de clubs militaro-historiques mirent en scène des moments-clés de l’histoire nationale russe, conçue comme une « chronique de grandes victoires ». Intégrées dans cette épopée patriotique, la révolution et la guerre civile y étaient traitées comme un épisode de plus où le peuple avait dû défendre Moscou, et surtout comme le moment de la naissance de l’Armée rouge, appelée quelques années plus tard à se dresser contre l’Allemagne nazie. La victoire sur celle-ci constituait l’épisode essentiel, donnant sens au passé et au présent, assurant la continuité entre les époques, comme le souligna l’appel final à souder les liens entre les générations au nom de la défense de la patrie.

Arkado Chaïkhet, Défilé militaire sur la place Rouge, 7 novembre 1941.

Arkadi Chaïkhet, Défilé militaire sur la place Rouge, 7 novembre 1941.

Ni la place centrale accordée à la « Grande guerre patriotique », ni l’instrumentalisation de l’histoire, ni son lissage grâce à l’évacuation du politique et la mise en avant de la continuité historique et de la cohésion nationale, n’ont de quoi surprendre : ces procédés sont devenus habituels depuis que le gouvernement de Vladimir Poutine cherche, tant bien que mal, à mener une politique de la mémoire au moyen de déclarations, de commémorations publiques, d’inaugurations de monuments ou d’uniformisation de manuels scolaires3

Cette fois cependant la volonté de dépolitiser et de lisser semblait aller plus loin encore, conduisant notamment à évacuer des références a priori bien intégrées. Alors qu’à la différence de l’Ukraine, la Russie ne connaît pas de lois interdisant les symboles communistes, et que l’héritage soviétique semble tout à fait assumé, l’usage de la couleur rouge et d’autres symboles révolutionnaires fut réduit dans le défilé du 7 novembre 2017. Toute évocation des bolcheviks ou de l’URSS fut soigneusement évitée, remplacée par des références à Moscou et au « peuple ». En adoptant une échelle locale et en convoquant l’ensemble de l’histoire russe pour mieux y diluer l’épisode révolutionnaire, ce défilé théâtralisé, seule cérémonie officielle organisée dans la capitale à l’occasion du centenaire, peut être vu comme l’ultime expression du « malaise commémoratif4 » caractéristique des élites politiques russes tout au long de cette année.

Commémoration du défilé militaire du 7 novembre 1941 à Moscou le 7 novembre 2017.
Commémoration du défilé militaire du 7 novembre 1941 à Moscou le 7 novembre 2017.

Commémoration du défilé militaire du 7 novembre 1941 à Moscou le 7 novembre 2017.

La Russie de Vladimir Poutine allait-elle commémorer la révolution de 1917 ? Et si oui, comment ? Bien avant le début de l’année du centenaire, ces questions hantèrent les observateurs, historiens, sociologues, journalistes, bloggeurs. En 2017, leur conclusion était sans appel : renvoyant à une mémoire « embarrassante » ou « encombrante », « incommode », voire « insoutenable » et « impossible5», le centenaire de la révolution fut un « dilemme », une « gageure » et un « défi6» pour le gouvernement. Plusieurs raisons, liées notamment à la façon dont l’histoire nationale est conçue et instrumentalisée dans la Russie post-soviétique, expliquent cette difficulté.

Depuis les années 1990, un double mouvement – une critique (certes partielle et contradictoire) du projet soviétique et une réhabilitation du passé tsariste – a conduit à démanteler le culte de la révolution et à réduire la place de sa mémoire dans l’espace public7. Preuve tangible de cette marginalisation progressive, l’anniversaire de la « Grande révolution socialiste d’Octobre », célébré tous les ans le 7 novembre, fut transformé dès 1996 en « Journée de la concorde et de la réconciliation », avant de perdre en 2004 son statut de fête publique au profit du 4 novembre, proclamé « Journée de l’unité nationale ». L’arrivée de Vladimir Poutine au sommet de l’État en 2000 s’accompagna certes d’une récupération partielle de l’héritage soviétique, mais non d’une réhabilitation de la Révolution. Bien au contraire, 1917 apparaissait comme un épisode des plus embarrassants alors que le nouveau gouvernement élargissait le recours à une politique de la mémoire. Dans la Russie poutinienne, l’instrumentalisation de l’histoire devint en effet systématique : outil pédagogique, l’histoire fournit des modèles et des contre-modèles, aide à inculquer les valeurs patriotiques, sert à légitimer et à mobiliser, palliant en partie l’absence de véritable projet politique. Au cours des années 2010 surtout, le va-et-vient est incessant entre le passé et le présent. Le premier est invoqué et réinterprété en fonction des besoins du moment, et le second investi de sens grâce à l’histoire. La vision d’une histoire longue, ininterrompue et glorieuse est privilégiée ; elle place au cœur du roman national un État puissant et un peuple uni, défenseur héroïque de justes causes, telle la lutte contre le nazisme. La révolution – qu’il s’agisse de Février ou d’Octobre8 – peine à y trouver sa place. Ruptures et bouleversements, renversement de l’ordre établi et affaiblissement extrême de l’État, déloyauté des élites et révolte populaire, domination de mouvements politiques inscrits dans des courants de pensée internationaux : 1917 incarne tout ce que le régime de Poutine condamne dans le passé, tout ce qu’il redoute et combat dans le présent, surtout depuis l’éclatement des « révolutions de couleur » dans l’espace post-soviétique et l’émergence de contestations de rue à l’intérieur du pays9.

