L’art européen de la chasse à l’homme

Prédation, violences et domination au temps des guerres d’Italie (c. 1500-c. 1530)

L’empire que l’on exerce sur quelqu’un n’est pas seulement une abstraction juridique ; le pouvoir est aussi une réalité concrète qui relie une éthique à des pratiques1. En cela, il est un objet d’histoire sans possibilité d’épuisement. Cependant, de quel objet et de quelle histoire parle-t-on ? Longtemps, l’histoire du pouvoir s’est confondue avec celle de « la définition de la souveraineté, [de] la théorie de l’État »2. Pour ce qui concerne le XVIe siècle, le pivot était officiellement (et demeure souterrainement) l’État moderne. Les monarchies française et anglaise constituaient le cadre préférentiel des analyses relatives à la politique, au droit, à la bureaucratie, à la fiscalité, à l’armée, à l’Église et aux élites3. Le modèle analytique était suffisamment performant pour qu’il parvienne à fournir nombre de réponses aux questions importantes qu’il posait. Cela dit, à mesure que l’État perdait en légitimité et en capacité de séduction sur la pensée, que l’histoire de la modernité était frappée de désenchantement, la notion d’État moderne suscitait l’interrogation4. Les tenants de « la Société contre l’État » étaient en vogue5. Tout un courant d’historien.ne.s, de philosophes, de sociologues et d’anthropologues commencèrent à considérer que « le pouvoir n’a pas d’essence, il est opératoire. Il n’est pas attribut, mais rapport : la relation de pouvoir est l’ensemble des rapports de force »6. À leur manière, Deleuze et Guattari envisagèrent les « cités et empires, États et proto-États » comme des « appareils de capture »7.

Une représentation conventionnelle des guerres d’Italie : François Ier lors de la bataille de Marignan (1515)

Une représentation conventionnelle des guerres d’Italie :

François Ier lors de la bataille de Marignan (1515)

Estienne Leblanc, Les Oraisons de Cicero en françois, après 1515, f° 1v° (Gallica)

 

Théâtre de grandes opérations de capture politique, les guerres d’Italie forment le cadre de ma réflexion. Entre 1494 et 1559, ce conflit constitue des « guerres pour l’Europe » entre les grands princes de la Chrétienté8. Qui domine l’Italie, pense-t-on alors, tient le cœur historique du pouvoir romano-impérial. Si une première séquence donne l’avantage aux rois de France Charles VIII, Louis XII et François Ier (1494-1521), une seconde voit l’affirmation progressive des Habsbourg grâce à Charles Quint puis son fils Philippe (1522-1559). Quelle que soit l’identité de la puissance hégémonique, les affrontements sont d’une rare brutalité tant sur le champ de bataille que dans le cadre des occupations. Si l’on devait localiser ces phénomènes plus finement, il faudrait mettre en évidence une forte concentration des violences sur la plaine du Pô, en tant que théâtre d’expression privilégiée de la compétition inter-princière et donc point de convergence des armées. Là, sur plusieurs décennies, l’historien.ne peut étudier avec précision la réduction de territoires politiques au rang d’espaces soumis à la prédation.

Carte 3_Europe_1521-1530
Carte 1_Lombardie_physique_et_lieux

à gauche : Carte de l'Europe (1521-1530)

à droite : Carte de la Lombardie physique et lieux

Je m’intéresserai à ce pouvoir qui, tout en administrant, en produisant des recueils de lois et en élevant des murailles protectrices, prend, chasse, déprède, violente et massacre ; et ce, sans que les ressorts de ses actions sanglantes renvoient à un discours confessionnel ou racial9. Au XVIe siècle, des phénomènes de prédation traditionnellement associés par l’historiographie au monde colonial se déploient au cœur de l’Europe prospère. Des systèmes prédateurs y prennent possession de corps, d’espaces, de biens, de populations10. Ni ontologie ni anomie du pouvoir, la prédation est alors une modalité spécifique de domination, donc d’appartenance collective et de hiérarchisation de la société11. La guerre est un de ses moments d’expression paroxystiques. Elle n’est pas sans rappeler sa théorisation par Philippe Descola, au sujet des Jivaros comme :

« le principal mécanisme de structuration des destinées individuelles et des liens de solidarité, en même temps que l’expression la plus visible d’une valeur centrale, à savoir l’obligation d’acquérir chez autrui les individus, les substances et les principes d’identité réputés nécessaires à la perpétuation du soi »12.

Au début du XVIe siècle, le déchaînement et le renchaînement de la prédation sont des qualités que les détenteurs du pouvoir se reconnaissent ; elles sont les marques d’une souveraineté qui serait moins un monopole de la violence légitime qu’une monopolisation de l’agir prédateur. Avec les précautions de mise, elle pourrait prendre le nom de « prédatocratie ». Embrassant l’ensemble des relations politiques et sociales tout en connectant des acteurs étrangers à des élites locales13, la prédatocratie va bien au-delà de la kleptocracy de l’économiste américain Herschel I. Grossman ou de la jungle de ses collègues Michele Piccione et Arthur Rubinstein14. Il n’est pas innocent qu’un concept aussi « anti‑moderne » ait vu le jour au Congo, lieu par excellence de la délégitimation de la fiction européenne de la modernité exportée outre-mer.

François Ier représenté en centaure raptant une lapithe (costume porté par le roi en février 1542)

François Ier représenté en centaure raptant une lapithe (costume porté par le roi en février 1542)

Francesco Primaticcio, Centaure et lapithe, dessin à craie rouge, c. 1540 (J. P. Getty Museum, 89.GB.66)

La prédatocratie imprime en relief des motifs sériels et transgénérationnels de prédation et assigne des positions sociales mises en narration par les métaphores animales et essentialisées au point que les hiérarchies sociales renvoient à l’évidence manifeste d’une supposée loi de la nature : « si je te prends, c’est que tu es à prendre ». Ici, d’ailleurs, on se tromperait à chercher chez les humanistes un démontage du système : si Érasme dénonce la « concorde des loupz » en Italie, il est stipendié par Charles Quint et appelle à la guerre au Turc alias « sanglier hypersauvage » ; si Thomas More veut mettre fin à la chasse, c’est pour confier l’abattage des bêtes à des esclaves15. Lors des guerres d’Italie, la Lombardie est transformée en une vaste réserve de chasse, non pas anomique, où la prédation est « moteur de la fabrication des identités collectives »16. Parce que les proies sont humaines, elles peuvent s’unir pour renverser les positions de prédation et parfois même les hiérarchies sociales : plutôt que de mettre fin au jeu, elles peuvent traquer les chasseurs. C’est que le rang intangible du temps de paix cède aux incertitudes de la confrontation hic et nunc de la guerre17.

Sources, outils et points d’appui

Les signes de prédation travaillent tellement les sources du premier XVIe siècle qu’un épais corpus documentaire peut être assemblé18. Pour l’analyser, il est nécessaire de distinguer les documents produits par les prédateurs (lettres des donneurs d’ordre et des exécutants), la correspondance de ceux qui sont identifiés ou se vivent comme des proies (cibles potentielles et victimes effectives) et la littérature théorico-pratique des spectateurs engagés ou non (thuriféraires et pourfendeurs), tout en les reliant au rang et au genre de chacun (princes, capitaines, soldats, gens d’Église, hommes et femmes du peuple, etc.). De même, la nature et les temporalités des documents méritent d’être interrogées. Produits à chaud, les louanges, chansons, lettres, édits et plaintes mettent en scène des pouvoirs tantôt prédateurs tantôt pastoraux, pour les décrire froidement selon une loi de l’habitude, pour les valoriser ou pour les dénoncer. Loin de la fureur de Lombardie, toute une gamme de documents voit le jour et parle de la prédation : depuis les peintures et les tapisseries de guerre ou de chasse pour les demeures aristocratiques jusqu’à la littérature politique (éthique ou amorale), aux chroniques historiques et aux romans de chevalerie. En l’espèce, le regard est aussi variable que les intentions du mécène et du courtisan. Les chroniques, les journaux et les histoires offrent un point de vue plus local, plus fin, mais aussi plus sensible aux événements. Enfin, il faut être attentif au fait généralisé que le soldat du rang – le prédateur par excellence –, écrit peu mais que l’on écrit beaucoup sur lui et ce, dans une veine polémique. Tous n’ont pas été des prédateurs sans frein, mais les sources évoquent ceux qui le furent.

On le pressent, la question n’est pas seulement une réflexion sur le XVIe siècle, elle est aussi transpériode et transdisciplinaire. En fonction de leurs champs d’interrogation, les philosophes19, anthropologues20, politistes21, sociologues22 et économistes23 ont apporté leurs hypothèses et leurs réponses. De la Grèce antique24 jusqu’aux conflits du XXe siècle25, en Europe comme ailleurs26, nombre d’historien.ne.s n’ont pas manqué d’approcher et de questionner tout ou partie du système complexe de pouvoirs articulant domination, violence et prédation. Confrontés à des sociétés et des violences différentes de celles du XXe siècle, les médiévistes se sont montrés souvent attentifs au fait que le pouvoir pouvait être structurellement prédateur27 ; les modernistes se sont concentrés sur des moments d’ultra-violence que sont la guerre, la chasse ou les troubles de religion, sans nécessairement donner toute sa place à la prédation28.

