Mobilisations conservatrices et réactionnaires

Les phénomènes de « droitisation », de tournant « illibéral » ou encore de régression démocratique font ces dernières années l’objet de nombreux travaux en sciences sociales. Au croisement de la sociologie, de la science politique et de l’histoire, cet atelier ambitionne de rendre compte des travaux menés par un collectif de chercheurs français et étrangers sur les mobilisations conservatrices. Ces dernières sont appréhendées dans leur diversité, en termes d’enjeux (« guerres culturelles », manifestations d’hostilité à l’immigration ou aux homosexuels, mouvements « anti-genre » ou dénonçant le « wokisme »), mais aussi en termes de répertoires (stratégies métapolitiques, manifestations de rue, militantisme identitaire, voire terrorisme d’ultradroite).

En décentrant le regard par rapport à l’étude des phénomènes électoraux et des partis politiques, une attention particulière est accordée au rôle d’espaces intermédiaires ou interstitiels (champ médiatique, champ intellectuel, think tanks, clubs, internet et réseaux sociaux) et d’acteurs relevant de ladite société civile (associations, organisations religieuses) dans la circulation des idées et dans les formes d’action réactionnaires. Cet atelier cherche ainsi à saisir la sociologie de ces acteurs, qu’il s’agisse de groupes élitaires (intellectuels, hauts fonctionnaires, dirigeants d’entreprises), ou de groupes relevant des catégories intermédiaires et populaires de l’espace social.

Il s’agit aussi de proposer une réflexion conceptuelle à même de caractériser finement l’idéologie des mouvements étudiés, les formes plurielles du conservatisme, notamment la convergence aujourd’hui apparente entre sa forme radicale et celle qui se présentait encore il y a quelques années comme libérale, autour d’un projet illibéral. Cet atelier adopte une perspective résolument transnationale, en s’intéressant aux circulations d’idées, d’acteurs et de répertoires, particulièrement entre l’Est et l’Ouest de l’Europe, mais aussi entre l’Europe et les États-Unis, sans oublier le « Sud global ».

Il constitue un espace de dialogue et d’échange scientifique cumulatif, qui s’appuie sur les acquis d’un groupe de recherche financé en 2024 et 2025 par le fonds de préfiguration du Labex TEPSIS et un financement International Emerging Action du CNRS, sur le groupe de travail Cilex (conservatisme, illibéralisme, extrême droite) de l’Association française de science politique, ainsi que sur un séminaire organisé depuis 2023 à l’EHESS.

 

Atelier coordonné par Valentin Behr (CNRS/CESSP) et Alihan Mestci (EHESS/CESSP)

Pour citer cette publication

Valentin Behr et Alihan Mestci (dir.), « Mobilisations conservatrices et réactionnaires », Politika, mis en ligne le 10/10/2025, consulté le 13/10/2025 ;

URL : https://www.politika.io/fr/atelier/mobilisations-conservatrices-reactionnaires