Commémoration du défilé militaire du 7 novembre 1941 à Moscou le 7 novembre 2017.
Commémoration du défilé militaire du 7 novembre 1941 à Moscou le 7 novembre 2017.

Commémoration du défilé militaire du 7 novembre 1941 à Moscou le 7 novembre 2017.

Service commémoratif minimum

Néanmoins, s’il lui était difficile de commémorer un évènement aussi disruptif, l’importance accordée à l’histoire dans les politiques symboliques empêchait le gouvernement d’ignorer le jubilé, au risque par ailleurs de voir émerger des acteurs concurrents et des versions alternatives du passé national. Il choisit finalement de réduire la portée du centenaire et la visibilité de son engagement dans sa préparation, en confiant son organisation à des associations prétendument non-étatiques. Tout en promouvant certains thèmes, il envoya des signaux ambigus et évita de prendre des positions univoques face à 1917 et son héritage.

Après des prémices de préparatifs impliquant des acteurs de premier plan et promettant une commémoration ambitieuse (table-ronde organisée en mai 2015 sous la présidence du ministre de la culture Vladimir Medinski ; annonce, en février 2016, par le président de la Douma Sergueï Narychkine, de la très proche création d’un comité chargé d’organiser l’anniversaire), rien n’a été fait au niveau gouvernemental jusqu’à la fin de l’année 201610. C’est au tout dernier moment, le 19 décembre, que Vladimir Poutine demanda à la Société historique russe (institution officiellement non-étatique, mais présidée par le même Sergueï Narychkine), de former un comité d’organisation et d’élaborer un programme de commémorations. Créé à la hâte, composé d’historiens, d’archivistes, de directeurs de musées, de journalistes, de représentants de l’Église orthodoxe et de l’émigration « blanche11 », le comité présenta le 23 janvier 2017 un programme qui se limitait à énumérer une centaine d’évènements préparés pour la plupart depuis longtemps : expositions, colloques, films documentaires, projets éditoriaux. De toute évidence, le comité était voué à servir de vitrine aux initiatives déjà en cours et de tribune permettant de donner le ton et de placer les accents, comme en témoignent par exemple les déclarations de Sergueï Narychkine lors de ses réunions.

À côté de la Société historique russe, une autre association « non-gouvernementale » – mais qui, depuis sa création en 2012, joue elle aussi un rôle-clé dans la politique mémorielle de Poutine –, la Société russe d’histoire militaire, présidée par Vladimir Medinski, affichait ses ambitions commémoratives. Dès l’automne 2016, elle présenta un projet hautement politique : la construction en Crimée d’un monument de la Réconciliation. De par le nom et l’emplacement du monument, son inauguration, prévue le 4 novembre 2017, promettait de devenir LE geste du centenaire. Commémorant la fin de conflits fratricides éclatés pendant la Révolution et la guerre civile, le monument était investi d’un programme symbolique des plus ambitieux. Il devait, comme le postulait l’appel à projets, réconcilier les « rouges » et les « blancs », leurs descendants et leurs mémoires historiques respectives, mais aussi réconcilier la Russie avec son histoire et ouvrir de nouveaux horizons pour son avenir, en assurant une continuité entre les époques tsariste et soviétique, qui « ont toutes les deux laissé », d’après une déclaration de Vladimir Poutine citée dans l’appel, « un héritage unique, fait d’erreurs et de victoires, dont il faut s’approprier pour aller de l’avant de façon indépendante et consciente12». Le choix d’ériger le monument en Crimée, justifié par l’importance de la péninsule durant la guerre civile, permettait par ailleurs de célébrer sa « réunification » avec la Russie, et donc le rétablissement d’un grand État russe après la dislocation de l’Union soviétique13. Ce programme symbolique se révéla néanmoins trop lourd et trop osé pour un territoire aussi particulier : après des atermoiements liés à l’emplacement du futur monument (Kertch, puis Sébastopol14) et des mobilisations d’habitants opposés à sa construction (par refus de toute révision de l’histoire de la guerre civile et de toute « réconciliation » avec les « blancs15»), le projet fut d’abord rebaptisé « Unité de la Russie », puis suspendu en catimini, a priori au profit d’un mémorial dédié aux héros de la défense de Sébastopol durant la Seconde Guerre mondiale16