L’objectif de cette enquête est de reconstruire les spécificités du système prédateur des guerres d’Italie. Pour cela, il est nécessaire d’établir une carte mettant en jeu souveraineté, domination, guerre et paix, espaces du dedans et du dehors, fidélité et pastoralité, prédation, violences et chasses, hommes, femmes et animaux. Pourquoi et comment en vient-on à mettre à mort une population, piller ses biens, violer ses femmes dont on était, ou dont on aurait pu être, le protecteur légitimé par le discours pastoral ? Pourquoi les Français décident-ils en 1510 d’asphyxier des centaines d’habitants de Vicenza réfugiés dans une grotte ? Ici, le chercheur ne peut faire comme si les guerres de religion, la colonisation et la Seconde Guerre mondiale n’avaient pas existé29. Sont-elles des exceptionnalités ? Ou bien participent‑elles d’une arborescence au sein de laquelle les guerres d’Italie pourraient être replacées en amont ? Que faire des mers et des siècles qui séparent le massacre de Brescia de ceux des Antilles ou du front de l’Est ? Cependant, ne se tromperait-on pas de direction en voulant « coloniser » ou « fasciser » la violence de l’Europe dite « moderne » ? En considérant Les Chasseurs noirs. La brigade Dirlewanger, une unité anti-partisan recrutée parmi les braconniers du Reich et opérant dans ses marges russes, Christian Ingrao a restitué une expérience cynégétique totale qui peut cependant être ici utile. Dans des espaces déterminés à l’Est de l’Europe (notamment les Tote Zonen), un système prédateur a répondu à « [une] culture de guerre, [à des] imaginaires cynégétiques et pastoraux, [à une] construction sociale des gestuelles de guerre »30 qui annulèrent les rapports sociaux au profit de la dyade proie-prédateur et de la tripartition du chasseur (traque des partisans), du pasteur (capture et asservissement des populations) et du boucher (abattage de masse)31.

Mon enquête tient compte de la force herméneutique d’une telle période mais elle doit aussi s’en départir. Le premier XVIe siècle italien est le théâtre d’une compétition entre groupes de pouvoir généralement aristocratiques qui s’échangent des épouses, partagent une religion (de moins en moins certes), des vertus et des valeurs (honneur, gloire, justice, force, etc.) ; ils peuvent aussi bien s’allier que massacrer les sujets d’autrui. Le système repose sur la confiance et la haine ; il est une « civilisation du cœur »32 ; il est donc sensible, mobile, inquiétant, paranoïaque. Lorsque les Français parviennent sur la plaine lombarde, la rhétorique de la terreur et la pratique de prédation sont déployées, non à des fins d’extermination totale, mais pour conjurer l’angoisse de leur propre dilution dans un espace jugé hostile depuis les Vêpres siciliennes33

Cinq raisons au moins, que j’examinerai successivement, expliquent que les guerres de Lombardie aient fonctionné comme un système prédateur : la domination des hommes était considérée comme un « devenir-animal » ; la guerre juste reposait sur l’ouverture assumée d’un espace de prédation ; la bataille était pratiquée comme une boucherie ; le retour à l’ordre social s’envisageait comme une chasse à l’homme ; les proies n’avaient de chance de survie qu’en se faisant prédatrices, renforçant mécaniquement le système à l’œuvre.

Ce dont on est sûr, c’est qu’en Lombardie, des Européens ont réduit d’autres Européens à l’état de proie.

La domination humaine comme « devenir-animal »

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Louis XII en roi des abeilles après avoir soumis les Génois révoltés

Jean Marot, Le Voyage de Gênes, c. 1507-1508, f° 21r° (Gallica)

Désarmer le peuple et le repousser dans l’espace incertain de l’humanité animale est une forme de domination dont François Ier se serait enorgueilli dans les années 1540. Un ambassadeur vénitien y fait allusion en abordant le grand consentement des Français à l’impôt. En effet, depuis la fin du XIVe siècle, le roi perçoit un impôt direct annuel et permanent (la taille) au motif seul qu’il est le souverain, qu’il soit en guerre ou non. Seul son montant est négocié. Or, devant le Vénitien, François Ier se serait rengorgé de la critique acerbe mais envieuse de l’empereur Maximilien Ier à l’égard de Louis XII. Parce qu’il imposait sa volonté fiscale à ses sujets, ce dernier n’aurait été que le « roi des bêtes » tandis que le Habsbourg mériterait le titre de « roi des rois »34, donc le souverain des hommes les plus libres du monde et les moins soumis aux mécanismes prédateurs de l’impôt. Plus encore, les sujets français seraient « plus assujettis que des chiens » parce que largement désarmés par le pouvoir royal35. Hormis la révolte de Lyon (la Grande Rebeyne de 1529), la stabilité et le consensus seraient de mise en France ; la puissance de séduction des Valois demeurerait intacte. Cependant, des signaux étranges parviennent de l’autre versant des Alpes : des groupes sociaux, voire des populations entières, refusent de se placer en « servitude volontaire » de la monarchie française. En l'absence de « bêtes […] faites pour le service de l’homme »36, la domination des Valois en Lombardie dispose d’outils pour imposer ses règles du jeu. Les sujets qui refusent l’obéissance et la fidélité sont déclarés rebelles et repoussés dans l’espace sauvage dépourvu des lois protectrices de la cité. Légitimement, les pasteurs changent de visage, se font chasseurs et, en toute fin, bouchers.

Dans le cadre de l’impôt ou de la rébellion, il ne faut pas confondre, toutefois, la tendance des élites à vouloir animaliser le peuple avec l’animalité supposée de l’humanité. C’est ce que l’anecdote de François Ier suggère : le Valois sait bien que son peuple n’est pas une masse animale, mais il jouit d’une « servitude volontaire » qui exploite sans complexe les effets de la métaphore animale sur le réel de la domination. L’analyse du discours souverain ne suffit cependant pas. D’un point de vue anthropologique, François Ier « roi des bêtes », les élites combattantes comme les sujets ne distinguent pas l’humanité de l’animalité, ni la culture de la nature avec la même raideur qu’un individu du XIXe siècle aurait pu le faire. Dans l’ordre du monde, il était légitime qu’un espace incertain puisse ménager un « devenir-animal sans avoir un terme qui serait l’animal devenu »37. Ce phénomène pouvait consister à extraire de soi ou des autres des éléments indéterminés d’animalité pour les mettre en action dans une « zone objective d’indétermination ou d’incertitude […] qui fait qu’il est impossible de dire où passe la frontière entre l’animal et l’humain »38. Personne ne revendique le monopole de l’humanité ni ne dénonce sa part d’animalité, surtout pas le roi de France. La ligne de partage s’établit plutôt entre qui est prédateur et qui est proie.

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Une armure pour un roi herculéen, portant les dépouilles du lion de Némée

Filippo Negroli, L’Armure aux Lions, c. 1540-1545 (Paris, Musée de l’Armée)

Quelques exemples permettent de préciser cette idée. En forgeant une armure herculéenne et un casque-tête de lion pour le roi de France, l’armurier milanais Negroli ne dit-il pas que la (sur)humanité réside dans la reconnaissance de son animalité ? De la part du même artiste, l’empereur Charles Quint bénéficie d’un heaume au dessin encore plus frappant. À la parade comme à la guerre, le souverain est combattant herculéen assumant les vertus prédatrices du lion de Némée ; comme le demi-dieu grec, il évolue dans le voisinage de la bête. François Ier dort « en sa chambre [avec] ung jeune chien », serviteur idéal dédié à la vie de son maître et auquel aucune forme d’insubordination n’est concédée39. En 1515, dans la galerie du château d’Amboise et devant un parterre de dames, le roi n’inaugure-t-il pas son règne en chargeant et pourfendant un sanglier de son épée40

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Alexandre Menjaud, François Ier tuant le sanglier, 1827 (Château de Chambord)

L’enjeu est donc de qualifier le type d’animalité humaine à laquelle tout un chacun peut appartenir et, dans le cadre guerrier, ses incidences sur la définition de l’autre. Par-delà les Alpes, la représentation des espaces convoités façonnent les perceptions du soi-conquérant et de l’autre-conquis, et donc, en toute fin, la nature de la domination et les formes de violences41. Dans ce cadre, il est possible de donner une application pratique aux dires de Jean Thenaud, confesseur de François Ier, selon lequel la victoire en l’homme de la « portion divine et angelique » ne semble pas d’actualité sur celle « bestialle et brutaline »42. Dès le début des guerres d’Italie, la riche Lombardie est d’une nouveauté éblouissante, étrange, inquiétante et violente pour des combattants français sortis de leur zone de confiance, loin de leurs triomphes définitifs contre la Couronne d’Angleterre (la guerre de Cent Ans prend fin en 1453) et le duché de Bourgogne (le dernier duc est tué en 1477 et son état est réintégré à la Couronne de France après un siècle d’indépendance)43. Qu’ils le veuillent ou non, les Alpes puis la plaine du Pô constituent un champ d’expérimentation de l’humanité et de l’animalité, avec pour corollaire la mise en question de leur supériorité, de leur corporalité, de leur masculinité, de leur sociabilité, de la providence ou encore des vertus et des vices.

Dans les textes, la conquête de la Lombardie suractive les champs lexicaux de la sur/non/humanité et de la sur/non/animalité, lesquels s’agencent dans l’espace indistinct de la pastoralité, de la chasse et de la boucherie. Outremont, les hommes du roi ne seraient-ils pas des « blocs de devenir »44 ?  Cependant, combien de temps, sous quelle intensité, avec quels sentiments ont-ils évolué dans l’espace de cette indétermination ? Aucun repère ne semble fiable, si ce n’est les actes des uns et des autres. Qui est l’autre ? Le grand partage entre proie et prédateur se fait sur la ligne de la fidélité au roi et non sur la dichotomie étrangers-autochtones. Est « bon françoys » tout sujet qui confirme son serment par des actes d’adhésion, notamment de violence45. Une partie des chasses à l’homme contre les « mauvais françoys » est ainsi menée par des Lombards (notamment Galeazzo da Birago devenu spécialiste) avec des troupes recrutées localement.

Le système s’emballe parce que les violences des conquérants se couplent à une culture autochtone de la vendetta et de la prédation : rapts de jeunes filles, violences inter-factionnaires, culture de l’honneur, vengeances aristocratiques et populaires, etc. Le maillage territorial des piccoli stati renforcent l’état instable. Ces territoires échappent suffisamment au pouvoir princier pour que, potentiellement, ils deviennent des foyers de brigandage ou de raiders battant la campagne et contre lesquels les troupes ducales sont envoyées donner la chasse, etc. Ailleurs, j’ai montré que la capacité à tenir un état relève de la meilleure articulation du dedans et du dehors, au sens où la force d’un régime est conditionnée par l’aptitude des conquérants à capter les forces socio-politiques conquises46. En conséquence, plus les appareils de conquête et de défense sont reliés aux structures locales, plus la défense du territoire est efficace. Inversement, moins la domination est acceptée, plus elle contribue à faire advenir des zones de sédition et à réduire le pouvoir à un système de répression. Pour résumer, c’est bien la rencontre de troupes étrangères avec des sociétés locales spécifiques, un certain type d’espaces politiques et une topographie particulière qui conditionnent les critères d’une domination, en l’occurrence une prédatocratie.

