L’ordre du temps
  • Entretien avec Krzysztof Pomian — Directeur de recherche émérite — CNRS
Jean Goulemot — Professeur émérite — Université de Tours
Comment peut-on connaître le passé des sociétés anciennes ? Avec quelles traces ? Telles sont les questions fondamentales qui jalonnent l’œuvre de Krzysztof Pomian, philosophe et historien réfugié en France après son éviction de l’Université de Varsovie en 1968. Comme l’énonçait Pierre Bayle dans sa préface au Dictionnaire historique et critique, l’histoire doit être « un mélange de preuves et de discussions », programme mis en œuvre par Krzysztof Pomian à travers notamment ses travaux sur l’histoire des collections et des musées. Ouvertes à une pluralité de sources et d’objets, ses recherches transcendent les périodes et nourrissent des dialogues entre historiens, philosophes, anthropologues et historiens de l’art.
Résumé
Un vie, un parcours de recherche.
Interview published on 08-01-2018
Last modified on 26-10-2022
Langue originale : French Lire la version English
  • Biographie
  • Bibliographie de Krzysztof Pomian
  • Bibliographie de l'entretien

La carrière de Krzysztof Pomian, directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), est marquée par son exil en France après son départ de Pologne en 1973. Formé à la philosophie à l’Université de Varsovie, il est invité par son directeur de thèse, Leszek Kolakowski, à travailler sur Pierre Bayle. De cette rencontre avec l’écrivain français surgissent des interrogations épistémologiques qui façonneront sa pensée : comment la science historique se structure, comment appréhender le passé, comment l’historien peut-il penser le temps ? Docteur en 1965, il soutient sa thèse d’habilitation en 1968, année où le régime communiste le prive de son poste d’enseignant après lui avoir retiré sa carte du parti. Depuis la France, où il intègre le CNRS en 1973, il poursuit des activités militantes qui le rapprochent du syndicat Solidarnosc. L’historien-philosophe multiplie alors les expériences enseignantes – à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), à l’École du Louvre, à l’Université de Genève –, et s’engage intellectuellement dans la cité, à travers des revues académiques (Le Débat, Vingtième siècle : revue d’histoire) ou son implication dans des projets muséaux (musée de l’Europe à Bruxelles, musée d’histoire de la Seconde Guerre mondiale de Gdansk). Ce rôle d’expertise scientifique est indissociable des recherches qu’il mène sur la constitution du patrimoine culturel européen, en particulier sur le monde des collectionneurs.

 

Ibn Khaldûn au prisme de l’Occident, Paris, Gallimard, 2006.

Des saintes reliques à l’art moderne. Venise-Chicago, XIIIe-XXe siècle, Paris, Gallimard, 2003.

Sur l’Histoire, Paris, Gallimard, 1999.

(avec Thomas Gaehtgens), Histoire artistique de l’Europe. Le XVIIIe siècle, Paris, Le Seuil, 1995.

Collectionneurs, amateurs et curieux. Paris-Venise, XVIe-XVIIIe siècles, Paris, Gallimard, 1987.

Przeszłość jako przedmiot wiary. Historia i filozofia w myśli średniowiecza, [Le passé, objet de foi. L’histoire et la philosophie dans la pensée du Moyen Âge], PWN, Varsovie 1968.

Bronislaw Baczko, Rousseau, solitude et communauté, Paris-La Haye, Mouton, 1974.

Pierre Bayle, Dictionnaire historique et critique, Amsterdam, chez Reinier Leers, 1697.

Abdesselam Cheddadi, Ibn Khaldûn. L’homme et le théoricien de la civilisation, Paris, Gallimard, 2006.

Leszek Kolakowski, Chrétiens sans Église : la conscience religieuse et le lien confessionnel au XVIIe siècle, Paris, Gallimard, 1969.

Arnaldo Momigliano, Studies in Historiography, Londres, Weidenfeld & Nicolson, 1966.

William Roscoe, The life of Lorenzo de' Medici : called the Magnificent, 1795.