Finalement, deux autres monuments de nature bien différente, mais tout aussi politique, furent inaugurés en octobre 2017 par le président Poutine. Le premier, érigé en Crimée par le sculpteur Andreï Kovaltchouk (auteur du malheureux projet du monument de la Réconciliation), s’inscrit dans une tendance bien affirmée qui conduit à réhabiliter les personnalités de l’époque tsariste. Il met à l’honneur l’empereur Alexandre III (1881-1894), connu pour sa politique de contre-réformes, de russification et de répression des opposants. En rompant avec la tradition soviétique, qui avait réservé à ce tsar un traitement particulièrement négatif, Vladimir Poutine en dressa, lors de l’inauguration du monument, un portrait très élogieux et étonnamment actuel, le présentant comme un dirigeant avisé et ferme qui avait su défendre les intérêts de la Russie « de façon directe et ouverte » sur la scène internationale, assurer la stabilité comme le développement économique et militaire du pays tout en respectant ses traditions et ses valeurs17. Ainsi un pas de plus fut-il fait pour conforter un récit historique qui privilégie la puissance étatique, pour intégrer une page d’histoire jusque-là peu valorisée et pour poursuivre le marquage « monumental » d’un territoire annexé depuis peu. 

Quelques jours avant le 7 novembre 2017, l’inauguration solennelle, en présence des principaux dirigeants russes, du « Mur du Chagrin » (Moscou, sculpteur Georges Frangoulian) semble bien plus surprenante, car ce monument est dédié à la mémoire des victimes de répressions politiques18. Le lien avec le centenaire d’Octobre étant explicite, s’agissait-il de prendre une position non-ambigüe par rapport au régime né dans le feu de la révolution, et qui avait construit sa puissance sur l’usage de la violence ? Aussi bien Vladimir Poutine que le patriarche Cyrille se gardèrent d’évoquer les responsables des répressions et même de prononcer tout mot ou tout nom (« soviétique », « bolchevique », « Staline ») qui permettrait d’identifier et de qualifier le régime à l’origine de ces violences. Privées de leur contexte historique et politique, les répressions apparaissaient comme venues de nulle part, s’abattant sur le peuple tel un fléau, « un coup cruel », selon Vladmir Poutine, dû à des bouleversements et à des conflits fratricides. Bien loin de l’objectif poursuivi par les associations telles que Mémorial, née il y a trente ans autour de l’idée d’ériger un monument aux victimes du régime soviétique, mais aussi de mener des études sur les origines, les mécanismes et les responsabilités des répressions, les dirigeants russes utilisèrent le nouveau monument pour appeler à « tirer un trait sur les événements dramatiques qui [avaient] divisé le pays et le peuple » et à éviter de reproduire les « erreurs du passé », tout en « acceptant l’histoire nationale telle qu’elle est, avec toutes ses grandes victoires et ses pages tragiques19».

Les Russes entre « consensus antirévolutionnaire » et héritages soviétiques

Réconciliation avec et autour d’une grande histoire commune qui transcende les engagements et les divisions politiques, au nom de la cohésion nationale, de la stabilité et de la puissance de la Russie actuelle : tel fut le leitmotiv que les autorités cherchèrent à mettre en avant à travers les quelques gestes et mots commémoratifs en lien avec le centenaire de 1917, dont elles assumèrent – parfois à demi-mot – la responsabilité. 

Ce choix n’a rien de révolutionnaire. Il s’inscrit à la fois dans la manière dont les élites de la nouvelle Russie post-soviétique, dès Eltsine, cherchèrent à désamorcer l’héritage symbolique et mémoriel d’Octobre en promouvant l’idée de la réconciliation, et dans l’ensemble des politiques de la mémoire poutiniennes, qui misent sur l’écriture d’un roman national façon « pot-pourri », où tout élément pouvant servir la glorification du passé et du présent russes trouve sa place.

Il semble aussi constituer un compromis destiné à ne pas heurter ce qui reste encore de l’attachement à l’héritage soviétique et à ses symboles. En effet si, selon les chercheurs, un « consensus antirévolutionnaire » domine en Russie depuis la fin des années 1990, conduisant une grande partie de la population et la plupart de forces politiques, y compris l’opposition, à rejeter la révolution en tant que mode d’action socio-politique20, la vision d’Octobre 1917 demeure, comme le montrent les sondages, moins tranchée et plus complexe, souvent contradictoire, témoignant à la fois d’une appropriation partielle de la réécriture de l’histoire nationale menée depuis la perestroïka et du maintien d’un nombre de représentations propres à la version soviétique du passé. Au printemps 2017, quelle que fut la question posée par les enquêteurs du Centre Levada, seule une minorité des sondés condamnaient Octobre de façon univoque21. Invités à s’imaginer en 1917 et à choisir leur camp, ils étaient bien plus nombreux à accepter de collaborer, de façon active ou ponctuelle, avec les bolcheviks (12 et 16% respectivement) que de se joindre à leurs adversaires (8 %), même si beaucoup auraient préféré se tenir à l’écart des évènements (33%) ou émigrer (14%22). Surtout, les Russes continuaient à ne pas voir de « grande perte » pour le pays dans l’abolition de la monarchie (52%), à considérer la révolution bolchevique comme ayant été inéluctable (48%) et les conséquences d’Octobre comme positives (entre 48% et 61%), tout en trouvant que 1917 n’avait pas conduit leur pays à s’écarter de sa voie historique et à abandonner ses traditions (50%). Ils étaient par ailleurs autour de 60% à considérer peu probable la répétition des événements de 1917 dans la Russie actuelle et à préférer, si on leur laissait le choix, vivre sous Poutine (33%) ou sous Brejnev (28%), deux époques associées à l’idée de grande stabilité.