Plutôt que de réitérer la formule hypnotique : l’homme est un loup pour l’homme, il est plus juste de dire : l’homme est un homme pour l’homme. C’est-à-dire que l’humanité n’est pas seulement amour et société mais aussi haine et destruction du prochain. Que cette haine soit appelée « loup » ne change rien, ce sont toujours des hommes et des femmes qui s’entretuent. Mettre à mort un homme n’a affaire qu’avec l’humanité. Dans la Confession du Soldat, Érasme fait répondre le soldat Thrasymaque à Hannon que « les bouchers sont payés pour immoler des bœufs : pourquoi blâmer notre métier, parce que nous sommes payés pour immoler des hommes ? »47 Machiavel est celui qui rationnalise le mieux l’exercice du pouvoir. Que dit-il de son rapport à l’animalité ? Dans Le Prince, il postule qu’« avoir un prince mi-homme, mi-bête ne veut rien dire d’autre, si ce n’est qu’un prince doit savoir user de l’une et de l’autre nature ; et l’une sans l’autre n’est pas durable »48. Face à lui, dialogiquement, le peuple est composé de ceux qui, dénués de raison, seraient incapables de jouer de leur humanité et de leur animalité. Si le peuple venait à être libéré, il ne pourrait que redevenir « la proie du premier qui cherche à le renchaîner »49. Suivant la classification de l’historien du droit Chaïm Perelman, la conception qui définit le mieux ce type de rapports sociaux est la justice « à chacun selon son rang »50 :

« voici une formule aristocratique de la justice. Elle consiste à traiter les êtres non selon des critères intrinsèques à l’individu, mais selon qu’il appartient ou non à telle ou telle catégorie d’êtres déterminés […]. [Cette formule est] toujours préconisée et âprement défendue par les bénéficiaires de cette conception, qui exigent ou imposent un traitement de faveur pour les catégories d’êtres qu’ils présentent comme supérieurs. Et cette revendication est d’habitude appuyée par la force »51.

Dans la France du début du XVIe siècle, en dépit des corps intermédiaires, des liens de clientèle et de protection de la société, il y a comme un détachement hors-sol de tout un groupe de pouvoir, enclin à considérer les populations comme une multitude à dominer en temps de paix et, s’il le faut, à massacrer en temps de guerre. Ces présupposés irriguent le corpus juridique produit ad hoc, les correspondances entre le roi et ses lieutenants à Milan et les gestuelles de violence que les témoins leur prêtent. On attend du roi qu’il défende, de façon totale, son bon droict en Italie. C’est que, dans la monarchie des Valois, le roi est le premier d’entre les guerriers et, comme tel, doit savoir mettre sa vie en jeu52. En retour, il oblige ses fidèles escadrons à potentialiser leur vie dans un engagement sacrificiel53. Propulsée en Italie, l’aristocratie gouvernante et combattante indexe donc l’ordre du roi sur le sacrifice de soi et des autres. Les Lombards qui souhaitent obtenir faveur et récompenses n’ont d’autre choix que de se comporter « vertueusement et grandement […] sans y espergner corps ne biens »54. Indexé sur la dépense outrancière de soi pour le roi, le théâtre de la faveur se duplique en joutes et en chasses éreintantes jusqu’aux opérations répressives et aux engagements mortels de la guerre. Si le combat est sans issu, il faut savoir trouver une « bonne mort », laquelle certifie une certaine idée de la « race » au sens où l’entend Arlette Jouanna55.

Quel rapport au monde et à l’autre peut habiter des individus acceptant d’être « taillé en pièces » pour le roi56 ? Que peut-on attendre d’Odet de Foix, vicomte de Lautrec, lieutenant général du roi en Italie en 1516-1522, gisant sur le champ de bataille de Ravenne en 1512, sauvé de la fosse commune in extremis et qui a « vaincu la mort »57 ? Avec ce type de personnage qui préside au gouvernement d’une société, l’opposant n’est-il pas immédiatement en danger de mort ? Ne risque-t-il pas une réduction à l’état de proie, dont l’exécution des mains mêmes du gouverneur est service insigne du roi et de Dieu ?

La guerre juste ou l’ouverture d’un espace de prédation

Exercer la souveraineté, c’est faire la guerre ou la paix ; c’est aussi et surtout assigner une qualité à un territoire et donc décider du sort de sa population ; tel espace sera-t-il jardin de la paix ou champ de bataille ? La Boétie élargit ce constat au « monde » qui, contre la Nature, serait devenu un « champ clos », c’est-à-dire un lieu de joute au sein duquel « les plus forts » agissent en « brigands armés dans une forêt pour y gourmander les plus faibles »58. En Italie, les ambitions des Valois et des Habsbourg ouvrent des espaces de compétition violente au sein desquels leurs armées instaurent le règne de la prédation. En tant que lieu privilégié de l’affrontement franco-impérial, l’état de Milan est transformé en un « champ de forces et de luttes »59. Les capitaines donnent des ordres de prédation ciblée ou, plus rarement, s’y opposent. Il y a modulation consciente entre deux pôles mêlant vertus et vices : donner la mort (force, ire et punition) ou refuser de le faire (tempérance, amour et pardon) ce, toujours au nom de la justice sainte et souveraine60.

Les guerres lombardes déploient des dizaines de milliers de fantassins issus des couches les plus basses de la société, engagés contre la promesse d’honneurs dans la violence, de butins humains (viol ponctuel ou en série, esclavage sexuel prolongé) et matériels (biens et numéraire). Il existe une alliance largement tacite entre les princes, les capitaines-conquérants, les soldats-prédateurs et les prosateurs. En 1476, dans son De re militari, Antonio Cornazzano conseille à tout capitaine que « pour te les exciter, promet des proies »61. Un profond sentiment d’impunité ressort des témoignages. Au quotidien, car le temps des casernes n’est pas encore venu, le soldat vit chez l’habitant. À l’encontre des Français, la haine est telle qu’il faut prohiber les cadenas sur les portes, de peur que chaque famille exécute le soldat qu’il loge. Comme la société de leur temps, les humanistes sont ambigus face à la justification de la violence. Autant le prince peut se prévaloir de son bon droit, autant la violence des soldats est condamnable. Érasme suggère qu’au motif de la guerre juste (qu’il ne dénonce pas), les soldats s’autoriseraient des lois de leur « métier » qui est « de brûler les maisons, de piller les temples, de violer les religieuses, de dépouiller les malheureux, de tuer des gens inoffensifs »62. Pour sa part, dans son Orlando furioso (1516), mille pages denses de chasses de toute nature et en tout sens, l’Arioste décrit les tyrans comme des fléaux-rapaces de Dieu63.

Charles de Bourbon, muni de son épée enflammée

Charles de Bourbon, muni de son épée enflammée, ouvre la voie de la guerre juste

L’Entrée de François Ier à Lyon le 12 juillet 1515

(Wolfenbüttel, Herzog August Bibliothek, Cod. Guelf. 86.4 Extrav)

À la veille d’une nouvelle campagne lombarde, l’entrée de François Ier à Lyon en juillet 1515 désigne la guerre à venir comme un acte de prédation sacralisée. Sous le regard du roi, est mis en scène, d’un côté, un jardin français de la paix, au sein duquel les défenseurs luttent avec leurs lévriers contre les assauts des ours afin de permettre à la licorne Tranquillité de pénétrer dans le royaume. En face, un parc milanais de la guerre est assimilé à celui des Hespérides, le paradis-réserve de chasse d’un souverain herculéen, lieu de gloire par la prise64. Lors de la première conquête en 1499, Jean d’Auton assimilait déjà le parc de chasse de Pavie à un nouvel « Edem paradisiaque », pourvoyeur de proies aux Français-chasseurs65, saisissant la pleine étymologie persane, hébraïque puis grecque du paradeisos, celle du « parc clos où se trouvent des animaux sauvages »66. Après la reconquête de l’automne 1515, le chancelier Duprat clôt la geste sacro-cynégétique lombarde en citant le Psaume 124. La brutale victoire du roi aurait empêché ses ennemis de dire : « comme un oiseau, nous avons échappé au filet des chasseurs »67.

Milan, réserve de chasse, jardin des Hespérides

Milan, réserve de chasse et jardin des Hespérides

L’Entrée de François Ier à Lyon le 12 juillet 1515

(Wolfenbüttel, Herzog August Bibliothek, Cod. Guelf. 86.4 Extrav)

À une échelle réduite, le gouverneur de Romagne et futur auteur de la Storia d’Italia, Francesco Guicciardini décrit en 1517 un épisode typique de violence articulant souveraineté et prédation. Le 5 novembre, les conservatori de la cité pontificale de Modène lui rapportent une nouvelle inquiétante : depuis la cité de Parme rattachée à la Lombardie de François Ier, trois cents cavaliers français et lombards auraient lancé un raid contre Brescello, un bourg sous juridiction pontificale mais revendiqué par le roi de France68. Dans la logique du raid aristocratique69, un escadron fleurdelisé aurait opéré une « grande preda70 de bestiaux et d’hommes dans ce territoire »71. Puis, le jeu se serait retourné : les hommes de Brescello auraient engagé une poursuite jusque sur les terres adverses « où ils firent preda de bétail »72. Le 18 novembre, Guicciardini s’impatiente et souhaite que le pape en finisse avec « les Turcs du voisinage » plutôt que de « s’en aller contre les plus lointains »73. Hors de l’humanité chrétienne par leurs atrocités et leurs injustices, les Franco-lombards mériteraient d’être traqués comme des infidèles dépourvus de la protection de la loi du Christ. Inversement, du point de vue français, le bourg de Brescello, rebelle au roi, serait devenu une proie sans défense, à la merci de la soldatesque. Telle qu’elle est décrite, l’entreprise de capture anthropo-économique souhaite réactualiser la souveraineté via l’ouverture d’un espace de prédation et un déchaînement de violence, par l’entremise de cavaliers mal payés et menés par des élites lombardes soucieuses d’asseoir leur rôle de médiateur du pouvoir royal.

La réduction de l’Italie du Nord à un espace de prédation se prolonge dans le désir de domination sexuelle totale des populations74. Pierre Gringore estime que « nature Lombarde, / ne se retarde au plaisir satisfaire »75. Femmes et hommes sont violés. D’après le duc de Milan, dans les années 1520, les troupes espagnoles auraient violé les vierges, les femmes mariées et sodomisé les gentilshommes les plus respectables76. Concurrent de la monarchie française, Charles Quint dispose de troupes aguerries en Lombardie à partir de 1521 et ce, jusqu’à la fin de son règne. Leur brutalité à l’égard des populations est devenue proverbiale, en Italie, dans les Flandres comme aux Amériques. De l’autre côté des Alpes, dans les nouvelles XIV et XVI de son Heptaméron (sorte de manuel à l’usage des femmes pour se prémunir de tous les maux de la cour)77, Marguerite de Valois, sœur de François Ier, décrit le comportement prédateur des gentilshommes français, notamment feu Guillaume de Bonnivet, lieutenant général des armées du roi en Italie en 1523-152478. Marguerite évoque le sort d’une aristocrate lombarde qui « le fuyoit comme le loup faict le levrier duquel il doibt estre prins ». Prévenante, l’auteure invite « les pauvres biches de se garder des veneurs »79. Cette comparaison trouve son miroir exprimé par le Lyonnais Claude de Bellièvre qui relie femme, amour, chasse, pâture, Françaises et Lombardes80.

9_ L’Italie sous les traits d’une femme torturée par des rapaces mais protégée par l’épée du roi

L’Italie sous les traits d’une femme torturée par des rapaces mais protégée par l’épée du roi : Breve trattato delle afflittioni d’Italia et del conflitto di Roma con pronosticatione, c. 1527

(New York Public Library, Spencer 81).

Au sein du petit monde de l’aristocratie, la chasse code une bonne partie du rapport au monde et des actions de chacun ; elle exprime, structure et renforce toute une phallocratie noble et civilisée se délectant de pénétrer collectivement la forêt supposée sauvage, barbare et féminine81 ; un imaginaire qui travaille sur le triptyque guerre-chasse-amour82. Dans ce cadre, la réactualisation du pouvoir français (contesté) en Lombardie peut passer par l’humiliation des élites lombardes par le viol de leurs femmes83. Des années 1501-1513, le chroniqueur Niccolò Laghi brosse un tableau saisissant. Il n’est plus question de raids ponctuels du temps des migrations ou de la guerre féodale, il s’agit d’une mise en coupe réglée de la Lombardie84. En décembre 1510, à Parme, les femmes nobles auraient été offertes par leurs maris, contraints et forcés, à Charles d’Amboise, grand maître de France et lieutenant-général en Italie. Le chroniqueur note que « la majeure partie de leurs époux et autres de la cité ne put y venir »85. Plus encore, les sacs sont des concentrés tragiques de violences sexuelles de masse : celui de Pavie en octobre 1527, par les Français (notamment des Gascons) de Lautrec, atteint une rare amplitude, là-même où, trois ans plus tôt, le roi avait été capturé et son armée anéantie. Témoin du sac, le Vénitien Domenico Contarini estime que les Français « sono d’altra sorte », ce que l’on peut traduire par « ils sont d’une autre espèce ». Il fait son possible pour sauver deux cents femmes du viol à la chaîne86. Les autres n’ont pas cette chance : les Français les capturent et les emmènent avec eux, les réduisant probablement en esclavage sexuel87. Les Vénitiens pressent Lautrec de mettre fin au « tanto exterminio ». Le Français refuse et donne deux jours de plus à sa troupe.

Bouchers en bataille

Lors de l’entrée royale de Lyon évoquée plus haut, une fois passée la représentation des parcs de la paix et de la guerre, le roi aurait assisté à un spectacle étonnant sur les rives de la Saône : la venue de « la nef du cerf-volant [l’animal-emblème du connétable de Bourbon, commandant en second] battant pavillon du chevalier à la Salamandre [l’animal-emblème du roi] »88. La tâche assignée au connétable, muni de son épée enflammée, aurait été de « prépare[r] au désert la voye de Iesu-Crist » à la façon de Jean-Baptiste, c’est-à-dire de « pugnir les ennemis du roy, et par feu leurs maisons, villes et chasteaulx brusler et netoyer la voye dudict sieur et roy »89. Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que la bataille de Marignan qui eut lieu un mois plus tard ait été décrite comme une boucherie de l’adversaire suisse. En Lombardie, les Français affrontent toute une série d’armées, mais aucune ne questionne autant leur identité que celle des Helvètes. Stéphane Gal définit ce voisinage inconfortable comme des « contre-verticalités suisses »90. Il estime que leur rapport au monde serait très insécurisant pour les nobles combattants de France : régimes démocratiques, désenchantement de la guerre, cohésion quasi fanatique d’une armée de plébéiens supposés invincibles, prières à genoux et bras en croix avant de donner l’assaut, mise en branle au son des olifants, pratiques guerrières ultra-violentes et… auto-représentation en ours91.

Les ours bernois à la bataille de Laupen (1339)

Les ours bernois à la bataille de Laupen (1339): Diebold Schilling l’Ancien, Spiezer Chronik, 1484-1485, p. 227 (Berne, Burgerbibliothek, Mss.h.h.I.16) (e-codices)

 

Au XVe siècle, les soldats des Visconti comme des Sforza entretiennent déjà un étrange rapport avec les Suisses92, ne seraient-ce parce que les frontières sont particulièrement fluctuantes entre le Milanais, le Valais, le canton d’Uri et les Grisons. Au sein de cet « espace liquide » voire de « zone tribale », les raids prédateurs éprouvent les populations93. Pour les Helvètes, il n’est pas question d’une frontière sur les crêtes (qu’ils tiennent déjà) mais d’un contrôle des flancs méridionaux des Alpes. En 1486, les Grisons massacrent, mettent à sac et incendient la Valteline, de Bormio jusqu’à Sondrio94. Pour ceux de la plaine lombarde, montagnes, minéralité et forêts composent alors un paysage inquiétant, un « entre-deux », une « liminalité »95. Rapides, brutaux, pillards, les Suisses instilleraient la terreur parce qu’ils assumeraient, en discours et en actes, l’animalité qu’on leur prête : certains sont décrits comme des « homini da bosco »96. Les combats sont d’une rare violence, notamment lors de la bataille de Giornico, quand les affrontements ne sont pas décrits comme des boucheries stricto sensu. En 1444, les autorités du canton d’Uri n’ont-elles pas interdit à leurs soldats « de découper les cadavres et d’arracher le cœur de leurs ennemis »97 ? Parce que les violences sont aussi des dialogues symboliques, les troupes ducales s’approprient ce type de pratiques. Un chroniqueur de la cité-frontière de Lugano rappelle qu’en 1488 « les soldats du duc de Milan étaient tellement énervés […] qu’ils ouvrirent le ventre des morts, les vidèrent d’une grande quantité de graisse pour ensuite la vendre et en fournir les épiciers »98.

Les horreurs de la guerre : Urs Graf, Schlachtfeld (1521)

Les horreurs de la guerre : Urs Graf, Schlachtfeld (1521)

Kunstmuseum Basel, Kupferstichkabinett, Amerbach-Kabinet, Inv. U.X.91

Maîtres de Milan à partir de 1499, les Français s’informent et s’imprègnent, dans l’effroi, de l’imaginaire létal de la frontière nord. Le confesseur de François Ier s’en fait incidemment l’écho : « les Souyces qui souvent ont beu le sang de ceulx qu’ils avoient combatu et faisoyent la nuyt chevetz de leur cadavres [au] camp »99. L’angoisse française se fait sentir dans les rangs lors de chaque menace suisse contre le plat pays lombard100. Un indicible sentiment de submersion s’empare alors des Français, semblable à « l’impétuosité d’un torrent qui descent d’une montaigne »101. Il faut du cœur pour barrer la route aux troupes suisses. En 1511, « n’osant pas se mesurer à ses ennemis », l’armée royale se replie derrière les murs de Milan. Les Suisses n’ayant pas les moyens d’assiéger la place, ils rebroussent chemin et incendient presque tous les bourgs rencontrés102. Deux ans plus tard toutefois, ils prennent Milan et battent les Français à Novare (1513).

En 1515, après avoir tout tenté pour éviter la bataille et promis les plus grandes sommes, François Ier est contraint d’engager le combat. Il faut deux jours pour anéantir les carrés suisses : 12 à 16 000 Helvètes auraient été tués103. Comment rendre compte d’une telle bataille ? Une chanson de circonstance les compare à des chiens enragés dont la mise à mort est vitale104. Une autre décrit ces « vachers », ces « dompteurs / des princes et des roys » qui « furent hachez d’espée »105. Selon un lieu commun valorisé par les Suisses eux-mêmes, l’inversion des hiérarchies sociales appelle, pour les Français, un rétablissement de l’ordre du monde, mais pas de n’importe quelle façon : à Milan, les soldats du roi doivent se faire « bouchiers » pour « enlard[er] » des ennemis « plus infectz beaucoup que pourceaulx »106. Le sang des porcs impurs doit couler ; il prend le nom d’ordalie. Après la boucherie de Marignan, le jeu s’arrête brutalement pour se reconduire sous une autre forme : les lions français, vainqueurs des ours suisses, leur proposent de devenir leurs alliés pour l’éternité et ce, moyennant un million d’écus, soit les entrées fiscales annuelles réunies de la Normandie et de la Lombardie. C’est la paix de Fribourg107. Ensemble, Français et Suisses vont pouvoir donner la chasse à d’autres proies.