Commémoration du défilé militaire du 7 novembre 1941, place Lénine à Oulianovsk, le 7 novembre 2017, avec la participation de la garnison, de forces spéciales et de l’association militaire et patriotique pour les jeunes Younarmia
Commémoration du défilé militaire du 7 novembre 1941, place Lénine à Oulianovsk, le 7 novembre 2017, avec la participation de la garnison, de forces spéciales et de l’association militaire et patriotique pour les jeunes Younarmia

Commémoration du défilé militaire du 7 novembre 1941, place Lénine à Oulianovsk, le 7 novembre 2017, avec la participation de la garnison, de forces spéciales et de l’association militaire et patriotique pour les jeunes Younarmia.

Parfaitement en phase avec le discours officiel présentant la stabilité politique comme valeur suprême, placée bien au-dessus de tout engagement militant, et intégrant l’expérience soviétique en tant que part entière et positive de l’histoire nationale dont on ne cesse de souligner l’originalité, les Russes se montrent réticents face aux variantes les plus radicales de la réécriture post-soviétique de l’histoire, celles notamment qui inversent le rôle de héros et d’anti-héros dans la guerre civile et qui versent dans l’hagiographie en parlant du dernier empereur et de la Russie prérévolutionnaire. La marge de manœuvre de Vladimir Poutine dans le domaine mémoriel s’en trouve quelque peu réduite, l’obligeant à se montrer prudent et à privilégier les « valeurs sûres » – en premier lieu, la Grande guerre patriotique, comme le montrent l’histoire du monument à la Réconciliation en Crimée ou le défilé théâtralisé sur la Place rouge. En dernier ressort, malgré toutes les attentions et les convoitises que suscite l’histoire en tant que « ressource limitée » et donc précieuse23, ses versions dans la Russie contemporaine s’avèrent plus pluralistes que ce que laissaient présager les déclarations des dirigeants. En témoignent, entre autres, les nombreux projets réalisés durant l’année du centenaire à l’initiative de différentes institutions culturelles et d’acteurs privés, dont nous proposons ci-dessous un rapide aperçu.

Multiplicité des acteurs et variété des initiatives

L’absence de grandes commémorations officielles a mis en lumière, par contraste, la richesse des initiatives en lien avec le centenaire émanant des acteurs les plus divers, aux poids et aux moyens incomparables (de l’Église orthodoxe russe à des projets multimédia privés), et prenant des formes variées, traditionnelles (colloques et publications universitaires) ou innovantes (spectacles son et lumière, défilés de « mode rouge », communication sur des comptes twitter ouverts au nom des acteurs de la révolution, etc.). La diversité de ces initiatives et la multitude d’échelles qu’elles impliquent rend difficile, voire impossible, toute synthèse. Nous nous limiterons ici à évoquer quelques tendances qui semblent se dégager au vu du déroulement de l’année commémorative en premier lieu au niveau national, ainsi qu’à Moscou et à Saint-Pétersbourg, en portant une attention particulière aux initiatives s’adressant au grand public. Pour ce faire, nous nous appuierons notamment sur les résultats d’un vaste projet de suivi de la commémoration « Révolution-100, reconstruction de la commémoration » en Russie et dans le monde, mené entre l’automne 2016 et le 7 novembre 2017 par l’équipe de « AIRO-XXI » sous la direction de Guennadi Bordiugov et ayant conduit à la publication d’un ouvrage24

Alors que la frilosité des acteurs politiques semblait ne pas se limiter aux élites au pouvoir, mais concerner également les mouvements d’opposition, qui ne cherchèrent pas ou ne réussirent pas à s’approprier le potentiel politique du centenaire25, la commémoration se déroula essentiellement dans le champ culturel. Ceci, bien entendu, ne signifiait pas nécessairement une vision dépolitisée du passé – loin s’en faut. Deux tendances coexistèrent ici. Une première tendance se distingue par une lecture extrêmement « actualisante », politique et négative de 1917, la révolution étant vue au prisme des menaces qui pèseraient sur la Russie contemporaine. Cette approche se caractérise notamment par une vision nostalgique de la Russie tsariste, par un conservatisme assumé qui conduit à mettre au-dessus de tout les « valeurs traditionnelles » (dont l’orthodoxie) et par un large recours à des thèses complotistes pour expliquer l’éclatement de la révolution de 1917 – l’étranger hostile et les élites libérales (quand ce ne sont pas les populations non-russes ou les francs-maçons) étant rendus responsables de l’écroulement de la monarchie, la plus grande catastrophe nationale. L’évocation de 1917 sert alors surtout à tirer des leçons et à mettre en garde contre toute contestation du pouvoir ou toute influence occidentale aujourd’hui. 