L’ordre royal comme chasse à l’homme

Carte 2_ Lombardie_Valois_1515-1521

Carte de la Lombardie des Valois (1515-1521)

En janvier 1516, après la prise de Milan d'octobre 1515, François Ier rappelle aux Milanais qu’il aurait très bien pu mettre à sac leur cité108. Lors de son entrée triomphale dans la capitale lombarde, la bénignité du souverain restauré s’articule à l’omnipotence d’un maître-fauve. Pasquier le Moyne aurait aperçu la panthère du roi immédiatement après le capitaine de justice109. Qu’il s’agisse d’une réminiscence des Visconti qui chassaient au guépard, c’est un fait110, mais l’anecdote n’est pas moins un signe supplémentaire sur la carte. Cinq ans plus tard, assaillie par l’armée impériale et menacée de séditions, la Lombardie royale est au bord de l’implosion111. D’un point de vue discursif, la chasse à l’homme est alors considérée comme un moyen efficace et satisfaisant pour rétablir l’ordre, d’autant plus que l’expérience cynégétique fournit une matrice idéale aux aristocrates en guerre contre une société, un réservoir d’expériences socialisées, des pratiques, des réflexes et exprime la plus radicale des verticalités. Grégoire Chamayou postule en ce sens que la chasse à l’homme dispose de sa propre grammaire anthropologique et qu’elle « suppose une théorie de la proie »112.

En France comme ailleurs, pour le prince et les élites sociales, le monde sauvage est à domestiquer113, et le criminel/rebelle n’est que « gibier de prevost »114. Budé résume l’agencement en décrivant « le cerf de la forest en la riviere, et mené comme un criminel au lieu de son dernier supplice »115. En 1510, à la manière de la traque d’un ours jusque dans sa tanière, et pour obtenir un possible butin, une troupe franco-allemande prend au piège des milliers d'autochtones repliés dans les grottes de Mussano, à côté de Vicenza116 :

« ils allèrent dans une grotte dans ces monts, où étaient réduits des hommes, des femmes et des enfants de la campagne, avec leurs biens, plus de 6 000, et [un témoin] écrit que ces diables incarnés les ont tous asphyxiés dans cette grotte. Et ils les ont ensuite dénudés, et avec tant de cruauté qu’on ne pourrait dire »117.

 

Un autre point d’orgue est atteint le 18 février 1512 avec le sac de la cité voisine de Brescia. Après la reddition de la cité aux Vénitiens, et le massacre des Français présents dans la ville, l’armée de Louis XII, sous les ordres de Gaston de Foix, reprend la ville et rétablit l’ordre royal :

« [Les Français] taillèrent en pièces tout ceux qu’ils trouvèrent : en ce jour 30 000 personnes, et les autres qui restèrent furent faits prisonniers et fut imposé un tribut. Les filles sans mari furent vendues comme des bêtes. Aloysio Avogadro [l’instigateur de la résistance] fut écartelé et ses fils conduits à Milan, où ils subirent le même sort, l’un étant écartelé sous les yeux de l’autre »118.

Des « tueurs du roi » commandent les opérations et rendent compte à un roi-veneur qui leur a donné ordre d’en finir avec les rebelles. À Milan, à partir de 1516, un petit groupe de Gascons exécute et démultiplie le désir royal à la mesure de leur ferveur religieuse et de leur habituation aux violences de guerre : Odet de Foix, sieur de Lautrec (gouverneur de Milan, qui s’estime élu de Dieu et qui a participé au sac de Brescia), son frère Thomas119, sieur de Lescun (vice-gouverneur, docteur en théologie, évêque défroqué de Tarbes devenu homme de guerre), Menaud de Martes de Sainte-Colombe (secrétaire de Lautrec et nouvel évêque de Tarbes) ainsi que Gratien Garro, gouverneur de la cité de Côme. Pour ces hommes, eux‑mêmes issus d’une province-frontière riche en combats sanglants, il est impossible de se replier de l’autre côté des Alpes sans avoir fait leur devoir de violence. En 1521, au moment de l’assaut impérial contre la Lombardie royale, l’environnement est tellement hostile que les Français et leurs serviteurs autochtones se muent en meute paranoïaque.

Selon Lautrec, « les bannys sont de tous costez et croyssent comme potirons »120 ; que le roi le sache, il va « nectoyer [le] duché de ceste vermyne »121. Ne sachant plus à qui se fier, soumis à une terrible pression psychologique, les hommes du roi mènent des opérations terrifiées et terrifiantes de purification : chasses, décapitations et écartèlements scandent l’été et l’automne 1521. Le 26 juin, en absence de son frère Lautrec, Lescun s’adresse directement à François Ier. Avec les cavaliers de Bernabò Visconti et de Paolo Camillo Trivulzio, tous deux Lombards, il aurait programmé un assaut contre Crémone si la cité devait tomber : « je feray si bonne dilligence d’en faire une carbonnade d’eulx qu’il en sera mémoire »122. Il y aurait quelque chose d’orgiastique dans ce festin à venir (la carbonnade est un plat cuisiné de venaison) ce, dans la réjouissance d’une communauté soudée123. L’Amadis, maître-livre de la chevalerie européenne publié à Saragosse en 1508, ne dit-il pas : « Si tu ne veulx mourir, jecte bas tes armes, sinon, avec ma hache, je feray carbonnades de ton corps »124 ? Le recours aux autochtones demeurés fidèles est évocateur, notamment les Trivulzio et les Birago. Les Français mobilisent les derniers éléments de fidélité verticale dont ils disposent, lesquels n’ont d’autre choix que de lutter jusqu’à la mort. En juin 1521, Côme menace de tomber ; l’assaut est repoussé par Gratien Garro et les chefs sont capturés. Plusieurs sont menés à Milan pour être exécutés. Au moment d’être décapité, Beltramo da Brenzio « subitement se port[a] en avant et la hache frappa profondément la chair de ses épaules. Se relevant sur ses pieds, [...] il se défendit fortement du bourreau, lequel après quelques heurts, l’égorgea avec un couteau »125.

 

Le 8 novembre 1521, à l’attention de Florimond Robertet, un des proches conseillers du roi, le secrétaire du gouverneur de Milan décrit une grande chasse aux rebelles menée par Garro dans les bois de Novare, à la manière d’une battue mettant aux prises des centaines de cavaliers et de piétons. Celle-ci aboutit à un massacre de masse dans une clairière et à la noyade des survivants dans un cours d’eau voisin. Des chiens ont-ils été utilisés ? La lettre le tait, peut-être parce que cela est évident. Cette missive qu’il envoie à Robertet relève de la même matrice que celle de Louis de Brézé décrivant la traque d’un cerf menée par François Ier en 1524126. Point de cerf ici, mais du gibier humain en quantité, avec cinq similitudes au moins : une chasse harassante derrière des proies impressionnantes, un désir grandissant de vengeance en raison de la trop grande résistance de la proie, de terribles et jouissives mises à mort de masse « parmy des boys tant difficiles qu’il ne seroit possible de plus »127, des scènes de noyade ou de boucherie (« mectre par quatres lesdictz corps ») et une trophéisation des prises à Milan (« les pyés ont esté porté sur la place du chasteau [de Milan] et les testes aussi par les boutz de deux lances »)128. La conclusion échappe à la geste cynégétique et emprunte directement à la rhétorique purificatrice : incarnant l’innocence, des enfants sont sommés d’asséner des coups aux cadavres démembrés129.

Survivre en devenant prédateur

Tout espace de prédation est un système auto-alimenté de violences que seul l’épuisement des chasseurs ou le défaut de proies parvient à bloquer. L’ouverture de la chasse est donc aussi difficile que sa fermeture. Couplée au Talion de la vendetta, la prédation ne cesse d’être relancée. Parce qu’il suppose une binarisation des rapports humains et l’indexation du présent sur l’urgence de la survie, la prédatocratie contraint toute proie à rechercher, au moment opportun, à renverser les positions et, par tous les moyens, à traquer le prédateur devenue cible. Comme dans un cauchemar, la porte de sortie donne sur l’intérieur : le rejeu plutôt que la fin du jeu. Un peu à la manière du personnage ovidien d’Actéon, chasseur mythique (mais bien connu à la Renaissance) transformé en bête et dévoré par ses chiens130, les Français et leurs serviteurs, quand ils perdent le pouvoir (comme en 1500, 1512, 1521-1522 et 1525), sont traqués par leurs anciens sujets131. Inversement, en 1514, après la décapitation de Niccolò Scotti par les sforzesques, le francophile Teodoro Trivulzio promet à Louis XII que « retournant [à Milan], comme je l’espère, nous saurons faire de même et les faire payer avec la même monnaie »132.

Francophobe et plus que jamais favorable à la prédation, un bref opuscule italien, daté de la troisième retraite française (1522), décrit cette pulsion de renversement que les deux camps partagent. Après avoir subi la « grande boucherie » de Lautrec, les Lombards auraient été « tous disposés à commettre des boucheries / Traiter les ennemis comme des agneaux / Et tous se sont rebellés »133. Pour l’ensemble des protagonistes, la proie des proies est le plus grand des prédateurs : le roi de France en personne. Si, à Marignan, les Suisses échouent à s’emparer de lui134, les Espagnols y parviennent en 1525, dans le grand parc de chasse de Pavie135. De façon significative, les codes visuels des tentures des Chasses de Maximilien, qui sont traques de cerfs et battues de sangliers ne sont pas étrangers à ceux des tapisseries représentant la Bataille de Pavie136.

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à gauche : Le sanglier cerné et bientôt mis à mort

Les Chasses de Maximilien Ier (mois de décembre), tapisserie d’après un carton de Bernard van Orley, 1531-1533

 

à droite : Le cavalier assailli

La Bataille de Pavie (6e panneau), tapisserie d’après un carton de Bernard van Orley, 1528-1531

 

 

Chasse et noyade de la proie. Le cerf pourchassé fuit dans un étang
La déroute des Suisses qui fuient dans le Tessin

à gauche : Chasse et noyade de la proie. Le cerf pourchassé fuit dans un étang

Les Chasses de Maximilien Ier (mois de septembre), tapisserie d’après un carton de Bernard van Orley, 1531-1533

 

à droite : La déroute des Suisses qui fuient dans le Tessin

La bataille de Pavie (7e panneau), tapisserie d’après un carton de Bernard van Orley, 1528-1531

 

 

 

Cela dit, l’inversion conjoncturelle des rôles contient le risque d’un renversement structurel de la société137. Que le peuple milanais chasse les Français est une chose, mais qu’il se fasse chasseur et finisse par dicter sa loi aux gentiluomini, cela est intolérable pour le pouvoir restauré des Sforza en 1522. De « telles insolences » pourraient être à l’origine « d’autres désordres qui porteraient dommage à l’état »138. Aussi, le duc de Milan désire-t-il renchaîner la violence prédatrice qui doit rester le monopole des dominants : « personne ne doit oser user de sa propre autorité dans la prise d’aucune personne sous le prétexte qu’on le dit ennemi ou rebelle »139.

Les campagnes sont soumises à d’autres parties de chasse encore, contre lesquelles le pouvoir ducal est impuissant : la traque des humains par les loups. Après trois décennies de guerre, bien des espaces de cultures sont tombés en friches ; certaines zones deviennent des no-man’s land au sein desquels règnent des meutes de loups140. D’après un chroniqueur, au plus fort des violences interhumaines, dans la seconde moitié des années 1520, le phénomène s’intensifie dans un vaste espace au nord de la Lombardie : « vinrent de très nombreux loups, qui firent beaucoup de morts, et les gens, pour aller d’un lieu à l’autre, se déplaçaient seulement en grand nombre »141. Tout être humain serait devenu la proie des loups qui « ne se repaissent plus que de chair humaine […] tant par influx naturel que pour les misères passées »142.

Finalement, après l’expulsion des Français d’Italie, la Lombardie est libérée de la guerre par la paix de Cambrai (été 1529). Moyennant une soumission inconditionnelle et le strict respect des hiérarchies sociales, le pouvoir hispano-impérial garantit le maintien en vie de quiconque désire servir Charles Quint. Toutefois, rien n’est plus loin de cette domestication que la mise en liberté. L’épée cède au bâton ; à l’ultra-violence et à la prédation succèdent, tout aussi problématiquement, la rudesse de la pastoralité et de la servitude volontaire.

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1

« Pouvoir », Trésor de la Langue française [en ligne].

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2

Giorgio Agamben, Homo sacer. Il potere sovrano e la nuda vita [1995], Turin, Einaudi, 2017, p. 7.

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3

Jean-Michel Genet, Michel Le Mené (dir.), Genèse de l’État moderne, Paris, Éditions du CNRS, 1987.

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4

Jean-Frédéric Schaub, « La notion d’État moderne est-elle utile ? Remarques sur les blocages de la démarche comparatiste en histoire », Cahiers du monde russe, t. 46, no 1, 2005, p. 51-64.

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5

Pierre Clastres, La Société contre l’État. Recherches d’anthropologie politique, Paris, Éditions de Minuit, 1974.

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6

Gilles Deleuze, Foucault, Paris, Éditions de Minuit, 2004, p. 35.

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7

Gilles Deleuze, Félix Guattari, Mille plateaux. Capitalisme et schizophrénie, t. 2, Paris, Éditions de Minuit, 1980, p. 528-591.

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8

Jean-Louis Fournel, Jean-Claude Zancarini, Les Guerres d’Italie. Des batailles pour l’Europe (1494-1559), Paris, Gallimard, 2003.

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9

Denis Crouzet, La Nuit de la Saint-Barthélemy. Un rêve perdu de la Renaissance, Paris, Fayard, 1994 ; Jean‑Frédéric Schaub, Pour une histoire politique de la race, Paris, Le Seuil, 2015 ; Id., « Violence in the Atlantic, XVIth-XVIIth centuries », in Nicholas Canny, Philip Morgan (dir.), Oxford Handbook of Atlantic History, Oxford, Oxford University Press, 2011, p. 113-129.

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10

La prédation au sens où l’entend Rodolphe Keller, comme « toute forme d’appropriation effectuée par le biais d’une contrainte et sans contre-partie », dans : Les profits de la guerre : prédation et pouvoir dans le monde franc (VIe-Xe siècle), Thèse de doctorat en histoire, Université Paris Est, 2013, p. 17.

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11

Thomas More, L’Utopie ou le Traité de la meilleure forme de gouvernement (éd. S. Goyard-Fabre), Paris, Flammarion, 1987, p. 96.

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12

Philippe Descola, Par-delà nature et culture, Paris, Gallimard, 2005, p. 581.

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13

Justin Mbaya Kankwenda, L’Économie politique de la prédation au Congo Kinshasa. Des origines à nos jours, Kinshasa-Montréal-Washington, Icredes, 2005 ; Ola Olsson, Heathers Congdon Fors, « Congo: The Prize of Predation », Journal of Peace Research, vol. 41, no 3, 2004, p. 321-336.

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14

Herschel I. Grossman, « Kleptocracy and Revolutions », Oxford Economic Papers, vol. 51, no 2, 1999, p. 267 ; Michele Piccione, Arthur Rubinstein, « Equilibrium in the Jungle », The Economic Journal, vol. 117, 2007, p. 883.

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15

 Érasme, Correspondance, vol. 8 (éd. J. Chomarat et alii), Bruxelles, Éditions de l’Université de Bruxelles, 1979, p. 381 ; Thomas More, L’Utopie ou le Traité de la meilleure forme de gouvernement (éd. S. Goyard-Fabre), Paris, Flammarion, 1987, p. 179.

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16

Philippe Descola, Par-delà nature et culture, Paris, Gallimard, 2005, p. 581.

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17

Il aurait été possible d’intégrer les violences des lansquenets allemands et des Espagnols. Plus complète, la démonstration aurait été alourdie sans nécessairement changer l’hypothèse générale.

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18

Au sujet des sources informant un autre système de prédation, voir Rodolphe Keller, Les profits de la guerre : prédation et pouvoir dans le monde franc (VIe-Xe siècle), Thèse de doctorat en histoire, Université Paris Est, 2013, p. 72.

L’image de la prédation comme de la violence « n’est pas un reflet transparent de sa place effective dans les sociétés concernées, mais traduit plutôt le regard particulier que les auteurs entretiennent avec elle. Ce regard est relatif à leur conception de la “normalité” : à leur perception du sens de la violence, de ses différents paliers, des normes qui l’encadrent et des conditions qui rendent la violence légitime ou illégitime ».

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19

Giorgio Agamben, L’Aperto. L’uomo e l’animale, Turin, Bollati Boringhieri, 2016 ; Grégoire Chamayou, Les Chasses à l’homme, Paris, La Fabrique, 2010.

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20

Pierre Clastres, Archéologie de la violence. La guerre dans les sociétés primitives [1977], Paris, L’Aube, 2016 ; Philippe Descola, « Les affinités sélectives. Alliance, guerre et prédation dans l’ensemble jivaro », L’Homme, no 126-128, 1993, p. 171-190 ; Roland Viau, Enfants du néant et mangeurs d’âmes. Guerre, culture et société en Iroquoisie ancienne, Montréal, Boréal, 2000.

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21

Jean-Paul Azam, Anker Hoeffler, « Violence against Civilians in Civil Wars: Looting or Terror? », Journal of Peace Research, vol. 39, no 4, 2002, p. 461-485 ; Jacobo Grajales, Gouverner dans la violence. Le paramilitarisme en Colombie, Paris, Karthala, 2016 ; Alberto Moreiras, « Preemptive Manhunt: A New Partisanship », East Asia Cultures Critique, vol. 13, no 11, 2005, p. 9-30.

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22

Brian Luke, « Violent Love: Hunting, Heterosexuality, and the Erotics of Men’s Predation », Feminist Studies, vol. 24, no 3, 1998, p. 627-655.

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23

Herschel I. Grossman, « “Make us a king”: Anarchy, Predation, and the State », European Journal of Political Economy, 18, 2002, p. 31-46 ; Boaz Mozelle, Benjamin Polak, « A Model of a Predatory State », Journal of Law, Economics, and Organization, vol. 17, no 1, 2001, p. 1-33.

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24

Alain Schnapp, Le Chasseur et la cité. Chasse et érotique dans la Grèce ancienne, Paris, Albin Michel, 1997 ; Pierre Vidal-Naquet, Le Chasseur noir. Formes de pensée et formes de société dans le monde grec, Paris, La Découverte, 2005.

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25

Stéphane Audoin-Rouzeau (dir.), La Violence de guerre. 1914-1945, Bruxelles, Complexe, 2002 ; Christian Ingrao, Les Chasseurs noirs. La brigade Dirlewanger, Paris, Perrin, 2006 ; Mohamed Kyari, « Borneo under Rabih Fadl Allah, 1893-1900: The Emergence of a Predatory State », Paideuma, vol. 43, 1997, p. 281-300 ; Jean-Louis Margolin, Violences et crimes du Japon en guerre. 1937-1945, Paris, Armand Colin, 2007 ; David van Reybrouck, Congo. Une histoire, Paris, Actes Sud, 2012.

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26

David Chaunu, Séverin Duc (dir.), La Domination comme expérience européenne et américaine à l’époque moderne, Bruxelles, Peter Lang, 2019.

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27

Lucien-Jean Bord, Jean-Pierre Mugg, La Chasse au Moyen Âge, Paris, Gerfaut, 2008 ; Rodolphe Keller, Les profits de la guerre : prédation et pouvoir dans le monde franc (VIe-Xe siècle), Thèse de doctorat en histoire, Université Paris Est, 2013 ; Timothy Reuter, « Plunder and Tribute in the Carolingian Empire », Transactions of the Royal Historical Society, vol. 35, 1985, p. 75-94 ; Eleanor Searle, Predatory Kinship and the Creation of Norman Power, 840-1066, Berkeley, University of California Press, 1988 ; Aldo Settia, Rapine, assedi, battaglie. La guerra nel Medioevo, Rome-Bari, Laterza, 2002.

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28

Denis Crouzet, Les Guerriers de Dieu. La violence au temps des troubles (vers 1525-vers 1610), t. I‑II, Seyssel, Champ Vallon, 1990 ; Hervé Drévillon, Olivier Wieworka (dir.) Histoire militaire de la France, t. I, Paris, Perrin, 2018 ; David El Kenz (dir.), Le Massacre, objet d’histoire, Paris, Gallimard, 2005 ; Geoff Mortimer, Eyewitness Accounts of the Thirty Years War 1618-48, New York, Palgrave, 2002 ; Philippe Salvadori, La Chasse sous l’Ancien régime, Paris, Fayard, 1996.

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29

Fernando J. Devoto, « La masacre come problema historiográfico », Eadem Utraque Europa [La Misma y la Otra Europa], Numero especial « Masacres », t. 6, no 10/11, 2010, p. 31-46.