Cette tendance s’exprima à de très nombreuses occasions et dans toutes les sphères, sans épargner le monde universitaire. Parmi les exemples les plus parlants et ayant la plus grande résonance, il convient de citer les principaux projets télévisés en lien avec le centenaire, notamment deux séries télévisées, « Démon de la révolution » et « Trotski », diffusées par les principales chaînes publiques, « Rossiâ » et « Pervyj kanal » à partir du 5 et 6 novembre 201726. Les deux programmes se veulent historiques, mais traitent le passé de façon extrêmement libre, pour ne pas dire mensongère (en inventant, selon l’un des experts, le genre de « non-science-fiction27») ; ils offrent un concentré de caricatures et de mythes complotistes et évacuent toute la dimension sociale de 1917, pour ne garder, comme explication des évènements révolutionnaires, que l’action subversive de puissances étrangères et la soif du pouvoir de quelques « démons », tels Léon Trotski ou Alexandre Parvus, social-démocrate russe (ou plutôt juif, comme n’oublient pas de le souligner les auteurs de la série) opérant pour le compte de l’Allemagne. Pour ceux qui n’auraient pas tout compris en regardant les péripéties de ces mauvais génies de la Russie, plusieurs films documentaires consacrés à 1917 et diffusés par les chaînes publiques en octobre‑novembre 201728 développaient avec plus ou – souvent – moins de finesse ces visions beaucoup plus représentatives du regard russe actuel sur la politique, le monde et la Russie, que de l’histoire de 191729. Remarquons encore que dans la plupart de ces films, Lénine et sa révolution en général sont traités de façon plus indulgente que les protagonistes de Février, coupables d’avoir fomenté le complot, trahi le monarque, vendu leur patrie aux puissances étrangères, détruit la Grande Russie tsariste, etc. Si Octobre est vu comme un élément de la catastrophe, les bolcheviks se rachètent en partie en reconstruisant un État puissant.

À côté de cette approche, soutenue par les autorités (notamment au travers de financements publics) et alimentée par un « consensus antirévolutionnaire » plus diffus, qui pratique explicitement une relecture contemporaine de l’histoire l’inscrivant dans de grands schémas idéologiques, une autre tendance est également présente. Sans nécessairement rompre ni polémiquer avec la première, elle privilégie un ton neutre et cherche à reconstituer le paysage révolutionnaire dans sa complexité et sa polyphonie à travers le recours à une multitude de documents, de témoignages, d’images et d’objets. Ce « retour aux sources » peut s’accompagner d’une volonté assumée de prendre de la distance par rapport aux grands schémas interprétatifs, soviétiques ou postérieurs, afin de mieux approcher le passé « tel qu’il s’est passé », avec, souvent, une tendance à privilégier l’histoire à taille humaine, vécue et racontée au quotidien par des témoins ordinaires. Nous retrouvons cette approche dans différents types de production culturelle : publications de journaux intimes et de correspondances30, expositions historiques et artistiques – comme par exemple celle de la Galerie Tretiakov, qui exposa les travaux de plusieurs dizaines de peintres témoins de 1917, avec l’objectif de « montrer une réalité » révolutionnaire « contradictoire et floue », « telle qu’elle avait été vue par les artistes, avant de devenir objet d’analyse et d’étude »31. Notons à ce propos un certain retour de balancier visible dans le choix d’artistes, de courants et de sujets privilégiés par les musées pour leurs expositions du centenaire32. L’art soviétique, y compris celui qui à l’époque était déjà défini comme « propagandiste », occupa une place importante, avec par exemple l’exposition « Incarner l’art dans la vie » au Musée russe de Saint-Pétersbourg, alors que les avant-gardes, (re)découvertes dans les années 1990, semblent avoir suscité moins d’intérêt.

L’approche résolument « documentaire », renonçant à toute interprétation historienne, se trouve au fondement d’une des initiatives les plus intéressantes et les plus remarquées de l’année commémorative. Le projet « 1917. Svobodnaâ istoriâ [1917. Histoire libre] », fonctionnant sous deux formats (sur un site dédié et sur le réseau social russe VKontakte), donna à lire et à voir au jour le jour, pendant plus d’un an, le déroulement de la révolution, depuis novembre 1916 jusqu’à la dissolution de l’Assemblée constituante le 18 (5) janvier 191833. L’histoire de la révolution était approchée ici à travers la polyphonie des témoignages authentiques venant de plusieurs centaines de témoins et acteurs de ces évènements, qui s’exprimaient comme sur un réseau social, via de courts « billets » publiés à partir de leurs « profils ». Le tout était accompagné de photos, fragments de films, extraits de journaux d’époque, mais d’aucun commentaire postérieur, d’aucune voix historienne. L’objectif de ce projet, selon son concepteur, journaliste Mikhaïl Zygar, était de « reconstruire, tel un puzzle, un tableau complet à partir de matériaux originaux, sans rien ajouter, mais en montant le tout de façon à le rendre le plus intéressant possible34». Très intéressante, la démarche eut assurément le mérite d’éveiller la curiosité pour l’histoire de la révolution parmi les jeunes et de faire saisir sa complexité. Il est difficile néanmoins, pour un historien, de ne pas remarquer le caractère illusoire de la « neutralité » revendiquée par ce type d’approche, qui ne voit pas d’opération interprétative dans le choix de documents et la sélection de ce qui y est repris pour construire un tableau se voulant, qui plus est, « complet ».

Or, dans beaucoup d’autres cas, les limites de l’approche « documentaire » étaient très vite atteintes, montrant à quel point l’usage de sources primaires et l’évacuation de la voix de l’historien ne constituent en rien une garantie de récit impartial. Il suffirait, pour s’en rendre compte, de regarder le spectacle son et lumière organisé devant le Palais d’Hiver à Saint-Pétersbourg les 4 et 5 novembre 201735. Engageant un dialogue évident, bien qu’implicite, avec le spectacle de masse « Prise du Palais d’Hiver » de Nicolas Evreinoff et le film « Octobre » de Sergueï Eisenstein – deux productions artistiques qui, en 1920 et en 1927 respectivement, avaient posé les bases du mythe soviétique de la révolution d’Octobre –, ce spectacle raconta l’année révolutionnaire à travers une série d’images, de fragments musicaux, d’extraits de témoignages et d’œuvres littéraires lus par les acteurs. Autant ses illustres prédécesseurs avaient un parti pris explicite et n’hésitaient pas à recourir à une parole didactique (proposant des formules-clés pour décrire l’action héroïque de masses guidées par les bolcheviks), autant le spectacle du centenaire se réfugiait derrière la parole de témoins. Le résultat final n’était toutefois pas bien différent, si on fait bien entendu abstraction de la dimension esthétique. C’est un récit en parfaite conformité avec le discours officiel actuel qui se déroulait sous les yeux du public rassemblé sur la place du Palais : la Russie tsariste était prospère, le tsar et sa famille dignes et touchants, la révolution n’apportait que ruine et perte, le personnage de Lénine s’imposait, mais était traité de façon ambigüe. Et puis, comme l’indiquait clairement l’épilogue, ce qui comptait c’est qu’au final, le pays sortait des épreuves « différemment grand » et puissant.

L’année où le gouvernement français a tant tergiversé au sujet de l’opportunité de commémorer officiellement le cinquantenaire de 1968, comment s’étonner d’un « malaise commémoratif » éprouvé par le gouvernement russe face au centenaire de 1917 ? Le malaise fut perceptible aussi bien dans les absences – celles de larges cérémonies officielles et de gestes symboliques forts – que dans ce qui fut dit ou fait en rapport avec le centenaire, tels de nombreux projets à caractère culturel. Il exprime bien sûr la difficulté de commémorer une révolte et une rupture pour un gouvernement qui ne cesse de traquer la contestation et qui ne jure que par la stabilité. Il témoigne en même temps de la difficulté à rompre avec la tradition soviétique, alors que la nostalgie reste forte au sein de la population et que les actuelles élites politiques n’hésitent pas à revendiquer l’héritage de leurs prédécesseurs communistes.

Dans les deux cas, les continuités – rêvées ou revendiquées – sont surtout tracées à partir des dernières décennies soviétiques, époque où peu de choses restaient de l’élan disruptif initial mais où les références à la révolution étaient omniprésentes dans l’espace public et le quotidien soviétiques, pour incarner la durée, célébrer la Patrie et susciter des identifications. Héritant de cette omniprésence – dont les monuments ou la toponymie urbaine ne sont que les deux exemples les plus visibles – et de cette imbrication de la culture commémorative de 1917 et de l’imaginaire « patriotique », la Russie de Vladimir Poutine semble condamnée à bricoler avec ses passés et à composer avec la mémoire d’Octobre, sans l’assumer ni la rejeter complètement.

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1

Sur la tradition commémorative soviétique, voir : J.-F. Fayet, V. Gorin, G. Haver, E. Koustova (dir.), Le Spectacle de la Révolution. La culture visuelle des commémorations d’Octobre, Lausanne, Antipodes, 2017.

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2

« Toržestvennyj marš, posvâŝennyj 76-j godovŝine Parada 7 noâbrâ 1941 goda », [en ligne], Pervyj kanal, 07/11/2017. Des défilés commémorant la parade du 7 novembre 1941 sont organisés sur la Place rouge depuis 2003.

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3

La littérature sur les politiques de l’histoire dans la Russie post-soviétique est très vaste, nous obligeant à nous limiter ici à citer quelques publications récentes en français : K. Amacher, W. Berelowitch (dir.), Histoire et mémoire dans l'espace post-soviétique. Le passé qui encombre, Louvain-la-Neuve, Academia, 2014 ;

 

J.-F. Fayet, « Le 9 mai contre le 7 novembre : concurrence commémorative et nouvelle légitimité internationale de l’URSS », Relations internationales, vol. 147, n° 3, 2011, p. 7-18 ;

 

O. Konkka, « Les révolutions de 1917 vues dans les manuels d’histoire, de l’époque soviétique à aujourd’hui », La Revue Russe, vol. 49, 2017, p. 139‑150 ;

 

N. Koposov, « Une loi pour faire la guerre : la Russie et sa mémoire », Le Débat, n° 181, 2014, p. 103-115 ;

 

E. Koustova, « La Russie en quête d’une histoire nationale », Revue internationale et stratégique, vol. 92, 2013, p. 65-73.