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30

Christian Ingrao, Les Chasseurs noirs. La brigade Dirlewanger, Paris, Perrin, 2006, p. 14.

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31

Christian Ingrao, Les Chasseurs noirs. La brigade Dirlewanger, Paris, Perrin, 2006, p. 164-165, 175.

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32

Jean Nagle, La Civilisation du cœur. Histoire du sentiment politique en France du XIIe au XIXe siècle, Paris, Fayard, 1998.

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33

Séverin Duc, « Mémoires collectives d’un souvenir traumatique : les Vêpres siciliennes (1282-premier XVIe siècle) », Annuaire de la Société suisse d’histoire économique et sociale, n°35, à paraître.

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34

Relazione di Francia di Matteo Dandolo, ritornato ambasciatore da quella corte il 20 agosto 1542, in Relazioni degli ambasciatori veneti al Senato, vol. 5, Turin, Bottega d’Erasmo, 1978, p. 128-158.

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35

Relazione di Francia dell’ambasciatore Matteo Dandolo letta in Senato il di 17 dicembre 1547, in Relazioni degli ambasciatori veneti al Senato, vol. 5, Turin, Bottega d’Erasmo, 1978, p. 250.

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36

Étienne de La Boétie, Discours de la servitude volontaire (éd. S. Goyard-Fabre), Paris, Flammarion, 2016, p. 121.

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37

Gilles Deleuze, Félix Guattari, Mille plateaux. Capitalisme et schizophrénie, t. 2, Paris, Éditions de Minuit, 1980, p. 374.

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38

Gilles Deleuze, Félix Guattari, Mille plateaux. Capitalisme et schizophrénie, t. 2, Paris, Éditions de Minuit, 1980, p. 334-335.

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39

Hector de la Ferrière, Les Chasses de François Ier racontées par Louis de Brézé, Paris, Aubry, 1869, p. 125 (Blois, le 10 janvier 1524, Louis de Brézé à René de Savoie).

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40

Marino Sanudo, I Diarii, vol. 20, c. 356.

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41

Giorgio Agamben, L’Aperto. L’uomo e l’animale, Turin, Bollati Boringhieri, 2016, p. 46.

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42

Jean Thenaud, Le Triumphe des Vertuz. Premier traité : le Triumphe de Prudence (éd. T. J. Schur-Janssen), Paris, Droz, 1997, p. 250.

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43

Philippe de Commynes, Mémoires, t. 1 (éd. P. Contamine), Paris, Imprimerie nationale, 1994, p. 531 et 628.

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44

Gilles Deleuze, Félix Guattari, Mille plateaux. Capitalisme et schizophrénie, t. 2, Paris, Éditions de Minuit, 1980, p. 290.

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45

Séverin Duc, « Les Lombards peuvent-ils être des “bons françoys” ? Communauté, fidélité et domination au temps des guerres d’Italie », Yann Lignereux, Annick Peters-Custot (org.), Ethno-géopolitique des Empires, 2. Époques médiévale et moderne, Journée d’études organisée à l’Université de Nantes (13 juin 2019), à paraître.

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46

Séverin Duc, La Guerre de Milan. Conquérir, gouverner et résister dans l’Europe de la Renaissance (1515-1530), Ceyzérieu, Champ Vallon, 2019 ; Id., « Il Prezzo delle guerre lombarde. Rovina dello stato, distruzione della ricchezza e disastro sociale (1515-1535) », Storia economica, t. XIX, no 1, 2016, p. 219-248.

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47

Érasme, Les Colloques, t. I (éd. et trad. V. Develay), Paris, Librairie des Bibliophiles, 1875, p. 40.

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48

Nicolas Machiavel, De principatibus. Le Prince (éd. J.-L. Fournel, J.-C. Zancarini), Paris, PUF, 2000, chap. XVIII.

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49

Nicolas Machiavel, Discorsi sopra la prima Deca di Tito Livio (éd. R. Rinaldi), Turin, UTET, 1999, liv. 1, chap. XVII.

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50

Chaïm Perelman, Éthique et droit, Bruxelles, Éditions de l’Université de Bruxelles, 2012, p. 30 et 41.

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51

Chaïm Perelman, Éthique et droit, Bruxelles, Éditions de l’Université de Bruxelles, 2012, p. 32-33.

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52

Denis Crouzet, « Désir de mort et puissance absolue de Charles VIII à Henri IV », Revue de synthèse, vol. 112, n3-4, 1991, p. 430-433.

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53

Hélène Germa-Romann, « Les gentilshommes français et la mort selon Brantôme », Nouvelle Revue du XVIe Siècle, vol. 13, no 2, 1995, p. 215-238.

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54

Archivio Privato Trivulzio, Feudo, b. 10, octobre 1500, diplôme de Louis XII en faveur de Teodoro Trivulzio.

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55

Arlette Jouanna, L’Idée de race en France aux XVIe siècle et début du XVIIe (1498-1614), Montpellier, Imprimerie de Recherche-Université Paul Valéry, 1981, p. 91.

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56

Louis Crocq, Les Traumatismes psychiques de guerre, Paris, Odile Jacob, 1999.

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57

Gian Giacomo Caroldo, Relazione al Senato (1515-1520), in Relazioni degli ambasciadori veneti al Senato, II (éd. A. Segarizzi), Bari, Laterza, 1913, p. 13 ; Francesco Guicciardini, Histoire d’Italie (éd.-trad. J.-L. Fournel et J.-C. Zancarini), Paris, Laffont, 1996, vol. 1, livre X, chap. 13.

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58

Étienne de La Boétie, Discours de la servitude volontaire (éd. S. Goyard-Fabre), Paris, Flammarion, 2016, p. 118.

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59

Pour une réflexion sur l’opérabilité de ce concept en histoire, voir : Séverin Duc, Un champ de forces et de luttes à la Renaissance. L’État de Milan (1515-1530), Thèse de doctorat en histoire, Sorbonne Université, 2016, p. 27-35.

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60

Katia Genel, « Le biopouvoir chez Foucault et Agamben », Methodos, no 4, 2004, § 7 [en ligne]. Selon le schéma de Foucault, le XVIe siècle n’est pas celui du « bio-pouvoir » des Lumières et du siècle suivant, lequel est de « moins en moins pouvoir de faire mourir, de plus en plus droit d’intervenir pour faire vivre ».

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61

Cité par Aldo Settia, Rapine, assedi, battaglie. La guerra nel Medioevo, Roma-Bari, Laterza, 2002, p. 9.

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62

Érasme, Les Colloques, t. I (éd. V. Develay), Paris, Librairie des Bibliophiles, 1875, p. 40.

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63

Ludovico Ariosto, Orlando furioso, Milan, Feltrinelli, 2018, chant XVII, 1-4 [éd. orig. 1516].

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64

L’Entrée de François Premier, roy de France, en la cité de Lyon le 12 juillet 1515 (éd. G. Guige), Lyon, Société des Bibliophiles Lyonnais, 1899, p. X ; Herzog August Bibliothek (Wolfenbüttel), Cod. Guelf. 86.4 Extrav.

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65

Jean d’Auton, Chroniques de Louis XII, t. I (éd. R. Maulde la Clavière), Paris, Renouard, 1889, p. 85.

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66

« Paradis », Trésor de la langue française [en ligne].

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67

Jean Barrillon, Journal (1515-1521), t. I (éd. P. de Vaissière), Paris, Renouard, 1897, p. 278 et 283.

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68

Francesco Guicciardini, Le Lettere, vol. 3 (éd. P. Jodogne), Rome, Istituto storico italiano per l’età moderna e contemporanea, 1989 p.  183.

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69

Aldo Settia, Rapine, assedi, battaglie. La guerra nel Medioevo, Roma-Bari, Laterza, 2002, p. 3.

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70

« Preda », Vocabolario degli Accademici della Crusca (1612) [en ligne]. Dès Boccace, le terme de preda renvoie à l’acquisition violente, notamment le butin.

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71

Francesco Guicciardini, Le Lettere, vol. 3 (éd. P. Jodogne), Rome, Istituto storico italiano per l’età moderna e contemporanea, 1989, p. 163-164.

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72

Francesco Guicciardini, Le Lettere, vol. 3 (éd. P. Jodogne), Rome, Istituto storico italiano per l’età moderna e contemporanea, 1989, p. 171-172.

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73

Francesco Guicciardini, Le Lettere, vol. 3 (éd. P. Jodogne), Rome, Istituto storico italiano per l’età moderna e contemporanea, 1989, p. 180.

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74

BnF, ms. fr. 2992, f° 22.

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75

Cité par Paul Zumthor, Anthologie des grands rhétoriqueurs, Paris, UGE, 1994, p. 231.

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76

Archivio di Stato di Milano [ASMi], Archivio Visconteo Sforzesco, b. 1471, f° 2.

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77

Cet ouvrage sera l’objet d’une analyse future.

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78

Marguerite de Valois, L’Heptaméron (éd. N. Cazauran), Paris, Honoré Champion, 1991, nouvelles XIV et XVI.

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79

Marguerite de Valois, L’Heptaméron (éd. N. Cazauran), Paris, Honoré Champion, 1991, nouvelle XVI.

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80

Claude de Bellièvre, Souvenirs de voyages en Italie et en Orient (éd. C. Perrat), Genève, Droz, 1956, p. 150.

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81

Bertrand Hell, Le Sang Noir. Chasse et mythes du sauvage en Europe, Paris, Flammarion, 1994, p. 12.

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83

Brian Luke, « Violent Love: Hunting, Heterosexuality, and the Erotics of Men’s Predation », Feminist Studies, vol. 24, no 3, 1998, p. 633.

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84

Niccolò Laghi, Cronaca luganese, in Periodico della Società Storica Comense, vol. II, 1880, p. 117.

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85

Leone Smagliati, Cronaca parmense, 1494-1518 (éd S. di Noto), Parme, DSPP, 1970, p. 161-162 et 165.

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86

Marino Sanudo, I Diarii, vol. 46, c. 173-174 et 182.

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87

Marino Sanudo, I Diarii, vol. 46, c. 194.

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88

L’Entrée de François Premier, roy de France, en la cité de Lyon le 12 juillet 1515 (éd. G. Guige), Lyon, Société des Bibliophiles Lyonnais, 1899, p. IX.