 

Voir aussi le récent numéro spécial du Mouvement social, consacré aux « Mémoires, nostalgie et usages sociaux du passé dans la Russie contemporaine » (n° 3, 2017).

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4

Je me permets de renvoyer vers : E. Koustova, « Un malaise commémoratif : la Russie face au centenaire de sa révolution », in Russie 2017. Regards de l’Observatoire franco-russe, Paris, L’Inventaire, 2017, p. 497-505.

La métaphore de « malaise » mémoriel est empruntée à : M. Ferretti, « Le stalinisme entre histoire et mémoire : le malaise de la mémoire russe », Matériaux pour l’histoire de notre temps, vol. 68, 2002, p. 65-81.

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5

Respectivement : K. Amacher, « Fêter une révolution sans donner des idées. Encombrante commémoration pour le pouvoir russe », Le Monde diplomatique, n° 3, 2017, p. 18, et « L’embarrassante mémoire de la Révolution russe », La Vie des idées, avril 2017 ;

 

O. Malinova, « Neudobnyj ûbilej : Itogi pereosmysleniâ “mifa osnovaniâ” SSSR v oficial’nom istoričeskom narrative RF », Političeskaâ nauka, n° 3, 2017 ;

 

O. Kašin, « 1917 : nevynosimyj den’ roždeniâ. Počemu Rossii nečego skazat’ o godovŝine revolûcii? », [en ligne], Republic, 07/11/2016 ;

 

M. Ferretti, « La mémoire impossible », Cahiers du monde russe, vol. 58, n° 1-2, 2017, p. 203-240. 

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6

Voir : M. Edele, « Putin, memory wars and the 100th anniversary of the Russian revolution »,[en ligne], The Conversation, 09/02/2017 ;

 

K. Amacher, « L’embarrassante mémoire de la Révolution russe », La Vie des idées, avril 2017, p. 6 ;

 

I. Kalinin, « Prizrak ûbileâ », Neprikosnovennyj zapas, n° 1, 2017 ;

 

A. Lâlikova, « “Magiâ 1917 goda” : vlasti iŝut balans meždu nerešitel’nost’û i žestokost’û », [en ligne], Forbes, 28/03/2017.

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7

K. Amacher, « Révolutions et révolutionnaires en Russie. Entre rejet et obsession », Revue d’études comparatives Est-Ouest, n° 45, 2014, p. 129-173 ;

 

M. Ferretti, « La mémoire impossible », Cahiers du monde russe, vol. 58, n° 1-2, 2017, p. 205-221.

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8

La façon dont ces deux moments-clés, ainsi que l’ensemble de l’année 1917 sont vus et définis (une seule « grande » révolution, deux révolutions distinctes, etc.) mérite une analyse à part, que nous n’avons pas la possibilité d’entreprendre ici. Voir des éléments sur ce sujet dans : O. Konkka, « Les révolutions de 1917 vues dans les manuels d’histoire, de l’époque soviétique à aujourd’hui », La Revue Russe, vol. 49, 2017, p. 139‑150 ;

 

E. Koustova, « Un malaise commémoratif : la Russie face au centenaire de sa révolution », in Russie 2017. Regards de l’Observatoire franco-russe, Paris, Éditions l’Inventaire, 2017, p. 497-505.

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9

Sur l’influence des évènements en Ukraine, voir notamment : I. Kalinin, « Antirevolûcionnyj èkzorcizm », Neprikosnovennyj zapas, vol. 91, n° 5, 2013.

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10

Sur les premiers pas préparant la commémoration à venir, voir : D. Andreev, « 1917-j v teni vyborov 2018-go : slabye i sil’nye storony kremlevskogo scenariâ ûbileâ », in G. Bordûgov (dir.), Revolûciâ-100 : rekonstrukciâ ûbileâ, Moscou, AIRO-XXI, 2017, p. 112-122.

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11

Les principaux documents relatifs à la création du Comité d’organisation, sa composition et son programme sont disponibles sur le site de la Société historique russe.

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12

Appel à projets sur le site de la Société russe d’histoire militaire : http://rvio.histrf.ru/activities/projects/item-2917.

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13

Сf. la vision de la guerre civile et de la Crimée dans l’histoire russe dans le discours de V. Poutine prononcé à Yalta en août 2014, souvent cité en lien avec le futur monument.

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15

N. Radulova, « Na storone neprimirimosti », Kommersant, [en ligne], 06/11/2017.

Les cas d’opposition à la construction de monuments aux héros de la cause blanche, y compris prenant forme de destructions, ne sont pas rares en Russie : P. Gonneau, « Honneur aux vaincus. Commémorations des généraux blancs dans la Russie actuelle », Revue des études slaves, t. XC, n° 1-2, 2019.