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89

L’Entrée de François Premier, roy de France, en la cité de Lyon le 12 juillet 1515 (éd. G. Guige), Lyon, Société des Bibliophiles Lyonnais, 1899, p. 7.

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90

Stéphane Gal, Histoire verticales. Les usages politiques de la montagne (XIVe-XVIIIe siècles), Ceyzérieu, Champ Vallon, 2018, p. 130.

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91

Stéphane Gal, Histoire verticales. Les usages politiques de la montagne (XIVe-XVIIIe siècles), Ceyzérieu, Champ Vallon, 2018, p. 130-136 et pl. VI ; Nicolas Le Roux, Le Crépuscule de la chevalerie. Guerre et noblesse à la Renaissance, Ceyzérieu, Champ Vallon, 2015, p. 95-101.

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92

Massimo Della Misericordia, « “Molto turbati et inanimati”. Testimonianze per un quadro delle culture politiche della frontiere alpina nel secolo XV (parte prima) », Bollettino della Società Storica Valtellinese, no 69, 2016, p. 15-35 ; la seconde partie a été publiée sous le même titre et dans la même revue (no 70, 2017, p.  71-93).

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93

Brian Ferguson, Neal Whitehead (dir.), War in The Tribal Zone. Expanding States and Indigenous Warfare, Santa Fe, School of American Research Press, 2001.

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94

Stefano Merlo, Cronica (1486-1540), Periodico della Società Storica Comense, I, Côme, 1878, p. 239.

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95

Marie-Christine Fourny, Stéphane Gal (dir.), Montagne et liminalité. Les manifestations alpines de l’entre-deux, XVIe-XXIe siècles, Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble, 2018.

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96

Massimo Della Misericordia, « Testimonianze per un’etnografia della Valchiavenna e delle Alpi lombarde nel Quattrocento », Clavenna, t. LV, 2016, p. 16-17.

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97

Nicolas Le Roux, Le Crépuscule de la chevalerie. Guerre et noblesse à la Renaissance, Ceyzérieu, Champ Vallon, 2015, p. 98. Sans aller jusqu’en Amérique (Amazonie, Aztèques et Iroquois), les guerres de religion en France ont été émaillées de ce type d’acte.

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98

Niccolò Laghi, Cronaca luganese, in Periodico della Società Storica Comense, vol. II, 1880, p. 97.

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99

Jean Thenaud, Le Triumphe des Vertuz. Quatrième traité : le Triumphe de Tempérance (éd. T. J. Schur‑Janssen), Genève, Droz, 2010, p. 295. Ces rituels refont surface à l’occasion des guerres de religion en France, un moment de mise à distance paroxystique de l’Autre. À Orléans, certains huguenots auraient fait une « fricassée » du cœur du roi François II, d’après Claude Haton, cité dans Denis Crouzet, Les Guerriers de Dieu. La violence au temps des troubles (vers 1525-vers 1610), II, Seyssel, Champ Vallon, 1990, p. 757. Inversement, en 1572, à Lyon, après le massacre des protestants, certains bouchers catholiques auraient fait de la graisse à partir des cadavres de victimes et l’auraient vendue à des apothicaires (selon François Hotman, Discours simple et véritable des rages exercées, par la France, des horribles et indignes, Bâle, 1573, p. LXI-LXII).

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100

Hans Stadler, « Expéditions au sud des Alpes », Dictionnaire Historique de la Suisse [en ligne].  

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101

Claude de Seyssel à Louis XII, en 1512, cité dans : Laurent Vissière, « Les Français face aux Suisses : une guerre incertaine (1512-1515) », in M. Viganó (dir.), Marignano 1515 : la svolta, Milan, Fondazione Trivulzio, 2015, p. 73.

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102

Benedetto Giovio, Storia patria, Côme, Ostinelli, 1887, p. 113-114.

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103

Mario Traxino, « La battaglia: Marignano nelle fonti coeve, 1515 », in M. Viganó (dir.), Marignano 1515 : la svolta, Milan, Fondazione Trivulzio, 2015, p. 173.

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104

Chanson nouvelle des Suyces sur la bataille de Marignan¸ in Recueil de chants historiques français, t. II (éd. A. Le Roux de Lincy), Genève, Sltatkine, 1969, p. 59.

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105

Chanson nouvelle des Suyces sur la bataille de Marignan¸ in Recueil de chants historiques français, t. II (éd. A. Le Roux de Lincy), Genève, Sltatkine, 1969, p. 63.

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106

Chanson nouvelle de la journée faicte contre les Suysses, in Recueil de chants historiques français, t. II (éd. A. Le Roux de Lincy), Genève, Sltatkine, 1969, p. 60 ; Pasquier le Moyne, Le Couronnement du roy Francois premier de ce nom voyage & conqueste de la duche de millan, Paris, Gilles Couteau, 1520, f° 17.

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107

Séverin Duc, « Un monde d’argent. Le difficile financement milanais de la coûteuse paix de Fribourg (1516‑1519) », Mémoires et Documents publiés par la Société d’Histoire de la Suisse Romande, 4e série, t. XIV, 2018, p. 229-246.

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108

Jean Barrillon, Journal (1515-1521), 1 (éd P. de Vaissière), Paris, Renouard, 1897, p. 185-186.

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109

Pasquier le Moyne, Le Couronnement du roy Francois premier de ce nom voyage & conqueste de la duche de millan, Paris, Gilles Couteau, 1520, f° 110-111.

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110

Jean Camus, « Les guépards chasseurs en France aux XVe et XVIe siècles », Feuille des jeunes naturalistes, 1er août 1888, p. 130-131.

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111

Séverin Duc, La Guerre de Milan. Conquérir, gouverner et résister dans l’Europe de la Renaissance (1515-1530), Ceyzérieu, Champ Vallon, 2019.

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112

Grégoire Chamayou, Les Chasses à l’homme, Paris, La Fabrique, 2010, p. 49.

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113

Jolanta N. Komornicka, « Man as Rabid Beast: Criminals into Animals in Late Medieval France », French History, vol. 28, no 2, 2014, p. 163.

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114

D’après les Registres consulaires de Limoges (1528), cités dans « Gibier », Trésor de la langue française, [en ligne].

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115

Guillaume Budé, Traité de la vénerie (éd. H. Chevreul), Paris, Aubry, 1861, p. 42-43.

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116

Piero Pieri, Il Rinascimento e la crisi militare italiana, Turin, Einaudi, 1952, p. 479.

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117

Marino Sanudo, I Diarii, vol. 10, c. 437.

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118

Stefano Merlo, Cronica (1486-1540), in Periodico della Società Storica Comense, t. I, Côme, 1878, p. 241.

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119

Odet et Thomas descendent indirectement du fameux veneur médiéval Gaston Phébus, auteur de Le Livre de chasse (éd. C. d’Anthenaise), Paris, Bibliothèque de l’Image, 2002.

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120

BnF, Ms. fr. 2992, f° 63.

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121

BnF, Ms. fr. 2992, f° 60-61.

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122

BnF, Ms. fr. 2992, f° 15-17.

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123

Je remercie Denis Crouzet pour cette analyse.

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124

Le premier livre d’Amadis de Gaule, t. I (éd. H. Vaganay), Paris, Hachette, 1918, chap. 19, p. 227.

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125

Francesco Magnocavallo, Memorie Antiche di Como, 1518-1559 (éd. E. Riva), Côme, Dominioni, 1999, p. 36.

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126

BnF, Ms. fr. 2963, f° 57 ; Hector de la Ferrière, Les chasses de François Ier racontées par Louis de Brézé, Paris, Aubry, 1869, p. 129-130.

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127

BnF, Ms. fr. 2963, f° 57.

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128

BnF, Ms fr. 2963, f° 58.

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129

Les guerres de religion seront riches de ce type de scène.

Voir : Denis Crouzet, Les enfants bourreaux au temps des guerres de religion, Paris, Albin Michel, 2020, p. 15-23 et p. 60-61.

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130

Ovide, Les Métamorphoses (éd. Georges Lafaye), Paris, Les Belles Lettres, 1969, liv. III, v. 148‑152 et 155‑253.

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131

ASMi, Libri Statutorum, reg. 16, f° 43-45, 75-76, 189, 238-239 et 240 ; Jean d’Auton, Chroniques de Louis XII, t. I (éd. R. Maulde la Clavière), Paris, Renouard, 1889, p. 166-175.

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132

BnF, Dupuy 262, f° 101r°-v°, Padoue, le 28 novembre 1514, Teodoro Trivulzio à Louis XII.

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133

Historia come Lautrecho narra alla Fortuna tutta la disgratia delle sue imprese, in Guerre in ottava rima, t. 2, Modène, Panini, 1989, p. 594-595.

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134

Journal d’un Bourgeois de Paris sous le règne de François Ier (éd L. Lalanne), New York, Johnson Reprint, 1965, p. 21-22.

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135

Séverin Duc, « Le siège de Pavie (1524-1525) », in G. Alfani, M. Rizzo (dir.), Nella morsa della guerra. Assedi, occupazioni militari e saccheggi in età preindustriale, Milan, Franco Angeli, 2013, p. 47-73.

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136

Emmanuel Coquery, « Les Chasses et la Bataille », in La Bataille de Pavie, Paris, Réunion des Musées Nationaux, 1999, p. 76-89.

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137

Archivio Comunale di Milano, Dicasteri, b. 133, fasc. 2 ; Archivio di Stato di Cremona, Litterarum, ms. 2-bis, f° 590.

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138

ASMi, Libri Statutorum, reg. 16, f° 77-77.

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139

ASMi, Libri Statutorum, reg. 16, f° 238-239.

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140

Séverin Duc, « Il Prezzo delle guerre lombarde. Rovina dello stato, distruzione della ricchezza e disastro sociale (1515-1535) », Storia economica, t. XIX, no 1, 2016, p. 219-248.

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141

Stefano Merlo, Cronica (1486-1540), in Periodico della Società Storica Comense, I, Côme, 1878, p. 250.

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142

Francesco Magnocavallo, Memorie Antiche di Como (1518-1559) (éd. E. Riva), Côme, Dominioni, 1999, p. 54.