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16

Nous n’avons trouvé aucune information officielle claire sur le destin du projet de monument de la Réconciliation.

Aujourd’hui, sa page a disparu du site de la Société russe d’histoire militaire (seule celle annonçant le concours reste accessible). Certaines sources évoquent son report et/ou son intégration dans le projet de mémorial de défenseurs de Sébastopol : N. Isaeva, « ‘Primirenie’ s  belymi v Sevastopole otložili do vyborov », [en ligne],  Primečaniâ, 15/11/2017 ;

 

A. Âlovec, « Memorial geroev vmesto pamâtnika primireniâ », [en ligne] Nakanune, 23/08/2017 ; « Koncepciâ pamâtnika “Edinstvo Rossii” v Sevastopole ne utverždena – ministr kul’tury RF », [en ligne], Novyj Sevastopol’, 06/11/2018 ;

 

E. Čepurnaâ, « Čto obsuždali? Činovniki Sevastopolâ ne obradovalis’ obŝestvennikam », [en ligne], Regnum, 14/04/2018.

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18

E. Koustova, « Mémorial et le “Mur du chagrin” : les paradoxes de la Russie de Poutine face à la Grande Terreur », in Russie 2018. Regards de l’Observatoire franco-russe, Paris, L’Inventaire, 2018, p. 142-144.

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20

L. Gudkov, « 1917 god v strukture legitimnosti rossijskoj vlasti », Neprikosnovennyj zapas, n° 6, 2017, p. 154-172 ;

 

I. Kalinin, « Prizrak ûbileâ », Neprikosnovennyj zapas, n° 1, 2017 ;

 

B. Kolonickij, М. Mackevič, « Desakralizaciâ revolûcii i antirevolûcionnyj konsensus v sovremennoj Rossii : ûbilej 2017 goda i ego političeskoe ispol’zovanie/neispol’zovanie », Mir Rossii, vol. 27, n° 4, 2018, p. 78-101.

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22

Le sondage analogue réalisé par le Fonds « Opinion publique » (FOM) en novembre 2017 témoigne d’un soutien encore plus massif aux bolcheviks : 32% de participants auraient pris part à la guerre civile du côté des « rouges » et 4% les auraient soutenus sans intervenir directement, alors qu’ils ne sont respectivement que 7% et 3% à choisir les « blancs » (et 21% à ne prendre aucun parti).

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23

La métaphore est d’Ilya Kalinin : « Boi za istoriû: prošloe kak ograničennyj resurs », Neprikosnovennyj zapas, vol. 78, n° 4, 2011.

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24

G. Bordûgov (dir.), Revolûciâ-100: rekonstrukciâ ûbileâ, Moscou, AIRO-XXI, 2017.

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25

B. Kolonickij, М. Mackevič, « Desakralizaciâ revolûcii i antirevolûcionnyj konsensus v sovremennoj Rossii : ûbilej 2017 goda i ego političeskoe ispol’zovanie/neispol’zovanie », Mir Rossii, vol. 27, n° 4, 2018, p. 81.

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26

Pour le panorama de la production filmique en lien avec le centenaire : B. Sokolov, «Ûbilej revolûcii 1917 goda v hudožestvennoj literature, hudožestvennom kino, televizionnyh serialah, dokumental’nyh fil’mah i v teatral’nyh postanovkah », in G. Bordûgov (dir.), Revolûciâ-100: rekonstrukciâ ûbileâ, Moscou, AIRO-XXI, 2017, p. 359-422.

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28

Notamment « Grande révolution russe » de Dmitri Kiselev, diffusé le 7 novembre par Rossiâ ; plusieurs films d’Elena Tchavtchavadzé sur Rossija 1 (fin octobre‑début novembre 2017) ; « Dno » de Sergueï Mirochnitchenko, 8 novembre, Kultura. 

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30

Pour un aperçu, voir : D. Krasovec, « 1917 dans les livres et les habits de la Russie de 2017 »,[en ligne], Actographe, n° 1 (2), 2018.

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31

Présentation de l’exposition « Nekto 1917 » [Un certain 1917], [en ligne], sur le site du musée. 

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32

Voir un panorama des expositions dans : I. Davidân, « Nečto 1917. Stoletie russkoj revolûcii v istoriko-dokumental’nyh i hudožestvennyh vystavkah », in G. Bordûgov (dir.), Revolûciâ-100: rekonstrukciâ ûbileâ, Moscou, AIRO-XXI, 2017, p. 423-454.

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33

Une version anglophone du projet est également disponible "1917 Free History". Sur d’autres projets multimédias et les débats au sujet du centenaire menés sur les réseaux sociaux, voir : P. Opalin, « Set’ dlâ revolûcii : 1917 god v cifrovom prostranstve », in G. Bordûgov (dir.), Revolûciâ-100: rekonstrukciâ ûbileâ, Moscou, AIRO-XXI, 2017, p. 152-177.

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34

  « ‘Producirovanie novyh umnyh myslej ne po našej časti’. Interv’û Mihaila Zygarâ o ‘Proekte 1917’ i razočarovanii v media », Meduza, 22/11/2016.